Texte intégral
Avant tout, merci de votre présence et merci de votre intérêt pour ces questions dont on ne parle jamais assez suffisamment et concrètement. Je voudrais également remercier le Préfet du Val-d'Oise, M. Christian Leyrit, que je mets à nouveau à contribution : c'est la deuxième fois, en effet, que je viens dans son département voir des projets aidés par les fonds européens. Je voulais vous dire quelques mots, bien sûr, sur le CFA mais pas seulement sur le CFA. J'ai rappelé que l'Europe était présente, ici, à un double titre. A la fois parce qu'elle donne une subvention annuelle pour le fonctionnement du centre - vous avez vu les chiffres dans la presse ce matin - 30 000 euros par an issus d'un programme européen qui s'appelle le Fonds social européen (FSE). L'Union européenne est aussi présente au travers d'un programme très intéressant de mobilité, destiné à la jeunesse, et qui s'appelle Leonardo. Chaque année, une quinzaine de jeunes sont ainsi envoyés en stage. En France, cela représente chaque année 7 000 jeunes envoyés en stage.
Je suis venue, avec grand plaisir, pour voir sur place comment les choses se déroulent, pour recueillir l'expérience des responsables du centre et pour avoir un échange avec les élèves. Je veux prendre ce centre comme un exemple de ce que fait l'Europe dans la région, dans notre vie quotidienne. Nous parlons trop souvent de l'Europe - et je le regrette toujours - sous un angle un peu théorique, un peu abstrait, un peu compliqué. Il faut des négociations, des directives. C'est comme pour une ville : il faut bien qu'un conseil municipal adopte des délibérations pour prendre des décisions, mais ce qui compte c'est moins la délibération elle-même que l'action concrète que cela permet. C'est pourquoi je m'efforce de venir autant que je peux en région pour mettre un coup de projecteur sur les choses qui se font car on ignore, hélas, trop souvent, que l'Europe est présente. Et d'ailleurs, j'ai dit que l'Europe était présente à un double titre, elle l'est même à un triple titre ! Parce que lorsque la région cofinance un certain nombre d'actions, dans les fonds régionaux on retrouve une partie de fonds européens
Je vais vous donner quelques chiffres, non pas pour vous assommer, mais parce que je veux parler concrètement, et vous faire mesurer de quels volumes il s'agit. Vous verrez qu'ils sont plus importants que ce que l'on imagine. Pour la région, il y a plus de 722 millions d'euros sur la période qui s'achève maintenant : 2000-2006. Cette période budgétaire pluriannuelle permet de programmer des investissements. Cette somme se décompose de la manière suivante : 146 millions d'euros pour l'objectif 2 et 525 millions d'euros de fonds communautaires pour l'objectif 3 destinés à la formation et l'emploi. Sans oublier une aide européenne spécifiquement dédiée aux quartiers en difficulté dont vous avez certainement beaucoup entendu parler, URBAN : avec 51,6 millions d'euros.
Le programme 2000-2006 s'achève et la période 2007-2013 va commencer. La région bénéficiera de 685 millions d'euros - soit une baisse très faible, de l'ordre de 5 % - parce qu'elle a des besoins importants et parce qu'aussi les crédits ont été bien utilisés, bien consommés ; nous n'avons pas rendu d'argent à l'Union européenne.
Pourquoi cette baisse ?
Sans trop m'étendre sur les négociations globales, le budget 2007-2013 se caractérise par un élément évident et nouveau, c'est l'élargissement. Nous étions 15, nous sommes 25. Donc le budget global augmente mais chaque Etat a un peu moins et surtout les Etats comme le nôtre qui ont la chance de faire partie des pays développés, qui doivent accueillir et aider les nouveaux partenaires qui ont davantage besoin de ces fonds de cohésion. Nous avons cependant veillé à maintenir les fonds structurels sur l'ensemble des territoires de l'Union européenne, dont la France.
