Texte intégral
Je voudrais, au nom des socialistes, de la direction du Parti socialiste, des militants socialistes, vous adresser et plus largement aux Français, nos voeux d'espoir. Ce sera le temps de l'espoir puisque le temps du choix est venu en 2007.Cette année va offrir à nos concitoyens la possibilité de décider de leur destin et de l'avenir de leur pays.
C'est un rendez-vous attendu depuis longtemps. J'allais dire depuis le 21 avril 2002, tant la frustration de ce soir-là avait été grande. C'est un rendez-vous qui vient après une suite de conflits entre le pays et le pouvoir. Conflits électoraux, dont la traduction a été notre victoire aux élections régionales, européennes, mais aussi, d'une certaine façon le référendum du 29 mai ; conflits sociaux avec les retraites en 2003 et le CPE en 2006. Il est donc temps de terminer le conflit. Comme il est temps aussi, avec ce rendez-vous, de mettre un terme à la longue -interminable même- Présidence de Jacques Chirac, faite de malentendus, d'illusions, de promesses gaspillées, d'échecs et surtout d'irresponsabilité. Même si restera la décision de ne pas engager la France en Irak qui, pour nous, suffira à saluer la présidence finissante de Jacques Chirac. Mais, en 12 ans, la fracture sociale ne s'est pas réduite. Au contraire. Elle s'est élargie, creusée, amplifiée. Ce qui fait que, 12 ans après 1995, c'est le déclassement qui est devenu la première inquiétude des Français et le risque, hélas vécu par trop d'entre nous, de l'exclusion.
Je souhaite donc qu'avec l'échéance présidentielle et le scrutin législatif qui suivra s'ouvre un grand débat ; clair sur les bilans, sincère sur les projets et éloquent sur les méthodes.
L'enjeu de ces scrutins du printemps, c'est finalement le choix entre la continuité ou le changement, entre le libéralisme autoritaire ou le développement partagé ; bref, c'est le choix entre la droite et la gauche.
Il n'y a pas d'un côté ceux qui aimeraient la France et d'autres qui seraient plus frileux dans leur affection ou leur attachement à la patrie.
La France, nous l'avons en partage ; nous portons, au-delà de nos sensibilités personnelles ou politiques, son histoire en commun, avec la même fierté et parfois le même regard qui peut être sévère sur tel ou tel acte de notre passé.
La France, nous l'aimons, parce qu'elle exprime des valeurs universelles, parce qu'elle a fait éclore la République, conquit des droits, défendu la liberté, donné l'asile à des victimes de tant d'entre nous venant ici poussés par la misère ou par la peur de perdre parfois jusqu'à sa vie.
Nous n'accusons personne de l'aimer moins que nous, mais nous n'acceptons pas de leçons de patriotisme, d'où qu'elles viennent, et encore moins des captations d'héritage. Pauvre Jaurès, s'il avait su qu'un jour son nom serait cité dans un Congrès de la droite française ! Le malheureux ! S'il croit aux forces de l'esprit comme d'autres, je crains que le sien n'ait été hier chahuté. Il est vrai que, pour Nicolas Sarkozy, en matière de socialisme, la prescription est centenaire.
La France, à l'évidence, sera l'enjeu de la consultation du printemps. Elle n'offrira pas le même visage après 5 ans de politique de droite ou de gauche. Je ne dénie pas à nos adversaires -et au premier d'entre eux, Nicolas Sarkozy, de vouloir, sans doute de bonne foi, la prospérité de notre pays. Mais, je n'admets pas que l'on veuille à la veille d'un scrutin effacer les lignes, jeter la confusion, nier les responsabilités.
Et c'est pourtant la démarche du candidat de l'UMP qui voudrait, au prétexte qu'il soit aujourd'hui adoubé par son propre parti, convaincre qu'il a changé, comme dans un tour de passe-passe, comme s'il avait changé de passé, de présent, voire même d'identité. Alors, rappelons ce qu'il est.
