interview de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, à Europe 1 et RFI, sur l'adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie, les négociations avec la Turquie et sur le logo de l'Union européenne, à Bruxelles le 13 novembre 2006.

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Intervenant(s) : 

Circonstance : Conseil affaires générales et relations extérieures, à Bruxelles (Belgique) le 13 novembre 2006

Média : Europe 1 - Radio France Internationale

Texte intégral

Q - Quel est le but de la visite à Bucarest ?
R - Nous avons deux nouveaux partenaires qui vont entrer très bientôt dans l'Union européenne, la Roumanie et la Bulgarie. Je me rendrai donc en visite bilatérale dans l'un et l'autre de ces pays avant leur entrée effective dans l'Union et après que l'ensemble du processus ait été accompli. Je m'en réjouis et ce sera l'occasion de mesurer le chemin qui a été parcouru depuis ma dernière visite à Bucarest, il y a dix ans. Donc, vous voyez, je ne prends pas de risque et je suis sûre que les choses auront évolué dans le bon sens !
Q - Il y a un message derrière votre visite ?
R - Oui, bien sûr : l'attachement qui est le nôtre à ce pays ami et puis l'encouragement à poursuivre ses efforts, pour que les derniers progrès qui doivent être faits soient faits le plus rapidement possible.
Q - Sur le dossier turc, est-ce qu'on s'achemine vers une suspension des négociations ?
R - La présidence finlandaise poursuit ses efforts de façon à obtenir de la Turquie qu'elle fasse mouvement, qu'elle respecte ses engagements. La difficulté d'aujourd'hui est que la Turquie, qui a signé le protocole d'union douanière - étendant l'union douanière à dix nouveaux Etats membres car nous sommes 25 dans l'Union européenne - n'a pas encore ratifié ni mis en oeuvre ce protocole. Il faut le faire et il faut qu'elle donne une indication de sa disponibilité à aller de l'avant. Sinon, en effet, nous aurions un problème et nous devrions tirer un certain nombre de conséquences du fait que la Turquie ne respecte pas ses engagements.
Q - Qui pourraient aller jusqu'à la suspension ?
R - La suspension de la négociation de certains chapitres, sans doute. Lesquels exactement, ce sera l'objet d'un débat entre les Européens. Cela dit, je dois ajouter que ce n'est pas une hypothèse que nous souhaitons et donc il faut rappeler à la Turquie qu'elle a encore du temps, mais très peu de temps, pour faire le mouvement que tous les partenaires lui demandent de faire.
Q - Question subsidiaire sur le logo. Vous avez envoyé une lettre expliquant que le logo pour les 50 ans de l'Europe n'est pas formidable, pas tout à fait à votre goût. Vous pouvez nous expliquer pourquoi ?
R - C'est très difficile, les logos, et rares sont les logos réussis ! Mais, en effet, j'ai fait part au président de la Commission de ma déception devant ce logo qui ne me semble pas représenter l'unité des Européens. Alors, la bonne nouvelle est qu'il était en anglais et que maintenant il sera décliné dans toutes les langues de l'Union dont le français, c'est bien le moins. Nous serons très attentifs à ce qu'il soit réellement utilisé sur tous les bâtiments des institutions communautaires comme il se doit, dans toutes les langues. Ce n'est pas encore le cas aujourd'hui. Et pour le reste, chacun jugera et sera libre de l'utiliser ou non.
Q - Il paraît d'ailleurs que les Allemands n'ont pas l'intention de l'utiliser à l'occasion des cérémonies qui se dérouleront pourtant chez eux.
R - Oui j'ai entendu dire ça. Quant à nous, nous réfléchissons.
Q - Qu'est-ce qui vous déplaît tant dans ce logo ?
R - Exprime-t-il l'Europe ? Alors qu'a priori, il serait plutôt fait pour cela... On n'y retrouve aucun des codes européens - la couleur bleue, les étoiles - ni les symboles de l'unité européenne. Or il s'agit de célébrer 50 ans de construction européenne et de saluer ce que l'Histoire européenne a accompli de remarquable, à savoir que nous sommes tous ensemble. Trouve-t-on ce message d'unité européenne dans ce logo ? Chacun est libre de juger. J'ai dit ce que je pensais et j'espère ne pas avoir eu tort !
Q - Est-ce que R entouré, signifiant en quelque sorte "marque déposée" vous gênait ?
R - Il a disparu en français et dans d'autres langues, ce qui vous montre bien que le logo ne sera pas le même pour les différents Etats membres et ne serait-ce que ça c'est un petit problème. Ce n'est pas bien grave.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 novembre 2006