En Ile-de-France, quelques 500 projets ont été programmés à ce jour. Je vais vous citer trois ou quatre exemples au titre de l'objectif 2 et de l'objectif 3 pour vous montrer la diversité des actions. Pour l'objectif 2, par exemple, l'Europe a cofinancé - ce sont toujours des cofinancements avec d'autres partenaires, la région, le département, l'Etat - une Maison de quartier à Garges-Lès-Gonesse (Val-d'Oise) ce qui favorise l'implantation et améliore l'attractivité du territoire concerné. Il y a eu 670 000 euros de fonds européens avec un pourcentage de cofinancement important puisque cela a été la moitié du budget. Autre exemple qui montre qu'on touche à tout un domaine d'activités : 400 000 euros , soit le quart du budget pour un hôtel d'entreprises au sein de la zone franche urbaine de Sarcelles et inutile de vous dire qu'il y a des besoins. Autre exemple toujours dans le Val-d'Oise : un centre de formation pour apprentis à Villiers-le-Bel, opération lourde avec plus de 2,3 millions d'euros, soit 15 % du coût total.
Pour l'objectif 3, il y a beaucoup d'actions de formation, d'insertion et de réinsertion. J'ai ainsi rendu visite à une association formidable dans le 12ème arrondissement à Paris qui s'appelle "le Coeur des Haltes". Elle reçoit 300 000 euros chaque année du Fonds social européen. J'ai visité, il y a quelques jours, à Melun, une association d'insertion qui s'appelle "Travail Entr'aide" et qui a reçu, quant à elle, 130 000 euros de FSE soit le tiers de son budget. A Paris, dans le 10ème arrondissement, j'ai vu une association qui bénéficie de 75 000 euros de FSE ainsi que du programme Leonardo ce qui permet à 400 jeunes de partir à l'étranger de plusieurs mois jusqu'à un an. Et puis, avec le Préfet Leyrit, nous étions allés visiter Lisi Aerospace dans son département. Il s'agit toujours d'actions de formation soutenues par le FSE mais cela touche à la haute technologie et pas à l'insertion de base. C'est une entreprise très performante qui fait notamment un certain nombre de produits pour Airbus, dont l'A 380, et qui a besoin de formations très spécialisées. Le FSE l'aide à hauteur de 145 000 euros comme complément pour les nouveaux embauchés et des salariés en poste. Cela représente 45 % du coût total et c'est un sacré coup de pouce ! On retrouve tous ces fonds européens sur l'ensemble du territoire national. Chaque année, ce sont des milliers de projets qui touchent des domaines très variés comme la culture ou l'environnement. Je me suis rendue au Mont Saint Michel où l'Europe aide aux travaux de désensablement. Nous en sommes bien contents car il faut compter, cette fois, en millions d'euros !
Un dernier mot avant de répondre à vos questions. Tout ceci, on ne le dit pas suffisamment car ni l'Etat, ni les collectivités locales - qui oublient parfois qu'une partie des fonds qu'elles versent sont des fonds européens - ne font d'efforts particuliers. Nous avons décidé de renforcer notre travail d'explication et de communication sur ce que fait l'Europe au quotidien. Il nous semble normal que les Français ne sachent pas seulement le montant de leurs contributions à l'Europe mais qu'ils sachent aussi ce qu'elle rapporte. Je travaille à un projet de circulaire avec mes collègues ministre de l'Intérieur et ministre de l'Aménagement du territoire. Elle devrait être signée courant décembre. A partir du 1er janvier, chaque fois qu'un projet d'un coût total d'au moins 500 000 euros - au lieu de 3 millions d'euros aujourd'hui - sera aidé par les fonds européens, on l'indiquera de façon visible et permanente. Nous demanderons aussi aux préfectures de région de mettre une liste de ces projets sur leurs sites Internet pour mieux se rendre compte de ce que fait l'Europe au quotidien.
Q - Pourquoi êtes-vous allée à l'école d'infirmières de Mantes-la-Jolie ?
