Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, sur la modernisation du ministère des affaires étrangères ainsi que du réseau diplomatique et consulaire, et sur les priorités de la diplomatie française en 2007, Paris le 4 janvier 2007.

Prononcé le

Circonstance : Présentation des voeux aux agents du ministère des affaires étrangères, à Paris le 4 janvier 2007

Texte intégral

Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie d'abord pour les voeux que vous venez d'adresser à Brigitte Girardin, à Catherine Colonna et à moi-même à l'occasion de cette nouvelle année. Je tiens à mon tour à vous présenter mes voeux les plus sincères pour 2007 et à saluer le travail déterminé et novateur que vous avez accompli dans vos importantes fonctions. Je sais que Brigitte Girardin et Catherine Colonna s'associent à ces voeux et partagent mon appréciation pour votre action.
Je voudrais également, à travers vous, Monsieur le Secrétaire général, rendre hommage à toutes celles et à tous ceux présents ici et à l'ensemble de nos agents à Paris, à Nantes et dans l'ensemble du réseau diplomatique et consulaire. Depuis plus d'un an et demi à la tête de ce ministère, j'ai pu mesurer chaque jour leur compétence et leur dévouement au service de l'Etat et de la représentation de notre pays à l'étranger. Je veux à nouveau les en remercier et associer à ces remerciements leurs conjoints qui, à leurs côtés, éprouvent tout autant les difficultés de la vie quotidienne dans des postes exigeants.
Au seuil de cette nouvelle année, qui sera - chacun le voit bien - dominée au moins dans sa première moitié par nos échéances électorales nationales, notre responsabilité doit être de continuer à faire vivre, sous l'autorité du président de la République et du Premier ministre, notre action diplomatique. La France doit en permanence faire entendre sa voix ; elle doit promouvoir ses principes et ses valeurs ; elle doit défendre ses convictions. Pour cela, elle a besoin d'un ministère en ordre de marche, adapté aux nouvelles réalités du monde, mobile, efficace, dynamique. Tel est bien l'objectif que nous devons ensemble nous fixer dans l'effort d'amélioration permanent que nous menons sur l'organisation et le fonctionnement de notre maison.
A cet égard, permettez-moi de revenir sur les progrès considérables accomplis ces derniers mois, qui constituent autant de pistes à poursuivre avec ardeur en 2007. J'avais tracé plusieurs axes de réforme et je me félicite aujourd'hui de les voir tous très largement engagés.
Nous avons été le premier ministère à signer un contrat de modernisation avec le ministère délégué au budget. Ce contrat nous donne de la visibilité sur nos budgets de personnel, de fonctionnement courant et d'investissement pendant trois ans. Il a permis d'introduire dans la discussion budgétaire des perspectives plus longues, dont nous bénéficierons encore en 2007 et en 2008. Surtout, il oriente nos efforts de réforme autour de chantiers mieux ciblés et davantage maîtrisés, et nous garantit un retour sur nos gains de productivité et sur les recettes que nous obtenons (50 % de la recette visas et 100 % des produits de cessions immobilières réalisées à l'étranger) en contrepartie d'un effort de réduction de nos effectifs. Je souhaite que ce contrat soit mis soigneusement en oeuvre, ce qui suppose que chacun s'attelle aux réformes qui lui incombent, et que l'on s'interroge dès la préparation du projet de loi de finances pour 2008, sur son éventuelle prorogation. J'ajoute que ce contrat a eu pour effet d'orienter les débats budgétaires, consacrés à la préparation, puis au vote de la loi de finances pour 2007, vers les sujets les plus politiques, ce qui a été particulièrement apprécié notamment des parlementaires. J'insiste néanmoins sur un point : le contrat ne règle pas tout et nous avons dû notamment nous mobiliser très activement, à tous les niveaux de ce ministère, pour obtenir des moyens nécessaires au déploiement de la biométrie dans notre dispositif de visas. Nous avons obtenu 23 emplois pour faire fonctionner les postes équipés en biométrie en 2005 et 2006, la réalisation d'un audit de modernisation pour statuer sur nos besoins futurs et l'engagement que les renforts nécessaires nous seraient attribués. Je vous invite à cet égard à utiliser au mieux les audits de modernisation pour faire progresser les réformes de ce ministère, comme j'ai souhaité le faire sur la compétence immobilière de l'Agence pour l'Enseignement français à l'étranger, sur les agents de droit local ou sur la biométrie, pour ne citer que quelques exemples.
