Texte intégral
Mesdames et messieurs les Maires,
Bonjour à tous.
Je voudrais commencer, en quelques mots, par une réaction sur tout ce qui concerne cet accompagnement social et notamment tout ce que l'on peut faire en matière de lutte contre l'exclusion puisque c'est ce que j'entendais au moment où je vous retrouvais.
Il est bien clair que, aujourd'hui, le rôle des élus est indispensable. Il est indispensable parce que l'Etat est là pour mettre en place des politiques mais le bras armée de l'Etat au quotidien, ce sont les associations, ce sont les élus qui, dans leurs villes, appliquent... appliquent quoi ? Les constructions de centres d'hébergement et de réinsertion sociale accompagnent les populations qui sont en très grande fragilité, qu'il s'agisse des femmes, qu'il s'agisse des gens sans logement. On sait tous que les causes sont nombreuses.
Sur le sujet, ce que nous avons fait en matière d'exclusion a été d'abord de revenir au départ sur un problème de places et d'accueil. Ensuite, une fois que l'on a eu, j'oserais dire l'approche quantitative, j'ai été particulièrement impliquée, avec les associations, sur l'aspect qualitatif. Ce que j'ai entendu dans la bouche de M. Olivier BERTHE il y a un instant sur l'insertion, je le partage. C'est-à-dire que, quelque part, à travers l'hébergement ou à travers l'accompagnement pour un repas, ce que nous cherchons à faire, c'est à créer du lien et à essayer de démarrer le début d'une approche d'insertion.
En d'autres termes, nous travaillons avec des publics qui sont très hétérogènes, il faut en être bien conscient. Qu'y a-t-il de commun entre une jeune fille enceinte de dix-huit ans et un monsieur de 60 ans qui est dans la rue depuis vingt ans ? Ce sont deux situations complètement différentes et deux personnes totalement différentes. Elles ont un point commun : elles sont à la rue, elles n'ont pas de quoi se loger. Quelquefois, elles n'ont pas fait le nécessaire pour bénéficier de leurs droits.
Tout le travail à mener est de les accompagner dans leur tentative d'en sortir, avec les mots qui sont les leurs, avec les moyens qui sont les leurs. Il faut être clair, cela ne se fait pas du jour au lendemain. C'est long. C'est de l'humain. La précarité, on ne s'y résout pas. On la combat. Pour autant, les chemins sont souvent très tortueux et cela demande beaucoup de temps.
J'en arrive, rapidement, à la notion de cohésion sociale. Très concrètement, le ministère auquel j'appartiens, derrière M. Jean-Louis BORLOO depuis 2003, est très impliqué sur cette notion de cohésion. Le constat est parti de celui que nous avons fait. Vous savez, vous avez tous entendu parler du plan de cohésion sociale. Dans le plan de cohésion sociale, nous disions que, depuis quinze ans, le fossé se creuse inexorablement entre les parents dont les enfants ont un avenir et ceux dont les enfants n'ont pour tout avenir que la rage au ventre, qui s'exprime quelquefois par la violence.
C'est malheureusement une situation qui existe, à laquelle on ne peut pas, là encore, se résoudre et pour laquelle on a décidé de mettre des moyens qui sont des moyens nouveaux, qui aient un effet de levier capable de faire changer les choses.
On a commencé par la rénovation urbaine. Beaucoup de maires connaissent aujourd'hui la rénovation urbaine. Nous en sommes aujourd'hui à pratiquement 400 projets, 31 milliards d'euros de travaux aussi bien en métropole que dans les DOM, pour refaire ces fameux quartiers qui ont été construits dans les conditions que nous savons, avec les difficultés que l'on connaît aujourd'hui.
Pour autant, nous sommes parfaitement conscients qu'en ne s'attaquant qu'à la rénovation urbaine, on ne répond pas aux problèmes que vivent les habitants des quartiers. Le sujet, ce n'est pas simplement de les déménager. Si ce n'était que cela, j'oserais dire que ce serait finalement assez simple même s'il y a des enjeux fonciers sur lesquels on reviendra sûrement.
C'est pour cela que nous avons mis en place ce que l'on appelle le plan de cohésion sociale avec trois volets : l'accompagnement vers l'emploi, le logement et l'égalité des chances.
Tout à l'heure, on parlait de mixité sociale. C'est vrai que l'article 55 est un moyen de « faire » de la mixité sociale. Mais on se rend compte que, au-delà du respect de l'article 55, il faut aller plus loin. Ce que l'on a voulu faire quand on a mis de la TVA à 5,5 % dans les zones urbaines sensibles pour l'accession très sociale à la propriété, c'est amener dans ces zones des gens qui ont un profil différent.