R - J'y suis allée parce qu'elle fait partie d'une opération beaucoup plus vaste de rénovation de Mantes-la-Jolie et d'autres quartiers proches qui avaient eu des difficultés, que l'on connaît bien, au cours des dernières années. Il a fallu plusieurs années et des financements très importants de la part de l'Etat, de l'Europe et des collectivités territoriales pour rénover ces quartiers. Aujourd'hui, ils sont totalement transformés par rapport à il y a dix ans. Il a fallu rebâtir, recréer un environnement plus agréable et puis également mener des actions de formation. L'école d'infirmières de Mantes-la-Jolie est un bon exemple de ce que l'Europe nous a permis de faire et c'est un gros coup de pouce. C'était 800 000 euros, je vous parle de mémoire, soit le quart du financement. Les gens qui en bénéficient, croyez-moi, sont plus heureux là, avec une perspective d'emploi, que de se retrouver à ne pas trop savoir quoi faire. Beaucoup de jeunes filles, quelques garçons, mais toujours avec le sourire, et tout le monde avec une perspective d'emploi. Alors, je ne dis pas que c'est seulement grâce à l'Europe et personne ne le dit. C'est quand on se tient tous la main que cela marche. Et, quand ça marche, il faut le dire. On parle suffisamment des choses quand ça ne marche pas. Moi, j'ai envie de parler aussi de ce qui marche.
Q - Vous êtes ici à Argenteuil et votre présence fait partie aussi de ce projet.
R - Je suis à Argenteuil, aujourd'hui, au centre de formation des apprentis. Ce centre a la chance de bénéficier d'un programme européen destiné aux jeunes qui s'appelle Leonardo. Ce n'est pas le seul programme européen destiné à la jeunesse. Tout le monde connaît Erasmus - il y a eu "L'auberge espagnole" qui a été un grand succès - qui permet à 20.000 jeunes Français, chaque année, de partir à l'étranger. Mais l'Europe de demain, ce n'est pas seulement l'Europe des étudiants, c'est aussi l'Europe des apprentis. Nous avons pour eux un programme européen qui s'appelle Leonardo. Ce programme s'adresse aux jeunes en formation, ou après une formation, et leur permet de partir dans un pays européen pour quelques semaines ou quelques mois en recevant une bourse. Ils peuvent ainsi avoir une ouverture sur le monde, une découverte d'autres modes de vie, une meilleure connaissance de la langue du pays qui va les accueillir et puis un complément de formation. C'est donc un plus sur un CV qui permet de trouver plus facilement de l'emploi. Je crois surtout qu'ils sont très contents d'avoir cette expérience.
Q - C'est aussi votre rôle à Strasbourg et à Bruxelles de défendre les couleurs de la France, d'obtenir des fonds et puis d'avoir d'autres opportunités pour nos jeunes apprentis et nos étudiants ?
R - Ce sont souvent des batailles un peu longues et un peu difficiles mais on a eu une bonne négociation qui s'est terminée l'an dernier. Alors, on pourrait rêver d'avoir toujours plus, encore mieux, mais, sur les programmes de mobilité pour la jeunesse je suis très satisfaite. On a réussi à les augmenter de telle façon que, d'ici la fin du prochain budget 2007-2013, nous aurons doublé le nombre d'étudiants et d'apprentis qui bénéficient de Leonardo. Tout le monde s'y est mis, même s'il y a eu parfois quelques grincements de dents et on a eu un très gros coup de pouce du Parlement européen qui a demandé au Conseil de rajouter un petit complément. On l'a fait et c'est bien.
Q - Madame la Ministre, au moment où tout le monde parle de l'Europe, comment se fait-il que nous méconnaissions le rôle de la ministre déléguée aux Affaires européennes puisque vous êtes sur beaucoup de chantiers, aussi bien l'agriculture, la pêche, la formation, la recherche ? Comment se fait-il que nos concitoyens méconnaissent le rôle de la ministre déléguée aux Affaires européennes ? Est-ce que c'est un problème de communication ou un problème d'incompréhension ?