L'amélioration de la gestion des ressources humaines a fait l'objet d'innovations importantes sur lesquelles je m'attarde un instant car j'ai pu mesurer à quel point chacun d'entre vous nourrissait de grandes attentes en la matière. C'est une oeuvre de longue haleine, qui nécessite l'adhésion constante de tous au sein de ce ministère.
Parmi les principales réalisations de ces derniers mois, je retiendrai :
- l'embauche de jeunes en PACTE : le ministère des Affaires étrangères - si traditionnel par certains côtés - a été le premier à mettre en oeuvre les instructions du Premier Ministre concernant le recrutement de jeunes sortis du système scolaire sans diplôme. Nous avons ainsi embauché en 2006 10 jeunes qui, sans cette mesure, n'auraient pas d'emploi. Je suis particulièrement fier de cette ouverture dont nous avons fait preuve et je souhaite que de telles embauches puissent être poursuivies en 2007 ;
- l'évaluation à 360 degrés, mise en place depuis décembre dernier et dont nous tirons actuellement un premier bilan ;
- une programmation annuelle des ressources humaines : celle-ci redéploie nos moyens en fonction des priorités définies à partir des programmes, des postes diplomatiques et des directions géographiques ;
- une série de mesures d'amélioration des rémunérations : celles-ci ont été décidées, en liaison avec les syndicats, pour un total de l'ordre de 700 000 euros en année pleine. Ces mesures bénéficient particulièrement aux agents C et aux agents A et B en première partie de carrière ;
Enfin, je relève les premiers pas d'une refonte de la "gouvernance" de ce ministère autour de plusieurs initiatives :
- la création puis l'installation du Conseil des Affaires étrangères, le 14 décembre, qui a déjà reçu une première feuille de route et pourra commencer, dès ce début d'année, à réfléchir aux incidences de la LOLF sur les structures du Département (comment traiter par exemple les affaires dites globales aujourd'hui réparties entre de nombreux services au risque de créer un manque de lisibilité pour les partenaires de notre ministère ?), à la refonte de nos réseaux étrangers, aux postes de débouchés à l'extérieur du ministère, et aux outils de performance et d'évaluation. Sa feuille de route est donc tracée.
Refonte de la gouvernance également avec la mise en place du Comité d'Ethique de ce ministère, le 20 novembre. Nous disposons avec ce comité d'un outil de veille sur les questions de déontologie pour que les agents du ministère connaissent et comprennent les principes auxquels ils doivent se conformer dans leur action quotidienne et tout au long de leur carrière dans les relations complexes qu'ils sont nécessairement conduits à entretenir avec les médias et les entreprises privés.
Je mentionne enfin, Monsieur le Secrétaire général, la réorganisation de la direction collégiale que vous avez mise en oeuvre, celle-ci étant devenue une structure de décision et d'arbitrage plus opérationnelle.
Par ailleurs, la politique immobilière de ce ministère a été complètement revue avec :
- l'autofinancement de nos travaux pendant trois ans conformément au contrat et grâce au retour de 100 % du produit des cessions réalisées à l'étranger ;
- le recours à des financements innovants, et je rappelle à ce sujet que le Département a achevé le montage administratif du futur pôle diplomatique de La Courneuve, destiné en particulier à accueillir les archives diplomatiques. Les travaux ont débuté fin octobre, en vue d'une livraison fin 2008.