Il est le candidat de la droite. Elle était là, rassemblée, Porte de Versailles. Toutes ses générations : il y en avait qui représentaient l'Etat UNR -c'est loin, UDR -quelques-uns encore, RPR -beaucoup, UMP -tous. Il y avait là toutes les familles de la droite : chiraquiennes -pour ceux qui, encore, exhibent cette appartenance, giscardiennes et surtout balladurienne. Convenons que c'était la revanche d'Edouard Balladur à la Porte de Versailles. Il y avait aussi tous les Premiers ministres de droite depuis 15 ans : Balladur-Juppé-Raffarin-Villepin. Aucun ne manquait.
Il est le candidat de la continuité, du pouvoir tel qu'il a été exercé depuis 2002, de toutes les décisions prises, de tous les échecs, de tous les reculs. Il est le candidat d'un chômage qui ne retrouve que son niveau de 2002 ; il est le candidat de la croissance inférieure de moitié à celle de la législature Jospin.
Il est le candidat d'un gouvernement qui a battu un triple record :
- Le record d'abord de l'endettement public qui atteint aujourd'hui près de 1 200 milliards d'euros ! Dois-je rappeler que lorsque Lionel Jospin a quitté Matignon, l'endettement public était de 835 milliards d'euros ; cela fait 300 milliards d'euros dus à la politique des amis de Monsieur Sarkozy.
- Le record du déficit commercial qui atteindra fin 2006 30 milliards d'euros ; jamais ce chiffre n'avait été atteint, y compris pendant la période des années 70, en franc constant ou en euro constant, avec le triplement de la facture pétrolière.
- Le record de la violence aux personnes ; jamais dans notre pays, il n'y avait eu autant d'agressions sur les personnes. Les violences ont atteint, fin 2006, 20 % de plus que leur niveau de 2001. Il nous faut aussi évoquer les incendies de voitures qui avaient donné lieu à quelques exploitations un 14 juillet. C'est aussi le record : 43 000 en 2006 -fin 2001, même si c'était déjà beaucoup, on en était à 35 000.
Le candidat Sarkozy est le candidat de ces records-là.
Il est le candidat sortant, du pouvoir sortant, de la majorité sortante, de la politique sortante. Si bien que le « tout est possible » de Nicolas Sarkozy, c'est tout ce qui a été fait depuis 2002.
Mais, derrière la confusion des mots, car j'entendais hier le candidat de l'UMP parler de la sécurité professionnelle, de la valorisation du travail, de la moralisation du capitalisme et de la multiplication des promesses catégorielles, c'est la panoplie habituelle des conservateurs :
. Le bouclier fiscal, non content de l'avoir créé, il sera abaissé à 50 % ; ce qui reviendrait d'ailleurs à supprimer l'impôt sur la fortune ; ce qu'il a déclaré, c'est donc la fin de l'impôt sur la fortune.
. La baisse de l'impôt sur les sociétés sans contrepartie a également été proposée.
. La mise en cause de la progressivité de l'impôt sur le revenu avec la déduction sans plafond -c'est là le problème- des intérêts d'emprunt pour l'achat d'une résidence ; ce qui permettra un taux zéro pour les plus favorisés d'entre nous.
. La taxation -car il faut bien trouver des recettes- supplémentaire sur la consommation ; ce qui a été annoncé n'est rien d'autre que l'augmentation de la TVA.
. La démolition des 35 heures
. La limitation du droit de grève
. Le contrat unique de travail
Bref, tout ce que demande le patronat le plus rétrograde et les clientèles de l'UMP. Tout est donc possible, enfin pour ceux-là.
Aux salariés, Nicolas Sarkozy demande de travailler plus. S'ils le pouvaient parfois, et notamment les chômeurs ! Mais aux rentiers, il leur demande de payer moins d'impôts ; je crois qu'il sera satisfait.
Enfin, la dernière confusion est celle maintenue entre le candidat de l'UMP et le Ministre de l'Intérieur. De ce point de vue, Nicolas Sarkozy n'a pas changé ; il continue, il s'agrippe, il s'accroche ; il s'accapare tous les moyens de l'Etat, ceux que confère au Ministre de l'Intérieur la République ; sauf que c'est maintenant à un candidat dont on ne saura pas lors dans ses déplacements, de ses visites, de ses discours, à quel titre il s'exprime.