R - Je crois que, d'une façon générale, ils méconnaissent le rôle de l'Europe, et c'est notre responsabilité à tous : on en est tous en partie responsable. Nous n'avons jamais parlé suffisamment de l'Europe. On en parle au moment des élections, pendant les référendums, c'est bien et c'est normal. Mais l'Europe est dans notre vie de tous les jours, tout le temps et j'aimerais qu'on en parle autrement. Et quand nous en parlons, nous n'en parlons pas toujours bien. Je ne sais pas si moi j'en parle mieux, mais nous en parlons souvent d'une façon compliquée, parfois même rébarbative. Nous parlons des négociations et il en faut. Mais ce qui est important, ce n'est pas ça, c'est, après la négociation, l'action que cela permet. C'est la raison pour laquelle je vais beaucoup sur le terrain voir comment les choses se passent. Je vais ainsi en région autant que je le peux. Pas seulement à Strasbourg et pas seulement à Bruxelles, pas seulement pour négocier, mais pour mettre en valeur ce que l'Europe fait pour le développement économique et social de toutes nos régions.
Q - Quel message faites-vous passer à cette occasion ?
R - Il est vraiment important de dire que l'Europe est quelque chose de concret et pas quelque chose d'ennuyeux, d'abstrait, de lointain. L'Europe, pour notre pays, d'abord et avant tout, dans chacune des régions françaises, ce sont des centaines de millions d'euros qui nous aident à réaliser des milliers de projets chaque année. Ce sont des co-financements qui viennent comme un plus par rapport aux crédits que donnent l'Etat et les régions. C'est un sacré coup de pouce et cela touche tous les domaines : le développement économique, la formation, l'insertion, la réinsertion, la transformation des quartiers, etc. Et on ne le sait pas !
Q - Et pourquoi ? C'est la faute du ministre ?
R - C'est la faute, je pense, de tous les responsables. Je ne dis pas des médias, mais de tous les Français, d'une façon générale, qui n'ont pas su percevoir l'Europe à travers ses actions concrètes et qui la perçoivent surtout dans ses mécanismes. Alors ce que je fais modestement, c'est de mettre l'accent davantage sur ce qui se fait sur le terrain. Je crois que l'on ne peut pas demander aux Français ce qu'ils pensent de l'Europe si on ne leur a pas expliqué d'abord ce qu'elle fait réellement. Pas ce qu'elle fait en négociant à Bruxelles, mais ce qu'elle fait ensuite pour eux, dans leur vie quotidienne.
Q - Deuxième sujet : veto polonais maintenu, et à la veille de ce Sommet UE-Russie, une relation qui paraît en panne, se dégrade de jour en jour, jusqu'où cela peut aller ?
R - C'est un problème délicat. Je dois vous dire que nous avons les mêmes objectifs que la Pologne, sur les questions d'énergie, par exemple. Nous souhaitons tous que la Russie, à terme, ratifie la charte et, le plus rapidement possible, reprenne les principes de cette charte dans le futur accord qui sera conclu entre l'Union européenne et la Russie. Néanmoins, sur les moyens utilisés pour atteindre cet objectif, nous avons une petite différence de points de vue. Je respecte la décision de la Pologne, mais je veux espérer que demain, ou le plus rapidement possible, après ce sommet, elle puisse trouver les moyens d'un accord qui nous permette d'envisager la relation de l'Europe avec la Russie de façon plus globale en regardant vers l'avenir et pas seulement en se concentrant sur les difficultés d'aujourd'hui.
Q - Cette façon de fonctionner de la Pologne, c'est pour faire part du mécontentement ou c'est parce que la Pologne ne connaît pas encore très bien les mécanismes de fonctionnement de l'Union européenne ?
R - Je ne peux pas répondre à la place des Polonais.
Q - Mais vous avez peut-être une petite idée...
