Déclaration de Mme Christine Lagarde, ministre déléguée au commerce extérieur, sur le rôle des pôles de compétitivité comme facteur de développement économique et d'aide à l'exportation, Paris le 3 juillet 2006.

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Circonstance : Clôture du colloque "Les pôles de compétitivité : un atout pour la France à l'international", à Paris le 3 juillet 2006

Texte intégral

La mondialisation est un phénomène qui provoque rarement une attitude neutre. Certains sont pour, d'autres sont contre. On la redoute plus souvent qu'on ne l'accueille.
Parfois, on entend que la France souffrirait de la mondialisation, que celle-ci serait les causes d'un prétendu déclin de notre pays. Et pourtant, quand on regarde la réalité des données et des chiffres, ce n'est pas une France qui tombe que nous voyons.
6ème économie mondiale, 5ème exportateurs de biens, 4ème exportateur de services, 3ème destination de l'investissement étranger (en moyenne ces dernières années), 2ème lieu pour les foires, salons et congrès la France joue un rôle important à l'échelle de la planète quand on songe que nous ne représentons que 1 % de la population mondiale.
Ces bons résultats sont dus au dynamisme de notre économie : une économie qui bouge, qui se modernise, qui change mais qui ne renie pas pour autant les bases qui ont présidé à son dynamisme.
On annonce parfois la fin de l'agriculture : je m'inscris en faux contre cette vision des choses. Nos agriculteurs permettent l'existence d'une industrie agroalimentaire qui est une des premières au monde. Je vous assure que les intérêts agricoles français que j'ai défendus à la fin de la semaine dernière à Genève dans le cadre de la négociation de l'OMC sont fondamentaux pour notre pays. La France est le 2ème exportateur de produits agroalimentaires au monde.
On annonce parfois la fin de l'industrie : je m'inscris à nouveau en faux. La France compte parmi les fleurons de l'industrie mondiale et les entreprises françaises sont leaders dans beaucoup de domaines. J'étais mercredi à Chalon-sur-Saône avec Anne Lauvergeon pour inaugurer l'extension de l'usine qui fabrique les nombreux composants de centrales nucléaires et je vous assure que ce site, dit d'industrie lourde, profite pleinement de la mondialisation en réalisant 70 % de son activité pour l'exportation et contribue à faire d'AREVA le n°1 mondial du nucléaire.
Ces quelques exemples illustrent que la France tire parti de la mondialisation lorsqu'elle mise sur 3 facteurs :
- l'innovation : les attentes des consommateurs changent, évoluent. La concurrence est vive à l'échelle planétaire faisant de l'innovation à la fois une nécessité et une source de valeur pour les produits et les services ;
- le savoir-faire : la France est riche de ses compétences, de ses talents enrichis au fil du temps et capitalisés sur ses différents territoires ;
- la compétitivité : en cherchant constamment à s'améliorer et à offrir les meilleurs services au moindre coût, en fédérant les énergies et en orientant notre stratégie vers les clients, nous gagnerons face à nos concurrents.
Le ministre du commerce extérieur est avant tout un grand voyageur : depuis un peu plus d'un an, je suis allée sur tous les continents et j'ai rencontré les dirigeants politiques et économiques de beaucoup de pays. Tous me disent une chose sur la France : c'est que nous avons des atouts incontestables pour bénéficier de la mondialisation : qualité et productivité de notre main-d'oeuvre, compétences de nos chercheurs, créativité.
Les 66 pôles de compétitivité qui ont été mis en place l'année dernière s'inscrivent parfaitement dans ce tableau de la France qui gagne. Ils constituent un répertoire de talents français où les grands domaines d'excellence qui sont les nôtres sont représentés : le luxe et la cosmétique, l'aéronautique, la gastronomie, les transports ferroviaires, les services liés à l'eau et à l'environnement et bien d'autres encore.
Mais les pôles de compétitivité ne sont pas qu'un catalogue des forces de la France. Bien plus, les pôles de compétitivité répondent à l'ensemble des enjeux du monde d'aujourd'hui et de demain et constituent donc une feuille de route des ambitions de la France.
