Texte intégral
Chers-es Camarades,
Permettez-moi d'abord de vous dire ma satisfaction de notre rencontre d'aujourd'hui.
Vous vous souvenez que c'est le 16 septembre dernier, depuis la fête de l'Humanité, que je vous en avais fait la proposition. Elle a immédiatement recueilli votre accord et, depuis, des groupes de travail de chacune de nos formations se sont rencontrés à de multiples reprises pour préparer notre réunion.
J'avais indiqué, en avançant ma proposition, que le moment était venu pour la gauche plurielle de reprendre l'initiative ; d'engager, immédiatement, concrètement, une dynamique nouvelle lui permettant de mieux répondre aux attentes, aux aspirations des Françaises et des Français.
Aucune, aucun d'entre nous n'ignore, ni ne minore le bilan de l'action de la majorité et du gouvernement depuis 1997. Et surtout - c'est le plus important - les Français nous en donnent acte.
Ils voient bien, en particulier, que leur situation a évolué favorablement ces trois dernières années, alors qu'ils avaient tout à redouter de la politique de la droite et du gouvernement d'Alain Juppé si, par malheur, elle avait dû se poursuivre.
Mais en même temps - et les réunions préparatoires l'ont montré - nous savons bien que des millions de citoyennes et de citoyens sont dans l'attente exigeante d'une meilleure prise en compte des problèmes qui les assaillent. C'est tout particulièrement le cas en termes de pouvoir d'achat et de réductions des graves inégalités qui, à bien des égards, minent véritablement la société française.
J'ai la conviction que leurs impatiences, souvent leur mécontentement, sont d'autant plus vifs que les fruits d'une certaine croissance retrouvée - et nous n'y sommes pas pour rien - ne leur semblent pas justement partagés. Et, de fait : tandis que s'envolent les revenus du capital et les profits, les salaires, les minima sociaux et les retraites ne bénéficient pas - ou très peu - des retombées de la croissance.
Pour les communistes, il y a là - et je l'ai dit en de nombreuses occasions ces derniers mois - un véritable défi que la gauche plurielle doit absolument relever.
C'est d'ailleurs ce que l'opinion attend d'elle.
Deux enquêtes, publiées hier dans deux quotidiens, le confirment. Une majorité de Français reproche au gouvernement de manquer de dynamisme et attend de la gauche une politique plus sociale. Manifestement c'est bien, comme l'écrit un commentateur, une " sérieuse correction de trajectoire " que souhaitent les personnes interrogées. Et parmi elles, plus particulièrement, les électrices et les électeurs de gauche.
Ce constat doit à mon sens retenir toute notre attention.
Bien sûr, c'est à la majorité de gauche à l'Assemblée nationale et au gouvernement qu'il revient d'en tirer les conséquences pratiques.
Mais nous avons, en nos qualités de responsables de partis de gauche et écologiste sur lesquels s'appuient ce gouvernement et cette majorité, des responsabilités particulières.
Celle, d'abord, d'être à l'écoute des citoyennes et des citoyens. Et plus encore : il s'agit de bien apprécier ce qui bouge dans l'opinion, dans la société et d'inciter à y faire réponse. C'est notre rôle, car c'est à nous, aux candidates et candidats de nos formations respectives que les Français ont accordé leur confiance en 1997. C'est nous qu'ils jugeront lors des prochaines échéances électorales. Et c'est sur ce que nous saurons entreprendre au service de leurs aspirations qu'ils se détermineront.
Voilà pourquoi il y a lieu d'être satisfait de notre rencontre d'aujourd'hui. Elle est une manifestation de la capacité de la gauche plurielle à se retrouver pour discuter et définir des orientations nouvelles, en fonction de ce qui monte et s'exprime dans le pays.
Elle montre également que la diversité de la gauche plurielle - réelle et, sans aucun doute, durable - n'est pas un obstacle à l'engagement d'une politique bien ancrée à gauche, mais au contraire une chance.
J'ai évoqué notre diversité. Elle est telle que sur un certain nombre de questions très importantes, nous ne sommes pas en mesure de trouver un accord, en tout cas pas dans l'immédiat.
Nous le voyons bien à propos du moment de l'introduction de la proportionnelle pour les élections législatives. Je continue de penser qu'elle est envisageable dès à présent.