R - Je dois reconnaître qu'ils ont des demandes, que leur relation avec la Russie est difficile et que la Russie a le droit de faire valoir son point de vue, tout comme la Pologne a le droit de faire valoir le sien. Faut-il le faire de cette façon là ? Je n'en suis pas sûre. Alors, peut-être que les anciens Européens que nous sommes ont plus l'habitude des processus de négociation, de l'effort que cela demande pour essayer de se rapprocher. Il vaut mieux passer un petit peu de temps à négocier, à se rapprocher que faire des clashs, ce qui ne sert pas à grand-chose. Il faut trouver des solutions. Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 novembre 2006
Je suis venue, avec grand plaisir, pour voir sur place comment les choses se déroulent, pour recueillir l'expérience des responsables du centre et pour avoir un échange avec les élèves. Je veux prendre ce centre comme un exemple de ce que fait l'Europe dans la région, dans notre vie quotidienne. Nous parlons trop souvent de l'Europe - et je le regrette toujours - sous un angle un peu théorique, un peu abstrait, un peu compliqué. Il faut des négociations, des directives. C'est comme pour une ville : il faut bien qu'un conseil municipal adopte des délibérations pour prendre des décisions, mais ce qui compte c'est moins la délibération elle-même que l'action concrète que cela permet. C'est pourquoi je m'efforce de venir autant que je peux en région pour mettre un coup de projecteur sur les choses qui se font car on ignore, hélas, trop souvent, que l'Europe est présente. Et d'ailleurs, j'ai dit que l'Europe était présente à un double titre, elle l'est même à un triple titre ! Parce que lorsque la région cofinance un certain nombre d'actions, dans les fonds régionaux on retrouve une partie de fonds européens
Je vais vous donner quelques chiffres, non pas pour vous assommer, mais parce que je veux parler concrètement, et vous faire mesurer de quels volumes il s'agit. Vous verrez qu'ils sont plus importants que ce que l'on imagine. Pour la région, il y a plus de 722 millions d'euros sur la période qui s'achève maintenant : 2000-2006. Cette période budgétaire pluriannuelle permet de programmer des investissements. Cette somme se décompose de la manière suivante : 146 millions d'euros pour l'objectif 2 et 525 millions d'euros de fonds communautaires pour l'objectif 3 destinés à la formation et l'emploi. Sans oublier une aide européenne spécifiquement dédiée aux quartiers en difficulté dont vous avez certainement beaucoup entendu parler, URBAN : avec 51,6 millions d'euros.
Le programme 2000-2006 s'achève et la période 2007-2013 va commencer. La région bénéficiera de 685 millions d'euros - soit une baisse très faible, de l'ordre de 5 % - parce qu'elle a des besoins importants et parce qu'aussi les crédits ont été bien utilisés, bien consommés ; nous n'avons pas rendu d'argent à l'Union européenne.
Pourquoi cette baisse ?
Sans trop m'étendre sur les négociations globales, le budget 2007-2013 se caractérise par un élément évident et nouveau, c'est l'élargissement. Nous étions 15, nous sommes 25. Donc le budget global augmente mais chaque Etat a un peu moins et surtout les Etats comme le nôtre qui ont la chance de faire partie des pays développés, qui doivent accueillir et aider les nouveaux partenaires qui ont davantage besoin de ces fonds de cohésion. Nous avons cependant veillé à maintenir les fonds structurels sur l'ensemble des territoires de l'Union européenne, dont la France.
En Ile-de-France, quelques 500 projets ont été programmés à ce jour. Je vais vous citer trois ou quatre exemples au titre de l'objectif 2 et de l'objectif 3 pour vous montrer la diversité des actions. Pour l'objectif 2, par exemple, l'Europe a cofinancé - ce sont toujours des cofinancements avec d'autres partenaires, la région, le département, l'Etat - une Maison de quartier à Garges-Lès-Gonesse (Val-d'Oise) ce qui favorise l'implantation et améliore l'attractivité du territoire concerné. Il y a eu 670 000 euros de fonds européens avec un pourcentage de cofinancement important puisque cela a été la moitié du budget. Autre exemple qui montre qu'on touche à tout un domaine d'activités : 400 000 euros , soit le quart du budget pour un hôtel d'entreprises au sein de la zone franche urbaine de Sarcelles et inutile de vous dire qu'il y a des besoins. Autre exemple toujours dans le Val-d'Oise : un centre de formation pour apprentis à Villiers-le-Bel, opération lourde avec plus de 2,3 millions d'euros, soit 15 % du coût total.