Il veut être le Président qui remet la morale au coeur de la politique. Comme Ministre de l'Intérieur, il y contrevient déjà largement. Dans une « démocratie irréprochable » ainsi qu'il le dit, peut-on à ce point mêler les genres, mêler les budgets et cumuler toutes les responsabilités (il est aussi Président du Conseil général des Hauts-de-Seine) ?
Et d'ailleurs, son engagement de ne pas modifier les institutions de la Ve République est l'aveu le plus clair. Son modèle, c'est le pouvoir personnel, l'accaparement des responsabilités, le cumul des mandats, l'opacité des modes de décisions. Bref, son modèle, c'est l'Etat UMP.
En ce sens, c'est un candidat dangereux. Dangereux par sa méthode -n'être responsable de rien ; dangereux par sa politique -ne récompenser que les gagnants ; dangereux par ses soutiens -ne compter qu'avec les puissants.
Mais, nous connaissons notre adversaire ; nous savons les forces et les moyens qu'il pourra mettre en oeuvre. Il n'est pourtant pas notre seul adversaire. Il y a un ennemi plus dangereux pour la République. C'est l'extrême droite. Elle est engagée dans une manoeuvre de banalisation facilitée par la droitisation de la droite ; une manoeuvre de séduction tous azimutes, y compris de catégories, de groupes, voire même de personnalités qu'elle stigmatisait il y a peu ; dans une manoeuvre de dissimulation de ce qu'elle est : parti xénophobe allié au Parlement européen dans un groupe constitué des pires partis, qu'hélas, porte notre continent : les partis les plus nationalistes, les plus extrémistes, les plus xénophobes, les plus antisémites. L'extrême droite française y est effectivement à l'aise, puisque c'est son idéologie.
Le Front national est clairement dans une stratégie de deuxième tour. Cette menace n'est pas fictive ; je ne l'évoque pas pour justifier le vote utile. Cette menace s'est déjà produite. Elle n'est pas infondée quand 1 Français sur 4 dit pouvoir voter pour l'extrême droite. Nul ne pourra désormais dire qu'il ne savait pas. Et, en même temps, nous devons vis-à-vis des électeurs populaires, des catégories les plus en difficulté, faire en sorte qu'ils retrouvent avec nous un espoir. C'est là la tâche du Parti socialiste en ce début d'année.
Conscients de l'enjeu de l'élection présidentielle, des forces en présence, nous mesurons l'espoir qui est porté sur nous et, en même temps, les conséquences qu'aurait une confirmation de la droite au printemps prochain.
Nous partons avec des atouts :
. D'abord notre candidate, Ségolène Royal, désignée dans des conditions exemplaires, après un débat qui aurait dû en inspirer d'autres, et un vote clair et massif. Une candidate qui a su créer une relation forte avec les Français, porter une démarche est nouvelle, donner à beaucoup l'envie de s'engager au Parti socialiste, mais aussi en s'inscrivant sur les listes électorales de s'engager dans la vie citoyenne.
. Ensuite, un parti rassemblé : toutes les sensibilités, toutes les personnalités, tous les adhérents sont présents dans cette campagne ; un parti mobilisé : déjà 1 500 réunions de démocratie participative ont eu lieu sur les thèmes fixés par Ségolène ; 5 000 sont prévues d'ici la mi-février ; les fédérations -et Kader Arif y veillera- feront la synthèse de ces travaux et une journée de restitution est prévue le 11 février.
. Enfin, nous disposons de l'atout du projet que nous avons élaboré, discuté, débattu, voté à l'unanimité. Il nous sert de base de discussions avec les Français ; il fournit les grandes orientations, fixe les priorités, donne l'essentiel de nos propositions pour notre programme législatif. C'est sur ce travail collectif que notre candidate s'appuiera pour élaborer la plateforme présidentielle une fois menée la démarche participative.
Mais, nous devons encore accentuer et amplifier nos efforts si nous voulons accomplir notre devoir de victoire.
. L'élargissement du Parti socialiste.