Ou encore quand il s'agit de la Convention UNEDIC, dont les communistes estiment que la nouvelle mouture ne justifie pas son agrément par le gouvernement. Et nos appréciations sont souvent divergentes sur bien des aspects de la construction européenne et de leurs conséquences pour la France et pour notre peuple.
Ces désaccords ne sont ni mineurs, ni " techniques ". Ils renvoient à des visions sensiblement différentes de ce qu'il convient d'entreprendre pour transformer la société. Quant à nous, communistes, nous avons bien l'intention de poursuivre nos efforts pour faire vivre notre identité nouvelle, nos propositions et toutes les actions, les rassemblements susceptibles de les faire progresser dans le pays.
Et bien sûr, dès après ce " sommet " qui nous réunit aujourd'hui.
Je ne doute pas, d'ailleurs, que la même volonté anime chacune et chacun d'entre nous pour sa propre formation, et c'est parfaitement normal.
Plus encore : c'est une condition indispensable pour garantir l'efficacité de la gauche plurielle. Rien ne lui serait plus préjudiciable, en effet, que de dissimuler sa diversité derrière une unité de façade.
La gauche plurielle n'est pas, ne peut pas être, un rassemblement de courants s'exprimant à leur guise jusqu'au moment où un arbitre se chargerait de " faire la synthèse ".
En même temps, ce pour quoi je plaide, vous l'aurez compris, c'est pour la recherche exigeante, sur le maximum de sujets possibles, de tout ce qui peut nous rapprocher et, par là, rapprocher la gauche plurielle des Françaises et des Français.
Voilà, Chers-es Camarades, ce que je voulais vous dire pour introduire notre discussion. Vous le voyez, ma préoccupation, la préoccupation des communistes, c'est la réussite de la gauche plurielle.
18 mois nous séparent des prochaines grandes échéances électorales, et dans moins de 5 mois ce seront les élections municipales.
Nous voulons que la gauche plurielle l'emporte à chacun de ces rendez-vous. La meilleure façon d'y travailler utilement - j'ai envie de dire : la seule - c'est d'aller jusqu'au bout des mandats que nous ont confiés les électrices et les électeurs. C'est d'accomplir des choix politiques résolument à gauche, conformes à leurs attentes et efficaces pour soutenir et conforter durablement la croissance, car il n'y a pas, à mes yeux, de contradiction entre l'une et l'autre chose.
Je l'ai dit d'emblée : un gros travail a été accompli en amont de cette réunion. Il est contenu dans un projet de déclaration dont nous allons à présent discuter.
Pour ma part, et au nom de la délégation du parti communiste, je pense qu'il contient des engagements qui vont dans le bon sens. Ainsi, sur le Smic, avec la proposition d'alléger le poids de la CSG jusqu'à 1,8 fois son niveau, et avec notre intention de le faire progresser dans le courant du premier semestre 2001, même si, pour notre part, nous continuons de penser qu'il faudrait accélérer ce calendrier ; ainsi avec notre commune volonté de relever les minima sociaux avant la fin de l'année, dans la perspective qu'à l'avenir ils dépassent le seuil de pauvreté, soit 3.800 F par mois.
Ainsi encore, avec notre objectif de garantir à chaque emploi-jeune un débouché professionnel ; ainsi, également, avec le plan de revalorisation des petites retraites.
Et je pense qu'il n'est pas négligeable d'affirmer, comme nous le faisons, qu'il est nécessaire de faire contribuer davantage les revenus du capital financier à la solidarité par l'impôt.
Enfin, le projet de déclaration liste un certain nombre de mesures visant à améliorer la situation de l'emploi. Là encore, nous aurions, pour notre part, souhaité une plus grande détermination à agir dans un calendrier plus précis et plus resserré.
Le débat autour de ces questions devra donc se poursuivre entre nous et dans le pays. Mais en attendant, travaillons à concrétiser ce qui est déjà acté aujourd'hui : il en résultera du mieux pour les salariés et les chômeurs.
Je m'en tiens à ces quelques exemples car je ne veux pas commenter l'intégralité du projet de déclaration.
Je propose que nous le fassions ensemble à présent.
Et je forme le vu que nous le fassions, au-delà de ce lieu et du moment qui nous réunit, devant les Françaises et les Français.
Car c'est pour eux et avec eux, en dernière instance, que les formations de la gauche plurielle doivent débattre et décider des rythmes et de l'ampleur des changements à opérer pour plus d'efficacité économique, de démocratie et de justice sociale.