En matière de santé, 7 pôles de compétitivité portent sur la recherche médicale, contre le cancer, contre les grandes maladies infectieuses, contre les maladies orphelines en mettant l'accent sur la découverte de vaccins et de médicaments.
En matière d'alimentation, 11 pôles de compétitivité travaillent à développer des aliments sains, mettant en valeur le goût et mieux adaptés aux besoins d'aujourd'hui pour les populations des pays développés comme pour celles des pays émergents.
En matière d'environnement, 5 pôles de compétitivité développent des technologies propres, sûres et respectueuses des ressources, pour la production d'énergie ou la construction de bâtiments.
11 pôles de compétitivité enfin traduisent la mutation de notre société moderne en une société de la connaissance : communication, contenu numérique, nanotechnologies, domotique.
Photographie des talents de la France et feuille de route de ses ambitions, les actions de ces pôles de compétitivité doivent permettre à la France d'être leader dans les secteurs qui comptent aujourd'hui et qui compteront demain à l'échelle mondiale.
Je crois que la force de la démarche d'ailleurs saluée à l'étranger, tient au fait qu'elle réunit des acteurs publics et des acteurs privés.
Les pôles de compétitivité étant l'un des moyens privilégiés par lesquels la France doit répondre aux enjeux planétaires présents et futurs, il est important que ceux-ci se dotent d'une stratégie d'action et de développement à l'international.
L'international doit représenter pour tous les pôles de compétitivité à la fois un champ d'opportunité commerciale pour les produits et les services qui seront inventés, un lieu de promotion des découvertes scientifiques et technologiques mais aussi une source d'enrichissement par la conclusion de partenariats avec des organismes et des entreprises étrangères.
Le ministre délégué au commerce extérieur que je suis et tous mes services, en France comme à l'étranger, sont à la disposition des pôles de compétitivité avec des outils, avec des moyens humains, avec des soutiens financiers mais surtout avec une volonté de faire des pôles de compétitivité la vitrine d'une France moderne, audacieuse et innovante.
Beaucoup a déjà été fait : les missions économiques ont réalisé une cartographie des pôles de compétitivité étrangers dans 17 pays qui identifient d'ores et déjà des opportunités de partenariat.
Dans les régions, les directeurs régionaux du commerce extérieur s'impliquent personnellement pour être les interlocuteurs des pôles de compétitivité et les aider à identifier leurs besoins, à les accompagner dans leurs actions internationales et à les conseiller.
J'ai validé lors du comité de l'exportation du 23 juin le plan d'action sectoriel d'aide à l'exportation de la filière des techniques de l'information et de la communication. Ce plan a été rédigé par les 9 pôles de compétitivité du secteur qui ont travaillé ensemble et il définit une stratégie commune d'action sur les marchés étrangers.
Les conseillers du commerce extérieur de la France ont un rôle fondamental à jouer dans ce dispositif. Ils sont d'ores et déjà une force au service de toutes les entreprises et notamment des PME et je tiens ainsi à rendre hommage à leur travail et à leur détermination : les CCEF sont bénévoles, motivés par la transmission de leur savoir et de leur expérience. Ils sont unanimement reconnus pour leur efficacité.
Les conseillers du commerce extérieur de la France sont déjà très impliqués dans les pôles de compétitivité. Tout d'abord, l'exemple venant d'en haut, vous-même, M. Durieux, faites partie du groupe des personnalités qualifiées qui choisit les pôles de compétitivité. L'organisation du colloque qui nous réunit aujourd'hui démontre combien vous êtes attaché aux pôles de compétitivité et combien vous souhaitez que les conseillers du commerce extérieur de la France s'impliquent encore plus dans la démarche. Je vous remercie de votre détermination et de votre mobilisation.
La démarche des pôles de compétitivité doit permettre de faire rayonner l'excellence française, innovante et talentueuse, tout autour de la planète. Souvenons-nous du dieu Aton qui, dans la mythologie égyptienne, transmettait de ses mains les rayons du soleil aux hommes afin de leur transmettre la vie.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.exporter.gouv.fr, le 30 octobre 2006