Interview de M. François Bayrou, président de l'UDF, dans "20 minutes" du 5 décembre 2006, sur sa préférence pour internet par rapport à l'audiovisuel pour mener sa campagne pour l'élection présidentielle de 2007.

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Q - Sur le plateau du « 20 heures » de TF1, samedi, vous avez accusé la chaîne de jouer une « petite musique » en prévenant que « les Français ne se laisseront pas mener par le bout du nez ». Que reprochez-vous aux patrons de la Une, Etienne Mougeotte et Patrick Le Lay ?
R - Le premier défend l'idée que la bipolarisation de la vie politique est une bonne chose. L'autre soutient que ces questions passent après les intérêts financiers de la chaîne, détenue par Bouygues. Aucun de ces discours ne correspond aux obligations d'impartialité d'un grand média. TF1 favorise le « monopole à deux » de l'UMP et du PS sur la vie politique, et présente comme des vérités indiscutables des éléments qui doivent être discutés.
Q - Par exemple ?
R - Claire Chazal affirmait samedi que les chiffres du chômage se sont stabilisés. Mais le nombre de bénéficiaires du RMI et de chômeurs en fin de droits a augmenté. Cela mérite d'être dit. Je m'y emploie.
Q - Mais pourquoi justement sur TF1 ?
R - Parce que j'ai droit à la parole ! TF1 a des obligations civiques : elle ne peut pas faire autrement que de m'inviter. J'ai été convié au « 20 heures » deux fois en trois mois. C'est peu...
Q - Pourquoi mener campagne aussi fortement sur le Net ?
R - Chacun se bat avec ses armes, les partis dominants ont une audience dans les médias dominants. Je me dirige vers les plus indépendants. Sur le Web, les citoyens sont actifs devant l'info.
Q - Lors de l'annonce de votre candidature, samedi à Serres-Castet, vous avez démontré que vous saviez aussi utiliser la télé...
R - Ce n'était pas une mise en scène, c'était juste vrai ! Les Pyrénées étaient vraies, le village béarnais aussi. C'est mon terroir. Je ne vais pas me bâillonner.
Q - Réformerez-vous l'audiovisuel si vous êtes élu ?
R - Quand des groupes possèdent de grands médias et font affaire avec l'Etat, ils ont des moyens d'influence considérables. Je veux poser comme principe la séparation de ces deux activités. Il faut protéger les rédactions et renforcer les règles anti-concentration.
Q - Comment ?
R - Réaffirmons déjà le principe. Il sera temps ensuite de discuter des modalités.Propos recueillis par Christel Brigaudeau