Texte intégral
Stéphane BERN - Tout de suite je vous propose notre premier débat, faut-il supprimer les 35 heures ? Evidement c'est un sujet clé de l'élection présidentielle qui s'annonce aujourd'hui. Les opposants à la loi AUBRY considèrent que la France n'est plus compétitive, pire les Français à les croire seraient devenus paresseux, alors faut-il supprimer les 35 heures ?
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Alors je me tourne vers vous madame la Ministre, vous êtes ministre déléguée chargée du Commerce extérieur, est-ce que vos collègues du gouvernement, le ministre des Finances, Thierry BRETON, mais Nicolas SARKOZY aussi qui est déjà en campagne sont fâchés avec les 35 heures ? On peut d'ailleurs se demander pourquoi en cinq ans vous n'avez pas encore osé les supprimer ?
Christine LAGARDE - Si vous le voulez bien, je ne vais pas parler en leur nom, je vais parler en mon nom personnel. Moi, j'observe que la mesure des 35 heures, je la considère comme une mesure de type soviétique, inspirée par des apprentis sorcier et appliquée par des doctrinaires, voilà.
Stéphane BERN - Ca fait beaucoup, Martine AUBRY est habillée pour l'hiver.
Christine LAGARDE - Maintenant je vais vous dire ce que j'en pense en terme d'application et d'effet direct, ce que j'observe, c'est qu'elle a coûté très cher en allégements sociaux, 14 milliards d'euros au bas mot, qu'elle a contribué à créer des emplois, mais enfin les gens...
Stéphane BERN - Au moins 400 000, on dit 400 000 emplois.
Christine LAGARDE - Entre 100 et 400 000 et là je suis vraiment honnête sur les appréciations, et puis surtout ce que j'observe parce que moi j'étais aux Etats-Unis pendant l'application, je suis revenue et ce que je constate, c'est un changement d'état d'esprit considérable des gens qui ont beaucoup moins le goût de leur travail.
Stéphane BERN - C'est-à-dire vous avez le sentiment vu de l'étranger, ou quand vous revenez que les Français, on a changé, on est mal vu à l'étranger ?
Christine LAGARDE - Alors ça j'y reviendrais, on est mal vu par les investisseurs directs étrangers qui ont envie d'investir et qui se disent avec 35 heures par semaine, ce n'est pas si évident que ça et il faut qu'on ait beaucoup d'atouts pour en accueillir beaucoup, ça c'est absolument vrai.
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Stéphane BERN - Evidement cette querelle de chiffres, madame la Ministre, pardon.
Christine LAGARDE - Juste un point sur la productivité, il a raison monsieur FILOCHE de dire que les salariés français sont parmi les plus productifs, on est deuxième au sein des pays de l'OCDE. Mais le problème, c'est que, et ça répond à votre question, est-ce que le Français est paresseux ? Non, on n'est pas paresseux du tout, on n'est pas plus paresseux que les autres, mais ce qu'on voudrait permettre, en abrogeant cette loi sur les 35 heures et en la remplaçant par quelque chose de plus souple, de plus adapté, de plus négocié qui colle au terrain et à la réalité des gens, c'est qu'on veut pouvoir permettre à ceux qui le veulent de travailler plus en étant payer plus.
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Stéphane BERN - Madame la Ministre, vous avez vécu ça, vous qui vous occupez de notre commerce extérieur ?
Christine LAGARDE - Moi, il se trouve que j'ai aussi vécu pendant 7 ans aux Etats-Unis et au titre du commerce extérieur, je voudrais dire que les Américains, ils sont quand même très très contents de nous acheter des centrales nucléaires, de nous acheter nos vins et nos produits agroalimentaires, et qu'on a un commerce extérieur avec les Etats-Unis qui est florissant. Donc ils aiment ce que l'on fait et c'est vrai que parfois, ils nous regardent avec un oeil un peu sentimental et en se disant quand même les Français parfois ce sont un peu des touristes.
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Stéphane BERN - J'aimerais poser la question au MEDEF et à madame la Ministre, au fond pourquoi, d'abord Jacques CHIRAC a rappelé, je crois que c'était le 14 juillet 2004 que c'était un acquis social, les 35 heures étaient un acquis social. On sent bien quand même qu'au gouvernement, on n'a pas franchement envie de soulever cette hache de guerre, qui est la suppression des 35 heures.
Christine LAGARDE - Le président de la République a dit aussi récemment devant le conseil économique et social qu'il fallait que toutes les modifications apportées aux droits du travail fassent l'objet d'une concertation avec les organisations syndicales et patronales bien entendu, que toutes les parties au contrat social soient en présence et négocient. Or moi j'ai écouté attentivement, c'est très très compliqué l'application de la loi sur les 35 heures, il y a des pourcentages qui bougent dans tous les sens, il y a différents SMIC, ça s'améliore un petit peu...
Stéphane BERN - Il y a différentes branches, il y a les hôpitaux, il y a également la restauration...
Christine LAGARDE - Voilà.
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Stéphane BERN - Mais au-delà, la durée maximale en France, 48 heures payées....
Christine LAGARDE - Non, mais attendez, ça c'est 48 heures, c'est 44 heures sur une période glissante de semaine et en plus les heures supplémentaires au-delà d'un certain seuil sont soumises à votre autorisation.
Gérard FILOCHE - Mais non madame, c'est une directive européenne, vous devriez le savoir, c'est la directive 93104.
