Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, sur l'action diplomatique de la ministre nigérienne des affaires étrangères, Mme Aichatou Mindaoudou,, à Niamey le 14 décembre 2006.

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Circonstance : Déplacement au Niger - remise de décoration de la ministre nigérienne des affaires étrangères, de la coopération et de l'intégration africaine, Mme Aichatou Mindaoudou, grand officier de la Légion d'honneur, à Niamey le 14 décembre 2006

Texte intégral


Madame la Ministre,
Chère Aïcha,
Comme le disait "Jeune Afrique" il y a quelques mois en vous distinguant parmi les femmes d'influence sur le continent, "il y a certains parcours qui relèvent parfois du sans faute".
Mais au-delà même de ce parcours brillant qui est le vôtre, j'ai d'emblée envie de dire que c'est surtout à l'amie que je côtoie depuis bientôt deux ans à Paris, à Niamey, mais aussi dans les différentes enceintes internationales et à Abidjan où nous nous retrouvons chaque mois, que je souhaite m'adresser ce soir, pour un hommage que je veux sincère, du fond du cœur.
Après de brillantes études qui vous ont conduite à un doctorat de droit de l'Université de Paris I, vous avez été tout d'abord enseignante et chercheur à la faculté des sciences économiques et juridiques de l'Université Abdou Moumouni. Très vite, votre tempérament vous porte de la réflexion à l'action : quatre ans seulement après votre entrée dans le corps professoral, vous connaissez votre première expérience politique en étant nommée au sein du gouvernement en qualité de ministre du Développement social, de la Population et de la Promotion de la femme.
Mais c'est surtout depuis 1999, lorsque vous avez pris la direction de la diplomatie nigérienne à la demande du président Mamadou Tandja, que vous êtes devenue l'un des visages du Niger les plus connus sur la scène internationale.
A ce poste de confiance, particulièrement exigeant, vous êtes en charge à la fois des Affaires étrangères, de la Coopération, et de l'Intégration africaine, alors même que la plupart des autres pays africains partagent ce lourd portefeuille entre plusieurs de leurs ministres. C'est donc dire la responsabilité et la place éminente qui sont les vôtres au sein du gouvernement nigérien.
Voyageuse infatigable, vous parcourez tout autant la sous-région que le reste du continent africain, et même le monde entier, au fur et à mesure de l'affirmation de l'esprit d'ouverture que vous donnez à l'action diplomatique de votre pays.
En défenseur acharné de la cause de l'Afrique, vous êtes particulièrement active dans la résolution des crises régionales.
Je pense tout particulièrement à la crise ivoirienne, pour laquelle nous nous retrouvons chaque mois, depuis plus d'un an, dans le cadre des travaux du GTI. Je crois pouvoir dire que nous y travaillons en parfaite symbiose, et que nous y sommes animées par le seul souci de donner au peuple ivoirien les moyens de se choisir ses dirigeants en toute transparence.
Si la CEDEAO est aujourd'hui devenue l'une des organisations sous-régionales les plus avancées dans la prévention et la réglementation des conflits, c'est aussi en partie grâce à l'action du Niger, et plus particulièrement grâce à votre engagement personnel, auquel je veux ici rendre hommage.
C'est en effet sous votre direction que le différend de votre pays avec le Bénin sur l'Ile de Lété a pu trouver un règlement pacifique, opéré sur des bases juridiques solides. Il s'agit d'ailleurs là d'un bel exemple montré par le Niger et le Bénin au reste de l'Afrique, dans la voie du règlement pacifique des conflits.
Malgré vos très nombreux déplacements, vous savez aussi rester une interlocutrice attentive des chancelleries diplomatiques. Celles-ci apprécient votre écoute et votre façon d'expliquer vos positions. Elles trouvent en vous l'animatrice d'une diplomatie nigérienne active, cherchant opiniâtrement la résolution des conflits, et refusant les facilités de la naïveté et des lieux communs internationaux.
Enfin, vous êtes une femme, exerçant une fonction éminente encore trop souvent réservée aux hommes. Il s'agit évidemment là d'un autre point commun qui nous rapproche...
J'en suis convaincue, la promotion de la femme est essentielle à la réduction de la pauvreté et à la croissance dans les pays en développement. L'égalité entre les sexes est en effet un facteur de croissance économique durable, comme l'a encore souligné récemment la Banque mondiale.
Premières victimes des conflits ou des violences, les femmes sont pourtant de formidables actrices du développement : en matière de santé, par exemple, elles jouent un rôle central au sein de la cellule familiale pour prévenir certaines maladies et faciliter l'accès au soin ; elles assurent également une part croissante de l'activité économique, notamment en accédant plus facilement que les hommes au micro-crédit.
Au moment où les femmes du Sud prennent davantage en main leur avenir, je suis donc très heureuse de pouvoir rendre hommage ce soir, à travers vous, aux formidables capacités de l'ensemble des femmes nigériennes, dont vous êtes une si brillante représentante.
Madame la Ministre,
Chère Aïcha,
Toutes ces qualités méritaient sans conteste d'être publiquement rappelées, puisque ce sont elles qui ont conduit le président de la République, Jacques Chirac, à vous élever à la dignité de Grand officier de la Légion d'Honneur, au cours de la visite officielle qu'il a effectuée au Niger en 2003.
Mais au moment de vous remettre les insignes de cette décoration, c'est surtout à vos qualités humaines que je souhaite rendre hommage : qualités de courage, de détermination, mais aussi de conviction.
« Mme Aïchatou Mindaoudou,
Au nom du président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous élevons à la dignité de Grand Officier de la Légion d'Honneur. »Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 décembre 2006