Déclaration de M. Alain Richard, ministre de la défense, sur la défense européenne et les relations entre l'UE et l'OTAN, Paris le 18 janvier 2001.

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Circonstance : Voeux de M. Alain Richard aux ambassadeurs de l'UE et de l'OTAN, Paris le 18 janvier 2001

Texte intégral

Messieurs les ambassadeurs,
Messieurs les officiers attachés de défense,
Messieurs les officiers généraux,
Mesdames, Messieurs,
C'est un réel plaisir pour moi de vous accueillir à nouveau amicalement ici, à l'Hôtel de Brienne, à l'occasion de cette cérémonie des vux dont nous avons pris l'habitude, et je tiens d'abord à vous remercier de votre présence.
Cette présence témoigne en effet de la qualité du dialogue noué entre le Ministère et le corps diplomatique dans son ensemble.
Vous savez que ce travail en commun du militaire et du diplomate est un point auquel nous attachons, en France, la plus grande importance. Les Ministères des affaires étrangères et de la Défense ont une longue tradition d'étroite coopération. Hubert Védrine et moi-même nous consultons en permanence, et veillons à trouver des solutions communes aux problèmes qui nous sont posés. Cette entente contribue à créer les conditions d'un climat serein au sommet de l'Etat lorsqu'il s'agit de prendre des décisions engageant notre sécurité, ou nos intérêts à l'étranger.
Ce Ministère est également soucieux d'entretenir un dialogue de fond avec les représentants des pays étrangers. C'est pourquoi je suis heureux de pouvoir, à travers vous, présenter mes vux à l'ensemble du corps diplomatique.
Mais c'est bien sûr un lien tout particulier qui unit nos pays de l'Union Européenne et de l'Alliance atlantique, et l'année qui vient de s'écouler a marqué une étape décisive pour l'organisation de notre sécurité. Les progrès considérables accomplis dans l'organisation de l'Europe de la défense, et le climat de coopération et de confiance établi avec l'OTAN sont pour nous tous des motifs d'intense satisfaction.
A Cologne, puis à Helsinki, les Européens ont pris l'engagement politique de se donner les moyens de jouer pleinement leur rôle sur la scène internationale, et d'assumer leurs responsabilités face aux crises, y compris militairement, de manière pleinement autonome. Grâce au travail accompli cette année, ces objectifs politiques ont désormais une traduction concrète, à tous les niveaux nécessaires à leur mise en uvre.
Depuis mars 2000, les instances de décisions fonctionnent de manière très satisfaisante, et le sommet de Nice a adopté les textes définissant les structures définitives du comité politique et de sécurité, du comité militaire et de l'Etat major européens.
En ce qui concerne les capacités, élément central de la dynamique européenne en matière de défense, la conférence d'engagement de forces tenue à Bruxelles le 20 novembre dernier a été une étape décisive. Nous avons pris les moyens de traduire en termes techniques et militaires les objectifs de capacités fixés au niveau politique à Helsinki. Chaque pays a déterminé la contribution précise qu'il apportait à la force européenne de réaction rapide. Enfin, nous avons identifié les efforts qui demeurent nécessaires pour atteindre tous les objectifs fixés pour 2003 et au delà, pour mettre l'Union en mesure d'intervenir dans la gestion des crises sur l'ensemble du spectre de Petersberg.
Ces résultats n'étaient pas acquis d'avance, loin de là. Ils n'ont pu être atteints que grâce à un intense travail mené en commun, à l'esprit de concertation et à la volonté d'échange qui nous animent. J'attache une importance particulière à l'explication et à l'analyse conjointe, et je trouve en vous des interlocuteurs d'un dynamisme et d'un professionnalisme que j'apprécie particulièrement.
Je me réjouis également de la qualité du dialogue établi entre l'OTAN et l'Union Européenne. Les six réunions de travail en commun ont été particulièrement utiles pour la mise au point du catalogue de capacités. Elles ont témoigné de l'esprit de confiance et de coopération qui règne aujourd'hui entre les deux partenaires, dans le respect de la spécificité et de la pleine autonomie de chacun.
Je crois qu'il devient clair aux yeux de tous que l'Europe de la défense est appelée à renforcer la solidité et l'efficacité de l'alliance. Elle n'implique aucun relâchement des liens transatlantiques, elle est au contraire la contribution, souhaitée de longue date par nos amis américains, des quinze Etats membres à la sécurité et à la stabilité de leur continent.
Nous pouvons donc aborder cette nouvelle année avec confiance et optimisme, mais aussi avec détermination, car beaucoup reste encore à faire.
Les Européens doivent maintenant s'attacher rendre rapidement opérationnelles les forces qu'ils ont engagées à Bruxelles. Ils doivent engager ensemble un effort de long terme pour combler les lacunes identifiées à Bruxelles, notamment dans le domaine stratégique. Les nouvelles responsabilités que veut prendre l'Union sont exigeantes, elles nécessitent un engagement de long terme, et une coopération de plus en plus étroite entre nos Nations.
Les Européens et les Américains doivent plus que jamais entretenir un dialogue franc et confiant, pour permettre à la relation transatlantique de garder toute sa solidité et son utilité. Le développement d'un véritable partenariat stratégique entre l'UE et l'OTAN pour la gestion des crises contribuera à la vitalité d'un lien transatlantique rénové.
Je sais que je trouverai en vous, cette année encore, des interlocuteurs ouverts, actifs, inventifs, mettant toute leur énergie au service des projets et des valeurs de notre Union Européenne et de notre Alliance Atlantique. Je suis donc très heureux de vous adresser, au nom de l'ensemble du Ministère, tous mes vux de réussite professionnelle et de bonheur personnel.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 30 janvier 2001)