Je passe mes semaines dans les quartiers. On voit bien que dans certains quartiers de certaines villes de France, les populations ont comme points communs d'être toutes d'origine étrangère, d'être toutes dans une situation de très grand éloignement face à l'emploi. On ne connaît que cela dans le quartier. Il est donc très difficile d'avoir d'autres repères, d'autres modèles.
De la même manière, quand on parle d'égalité des chances, on sait qu'il y a dans notre pays des jeunes qui ont raté le rendez-vous de l'école, qui n'ont pas eu la structuration qu'ils auraient pu avoir dans leur famille, qui ne s'est pas faite pour des raisons que je n'ai pas à juger mais le constat est qu'ils ont quinze ans, qu'ils n'ont pas les repères, qu'ils n'ont pas les acquis fondamentaux. Et la question est : que fait-on ?
Le « que fait-on ? » passe aujourd'hui par des palettes de solutions. Les associations font du travail. Les équipes de réussite éducative autour des jeunes permettent de les accompagner. Des programmes comme « défense deuxième chance » leur permettent de redémarrer, de retravailler sur ces acquis de base, tout comme le service civil que l'on vient de lancer, qui est un autre moyen de permettre à des jeunes qui ne savent pas finalement très bien où ils en sont, de s'engager dans une association, de montrer leur intérêt, montrer leur implication, montrer leur volonté travailler.
Je fais partie de celles et ceux qui croient à la jeunesse de France, qui pensent que, dès lors que l'on accompagne les jeunes ils peuvent se réaliser, ils peuvent faire des choses. Il faut simplement réussir à les accompagner, à les amener là où ils sont pour, ensuite, les amener vers l'emploi.
La cohésion sociale, ce sont tous ces programmes. Cela veut dire que, derrière, cela se traduit pour les élus par la fin des contrats de ville au 31 décembre prochain et une nouvelle génération qui sera celle des contrats urbains de cohésion. C'est une contractualisation de 400 millions d'euros par an entre l'Etat et les villes pour accompagner des projets.
Ce que nous avons souhaité faire, ce sont les parlementaires qui nous ont amené à cela, et notamment je pense au rapport du sénateur M. ANDRE sur les contrats de ville, qui mettait en avant le fait que les associations avaient besoin d'un interlocuteur facilement identifiable. En d'autres termes, éviter de faire dix dossiers pour avoir une action subventionnée.
D'où la notion d'un contrat signé entre le maire et le représentant de proximité de l'Etat qui est le préfet de l'égalité des chances quand il y en a un, le sous-préfet de façon plus générale.
Deuxième élément, les associations, dont la mission est de travailler au plus près des habitants. Ce n'est pas de passer la moitié de l'année à courir après les subventions. L'intérêt est de s'installer dans la durée, de leur permettre de signer un contrat sur une durée de trois ans. Cela leur permet peut-être de passer les six premiers mois de la première année à chercher des sous mais une fois que c'est fait, c'est fait et pour trois ans.
Le troisième élément est d'évaluer. La politique de la ville a beaucoup été critiquée sur ses résultats parce qu'elle n'était pas assez mesurée et que l'on ne pouvait pas suffisamment montrer à quoi concrètement elle servait, quels étaient les résultats.
Ce que l'on va faire, c'est évaluer le fait que l'action ait bien eu lieu, mais surtout évaluer les résultats avec des indicateurs que nous allons fixer au moment où nous allons mettre en place ce contrat.
Donc quelque part, une volonté de proximité.
L'orfèvre du contrat, c'est l'élu de proximité. C'est lui qui connaît l'association au pied de l'immeuble qui fait le maillage du quartier, que forcément on ne connaît pas, vu de la délégation interministérielle à la ville et que l'on ne connaît peut-être même pas encore à la préfecture. Et pourtant, c'est cette association qui a besoin, au quotidien, d'être accompagnée.
Là-dessus, il y a eu beaucoup de discussions en ce qui concerne des budgets en matière de politique de la ville. Je ne voudrais pas entrer dans ces querelles de chiffres. Je voudrais simplement dire que passer de 130 millions par an à 400 millions par an, cela donne une pérennisation certaine et c'est ce que nous cherchons à faire. En effet, accompagner les habitants des quartiers, c'est quelque part l'humain dans l'urbain. C'est cela notre définition de la cohésion sociale.
