Interview de M. Bernard Accoyer, président du groupe parlementaire UMP à l'Assemblée nationale, à La Chaîne Info LCI le 29 novembre 2006, sur l'annonce de la candidature de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2007 et sur l'organisation de débats au sein de l'UMP.

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Texte intégral

Q- Vous étiez hier soir Place Beauvau, avec de nombreux parlementaires UMP autour de N. Sarkozy. Comment était l'ambiance, que vous a-t-il dit ?
R- L'ambiance était très chaleureuse, amicale, et le discours de N. Sarkozy, ce qu'il a exprimé, très simplement, mais également avec une certaine ferveur, c'était un discours de rassemblement autour de ses réflexions, de ses idées, de ce qu'il veut faire pour notre pays.
Q- Alors, il doit annoncer sa candidature demain, il a promis "une surprise", il veut une rencontre directe, face aux Français. Comment va se passer demain cette déclaration ?
R- Cela, je n'en sais strictement rien. Je ne suis pas informé de son plan personnel. Je crois que c'est un moment très important pour quelqu'un qui a décidé de se consacrer à concourir pour la candidature suprême. Un homme ou une femme qui a ce projet, quand il franchit ce pas c'est quelque chose de considérable.
Q- C'est un peu un secret de polichinelle quand même la candidature de N. Sarkozy. Cette chronique d'une candidature annoncée, n'est-ce pas un peu ridicule ? Est-ce qu'il n'aurait pas dû le dire simplement depuis des semaines ?
R- Non, parce que, en toute élection, que ce soit municipale ou cantonale, et a fortiori les élections présidentielles, c'est très important cet instant où on franchit le pas, et où l'on dit à ceux dont on va solliciter les suffrages, que l'on a l'intention de leur proposer d'être celui ou celle pour qui ils voteront, et qui apportera telle ou telle réponse. C'est un moment de conviction qui doit être très fort.
Q- S. Royal a présenté hier son équipe, jeune, féminine, avec beaucoup de têtes nouvelles. Est-ce un modèle à suivre pour le futur staff de campagne de N. Sarkozy ?
R- Je crois que ce qu'il faut surtout, c'est voir à quoi servent des élections présidentielles, et pourquoi elles sont tellement importantes en ce moment. Elles servent à apporter des réponses aux problèmes des Français, et à permettre à la France de se voir, de se dessiner l'avenir que mérite notre grand pays.
Q- S. Royal n'a-t-elle pas pris une longueur d'avance justement dans le dessein de ce projet ?
R- C'est clair que la gauche est surtout dans une attitude de posture, une attitude d'image. Et ce qu'il faut surtout regarder au PS, c'est le programme ; un programme archaïque, qui propose de renationaliser, un programme qui propose de mettre à bas la réforme des retraites, dont chacun sait qu'elle est absolument indispensable, c'est vrai que la gauche a toujours refusé de la conduire. Tout cela n'est pas sérieux, et en tout cas constituerait un grand malheur pour les Français.
Q- Alors, l'UMP va entrer dans cette période de forums, de débats. C'est J.-P. Raffarin qui va être chargé d'organiser ces forums inter régionaux. C'est quoi ? C'est le retour à "la France d'en bas", avec J.-P. Raffarin ?
R- Je me réjouis qu'il y ait un débat, que l'on échange nos idées, que nous mettions en commun ce que nous pensons être bon pour notre pays.
Q- Pourquoi J.-P. Raffarin ?
R- Mais parce que J.-P. Raffarin a été le Premier ministre de la France qui aura conduit les plus grandes réformes de ce quinquennat. En particulier, la réforme des retraites, la réforme de l'assurance maladie, les textes sur le handicap, qui aura redonné dans le domaine régalien, la sécurité, aux forces armées, le niveau d'un pays tel que le nôtre, qui aura également au plan économique, impulsé les grandes décisions, qui aura orienté vers la reprise de l'emploi, la baisse du chômage, notre pays.
Q- Vous allez travailler avec lui dès aujourd'hui à l'organisation de ces forums...
R- Oui.
Q- ...Quel va être votre travail ? Organiser le duel Alliot- Marie/Sarkozy ?
R- Je ne crois pas qu'il faille voir les choses de cette façon. C'est au contraire, la mise en commun de tout ce que nous avons, les uns et les autres, à l'UMP. Nous sommes d'accord sur l'essentiel, et nous n'avons pas de divergences comme la gauche peut en avoir, sur l'économie de marché, sur les choix énergétiques, nous sommes d'accord sur l'essentiel. Mais nous avons nos nuances, et elles constituent notre richesse, et il faut les mettre en commun pour, encore une fois, apporter une analyse et des propositions qui répondent aux préoccupations des Français.
Q- Alors, J.-L. Borloo, lui, a une forte nuance sociale, il veut constituer le pôle social de la majorité. Il dit qu'il ne sera pas candidat à la primaire, il n'exclut pas d'être candidat à la présidentielle - Sarkozy a dit hier "pas de candidat hors de l'UMP". Vous adressez un avertissement à J.-L. Borloo ?