Pour l'objectif 3, il y a beaucoup d'actions de formation, d'insertion et de réinsertion. J'ai ainsi rendu visite à une association formidable dans le 12ème arrondissement à Paris qui s'appelle "le Coeur des Haltes". Elle reçoit 300 000 euros chaque année du Fonds social européen. J'ai visité, il y a quelques jours, à Melun, une association d'insertion qui s'appelle "Travail Entr'aide" et qui a reçu, quant à elle, 130 000 euros de FSE soit le tiers de son budget. A Paris, dans le 10ème arrondissement, j'ai vu une association qui bénéficie de 75 000 euros de FSE ainsi que du programme Leonardo ce qui permet à 400 jeunes de partir à l'étranger de plusieurs mois jusqu'à un an. Et puis, avec le Préfet Leyrit, nous étions allés visiter Lisi Aerospace dans son département. Il s'agit toujours d'actions de formation soutenues par le FSE mais cela touche à la haute technologie et pas à l'insertion de base. C'est une entreprise très performante qui fait notamment un certain nombre de produits pour Airbus, dont l'A 380, et qui a besoin de formations très spécialisées. Le FSE l'aide à hauteur de 145 000 euros comme complément pour les nouveaux embauchés et des salariés en poste. Cela représente 45 % du coût total et c'est un sacré coup de pouce ! On retrouve tous ces fonds européens sur l'ensemble du territoire national. Chaque année, ce sont des milliers de projets qui touchent des domaines très variés comme la culture ou l'environnement. Je me suis rendue au Mont Saint Michel où l'Europe aide aux travaux de désensablement. Nous en sommes bien contents car il faut compter, cette fois, en millions d'euros !
Un dernier mot avant de répondre à vos questions. Tout ceci, on ne le dit pas suffisamment car ni l'Etat, ni les collectivités locales - qui oublient parfois qu'une partie des fonds qu'elles versent sont des fonds européens - ne font d'efforts particuliers. Nous avons décidé de renforcer notre travail d'explication et de communication sur ce que fait l'Europe au quotidien. Il nous semble normal que les Français ne sachent pas seulement le montant de leurs contributions à l'Europe mais qu'ils sachent aussi ce qu'elle rapporte. Je travaille à un projet de circulaire avec mes collègues ministre de l'Intérieur et ministre de l'Aménagement du territoire. Elle devrait être signée courant décembre. A partir du 1er janvier, chaque fois qu'un projet d'un coût total d'au moins 500 000 euros - au lieu de 3 millions d'euros aujourd'hui - sera aidé par les fonds européens, on l'indiquera de façon visible et permanente. Nous demanderons aussi aux préfectures de région de mettre une liste de ces projets sur leurs sites Internet pour mieux se rendre compte de ce que fait l'Europe au quotidien.
Q - Pourquoi êtes-vous allée à l'école d'infirmières de Mantes-la-Jolie ?
