Interview de M. Bernard van Craeynest, président de la CFE CGC dans "Les Echos" du 15 novembre 2006, sur le congrès de la CFE-CGC et la représentation syndicale.

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Le conseil juridictionnel de la CGC l'a officialisé hier soir : le président de la confédération de l'encadrement, Bernard Van Craeynest, sera seul candidat à sa succession lors du 33e congrès de la centrale, qui se déroulera du 6 au 8 décembre. Comme l'imposent les statuts, il se présentera en ticket avec Gérard Labrune, pour le poste de secrétaire général, et Hélios Insa, pour celui de trésorier.
Leila de Comarmond : Pourquoi avoir attendu jusqu'à la clôture des dépôts de candidatures pour annoncer le trio que vous présenterez au congrès ?
Bernard van Craeynest : J'ai attendu car j'ai souhaité examiner toutes les possibilités jusqu'au bout afin d'être sûr d'effectuer le bon choix. C'est après mûre réflexion que j'ai décidé de me présenter avec Gérard Labrune au secrétariat général et Hélios Insa à la trésorerie [respectivement président de la fédération des banques et trésorier confédéral, NDLR].
LC : Pourquoi n'avez-vous pas répondu aux fédérations qui vous ont proposé de prendre plutôt DanièIe Karniewicz que Gérard Labrune ? Pour certains, vous avez trop tendance à travailler en solo...
BVC : J'avais prévenu dès le départ que je ne souhaitais pas faire de ticket avec Danièle Karniewicz. Je le lui ai dit à trois reprises. Il faut savoir que, sur les 10 membres actuels du bureau national, 5 vont partir au congrès. Avec un tel turnover, je devais m'assurer un minimum de continuité sur les postes stratégiques : la trésorerie, avec Hélios Insa, l'emploi, avec Alain Lecanu, et la protection sociale, avec Danièle Karniewicz. Lui donner un statut particulier, comme on me l'a demandé, aurait joué contre la cohésion du bureau national. Or j'ai besoin d'une équipe confédérale soudée. Quant à travailler en solo, on ne peut pas me reprocher tout et son contraire. Depuis mon arrivée, je réunis régulièrement le comité directeur, où siègent toutes les fédérations, pour m'assurer de prendre des décisions partagées au sein de la confédération. Certains, dont Danièle Karniewicz, l'ont critiqué.
LC : Vous êtes donc seul candidat à la présidence de la CGC. Quel score visez-vous?
BVC : Je me doute bien qu'on ne va pas faire l'unanimité. Mais j'ai l'intention de poser clairement les enjeux des trois ans à venir pour la CGC. Je ne suis pas là pour me faire plaisir mais parce que je suis persuadé que la CGC a un rôle majeur à jouer car elle représente les catégories qui sont au coeur de l'organisation sociale : les classes moyennes, ceux qui sont au-dessus du SMIC et des minima sociaux mais au-dessous du petit cercle des dirigeants.
LC : Vous voulez devenir une confédération généraliste ?
BVC : Non. Nous ne prétendons pas représenter tous les salariés mais ceux qui, dans l'entreprise, managent, innovent, coordonnent, gèrent, animent, qu'ils soient cadres, agents de maîtrise ou techniciens. Cela dit, c'est vrai que de plus en plus de salariés entrent dans notre champ.
LC :Quelles orientations allez-vous proposer à votre congrès ?
BVC :Ces dernières semaines, les querelles de personnes ont dominé. C'est évidemment regrettable. Maintenant que le conseil juridictionnel a validé les candidatures, nous allons pouvoir élargir le cercle des discussions pour construire le discours-programme que je prononcerai le 7 décembre. Il partira d'un constat simple: dans notre pays, depuis des années, l'effort a porté sur ceux qui relèvent des minima sociaux. Les classes moyennes voient, elles, leur revenu disponible baisser sous la pression des prélèvements obligatoires ; elles sont confrontées à l'absence de reconnaissance, au blocage de leurs salaires. Elles sont de plus en plus déboussolées. Si on ne trouve pas un moyen de les reconnaître, on va dans le mur.
Propos recueillis par Leïla de Comarmondsource http://www.cfecgc.org, le 16 novembre 2006