(source http://www.pcf.fr, le 08 novembre 2000)
Permettez-moi d'abord de vous dire ma satisfaction de notre rencontre d'aujourd'hui.
Vous vous souvenez que c'est le 16 septembre dernier, depuis la fête de l'Humanité, que je vous en avais fait la proposition. Elle a immédiatement recueilli votre accord et, depuis, des groupes de travail de chacune de nos formations se sont rencontrés à de multiples reprises pour préparer notre réunion.
J'avais indiqué, en avançant ma proposition, que le moment était venu pour la gauche plurielle de reprendre l'initiative ; d'engager, immédiatement, concrètement, une dynamique nouvelle lui permettant de mieux répondre aux attentes, aux aspirations des Françaises et des Français.
Aucune, aucun d'entre nous n'ignore, ni ne minore le bilan de l'action de la majorité et du gouvernement depuis 1997. Et surtout - c'est le plus important - les Français nous en donnent acte.
Ils voient bien, en particulier, que leur situation a évolué favorablement ces trois dernières années, alors qu'ils avaient tout à redouter de la politique de la droite et du gouvernement d'Alain Juppé si, par malheur, elle avait dû se poursuivre.
Mais en même temps - et les réunions préparatoires l'ont montré - nous savons bien que des millions de citoyennes et de citoyens sont dans l'attente exigeante d'une meilleure prise en compte des problèmes qui les assaillent. C'est tout particulièrement le cas en termes de pouvoir d'achat et de réductions des graves inégalités qui, à bien des égards, minent véritablement la société française.
J'ai la conviction que leurs impatiences, souvent leur mécontentement, sont d'autant plus vifs que les fruits d'une certaine croissance retrouvée - et nous n'y sommes pas pour rien - ne leur semblent pas justement partagés. Et, de fait : tandis que s'envolent les revenus du capital et les profits, les salaires, les minima sociaux et les retraites ne bénéficient pas - ou très peu - des retombées de la croissance.
Pour les communistes, il y a là - et je l'ai dit en de nombreuses occasions ces derniers mois - un véritable défi que la gauche plurielle doit absolument relever.
C'est d'ailleurs ce que l'opinion attend d'elle.
Deux enquêtes, publiées hier dans deux quotidiens, le confirment. Une majorité de Français reproche au gouvernement de manquer de dynamisme et attend de la gauche une politique plus sociale. Manifestement c'est bien, comme l'écrit un commentateur, une " sérieuse correction de trajectoire " que souhaitent les personnes interrogées. Et parmi elles, plus particulièrement, les électrices et les électeurs de gauche.
Ce constat doit à mon sens retenir toute notre attention.
Bien sûr, c'est à la majorité de gauche à l'Assemblée nationale et au gouvernement qu'il revient d'en tirer les conséquences pratiques.
Mais nous avons, en nos qualités de responsables de partis de gauche et écologiste sur lesquels s'appuient ce gouvernement et cette majorité, des responsabilités particulières.
Celle, d'abord, d'être à l'écoute des citoyennes et des citoyens. Et plus encore : il s'agit de bien apprécier ce qui bouge dans l'opinion, dans la société et d'inciter à y faire réponse. C'est notre rôle, car c'est à nous, aux candidates et candidats de nos formations respectives que les Français ont accordé leur confiance en 1997. C'est nous qu'ils jugeront lors des prochaines échéances électorales. Et c'est sur ce que nous saurons entreprendre au service de leurs aspirations qu'ils se détermineront.
Voilà pourquoi il y a lieu d'être satisfait de notre rencontre d'aujourd'hui. Elle est une manifestation de la capacité de la gauche plurielle à se retrouver pour discuter et définir des orientations nouvelles, en fonction de ce qui monte et s'exprime dans le pays.
Elle montre également que la diversité de la gauche plurielle - réelle et, sans aucun doute, durable - n'est pas un obstacle à l'engagement d'une politique bien ancrée à gauche, mais au contraire une chance.
J'ai évoqué notre diversité. Elle est telle que sur un certain nombre de questions très importantes, nous ne sommes pas en mesure de trouver un accord, en tout cas pas dans l'immédiat.
Nous le voyons bien à propos du moment de l'introduction de la proportionnelle pour les élections législatives. Je continue de penser qu'elle est envisageable dès à présent.
Ou encore quand il s'agit de la Convention UNEDIC, dont les communistes estiment que la nouvelle mouture ne justifie pas son agrément par le gouvernement. Et nos appréciations sont souvent divergentes sur bien des aspects de la construction européenne et de leurs conséquences pour la France et pour notre peuple.
