Point de presse de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, sur les relations franco-marocaines, l'aide de l'Agence française de développement et sur la situation au Liban, Paris le 11 décembre 2006.

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Circonstance : 8ème rencontre franco-marocaine à Paris le 11 décembre 2006

Texte intégral

Je suis heureux d'accueillir aujourd'hui mon ami le Premier ministre marocain, Driss Jettou. Nous venons de tenir ensemble, autour de nombreux ministres de nos deux gouvernements, la 8e session du séminaire gouvernemental franco-marocain. J'y vois le signe fort du dynamisme qui existe dans la relation entre le Maroc et la France, à laquelle Sa Majesté le Roi et le président de la République, vous le savez, sont très attachés. Nous voulons donner une nouvelle impulsion à la relation d'exception entre nos deux pays. Ce partenariat stratégique se nourrit des liens très étroits entre nos deux peuples. 30.000 Français vivent au Maroc, plus de 800.000 Marocains vivent en France, et je tiens, aujourd'hui à les saluer de part et d'autre. La France veut rester le premier partenaire du Maroc pour son développement. Nous avons aujourd'hui passé en revue les priorités de notre coopération pour les prochaines années : le développement économique, l'emploi, l'éducation, l'amélioration des infrastructures, le tourisme. L'Agence française de développement a décidé d'augmenter encore son engagement avec une enveloppe globale de plus de 460 millions d'euros pour la 2007-2009. Nous avons signé de très nombreux accords dans les domaines-clés de l'emploi, des transports, de l'éducation, du microcrédit, de la sécurité routière ou encore du tourisme. Nous avons, de part et d'autre, une conviction forte : face aux défis de la mondialisation, nous devons agir ensemble au service du développement et de l'emploi. Nous voulons ouvrir de nouvelles pistes dans le domaine économique en développant des partenariats où chacun gagne. Créer des emplois au Maroc, c'est aussi agir en faveur de la croissance, de la stabilité. C'est créer des marchés pour nos entreprises. Nous voulons développer la complémentarité entre les différents pôles de compétitivité, français et marocains, dans le transport par exemple, ou encore dans le domaine du tourisme. Le groupe franco-marocain que nous avons installé, des hommes d'affaires qui se réunira ce soir, fait la preuve de son dynamisme et de son efficacité. Nous voulons aussi promouvoir une approche intégrée et globale des questions de migration. Nous travaillons dans un esprit de partenariat, pour d'un côté, toujours mieux intégrer les migrants réguliers, et promouvoir le co-développement et, de l'autre, combattre l'immigration irrégulière. Nous avons bien sûr évoqué les questions régionales, telle que la nécessité d'un vrai partenariat entre l'Europe et la Méditerranée, sur lequel la France et le Maroc ont des positions des proches. Nous avons évoqué les crises régionales ; nous avons évoqué la situation du Proche-Orient, de l'Iran et d'autres crises. Vous le voyez une nouvelle fois, nos entretiens ont été confiants, fructueux et tournés vers l'avenir. E je voudrais en remercier le Premier ministre du Maroc.
Intervention de Driss JETTOU
Question de F. El-Aghoumi La vie économique : Monsieur le Premier ministre, la France s'est engagée à soutenir l'initiative nationale pour le développement humain (INDH), mais les deux parties ont convenu de continuer le dialogue. Concrètement, que va apporter la France à l'INDH ? Vous savez que le Maroc accorde beaucoup d'importance à cette initiative, qui est destinée à combattre la pauvreté.
Réponse de D. de VILLEPIN : "Vous le savez parce que c'est un engagement que nous avons pris, nous souhaitons bien sûr accompagner cette initiative que nous savons si importante pour le Maroc, avec les instruments qui sont les nôtres. Nous avons souhaité augmenter considérablement l'enveloppe de nos prêts dans le cadre de l'Agence française de développement, puisque nous avons affiché une enveloppe de 460 millions d'euros. Nous souhaitons aller plus loin et nous allons examiner, au terme de la conversation que nous avons eu avec le Premier ministre marocain, la façon la plus adéquate pour répondre à la volonté et aux ambitions de ce grand pays ami qu'est le Maroc".