Le lancement du regroupement des services parisiens du Département, aujourd'hui répartis sur 10 sites. Il s'agit là d'une opération tout à fait majeure, emblématique de ce que chaque ministère devrait réaliser. Vous le savez, la dispersion soulève d'indéniables difficultés de fonctionnement. J'ai lancé, dès le début de 2006, une réflexion sur la base de deux sites : le Quai d'Orsay et ses immeubles attenants qui ont vocation à demeurer le coeur historique du ministère des Affaires étrangères ; un autre site à identifier sous forme d'acquisition d'un immeuble existant (peut être l'ancienne Imprimerie nationale) susceptible de regrouper les services répartis dans les autres immeubles actuellement occupés. Les besoins sont désormais identifiés et un conseil immobilier a été recruté pour assister le Département dans le montage de cette opération. Plusieurs propositions nous ont été présentées. Dès que l'acquisition d'un immeuble répondant à nos besoins aura été décidée, son financement étant assuré par la cession des immeubles que le Département occupe à Paris (hors quai d'Orsay), nous pourrons engager cette opération de regroupement tant attendue. Elle permettra enfin aux agents de ce ministère de travailler dans des conditions modernes et décentes, car j'ai négocié avec Bercy que la rénovation complète du Quai d'Orsay soit financée sur le produit des ventes de nos autres implantations parisiennes. J'ajoute que, comme je m'y étais engagé en juillet, plusieurs mesures ont été prises pour améliorer les conditions de travail des agents : j'entends en particulier inaugurer dans les prochains jours la nouvelle cafétéria située au sous-sol du Quai d'Orsay où vous disposerez enfin d'un lieu de détente convivial et confortable.
Autre effort en cours, la modernisation de notre réseau a été bien engagée et elle bénéficie désormais d'un cadrage politique clair, donné par le Comité interministériel des Moyens de l'Etat à l'étranger, réuni par le Premier ministre en juillet dernier. S'y ajoutent des axes forts et une méthodologie avec la directive nationale d'orientation des ambassades qui dresse une typologie des postes en fonction des enjeux spécifiques de notre présence dans telle ou telle région du monde. Des redéploiements ont été lancés et je m'en félicite : il n'y a aucune raison que notre diplomatie ne puisse évoluer comme l'ont fait les réseaux de pays comme le Royaume-Uni ou les Etats-Unis. Nous devons moduler notre présence et peser davantage dans les grands pays émergents, la Chine - où par exemple, les effectifs consulaires ont été accrus de 30 % durant l'année 2006 -, l'Inde ou le Brésil.
Un dernier chantier qui me tient particulièrement à coeur et que j'avais lancé officiellement en mai dernier est la refondation de notre action culturelle extérieure avec la création des agences Campus France et Cultures France. Ces deux projets ont bien avancé en 2006 et doivent trouver leur aboutissement en 2007 : ainsi, Cultures France devra être transformée en Etablissement Public Industriel et Commercial. Pour sa part, Campus France devrait voir le jour très vite maintenant, d'abord sous la forme juridique d'un Groupement d'Intérêt Public né de l'actuelle EduFrance à laquelle adhéreront Egide et la sous-direction Affaires Internationales du CNOUS. Gilles de Robien et moi-même attendons des opérateurs qu'ils nous présentent, dans les toutes prochaines semaines, une convention constitutive de ce GIP, ainsi qu'une feuille de route détaillant les étapes à franchir avant l'intégration des opérateurs dans un futur établissement public.
Ne sous-estimons pas l'importance de ces premiers pas, dans ce domaine sensible pour les établissements d'enseignement supérieur, et essentiel pour l'attractivité de notre pays. Avec ces nouvelles structures, c'est notre mode de fonctionnement qui évolue petit à petit : nous devons nous concentrer sur le pilotage stratégique et nous décharger sur les opérateurs des tâches de gestion. Nous devons aussi nous ouvrir davantage sur le secteur privé, à la fois pour attirer des financements vers des objectifs partagés - c'est tout le sens de l'Alliance pour le Développement, créée également en 2006 et que je souhaite lancer officiellement très bientôt, autour de trois projets concrets où seront réunis l'Agence Française de Développement, ce ministère, mais également l'institut Pasteur, Veolia et Sanofi - et aussi pour échanger nos expériences et porter plus efficacement les intérêts économiques et commerciaux de la France à l'étranger. La journée "entreprises" que j'avais présidée le 26 avril dernier et les petits déjeuners du Club des Ambassadeurs que vous avez montés dans la foulée, Monsieur le Secrétaire général, sont les manifestations les plus concrètes de cette évolution nécessaire de notre fonctionnement.