Il n'est pas la seule force sur laquelle s'appuie notre candidate, mais il est le vecteur principal. Il a connu un développement considérable, puisqu'il a doublé de taille. Changement de mesure sans changer de nature.
Nous comptons aujourd'hui 280 000 adhérents. Je formule l'objectif de dépasser 300 000 adhérents d'ici le premier tour.
J'ai confié à Jack Lang le lancement d'une nouvelle campagne d'adhésions : « les adhérents de la campagne ». Là, il ne s'agit plus de décider pour le PS du choix du candidat, mais de décider pour la France du choix du président, en l'occurrence de la présidente. Nous garderons -soucieux du pouvoir d'achat des Français, en tout cas des plus nombreux- la formule des 20 euros pour la première adhésion, mais nous engagerons une réforme des cotisations de notre parti.
Cet objectif d'élargissement est important, car notre force militante sera un élément essentiel face au déchaînement de moyens de toute nature à la disposition du candidat de l'UMP. Et le PS ainsi élargi sera un appui solide pour la réussite de la gauche si elle emporte la confiance des Français.
. Le rassemblement de la gauche
Nous avons, ces dernières semaines, franchi des étapes importantes. Et des partis qui avaient présenté des candidats en 2002 : Radicaux de gauche, Mouvement des Citoyens, ont décidé de soutenir Ségolène ROYAL dès le premier tour, en contrepartie d'un accord électoral maîtrisé. Nous sommes ouverts à ce que d'autres nous rejoignent.
Mais le rassemblement, c'est aussi celui du deuxième tour. Avec les Verts, nous sommes engagés depuis plusieurs semaines dans une discussion dont l'objet est la conclusion d'un accord de gouvernement qui comportera un volet électoral. Je souhaite que nous y parvenions. Le Parti Socialiste ne peut pas, n'entend pas gouverner seul et les Verts, avec d'autres, sont une composante essentielle de la gauche.
Avec le Parti Communiste, nous connaissons maintenant la configuration dans laquelle s'inscrit la candidature de Marie-Georges Buffet. Nous respecterons sa stratégie, mais nous lui disons toute notre disponibilité pour affirmer à tout moment nos objectifs communs pour donner plus de force encore au désistement pour le candidat de gauche le mieux placé.
J'ai demandé à Daniel Vaillant et à Henri Emmanuelli de travailler à cette démarche qui permettra de marquer nos différences, mais aussi nos convergences.
. La promotion de notre projet pour la France
Quatre priorités essentielles :
- L'emploi et le pouvoir d'achat
Oui, nous voulons que la France travaille plus et nous regrettons que le nombre d'heures travaillées dans notre pays, fin 2006, soient à peine égale à celui de la fin 2001. Aujourd'hui, en France, on travaille moins que lorsque nous étions nous-mêmes aux responsabilités. Et ceux qu'il convient de faire travailler d'abord, ce sont les chômeurs. C'est d'ailleurs leur première demande. Et le cours systématique aux heures supplémentaires qui, parfois, se comprend lorsqu'il y a surcroît d'activité ne peut être la réponse à une éventuelle reprise de la crise. S'il y a croissance -et nous ferons tout pour la relancer avec la Recherche, avec l'innovation, avec de nouveaux financements- il faut qu'elle soit au service de la création d'emplois et pas simplement au service des heures supplémentaires.
La première facilité fiscale, sociale qu'il faut apporter, c'est vers l'embauche. C'est le sens de notre proposition sur la sécurité sociale professionnelle, sur l'accompagnement personnalisé et sur la formation. Et c'est l'objet de notre proposition pour les jeunes dont l'entrée dans la vie active doit être garantie : aucun jeune ne doit être en situation de demande d'emploi au-delà de 6 mois.
Quant au pouvoir d'achat, et là c'est une différence majeure que l'on a avec la droite, il ne peut être assuré seulement par des défiscalisations ou des baisses de charges, ce n'est pas à l'Etat de se substituer à l'employeur, même s'il peut encourager la négociation à travers le mécanisme des prélèvements sociaux. Ce qu'il faut d'abord, c'est ouvrir une grande conférence annuelle sur les salaires et prévoir des renégociations des minima salariaux.