Question : Permettez-moi de revenir sur la contribution à l'INDH annoncée. Il est écrit que vous déterminez encore les modalités de cette contribution. Peut-on en savoir un peu plus ? Et puis, est-ce que tous ces accords ne risquent-ils pas d'être remis en question avec l'avènement du nouveau Gouvernement, étant donné que la France se prépare à élire un nouveau Président et à une année législative ?
Réponse de D. de VILLEPIN : "Vous savez, en France, nous avons une continuité républicaine. Donc, ce qui engage un Gouvernement engage la France tout entière pour les années à venir. Donc, de ce point de vue, il n'y a pas de doute possible. En ce qui concerne notre contribution, je l'ai dit, nous avons des moyens d'intervention qui sont aujourd'hui spécifiques et qui nous permettent d'octroyer des prêts à travers l'Agence française de développement. Nous comprenons, aujourd'hui, que les Marocains soient allés plus loin pour cette contribution spécifique. Nous souhaitons voir dans quelle mesure nous pouvons les accompagner, sachant que la France, traditionnellement, s'est toujours située aux côtés du Maroc pour répondre aux grandes ambitions qui étaient les siennes. Donc, nous avons à coeur de faire une réponse spécifique dans ce domaine. Donc, nous allons examiner sérieusement la meilleure façon d'apporter cette réponse".
Question : Monsieur D. de Villepin, vous avez dit que vous aviez évoqué les questions régionales ; vous avez cité le Proche-Orient. Je voudrais vous interroger sur le Liban. Quelle est votre appréciation de la situation aujourd'hui au Liban ? Et parallèlement, auriez-vous des craintes quant à la sécurité du contingent français qui est au sud-Liban au sein de la FINUL ?
Réponse de D. de VILLEPIN : "Vous m'interrogez sur la situation du Liban. Nous voyons, jour après jour, la situation qui existe à Beyrouth et dans l'ensemble du pays. Donc, c'est une position d'inquiétude vis-à-vis de l'avenir du Liban. Ce qui se joue est important pour le Liban et pour l'ensemble de la région, et nous avons à coeur d'apporter notre appui à tous ceux qui veulent s'ériger en force de paix et de justice. Et, vous le savez, notre conviction, c'est que c'est l'engagement du gouvernement SINIORA. Donc, ce que nous souhaitons, c'est que toutes les forces puissent se rassembler, dialoguer, passer les caps difficiles, parce que nous n'ignorons rien des difficultés qui sont aujourd'hui au rendez-vous du peuple libanais. Ce que nous souhaitons, c'est que, par le dialogue, par une volonté commune de défendre l'indépendance du Liban, ces obstacles puissent être surmontés. Donc, c'est vraiment avec l'affection, l'amitié très profonde que la France éprouve pour le Liban, que nous parlons, sans avoir la conviction d'une science toute faite, mais véritablement, un esprit de bonne volonté pour améliorer les choses. Alors, en ce qui concerne la sécurité de notre contingent, vous savez dans quel contexte nous agissons au Liban, dans quel contexte nous sommes présents au Liban : c'est pour répondre à une exigence de sécurité et d'indépendance du Liban, dans un cadre précis, qui est celui de la FINUL, et à la demande des Nations unies. Donc, nous savons bien qu'il s'agit d'une mission difficile et nous sommes parfaitement conscients - nous le sommes depuis le début - des difficultés, des vulnérabilités qui existent, mais avec le souci d'aller jusqu'au bout de cette mission parce que, une fois de plus, notre engagement au service des Libanais, de tous les Libanais, notre engagement au service du Liban et d'un Liban soucieux de son intégrité, soucieux de sa souveraineté, eh bien, c'est un engagement qui pour nous est essentiel, compte tenu des liens historiques, des liens culturels, des liens d'amitié profonde, d'affection, qui unissent le peuple français et le peuple libanais".
Question : pourquoi les questions de défense sont toujours absentes de ce genre de séminaire ?
Réponse de D. de VILLEPIN : "Sur la question des formes, je dis exactement la même chose que mon homologue marocain, et puisque vous parlez ici au nom de la BBC, nos amis anglais savent ce que c'est que des sujets qui se traitent dans un cadre approprié. Donc, sans faire aucun understatement, nous travaillons dans un cadre approprié et dans le cadre des relations d'amitié qui existent entre la France et le Maroc".Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 14 décembre 2006