Enfin, je ne serais pas exhaustif si je ne parlais pas de la gestion des crises par le Département surtout à l'issue d'une année comme 2006 marquée par la crise libanaise :
La professionnalisation de la gestion des crises que j'ai souhaitée, à la suite de la discussion très utile que nous avons eu lors de la dernière Conférence des ambassadeurs, est en cours dans le cadre du groupe de travail que conduit Bruno Joubert.
Permettez-moi à cet égard de remercier les agents de tous les services qui ont contribué à assister nos compatriotes pendant la crise au Liban cet été, et auxquels j'ai souhaité rendre un hommage particulier en organisant une cérémonie de remise de la médaille d'honneur des Affaires étrangères, le 6 décembre dernier. Pendant les vacances de l'été, la mobilisation de tous a été exemplaire, à Beyrouth, à Chypre ou encore à Paris à la Direction des Français à l'Etranger et des étrangers en France et dans le cadre de la cellule de crise. Que toutes celles et tous ceux qui ont contribué à cet engagement sans précédent en soient, ici une nouvelle fois, remerciés.
Vous avez eu raison de le souligner, Monsieur le Secrétaire général, cette année électorale sera aussi exigeante que les autres années pour notre ministère qui sera sollicité et devra rester mobilisé. Cette mobilisation est une exigence :
Parce que, face aux grands enjeux comme l'environnement, la pauvreté, la santé, face aux évolutions rapides d'un environnement international dont les équilibres se modifient, nous ne pouvons nous permettre une pause dans notre action. C'est maintenant qu'il faut poser les jalons nécessaires, mettre en place des solutions innovantes et inscrire notre engagement dans la durée pour faire avancer les valeurs et les idées auxquelles nous sommes attachés ;
Nous devons aussi demeurer mobilisés et agir parce que, face à la mondialisation, nous devons relancer l'Europe afin de lui permettre de tenir la place qui doit être la sienne dans le monde.
Enfin ce ministère, comme il l'a toujours fait, devra continuer de répondre, souvent dans l'urgence, aux différentes crises.
S'agissant des défis mondiaux, j'entends continuer d'inscrire notre action, dans le cadre des orientations fixées par le président de la République, autour de trois grandes priorités :
- c'est d'abord l'accès à la santé qui demeure, j'en suis convaincu, une condition indispensable du développement. Nous ne pouvons, sans risque, laisser perdurer la fracture sanitaire qui prévaut aujourd'hui entre les pays du Nord et ceux du Sud. La facilité internationale d'accès aux médicaments, UNITAID, est une réponse innovante à cet enjeu majeur qui permet de dégager des financements durables pour combattre le sida, la tuberculose et le paludisme. UNITAID a déjà démarré ses premières actions ; pour 2007, la France s'engage à verser 160 millions d'euros à cette facilité d'achat aux côtés des autres contributeurs que sont le Royaume-Uni, le Brésil, le Chili et la Norvège, ainsi que tous les pays qui commencent à mettre en place des contributions de solidarité sur les billets d'avion comme nous l'avons fait nous-même (la Corée du Sud, Chypre, Madagascar, Maurice, etc.). UNITAID a ainsi pour objectif de mettre sous traitement 250.000 enfants d'ici à la fin de l'année. 2006 a été l'année de la naissance d'UNITAID. 2007 sera celle de son développement, avec de nouveaux membres et de nouvelles actions, notamment en partenariat avec les grandes organisations internationales et avec les fondations privées américaines que sont la fondation GATES ou la fondation CLINTON.