Il faut donc une politique de croissance qui sera fondée sur une aide importante à l'innovation, une augmentation de 10 % par an des crédits de la Recherche et un nouvel outil de financement autour de la Caisse des dépôts. À cet égard, l'enjeu de la Caisse des dépôts, notamment par rapport à ses compétences, à ses missions, est un enjeu essentiel. Pour nous, ce sera l'instrument de notre politique industrielle et financière.
- L'Education et la formation
Au moment où sont annoncées 5 000 suppressions de postes pour la rentrée, rappelons que c'est notre première priorité. Tout enfant de moins de 3 ans pourra bénéficier d'un mode de garde approprié. Tout élève de plus de 3 ans sera scolarisé et un accompagnement scolarisé gratuit sera mis en place pour le collège. Quant à l'université, nous porterons la dépense par étudiant au même niveau que la moyenne de nos voisins. Et nous améliorerons la situation étudiante par un meilleur encadrement et une meilleure orientation. Nous trouverons des formes d'autonomie qui n'obligent pas les étudiants à être des salariés. Car, j'ai été très frappé par l'intervention de Nicolas Sarkozy. Que des étudiants soient amenés à travailler, oui et parfois même pour compléter leur expérience. Mais que l'on dise aux étudiants que c'est maintenant la voie de l'autonomie que de chercher des emplois qui normalement doivent être affectés à d'autres que des étudiants, et notamment à ceux qui cherchent un emploi !
- L'Environnement
Je me félicite du consensus et de la prise de conscience du réchauffement climatique. Mais, les clivages demeurent. On ne nous fera pas croire que c'est la même politique d'environnement qui sera menée selon un Président de droite et une Présidente de gauche, car les principes aussi essentiels que la diversification énergétique, la priorité aux transports collectifs, le principe « pollueur-payeur », la conditionnalité des aides aux agriculteurs, les O G M... Tout cela appelle des politiques différentes, et c'est normal.
- La Démocratie
Son approfondissement est la condition essentielle du changement. Nicolas SARKOZY a avancé hier, qu'il garderait en l'état les institutions, nous envisageons de les réformer profondément :
- Renforcement des rôles du Parlement, introduction d'une part de proportionnelle ;
- Élargissement des droits des citoyens : saisine du Conseil Constitutionnel dont le mode de désignation de ses membres sera changé ;
- Instauration du mandat unique pour les parlementaires ;
- Droit de vote des résidents étrangers aux élections locales ;
Bref, il y aura des évolutions, il y aura des changements, parce qu'il faut que la démocratie respire. Il en sera de même pour la Démocratie sociale qui ne peut se réduire à la fin du monopole de présentation par les syndicats de leurs candidatures aux élections professionnelles. Ce qui suppose qu'il y ait représentativité, accord majoritaire, négociation collective.
De la même manière, la démocratie, c'est aussi l'Europe qui ne peut échapper à ce processus. Nous ne sommes pas favorables à un mini Traité pour une Europe minimale et qui ne serait ratifié que par le Parlement, alors que le peuple s'est prononcé par voie référendaire le 29 mai 2006. Ce n'est pas ainsi que la confiance indispensable entre l'Europe et les citoyens sera rétablie.
En cette année, nous nous sommes assigné un devoir de victoire. Il est fondé sur l'inquiétude que la droite inspire, parce que l'on connaît sa politique, elle n'est pas virtuelle et son candidat n'est pas tranquille. Ce devoir de victoire est aussi fondé sur l'espoir d'une alternative crédible, sur un changement authentique, sur un exercice différent de la responsabilité et du pouvoir.
Mais nous avons aussi un devoir de vérité ; il se résume à trois principes :
. Ne pas tout promettre, mais tout tenir.
. Ne pas dissimuler les problèmes, mais trouver les solutions ;
. Ne pas seulement gagner, mais réussir un mandat et une législature.
Car l'année 2007 sera certes l'année des élections, mais sera aussi, si les Français le décident, les mois d'une politique de gauche avec une présidente de gauche. C'est le voeu que je forme avec le plus de chaleur.