Ces désaccords ne sont ni mineurs, ni " techniques ". Ils renvoient à des visions sensiblement différentes de ce qu'il convient d'entreprendre pour transformer la société. Quant à nous, communistes, nous avons bien l'intention de poursuivre nos efforts pour faire vivre notre identité nouvelle, nos propositions et toutes les actions, les rassemblements susceptibles de les faire progresser dans le pays.
Et bien sûr, dès après ce " sommet " qui nous réunit aujourd'hui.
Je ne doute pas, d'ailleurs, que la même volonté anime chacune et chacun d'entre nous pour sa propre formation, et c'est parfaitement normal.
Plus encore : c'est une condition indispensable pour garantir l'efficacité de la gauche plurielle. Rien ne lui serait plus préjudiciable, en effet, que de dissimuler sa diversité derrière une unité de façade.
La gauche plurielle n'est pas, ne peut pas être, un rassemblement de courants s'exprimant à leur guise jusqu'au moment où un arbitre se chargerait de " faire la synthèse ".
En même temps, ce pour quoi je plaide, vous l'aurez compris, c'est pour la recherche exigeante, sur le maximum de sujets possibles, de tout ce qui peut nous rapprocher et, par là, rapprocher la gauche plurielle des Françaises et des Français.
Voilà, Chers-es Camarades, ce que je voulais vous dire pour introduire notre discussion. Vous le voyez, ma préoccupation, la préoccupation des communistes, c'est la réussite de la gauche plurielle.
18 mois nous séparent des prochaines grandes échéances électorales, et dans moins de 5 mois ce seront les élections municipales.
Nous voulons que la gauche plurielle l'emporte à chacun de ces rendez-vous. La meilleure façon d'y travailler utilement - j'ai envie de dire : la seule - c'est d'aller jusqu'au bout des mandats que nous ont confiés les électrices et les électeurs. C'est d'accomplir des choix politiques résolument à gauche, conformes à leurs attentes et efficaces pour soutenir et conforter durablement la croissance, car il n'y a pas, à mes yeux, de contradiction entre l'une et l'autre chose.
Je l'ai dit d'emblée : un gros travail a été accompli en amont de cette réunion. Il est contenu dans un projet de déclaration dont nous allons à présent discuter.
Pour ma part, et au nom de la délégation du parti communiste, je pense qu'il contient des engagements qui vont dans le bon sens. Ainsi, sur le Smic, avec la proposition d'alléger le poids de la CSG jusqu'à 1,8 fois son niveau, et avec notre intention de le faire progresser dans le courant du premier semestre 2001, même si, pour notre part, nous continuons de penser qu'il faudrait accélérer ce calendrier ; ainsi avec notre commune volonté de relever les minima sociaux avant la fin de l'année, dans la perspective qu'à l'avenir ils dépassent le seuil de pauvreté, soit 3.800 F par mois.
Ainsi encore, avec notre objectif de garantir à chaque emploi-jeune un débouché professionnel ; ainsi, également, avec le plan de revalorisation des petites retraites.
Et je pense qu'il n'est pas négligeable d'affirmer, comme nous le faisons, qu'il est nécessaire de faire contribuer davantage les revenus du capital financier à la solidarité par l'impôt.
Enfin, le projet de déclaration liste un certain nombre de mesures visant à améliorer la situation de l'emploi. Là encore, nous aurions, pour notre part, souhaité une plus grande détermination à agir dans un calendrier plus précis et plus resserré.
Le débat autour de ces questions devra donc se poursuivre entre nous et dans le pays. Mais en attendant, travaillons à concrétiser ce qui est déjà acté aujourd'hui : il en résultera du mieux pour les salariés et les chômeurs.
Je m'en tiens à ces quelques exemples car je ne veux pas commenter l'intégralité du projet de déclaration.
Je propose que nous le fassions ensemble à présent.
Et je forme le vu que nous le fassions, au-delà de ce lieu et du moment qui nous réunit, devant les Françaises et les Français.
Car c'est pour eux et avec eux, en dernière instance, que les formations de la gauche plurielle doivent débattre et décider des rythmes et de l'ampleur des changements à opérer pour plus d'efficacité économique, de démocratie et de justice sociale.
(source http://www.pcf.fr, le 08 novembre 2000)