Je vous remercie.Source http://www.amf.asso.fr, le 4 décembre 2006
Bonjour à tous.
Je voudrais commencer, en quelques mots, par une réaction sur tout ce qui concerne cet accompagnement social et notamment tout ce que l'on peut faire en matière de lutte contre l'exclusion puisque c'est ce que j'entendais au moment où je vous retrouvais.
Il est bien clair que, aujourd'hui, le rôle des élus est indispensable. Il est indispensable parce que l'Etat est là pour mettre en place des politiques mais le bras armée de l'Etat au quotidien, ce sont les associations, ce sont les élus qui, dans leurs villes, appliquent... appliquent quoi ? Les constructions de centres d'hébergement et de réinsertion sociale accompagnent les populations qui sont en très grande fragilité, qu'il s'agisse des femmes, qu'il s'agisse des gens sans logement. On sait tous que les causes sont nombreuses.
Sur le sujet, ce que nous avons fait en matière d'exclusion a été d'abord de revenir au départ sur un problème de places et d'accueil. Ensuite, une fois que l'on a eu, j'oserais dire l'approche quantitative, j'ai été particulièrement impliquée, avec les associations, sur l'aspect qualitatif. Ce que j'ai entendu dans la bouche de M. Olivier BERTHE il y a un instant sur l'insertion, je le partage. C'est-à-dire que, quelque part, à travers l'hébergement ou à travers l'accompagnement pour un repas, ce que nous cherchons à faire, c'est à créer du lien et à essayer de démarrer le début d'une approche d'insertion.
En d'autres termes, nous travaillons avec des publics qui sont très hétérogènes, il faut en être bien conscient. Qu'y a-t-il de commun entre une jeune fille enceinte de dix-huit ans et un monsieur de 60 ans qui est dans la rue depuis vingt ans ? Ce sont deux situations complètement différentes et deux personnes totalement différentes. Elles ont un point commun : elles sont à la rue, elles n'ont pas de quoi se loger. Quelquefois, elles n'ont pas fait le nécessaire pour bénéficier de leurs droits.
Tout le travail à mener est de les accompagner dans leur tentative d'en sortir, avec les mots qui sont les leurs, avec les moyens qui sont les leurs. Il faut être clair, cela ne se fait pas du jour au lendemain. C'est long. C'est de l'humain. La précarité, on ne s'y résout pas. On la combat. Pour autant, les chemins sont souvent très tortueux et cela demande beaucoup de temps.
J'en arrive, rapidement, à la notion de cohésion sociale. Très concrètement, le ministère auquel j'appartiens, derrière M. Jean-Louis BORLOO depuis 2003, est très impliqué sur cette notion de cohésion. Le constat est parti de celui que nous avons fait. Vous savez, vous avez tous entendu parler du plan de cohésion sociale. Dans le plan de cohésion sociale, nous disions que, depuis quinze ans, le fossé se creuse inexorablement entre les parents dont les enfants ont un avenir et ceux dont les enfants n'ont pour tout avenir que la rage au ventre, qui s'exprime quelquefois par la violence.
C'est malheureusement une situation qui existe, à laquelle on ne peut pas, là encore, se résoudre et pour laquelle on a décidé de mettre des moyens qui sont des moyens nouveaux, qui aient un effet de levier capable de faire changer les choses.
On a commencé par la rénovation urbaine. Beaucoup de maires connaissent aujourd'hui la rénovation urbaine. Nous en sommes aujourd'hui à pratiquement 400 projets, 31 milliards d'euros de travaux aussi bien en métropole que dans les DOM, pour refaire ces fameux quartiers qui ont été construits dans les conditions que nous savons, avec les difficultés que l'on connaît aujourd'hui.
Pour autant, nous sommes parfaitement conscients qu'en ne s'attaquant qu'à la rénovation urbaine, on ne répond pas aux problèmes que vivent les habitants des quartiers. Le sujet, ce n'est pas simplement de les déménager. Si ce n'était que cela, j'oserais dire que ce serait finalement assez simple même s'il y a des enjeux fonciers sur lesquels on reviendra sûrement.
C'est pour cela que nous avons mis en place ce que l'on appelle le plan de cohésion sociale avec trois volets : l'accompagnement vers l'emploi, le logement et l'égalité des chances.
Tout à l'heure, on parlait de mixité sociale. C'est vrai que l'article 55 est un moyen de « faire » de la mixité sociale. Mais on se rend compte que, au-delà du respect de l'article 55, il faut aller plus loin. Ce que l'on a voulu faire quand on a mis de la TVA à 5,5 % dans les zones urbaines sensibles pour l'accession très sociale à la propriété, c'est amener dans ces zones des gens qui ont un profil différent.