C'est un rendez-vous attendu depuis longtemps. J'allais dire depuis le 21 avril 2002, tant la frustration de ce soir-là avait été grande. C'est un rendez-vous qui vient après une suite de conflits entre le pays et le pouvoir. Conflits électoraux, dont la traduction a été notre victoire aux élections régionales, européennes, mais aussi, d'une certaine façon le référendum du 29 mai ; conflits sociaux avec les retraites en 2003 et le CPE en 2006. Il est donc temps de terminer le conflit. Comme il est temps aussi, avec ce rendez-vous, de mettre un terme à la longue -interminable même- Présidence de Jacques Chirac, faite de malentendus, d'illusions, de promesses gaspillées, d'échecs et surtout d'irresponsabilité. Même si restera la décision de ne pas engager la France en Irak qui, pour nous, suffira à saluer la présidence finissante de Jacques Chirac. Mais, en 12 ans, la fracture sociale ne s'est pas réduite. Au contraire. Elle s'est élargie, creusée, amplifiée. Ce qui fait que, 12 ans après 1995, c'est le déclassement qui est devenu la première inquiétude des Français et le risque, hélas vécu par trop d'entre nous, de l'exclusion.
Je souhaite donc qu'avec l'échéance présidentielle et le scrutin législatif qui suivra s'ouvre un grand débat ; clair sur les bilans, sincère sur les projets et éloquent sur les méthodes.
L'enjeu de ces scrutins du printemps, c'est finalement le choix entre la continuité ou le changement, entre le libéralisme autoritaire ou le développement partagé ; bref, c'est le choix entre la droite et la gauche.
Il n'y a pas d'un côté ceux qui aimeraient la France et d'autres qui seraient plus frileux dans leur affection ou leur attachement à la patrie.
La France, nous l'avons en partage ; nous portons, au-delà de nos sensibilités personnelles ou politiques, son histoire en commun, avec la même fierté et parfois le même regard qui peut être sévère sur tel ou tel acte de notre passé.
La France, nous l'aimons, parce qu'elle exprime des valeurs universelles, parce qu'elle a fait éclore la République, conquit des droits, défendu la liberté, donné l'asile à des victimes de tant d'entre nous venant ici poussés par la misère ou par la peur de perdre parfois jusqu'à sa vie.
Nous n'accusons personne de l'aimer moins que nous, mais nous n'acceptons pas de leçons de patriotisme, d'où qu'elles viennent, et encore moins des captations d'héritage. Pauvre Jaurès, s'il avait su qu'un jour son nom serait cité dans un Congrès de la droite française ! Le malheureux ! S'il croit aux forces de l'esprit comme d'autres, je crains que le sien n'ait été hier chahuté. Il est vrai que, pour Nicolas Sarkozy, en matière de socialisme, la prescription est centenaire.
La France, à l'évidence, sera l'enjeu de la consultation du printemps. Elle n'offrira pas le même visage après 5 ans de politique de droite ou de gauche. Je ne dénie pas à nos adversaires -et au premier d'entre eux, Nicolas Sarkozy, de vouloir, sans doute de bonne foi, la prospérité de notre pays. Mais, je n'admets pas que l'on veuille à la veille d'un scrutin effacer les lignes, jeter la confusion, nier les responsabilités.
Et c'est pourtant la démarche du candidat de l'UMP qui voudrait, au prétexte qu'il soit aujourd'hui adoubé par son propre parti, convaincre qu'il a changé, comme dans un tour de passe-passe, comme s'il avait changé de passé, de présent, voire même d'identité. Alors, rappelons ce qu'il est.
Il est le candidat de la droite. Elle était là, rassemblée, Porte de Versailles. Toutes ses générations : il y en avait qui représentaient l'Etat UNR -c'est loin, UDR -quelques-uns encore, RPR -beaucoup, UMP -tous. Il y avait là toutes les familles de la droite : chiraquiennes -pour ceux qui, encore, exhibent cette appartenance, giscardiennes et surtout balladurienne. Convenons que c'était la revanche d'Edouard Balladur à la Porte de Versailles. Il y avait aussi tous les Premiers ministres de droite depuis 15 ans : Balladur-Juppé-Raffarin-Villepin. Aucun ne manquait.