R - J'y suis allée parce qu'elle fait partie d'une opération beaucoup plus vaste de rénovation de Mantes-la-Jolie et d'autres quartiers proches qui avaient eu des difficultés, que l'on connaît bien, au cours des dernières années. Il a fallu plusieurs années et des financements très importants de la part de l'Etat, de l'Europe et des collectivités territoriales pour rénover ces quartiers. Aujourd'hui, ils sont totalement transformés par rapport à il y a dix ans. Il a fallu rebâtir, recréer un environnement plus agréable et puis également mener des actions de formation. L'école d'infirmières de Mantes-la-Jolie est un bon exemple de ce que l'Europe nous a permis de faire et c'est un gros coup de pouce. C'était 800 000 euros, je vous parle de mémoire, soit le quart du financement. Les gens qui en bénéficient, croyez-moi, sont plus heureux là, avec une perspective d'emploi, que de se retrouver à ne pas trop savoir quoi faire. Beaucoup de jeunes filles, quelques garçons, mais toujours avec le sourire, et tout le monde avec une perspective d'emploi. Alors, je ne dis pas que c'est seulement grâce à l'Europe et personne ne le dit. C'est quand on se tient tous la main que cela marche. Et, quand ça marche, il faut le dire. On parle suffisamment des choses quand ça ne marche pas. Moi, j'ai envie de parler aussi de ce qui marche.
Q - Vous êtes ici à Argenteuil et votre présence fait partie aussi de ce projet.
R - Je suis à Argenteuil, aujourd'hui, au centre de formation des apprentis. Ce centre a la chance de bénéficier d'un programme européen destiné aux jeunes qui s'appelle Leonardo. Ce n'est pas le seul programme européen destiné à la jeunesse. Tout le monde connaît Erasmus - il y a eu "L'auberge espagnole" qui a été un grand succès - qui permet à 20.000 jeunes Français, chaque année, de partir à l'étranger. Mais l'Europe de demain, ce n'est pas seulement l'Europe des étudiants, c'est aussi l'Europe des apprentis. Nous avons pour eux un programme européen qui s'appelle Leonardo. Ce programme s'adresse aux jeunes en formation, ou après une formation, et leur permet de partir dans un pays européen pour quelques semaines ou quelques mois en recevant une bourse. Ils peuvent ainsi avoir une ouverture sur le monde, une découverte d'autres modes de vie, une meilleure connaissance de la langue du pays qui va les accueillir et puis un complément de formation. C'est donc un plus sur un CV qui permet de trouver plus facilement de l'emploi. Je crois surtout qu'ils sont très contents d'avoir cette expérience.
Q - C'est aussi votre rôle à Strasbourg et à Bruxelles de défendre les couleurs de la France, d'obtenir des fonds et puis d'avoir d'autres opportunités pour nos jeunes apprentis et nos étudiants ?
R - Ce sont souvent des batailles un peu longues et un peu difficiles mais on a eu une bonne négociation qui s'est terminée l'an dernier. Alors, on pourrait rêver d'avoir toujours plus, encore mieux, mais, sur les programmes de mobilité pour la jeunesse je suis très satisfaite. On a réussi à les augmenter de telle façon que, d'ici la fin du prochain budget 2007-2013, nous aurons doublé le nombre d'étudiants et d'apprentis qui bénéficient de Leonardo. Tout le monde s'y est mis, même s'il y a eu parfois quelques grincements de dents et on a eu un très gros coup de pouce du Parlement européen qui a demandé au Conseil de rajouter un petit complément. On l'a fait et c'est bien.
Q - Madame la Ministre, au moment où tout le monde parle de l'Europe, comment se fait-il que nous méconnaissions le rôle de la ministre déléguée aux Affaires européennes puisque vous êtes sur beaucoup de chantiers, aussi bien l'agriculture, la pêche, la formation, la recherche ? Comment se fait-il que nos concitoyens méconnaissent le rôle de la ministre déléguée aux Affaires européennes ? Est-ce que c'est un problème de communication ou un problème d'incompréhension ?