Je passe mes semaines dans les quartiers. On voit bien que dans certains quartiers de certaines villes de France, les populations ont comme points communs d'être toutes d'origine étrangère, d'être toutes dans une situation de très grand éloignement face à l'emploi. On ne connaît que cela dans le quartier. Il est donc très difficile d'avoir d'autres repères, d'autres modèles.
De la même manière, quand on parle d'égalité des chances, on sait qu'il y a dans notre pays des jeunes qui ont raté le rendez-vous de l'école, qui n'ont pas eu la structuration qu'ils auraient pu avoir dans leur famille, qui ne s'est pas faite pour des raisons que je n'ai pas à juger mais le constat est qu'ils ont quinze ans, qu'ils n'ont pas les repères, qu'ils n'ont pas les acquis fondamentaux. Et la question est : que fait-on ?
Le « que fait-on ? » passe aujourd'hui par des palettes de solutions. Les associations font du travail. Les équipes de réussite éducative autour des jeunes permettent de les accompagner. Des programmes comme « défense deuxième chance » leur permettent de redémarrer, de retravailler sur ces acquis de base, tout comme le service civil que l'on vient de lancer, qui est un autre moyen de permettre à des jeunes qui ne savent pas finalement très bien où ils en sont, de s'engager dans une association, de montrer leur intérêt, montrer leur implication, montrer leur volonté travailler.
Je fais partie de celles et ceux qui croient à la jeunesse de France, qui pensent que, dès lors que l'on accompagne les jeunes ils peuvent se réaliser, ils peuvent faire des choses. Il faut simplement réussir à les accompagner, à les amener là où ils sont pour, ensuite, les amener vers l'emploi.
La cohésion sociale, ce sont tous ces programmes. Cela veut dire que, derrière, cela se traduit pour les élus par la fin des contrats de ville au 31 décembre prochain et une nouvelle génération qui sera celle des contrats urbains de cohésion. C'est une contractualisation de 400 millions d'euros par an entre l'Etat et les villes pour accompagner des projets.
Ce que nous avons souhaité faire, ce sont les parlementaires qui nous ont amené à cela, et notamment je pense au rapport du sénateur M. ANDRE sur les contrats de ville, qui mettait en avant le fait que les associations avaient besoin d'un interlocuteur facilement identifiable. En d'autres termes, éviter de faire dix dossiers pour avoir une action subventionnée.
D'où la notion d'un contrat signé entre le maire et le représentant de proximité de l'Etat qui est le préfet de l'égalité des chances quand il y en a un, le sous-préfet de façon plus générale.
Deuxième élément, les associations, dont la mission est de travailler au plus près des habitants. Ce n'est pas de passer la moitié de l'année à courir après les subventions. L'intérêt est de s'installer dans la durée, de leur permettre de signer un contrat sur une durée de trois ans. Cela leur permet peut-être de passer les six premiers mois de la première année à chercher des sous mais une fois que c'est fait, c'est fait et pour trois ans.
Le troisième élément est d'évaluer. La politique de la ville a beaucoup été critiquée sur ses résultats parce qu'elle n'était pas assez mesurée et que l'on ne pouvait pas suffisamment montrer à quoi concrètement elle servait, quels étaient les résultats.
Ce que l'on va faire, c'est évaluer le fait que l'action ait bien eu lieu, mais surtout évaluer les résultats avec des indicateurs que nous allons fixer au moment où nous allons mettre en place ce contrat.
Donc quelque part, une volonté de proximité.
L'orfèvre du contrat, c'est l'élu de proximité. C'est lui qui connaît l'association au pied de l'immeuble qui fait le maillage du quartier, que forcément on ne connaît pas, vu de la délégation interministérielle à la ville et que l'on ne connaît peut-être même pas encore à la préfecture. Et pourtant, c'est cette association qui a besoin, au quotidien, d'être accompagnée.
Là-dessus, il y a eu beaucoup de discussions en ce qui concerne des budgets en matière de politique de la ville. Je ne voudrais pas entrer dans ces querelles de chiffres. Je voudrais simplement dire que passer de 130 millions par an à 400 millions par an, cela donne une pérennisation certaine et c'est ce que nous cherchons à faire. En effet, accompagner les habitants des quartiers, c'est quelque part l'humain dans l'urbain. C'est cela notre définition de la cohésion sociale.
Je vous remercie.Source http://www.amf.asso.fr, le 4 décembre 2006