Texte intégral
Q- On avait en début de semaine ces chiffres qui montraient le gouffre s'agrandissant dans les dépenses de recherche entre l'Europe et l'Amérique, et on ne parle même pas de l'Asie d'ailleurs. Sur les quatre dernières années, les entreprises américaines ont investi quatre fois plus que les européennes. Vous allez nous dire tout ce que vous avez fait, mais visiblement, c'est encore insuffisant.
R- C'est vrai que l'on a un retard, c'est évident, aussi bien en recherche publique qu'en recherche menée au sein des entreprises. Mais la situation évolue, d'abord en Europe en général, l'Europe a décidé de consacrer davantage d'argent à la recherche, c'est ce que l'on appelle le programme cadre de recherche développement, qui est en augmentation de 60 % pour les années qui viennent. Et puis dans les entreprises...
Q- Cette augmentation de 60 %, en volume, que donne-t-elle ? Est-ce qu'elle est suffisamment significative pour nous permettre de rattraper notre retard ?
R- Oui. C'est vrai que les Etats-Unis dépensent plus, en recherche publique, nous ne sommes pas loin de leur niveau, quand on prend l'ensemble européen qui pèse à peu près le même poids que les Etats-Unis. Pour les entreprises, parce que c'est là que le bât blesse, nous avons une recherche privée qui est plus faible que celle des Etats-Unis, du Japon et d'un certain nombre d'autres pays. Là, l'évolution n'est pas mauvaise puisque depuis un an, c'est le domaine dans lequel on a le plus embauché. Sur douze mois glissants, nous avons 20 % d'augmentation des embauches dans le secteur de la recherche développement, dans nos entreprises. Donc, il y a des signes et il est vrai que nous avons du retard. Il est vrai aussi que la structure de l'économie française fait que nos dépenses sont plus faibles que d'autres. Je m'explique : nous avons beaucoup de services, beaucoup de services financiers, beaucoup d'activités de tourisme, etc. dans lesquelles il y a moins de recherche que dans la pharmacie ou dans l'électronique.
Q- D'accord, mais est-ce que l'on peut en parler tranquillement ? Les Anglais qui ont sorti cette étude disaient qu'il était temps de se bouger, de se bouger très vite, et donner des signes politiques forts, très forts.
R- C'est tout à fait exact, il est temps de se bouger et c'est ce que nous essayons de faire. Dans les grands projets de recherche que nous avons arrêtés il y a quelques jours, plusieurs sont des grands projets technologiques. Je veux parler des nanosciences, par exemple, à Grenoble, où nous avons un vrai pôle d'excellence. Cela, ce sont les technologies de demain. Nous avons également, dans les pôles d'excellence, l'aéronautique et le spatial. On sait que ce sont, quelles que soient les vicissitudes actuelles,des industries d'avenir. Bref, nous avons de vrais atouts mais on a un travail considérable à faire. C'est le cas de toute l'Europe qui a moins investi que le reste du monde depuis un certain nombre d'années. Il faut prendre conscience de cette compétition qui joue là aussi, comme ailleurs, comme dans la globalisation générale. Il y a une compétition de la recherche, il faut absolument que nous soyons au rendez-vous, cela veut dire une forte mobilisation des acteurs tant publics que privés.
Q- Geste politique fort, par exemple : F. Bayrou va proposer des mesures économiques et il va proposer notamment, une défiscalisation totale pour ceux qui déposent des brevets.
R- Ce n'est pas le point le plus important.
Q- En êtes-vous sûr ?
R- Oui, bien sûr. Vous savez, ce sont des sujets qui sont complexes, il faut bien les connaître avant de faire des propositions. Le crédit impôt-recherche, par exemple, qui incorpore les dépenses de propriété intellectuelle, nous avons actuellement une progression extrêmement forte. Nous avons à peu près 200 millions de progression d'une année sur l'autre, de dépenses fiscales pour l'Etat, grâce au crédit impôt recherche, ce qui veut dire qu'il y a un élan de la recherche privée actuellement. Mais on ne rattrape pas en quelques années un retard qui est maintenant ancien. Il faut continuer durablement avec beaucoup de ténacité, une politique de stimulation de la recherche publique et de stimulation de la recherche privée.
Q- Faut-il accélérer la mise en place d'un MIT européen ?
R- Il n'y a pas une mesure en elle-même qui suffise. Je crois beaucoup plus au réseau aujourd'hui. Ce n'est pas une institution qui va sauver l'Europe ou la France.
Q- D'accord. Il y a une idée qui est que votre recherche publique est trop éparpillée ; vous dites "au contraire, ce réseau, c'est cela qui fait sa force" ?
R- C'est vrai que nous avons à constituer des réseaux, c'est tout ce que nous faisons à l'heure actuelle, rapprocher des centres de recherche qui sont en effet parcellisés et leur donner des moyens particuliers. Vous savez, la politique jusqu'à présent, dans ce domaine, a consisté, finalement, à arroser faiblement tous les centres de recherche sans beaucoup de discernement. Eh bien dans notre politique actuelle, nous mettons l'accent sur un certain nombre de pôles d'excellence, nous leur donnons davantage de moyens qu'aux autres sans condamner les autres. Mais il s'agit de mettre l'accent sur ce qui marche le mieux, là où nous sommes dans les deux ou trois premiers au plan mondial, et il y a quelques grands domaines dans lesquels nous sommes au premier plan mondial. Mettons l'accent là-dessus parce que c'est là-dessus que nous aurons des succès dans les années à venir.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 6 novembre 2006
R- C'est vrai que l'on a un retard, c'est évident, aussi bien en recherche publique qu'en recherche menée au sein des entreprises. Mais la situation évolue, d'abord en Europe en général, l'Europe a décidé de consacrer davantage d'argent à la recherche, c'est ce que l'on appelle le programme cadre de recherche développement, qui est en augmentation de 60 % pour les années qui viennent. Et puis dans les entreprises...