Un autre enjeu essentiel est bien sûr l'environnement et, comme l'a indiqué le président de la République, une conférence internationale sur ce thème se tiendra à Paris, les 2 et 3 février, pour dégager des priorités d'action et promouvoir l'idée d'une organisation des Nations unies pour l'environnement. Je sais le travail qu'effectuent les agents de ce ministère pour la réussite de cette Conférence et je les en remercie.
Enfin la lutte contre la pauvreté et notre politique de développement que Brigitte Girardin mène avec détermination, resteront des enjeux majeurs. Le prochain Sommet entre la France et les pays d'Afrique sera l'occasion de progresser encore dans ce domaine.
Ces sujets transversaux qui, par leurs enjeux, dépassent les limites géographiques d'un pays, d'une région ou d'un continent, appellent à des formes de mobilisation nouvelles. A cet égard, nous venons d'agir pour la première fois au Conseil de sécurité pour la protection des journalistes dans les conflits armés et les 5 et 6 février prochain, je réunirai une conférence à Paris sur un sujet qui me tient à coeur, le sort des enfants-soldats. Au-delà, c'est bien à de nouveaux rapports avec les pays du Sud que nous allons devoir nous atteler, car il est clair aujourd'hui que l'émergence de nouvelles puissances régionales, voire mondiales comme la Chine, l'Inde, le Brésil ou l'Afrique du Sud, modifie les rapports de force et bouleverse les anciennes solidarités. A l'heure où les pays du Sud inventent de nouvelles relations entre eux, des nations comme la France doivent être capables de montrer la voie vers de nouvelles formes de coopération qui seront indispensables pour préserver la stabilité du monde.
Face à ces défis de portée mondiale, face aux enjeux crées par l'émergence de nouveaux acteurs internationaux, face aux besoins que ressentent nos concitoyens d'une meilleure régulation de la mondialisation, nous devons avec Catherine Colonna agir au niveau européen, en liaison avec nos partenaires allemands qui viennent de prendre la présidence de l'Union.
Nous continuerons à oeuvrer pour une Europe politique forte. La réflexion sur le projet européen, qu'il s'agisse de l'élargissement ou des questions institutionnelles, restera centrale.
Depuis quelques jours, la Roumanie et la Bulgarie sont devenues membres de l'Union et je tiens à saluer l'adhésion de ces deux pays amis. Nous devrons continuer de veiller à ce que l'élargissement soit bien maîtrisé et qu'il respecte les capacités d'intégration de l'Union.
Les prochains mois seront également marqués par les travaux qui seront menés par la Présidence allemande sur l'avenir institutionnel de l'Union. Le sommet européen de juin prochain devra définir une ligne de conduite pour sortir de l'impasse actuelle. Nous allons travailler avec nos amis allemands en vue de cette échéance et dans la perspective de notre propre présidence en 2008.
Mais le quotidien de ce ministère, le quotidien de votre action, Monsieur le Secrétaire général, Mesdames et Messieurs les Directeurs, est fait des perspectives que nous tentons de dégager, et des contributions que nous apportons, pour résoudre les crises internationales. Il est fait aussi de l'assistance que nous fournissons aux populations touchées et aux ressortissants français en difficulté.
En ce début d'année 2007, nos efforts devront continuer de porter, comme l'année dernière, sur les crises de prolifération, notamment en Iran, et sur les crises régionales avec les capacités de déstabilisation qu'elles portent en elles.
Sur l'Iran, l'adoption, le 23 décembre dernier, à l'unanimité de sanctions pour empêcher toute contribution aux activités sensibles nucléaires et balistiques de l'Iran marque une étape importante. Avec cette résolution 1737, le Conseil de sécurité a, de façon unie, placé l'Iran devant ses responsabilités et face à un choix clair : coopérer avec la communauté internationale ou alors poursuivre ses activités d'enrichissement et de retraitement au risque d'un isolement croissant. J'espère que les autorités de Téhéran choisiront la voie du dialogue.