R - Je crois que, d'une façon générale, ils méconnaissent le rôle de l'Europe, et c'est notre responsabilité à tous : on en est tous en partie responsable. Nous n'avons jamais parlé suffisamment de l'Europe. On en parle au moment des élections, pendant les référendums, c'est bien et c'est normal. Mais l'Europe est dans notre vie de tous les jours, tout le temps et j'aimerais qu'on en parle autrement. Et quand nous en parlons, nous n'en parlons pas toujours bien. Je ne sais pas si moi j'en parle mieux, mais nous en parlons souvent d'une façon compliquée, parfois même rébarbative. Nous parlons des négociations et il en faut. Mais ce qui est important, ce n'est pas ça, c'est, après la négociation, l'action que cela permet. C'est la raison pour laquelle je vais beaucoup sur le terrain voir comment les choses se passent. Je vais ainsi en région autant que je le peux. Pas seulement à Strasbourg et pas seulement à Bruxelles, pas seulement pour négocier, mais pour mettre en valeur ce que l'Europe fait pour le développement économique et social de toutes nos régions.
Q - Quel message faites-vous passer à cette occasion ?
R - Il est vraiment important de dire que l'Europe est quelque chose de concret et pas quelque chose d'ennuyeux, d'abstrait, de lointain. L'Europe, pour notre pays, d'abord et avant tout, dans chacune des régions françaises, ce sont des centaines de millions d'euros qui nous aident à réaliser des milliers de projets chaque année. Ce sont des co-financements qui viennent comme un plus par rapport aux crédits que donnent l'Etat et les régions. C'est un sacré coup de pouce et cela touche tous les domaines : le développement économique, la formation, l'insertion, la réinsertion, la transformation des quartiers, etc. Et on ne le sait pas !
Q - Et pourquoi ? C'est la faute du ministre ?
R - C'est la faute, je pense, de tous les responsables. Je ne dis pas des médias, mais de tous les Français, d'une façon générale, qui n'ont pas su percevoir l'Europe à travers ses actions concrètes et qui la perçoivent surtout dans ses mécanismes. Alors ce que je fais modestement, c'est de mettre l'accent davantage sur ce qui se fait sur le terrain. Je crois que l'on ne peut pas demander aux Français ce qu'ils pensent de l'Europe si on ne leur a pas expliqué d'abord ce qu'elle fait réellement. Pas ce qu'elle fait en négociant à Bruxelles, mais ce qu'elle fait ensuite pour eux, dans leur vie quotidienne.
Q - Deuxième sujet : veto polonais maintenu, et à la veille de ce Sommet UE-Russie, une relation qui paraît en panne, se dégrade de jour en jour, jusqu'où cela peut aller ?
R - C'est un problème délicat. Je dois vous dire que nous avons les mêmes objectifs que la Pologne, sur les questions d'énergie, par exemple. Nous souhaitons tous que la Russie, à terme, ratifie la charte et, le plus rapidement possible, reprenne les principes de cette charte dans le futur accord qui sera conclu entre l'Union européenne et la Russie. Néanmoins, sur les moyens utilisés pour atteindre cet objectif, nous avons une petite différence de points de vue. Je respecte la décision de la Pologne, mais je veux espérer que demain, ou le plus rapidement possible, après ce sommet, elle puisse trouver les moyens d'un accord qui nous permette d'envisager la relation de l'Europe avec la Russie de façon plus globale en regardant vers l'avenir et pas seulement en se concentrant sur les difficultés d'aujourd'hui.
Q - Cette façon de fonctionner de la Pologne, c'est pour faire part du mécontentement ou c'est parce que la Pologne ne connaît pas encore très bien les mécanismes de fonctionnement de l'Union européenne ?
R - Je ne peux pas répondre à la place des Polonais.
Q - Mais vous avez peut-être une petite idée...
R - Je dois reconnaître qu'ils ont des demandes, que leur relation avec la Russie est difficile et que la Russie a le droit de faire valoir son point de vue, tout comme la Pologne a le droit de faire valoir le sien. Faut-il le faire de cette façon là ? Je n'en suis pas sûre. Alors, peut-être que les anciens Européens que nous sommes ont plus l'habitude des processus de négociation, de l'effort que cela demande pour essayer de se rapprocher. Il vaut mieux passer un petit peu de temps à négocier, à se rapprocher que faire des clashs, ce qui ne sert pas à grand-chose. Il faut trouver des solutions. Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 novembre 2006