R- J'aime beaucoup J.-L. Borloo, et je trouve qu'il a un talent formidable et il va, et je l'espère, participer à ces débats, parce qu'il faut qu'il apporte cette contribution, dont vous venez de dire combien elle est importante. Par contre, sur ce qui est de candidatures UMP en dehors de la procédure qui a été acceptée, adoptée à l'unanimité d'entre nous, eh bien il ne peut y avoir, après le 14 janvier, après que les militants UMP se soient prononcés sur celui ou celle que nous soutiendrons, il ne peut y avoir qu'un seul candidat UMP, sinon nous courrions le risque de ne pas être au deuxième tour. Qui oserait prendre ce risque fou !
Q- Est-ce que cette remarque vaut aussi pour J. Chirac, qui fête aujourd'hui ses 74 ans ? Est-ce que vous dites : d'abord, à cet âgelà, ce n'est plus raisonnable de solliciter un troisième mandat ? Et puis : si vous n'êtes pas dans l'UMP, vous ne pouvez pas être candidat ?
R- J. Chirac est au-dessus des partis ; J. Chirac s'exprimera au premier trimestre, il l'a dit à de multiples reprises. Nous verrons lorsqu'il se sera exprimé ce qu'il aura dit.
Q- La retraite est à 60 ans dans notre pays. 74, n'est-ce pas un âge il faut renoncer à solliciter un tel mandat ?
R- La question ne se pose pas. Attendons que le président de la République se soit exprimé.
Q- Mais votre envie, vous, vous dites : plutôt non, plutôt oui ?
R- Je ne trace jamais de plan sur la comète. L'avenir se dessine en fonction des évènements, et les évènements, on ne les connaît pas.
Q- D. de Villepin veut se "consacrer tout entier à Matignon". Est-ce, selon vous, le signe que lui aussi a renoncé à la présidentielle, et se voit à Matignon jusqu'au bout ?
R- Effectivement, D. de Villepin s'occupe des problèmes, et ils sont nombreux, auxquels le pays est confronté. Il apporte un certain nombre de réponses, et c'est sûr que cela est accaparant, il le fait avec toute son énergie, son enthousiasme, et c'est très bien. Il participera, je le souhaite également, à ce débat, à cette contribution, parce qu'il a aussi un message à délivrer.
Q- Le Pape est pour l'entrée de la Turquie dans l'Europe, finalement. Est-ce qu'il se mêle de ce qui ne le regarde pas ?
R- Non, le Pape est dans son rôle. Le Pape est un homme de paix, il est occupé, obsédé, par éviter l'affrontement des religions. Et je pense que l'expression qui a été la sienne sur cette question, c'est-à-dire la perspective des rapports de la Turquie avec l'Union européenne,s'inscrit dans cette volonté d'apaisement entre les religions.
Q- Le patronat dit que si on change la représentativité des syndicats, ce qui est prévu, cela va bloquer le dialogue social. Vous êtes d'accord avec ce diagnostic ?
R- Je n'ai pas de préjugés. Je pense que ce qui est important, c'est que ceux qui s'expriment aient une légitimité. Lorsqu'on s'exprime pour une catégorie, quelle qu'elle soit, que ce soient des étudiants, des salariés, des employeurs, il faut être représentatif, que cela corresponde effectivement au vote, à l'expression de ceux que l'on représente.
Q- Le chiffre du chômage pour le mois d'octobre ne sera pas tr??s bon. La France semble en panne, alors que les autres pays autour de nous, Allemagne, Espagne, Italie, vont plutôt mieux. C'est un échec de l'UMP et de la majorité ?
R- C. Barbier, vous, vous prenez toujours de la hauteur, et j'apprécie d'ailleurs. Alors, les chiffres du chômage, cela s'apprécie sur une période significative. Il est normal... Je suis médecin, et une courbe de température ce n'est jamais en ligne droite. Or il y a des moments où il peut y avoir des plateaux. Ce qui est sûr, c'est que le chômage a baissé de façon considérable depuis 18 mois et que nous avons atteint maintenant un niveau de chômage qui est en dessous des 9%. La tendance est évidemment bonne, il peut y avoir des paliers, c'est probablement ce que nous allons observer.
Q- Fermer la tribune des plus violents au Parc des Princes suffira-t-il ou il faut dissoudre les groupes de supporters ultras du PSG ?
R- En tout cas, il fallait faire quelque chose. Le Gouvernement a réagi très vite, a pris un certains nombre de décisions, qui sont des décisions fortes. Elles sont critiquées comme toutes les décisions. Personnellement, je pense qu'elles sont très bonnes. Et il faudra aller plus loin parce que la France qui est un grand pays de football doit faire comme l'a fait un autre grand pays de football, l'Angleterre : écarter, éliminer les voyous, les Hooligans, et tout ce qu'il y a de violences autour du foot. Le foot c'est une fête, c'est un rassemblement...
Q- Vous seriez choqué si les joueurs du PSG faisaient une minute de silence en mémoire du supporter tué ?
R- Je pense que tout ce qui appelle à mesurer la profondeur d'un drame tel que celui-ci, est utile.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 novembre 2006