Interview de M. Gérard Larcher, ministre délégué à l'emploi, au travail et à l'insertion professionnelle des jeunes, à France-Info le 30 novembre 2006, sur la baisse du chômage, la conférence de l'emploi et des revenus et le pouvoir d'achat.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : France Info

Texte intégral


Q- Parlons de la baisse du chômage, elle marque le pas. Pour vous, est-ce la conséquence directe du ralentissement de la croissance ?
R- D'abord, 345.000 chômeurs de moins en vingt-et-un mois, c'est une tendance à la baisse du chômage. Il peut y avoir des mois où il y a ces pauses. L'explication est naturellement, pour partie, liée à la croissance parce que c'est la croissance qui crée des emplois, et d'ailleurs, c'est parce que nous avons créé des emplois dans le secteur marchand qu'il y a cette baisse du chômage, parce que nous créons des emplois aussi dans des secteurs comme les services à la personne, et que notamment, au travers du "contrat Nouvelles embauches", les petites et moyennes entreprises ont créé des emplois qu'elles n'auraient sans doute pas créés sans ce contrat.
Q- Tout de même, c'est la croissance qui crée des emplois, c'est ce que vous disiez ; cela veut-il dire que vos efforts en matière d'accompagnement social sont peu de choses en comparaison de l'activité économique ?
R- Pas du tout. Je crois qu'il est nécessaire de souligner deux points : c'est parce que le service public de l'emploi s'est réformé, accompagne mieux les demandeurs d'emploi que nous n'avons pas, j'allais dire d'aggravation d'une situation que nous connaissons bien. Par exemple, nous avons des offres d'emploi qui ne sont pas satisfaites : 500.000 offres d'emplois qui ne sont pas satisfaites. Aujourd'hui, le service public pour l'emploi essaye, et d'ailleurs réussit, à rapprocher l'offre et la demande d'emploi. Je rappelle que quand on diminue d'une semaine la rencontre entre l'offre et la demande d'emploi, on a 80.000 chômeurs de moins, sans même j'allais dire 0,1 de croissance. C'est dire que le travail qui est conduit par le service public de l'emploi est tout à fait essentiel. Et puis, j'ai quelques signaux très, très positifs : les contrats de professionnalisation, j'ai signé le 200.000ème il y a dix jours ; plus 33 % sur les dix premiers mois de l'année. Jamais l'apprentissage n'a atteint les chiffres aussi importants. Donc, j'allais dire j'ai confiance, et je pense que la tendance se poursuivra.
Q- Permettez-moi d'évoquer un signal un petit peu plus négatif : les entreprises embauchent moins. Cela ne vous inquiète-t-il pas ?
R- Elles peuvent, à un moment ou à un autre, en fonction de leurs besoins et de la situation économique, embaucher moins. En tous les cas, je vois qu'elles signent plus de contrats de professionnalisation, je vois qu'aujourd'hui elles s'engagent dans la formation des jeunes, elles parient sur le capital humain. Donc, personnellement, j'ai confiance.
Q- Mais pour vous, l'objectif de passer sous la barre des 8 % avant la présidentielle reste d'actualité ?
R- Je pense que l'objectif que nous nous sommes fixé - je rappelle que c'était le 14 juillet, c'est un objectif pour juillet 2007 - c'est un objectif vers lequel nous sommes tous tendus, parce que l'emploi c'est la première préoccupation des Français, c'est ce autour de quoi nous sommes mobilisés. Je note que les Français ont pour préoccupations l'emploi, la sécurité, le pouvoir d'achat...
Q- Ah ! On va justement parler du pouvoir d'achat. Vous avez entamé une série de rencontres avec les partenaires sociaux sur le pouvoir d'achat et l'emploi précaire, pour préparer une conférence nationale sur le sujet. Alors, sur le pouvoir d'achat, quelle est votre marge de manoeuvre ?
R- La marge de manoeuvre, déjà sur le pouvoir d'achat, nous avons commencé : d'abord un pouvoir d'achat qui est en croissance, sans doute insuffisamment ressenti, parce que nous avons entrepris, après le tassement des salaires qui est lié aux 35 heures - on a l'air d'oublier cette réalité de la modération salariale qui est la conséquence des 35 heures - eh bien, nous avons entrepris avec chacune des branches professionnelles la reprise de négociations salariales, qui appartiennent aux partenaires sociaux, car je rappelle que ça n'est pas l'Etat mais les partenaires sociaux qui négocient leurs salaires dans le secteur marchand. Et puis, deuxième chose, c'est la croissance du SMIC ; on l'oublie : plus 25 %, alors qu'il y avait sept SMIC en 2002. Mais aujourd'hui, je crois qu'il est important de se poser la question de la grille des salaires, et donc, en même temps de se poser la question des revenus et des salaires de ceux qui sont à temps partiel, de sécuriser les parcours hachés. C'est une des vraies questions que nous avons à traiter, parce que qu'il y ait 40 % de Français qui aient le sentiment que leur pouvoir d'achat est moins fort d'une année à l'autre - c'est ce que nous dit le rapport du CERC - cela mérite d'être regardé avec attention. En tous les cas, on a un pouvoir d'achat qui croît, en même temps, nous devons nous préoccuper de ceux dont les revenus sont inférieurs à 7.300 euros.
Q- Vous allez demander à L. Parisot, que vous allez rencontrer dans quelques jours, d'augmenter les salaires ?
R- Naturellement, j'allais dire les partenaires sociaux, qu'ils soient entreprises ou représentants les salariés, ont un débat autour des salaires. Ce que je crois, c'est qu'il faut que les Françaises et les Français aient les moyens de vivre et d'avoir un niveau de pouvoir d'achat qui leur permette à la fois de consommer, d'avoir le sentiment de participer aux fruits de la croissance. C'est le sens du texte sur la participation, c'est le sens de ce texte qui veut que les Françaises et les Français touchent le fruit de leur travail. C'est aussi libérer la capacité de travailler, c'est aussi assouplir et faire que le travail paie.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 4 décembre 2006