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Stéphane BERN - Merci à tous d'avoir participé à ce débat.
Source http://www.exporter.gouv.fr, le 28 décembre 2006
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Alors je me tourne vers vous madame la Ministre, vous êtes ministre déléguée chargée du Commerce extérieur, est-ce que vos collègues du gouvernement, le ministre des Finances, Thierry BRETON, mais Nicolas SARKOZY aussi qui est déjà en campagne sont fâchés avec les 35 heures ? On peut d'ailleurs se demander pourquoi en cinq ans vous n'avez pas encore osé les supprimer ?
Christine LAGARDE - Si vous le voulez bien, je ne vais pas parler en leur nom, je vais parler en mon nom personnel. Moi, j'observe que la mesure des 35 heures, je la considère comme une mesure de type soviétique, inspirée par des apprentis sorcier et appliquée par des doctrinaires, voilà.
Stéphane BERN - Ca fait beaucoup, Martine AUBRY est habillée pour l'hiver.
Christine LAGARDE - Maintenant je vais vous dire ce que j'en pense en terme d'application et d'effet direct, ce que j'observe, c'est qu'elle a coûté très cher en allégements sociaux, 14 milliards d'euros au bas mot, qu'elle a contribué à créer des emplois, mais enfin les gens...
Stéphane BERN - Au moins 400 000, on dit 400 000 emplois.
Christine LAGARDE - Entre 100 et 400 000 et là je suis vraiment honnête sur les appréciations, et puis surtout ce que j'observe parce que moi j'étais aux Etats-Unis pendant l'application, je suis revenue et ce que je constate, c'est un changement d'état d'esprit considérable des gens qui ont beaucoup moins le goût de leur travail.
Stéphane BERN - C'est-à-dire vous avez le sentiment vu de l'étranger, ou quand vous revenez que les Français, on a changé, on est mal vu à l'étranger ?
Christine LAGARDE - Alors ça j'y reviendrais, on est mal vu par les investisseurs directs étrangers qui ont envie d'investir et qui se disent avec 35 heures par semaine, ce n'est pas si évident que ça et il faut qu'on ait beaucoup d'atouts pour en accueillir beaucoup, ça c'est absolument vrai.
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Stéphane BERN - Evidement cette querelle de chiffres, madame la Ministre, pardon.
Christine LAGARDE - Juste un point sur la productivité, il a raison monsieur FILOCHE de dire que les salariés français sont parmi les plus productifs, on est deuxième au sein des pays de l'OCDE. Mais le problème, c'est que, et ça répond à votre question, est-ce que le Français est paresseux ? Non, on n'est pas paresseux du tout, on n'est pas plus paresseux que les autres, mais ce qu'on voudrait permettre, en abrogeant cette loi sur les 35 heures et en la remplaçant par quelque chose de plus souple, de plus adapté, de plus négocié qui colle au terrain et à la réalité des gens, c'est qu'on veut pouvoir permettre à ceux qui le veulent de travailler plus en étant payer plus.
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Stéphane BERN - Madame la Ministre, vous avez vécu ça, vous qui vous occupez de notre commerce extérieur ?
Christine LAGARDE - Moi, il se trouve que j'ai aussi vécu pendant 7 ans aux Etats-Unis et au titre du commerce extérieur, je voudrais dire que les Américains, ils sont quand même très très contents de nous acheter des centrales nucléaires, de nous acheter nos vins et nos produits agroalimentaires, et qu'on a un commerce extérieur avec les Etats-Unis qui est florissant. Donc ils aiment ce que l'on fait et c'est vrai que parfois, ils nous regardent avec un oeil un peu sentimental et en se disant quand même les Français parfois ce sont un peu des touristes.
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Stéphane BERN - J'aimerais poser la question au MEDEF et à madame la Ministre, au fond pourquoi, d'abord Jacques CHIRAC a rappelé, je crois que c'était le 14 juillet 2004 que c'était un acquis social, les 35 heures étaient un acquis social. On sent bien quand même qu'au gouvernement, on n'a pas franchement envie de soulever cette hache de guerre, qui est la suppression des 35 heures.
Christine LAGARDE - Le président de la République a dit aussi récemment devant le conseil économique et social qu'il fallait que toutes les modifications apportées aux droits du travail fassent l'objet d'une concertation avec les organisations syndicales et patronales bien entendu, que toutes les parties au contrat social soient en présence et négocient. Or moi j'ai écouté attentivement, c'est très très compliqué l'application de la loi sur les 35 heures, il y a des pourcentages qui bougent dans tous les sens, il y a différents SMIC, ça s'améliore un petit peu...
Stéphane BERN - Il y a différentes branches, il y a les hôpitaux, il y a également la restauration...
Christine LAGARDE - Voilà.
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Stéphane BERN - Mais au-delà, la durée maximale en France, 48 heures payées....
Christine LAGARDE - Non, mais attendez, ça c'est 48 heures, c'est 44 heures sur une période glissante de semaine et en plus les heures supplémentaires au-delà d'un certain seuil sont soumises à votre autorisation.
Gérard FILOCHE - Mais non madame, c'est une directive européenne, vous devriez le savoir, c'est la directive 93104.
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Stéphane BERN - Merci à tous d'avoir participé à ce débat.
Source http://www.exporter.gouv.fr, le 28 décembre 2006