Q- Cette augmentation de 60 %, en volume, que donne-t-elle ? Est-ce qu'elle est suffisamment significative pour nous permettre de rattraper notre retard ?
R- Oui. C'est vrai que les Etats-Unis dépensent plus, en recherche publique, nous ne sommes pas loin de leur niveau, quand on prend l'ensemble européen qui pèse à peu près le même poids que les Etats-Unis. Pour les entreprises, parce que c'est là que le bât blesse, nous avons une recherche privée qui est plus faible que celle des Etats-Unis, du Japon et d'un certain nombre d'autres pays. Là, l'évolution n'est pas mauvaise puisque depuis un an, c'est le domaine dans lequel on a le plus embauché. Sur douze mois glissants, nous avons 20 % d'augmentation des embauches dans le secteur de la recherche développement, dans nos entreprises. Donc, il y a des signes et il est vrai que nous avons du retard. Il est vrai aussi que la structure de l'économie française fait que nos dépenses sont plus faibles que d'autres. Je m'explique : nous avons beaucoup de services, beaucoup de services financiers, beaucoup d'activités de tourisme, etc. dans lesquelles il y a moins de recherche que dans la pharmacie ou dans l'électronique.
Q- D'accord, mais est-ce que l'on peut en parler tranquillement ? Les Anglais qui ont sorti cette étude disaient qu'il était temps de se bouger, de se bouger très vite, et donner des signes politiques forts, très forts.
R- C'est tout à fait exact, il est temps de se bouger et c'est ce que nous essayons de faire. Dans les grands projets de recherche que nous avons arrêtés il y a quelques jours, plusieurs sont des grands projets technologiques. Je veux parler des nanosciences, par exemple, à Grenoble, où nous avons un vrai pôle d'excellence. Cela, ce sont les technologies de demain. Nous avons également, dans les pôles d'excellence, l'aéronautique et le spatial. On sait que ce sont, quelles que soient les vicissitudes actuelles,des industries d'avenir. Bref, nous avons de vrais atouts mais on a un travail considérable à faire. C'est le cas de toute l'Europe qui a moins investi que le reste du monde depuis un certain nombre d'années. Il faut prendre conscience de cette compétition qui joue là aussi, comme ailleurs, comme dans la globalisation générale. Il y a une compétition de la recherche, il faut absolument que nous soyons au rendez-vous, cela veut dire une forte mobilisation des acteurs tant publics que privés.
Q- Geste politique fort, par exemple : F. Bayrou va proposer des mesures économiques et il va proposer notamment, une défiscalisation totale pour ceux qui déposent des brevets.
R- Ce n'est pas le point le plus important.
Q- En êtes-vous sûr ?
R- Oui, bien sûr. Vous savez, ce sont des sujets qui sont complexes, il faut bien les connaître avant de faire des propositions. Le crédit impôt-recherche, par exemple, qui incorpore les dépenses de propriété intellectuelle, nous avons actuellement une progression extrêmement forte. Nous avons à peu près 200 millions de progression d'une année sur l'autre, de dépenses fiscales pour l'Etat, grâce au crédit impôt recherche, ce qui veut dire qu'il y a un élan de la recherche privée actuellement. Mais on ne rattrape pas en quelques années un retard qui est maintenant ancien. Il faut continuer durablement avec beaucoup de ténacité, une politique de stimulation de la recherche publique et de stimulation de la recherche privée.
Q- Faut-il accélérer la mise en place d'un MIT européen ?
R- Il n'y a pas une mesure en elle-même qui suffise. Je crois beaucoup plus au réseau aujourd'hui. Ce n'est pas une institution qui va sauver l'Europe ou la France.
Q- D'accord. Il y a une idée qui est que votre recherche publique est trop éparpillée ; vous dites "au contraire, ce réseau, c'est cela qui fait sa force" ?
R- C'est vrai que nous avons à constituer des réseaux, c'est tout ce que nous faisons à l'heure actuelle, rapprocher des centres de recherche qui sont en effet parcellisés et leur donner des moyens particuliers. Vous savez, la politique jusqu'à présent, dans ce domaine, a consisté, finalement, à arroser faiblement tous les centres de recherche sans beaucoup de discernement. Eh bien dans notre politique actuelle, nous mettons l'accent sur un certain nombre de pôles d'excellence, nous leur donnons davantage de moyens qu'aux autres sans condamner les autres. Mais il s'agit de mettre l'accent sur ce qui marche le mieux, là où nous sommes dans les deux ou trois premiers au plan mondial, et il y a quelques grands domaines dans lesquels nous sommes au premier plan mondial. Mettons l'accent là-dessus parce que c'est là-dessus que nous aurons des succès dans les années à venir.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 6 novembre 2006