En Afrique, les évènements de ces dernières semaines en Somalie, au Soudan, au Tchad et en Centrafrique ont montré l'importance d'agir rapidement et de façon déterminée pour prévenir une déstabilisation régionale plus vaste.
Depuis plusieurs années, la situation au Darfour est dramatique avec des conséquences humanitaires majeures. Je me suis rendu sur place et à Khartoum pour plaider en faveur d'une solution politique et du déploiement d'une force mixte des Nations unies et de l'Union africaine. Le récent accord du président Bechir à une telle solution est un premier pas. Nous devons poursuivre nos efforts afin d'enrayer l'enchaînement de la violence et l'extension du conflit au-delà du Soudan.
En Somalie, ce qui est en jeu c'est, là aussi, l'avenir d'une région et la stabilité de l'ensemble de la Corne de l'Afrique. Nous le savons bien : comme partout ailleurs, la solution ne sera pas militaire ; elle passera par un dialogue entre toutes les parties au conflit. Nous devons donc conforter l'action engagée par la Ligue arabe, l'Union africaine et l'Union européenne pour mettre les différentes parties autour de la table de négociation et créer, en même temps, les conditions pour restaurer dans ce pays, marqué par la violence durant tant d'années, des institutions solides et un véritable Etat de droit.
Nécessité d'une solution politique également, bien sûr, au Proche-Orient. Dans la situation de tension actuelle au sein des Territoires palestiniens, nous devons soutenir les efforts des Palestiniens eux-mêmes pour sortir de la crise et parler d'une seule voix en se dotant d'un gouvernement avec lequel la communauté internationale puisse travailler. Il faut favoriser l'émergence d'interlocuteurs bénéficiant du soutien de tous les Palestiniens et capables de reprendre le dialogue avec Israël. La dernière rencontre d'Ehud Olmert et de Mahmoud Abbas offre une perspective. J'entends jouer un rôle avec nos partenaires européens pour favoriser les conditions permettant de relancer une dynamique politique dans le processus de paix.
Je terminerai par le Liban pour lequel, vous l'avez rappelé à juste titre, Monsieur le Secrétaire général, notre pays, notre diplomatie, s'est fortement mobilisée au cours de l'été, une mobilisation à la hauteur des liens qui nous unissent à ce pays.
Nous soutenons l'action du gouvernement légitime de Fouad Siniora et les efforts pour sortir de la crise politique actuelle. Cette solution doit, de notre point de vue, répondre à une triple exigence d'équité, avec la mise en place du Tribunal international, d'efficacité, avec la consolidation d'un gouvernement libanais qui soit en mesure de travailler, et d'unité pour aider les Libanais à retrouver leur pleine souveraineté. Nous veillerons par conséquent à soutenir la mise en oeuvre de la résolution 1701, dans le cadre de laquelle nos militaires effectuent un travail remarquable au sein de la FINUL. Et c'est bien pour consolider le travail entrepris depuis la mise en place du cessez-le-feu en août dernier que nous réunirons le 25 janvier prochain, à Paris, et sous l'autorité du président de la République, une conférence internationale rassemblant tous les pays et les organisations multilatérales disposées à appuyer le Liban dans son effort de reconstruction et de reconquête de sa souveraineté.
Pour conclure, Monsieur le Secrétaire général, et je crois pouvoir parler au nom de Brigitte Girardin et de Catherine Colonna, je voudrais vous redire à toutes et à tous que mon expérience au sein de cette maison et mes déplacements à l'étranger m'ont prouvé que l'on pouvait compter sur vos qualités d'analyse, sur votre capacité d'agir et votre sens du service public pour faire face, cette année comme les années précédentes, aux exigences de l'action diplomatique.
Encore une fois, je vous souhaite une excellente année à vous tous et à vos proches en 2007, et vous renouvelle toute ma confiance à l'aube d'une année qui sera, j'en suis sûr, riche en intérêt et en expérience pour nous tous.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 janvier 2007