Il est le candidat de la continuité, du pouvoir tel qu'il a été exercé depuis 2002, de toutes les décisions prises, de tous les échecs, de tous les reculs. Il est le candidat d'un chômage qui ne retrouve que son niveau de 2002 ; il est le candidat de la croissance inférieure de moitié à celle de la législature Jospin.
Il est le candidat d'un gouvernement qui a battu un triple record :
- Le record d'abord de l'endettement public qui atteint aujourd'hui près de 1 200 milliards d'euros ! Dois-je rappeler que lorsque Lionel Jospin a quitté Matignon, l'endettement public était de 835 milliards d'euros ; cela fait 300 milliards d'euros dus à la politique des amis de Monsieur Sarkozy.
- Le record du déficit commercial qui atteindra fin 2006 30 milliards d'euros ; jamais ce chiffre n'avait été atteint, y compris pendant la période des années 70, en franc constant ou en euro constant, avec le triplement de la facture pétrolière.
- Le record de la violence aux personnes ; jamais dans notre pays, il n'y avait eu autant d'agressions sur les personnes. Les violences ont atteint, fin 2006, 20 % de plus que leur niveau de 2001. Il nous faut aussi évoquer les incendies de voitures qui avaient donné lieu à quelques exploitations un 14 juillet. C'est aussi le record : 43 000 en 2006 -fin 2001, même si c'était déjà beaucoup, on en était à 35 000.
Le candidat Sarkozy est le candidat de ces records-là.
Il est le candidat sortant, du pouvoir sortant, de la majorité sortante, de la politique sortante. Si bien que le « tout est possible » de Nicolas Sarkozy, c'est tout ce qui a été fait depuis 2002.
Mais, derrière la confusion des mots, car j'entendais hier le candidat de l'UMP parler de la sécurité professionnelle, de la valorisation du travail, de la moralisation du capitalisme et de la multiplication des promesses catégorielles, c'est la panoplie habituelle des conservateurs :
. Le bouclier fiscal, non content de l'avoir créé, il sera abaissé à 50 % ; ce qui reviendrait d'ailleurs à supprimer l'impôt sur la fortune ; ce qu'il a déclaré, c'est donc la fin de l'impôt sur la fortune.
. La baisse de l'impôt sur les sociétés sans contrepartie a également été proposée.
. La mise en cause de la progressivité de l'impôt sur le revenu avec la déduction sans plafond -c'est là le problème- des intérêts d'emprunt pour l'achat d'une résidence ; ce qui permettra un taux zéro pour les plus favorisés d'entre nous.
. La taxation -car il faut bien trouver des recettes- supplémentaire sur la consommation ; ce qui a été annoncé n'est rien d'autre que l'augmentation de la TVA.
. La démolition des 35 heures
. La limitation du droit de grève
. Le contrat unique de travail
Bref, tout ce que demande le patronat le plus rétrograde et les clientèles de l'UMP. Tout est donc possible, enfin pour ceux-là.
Aux salariés, Nicolas Sarkozy demande de travailler plus. S'ils le pouvaient parfois, et notamment les chômeurs ! Mais aux rentiers, il leur demande de payer moins d'impôts ; je crois qu'il sera satisfait.
Enfin, la dernière confusion est celle maintenue entre le candidat de l'UMP et le Ministre de l'Intérieur. De ce point de vue, Nicolas Sarkozy n'a pas changé ; il continue, il s'agrippe, il s'accroche ; il s'accapare tous les moyens de l'Etat, ceux que confère au Ministre de l'Intérieur la République ; sauf que c'est maintenant à un candidat dont on ne saura pas lors dans ses déplacements, de ses visites, de ses discours, à quel titre il s'exprime.
Il veut être le Président qui remet la morale au coeur de la politique. Comme Ministre de l'Intérieur, il y contrevient déjà largement. Dans une « démocratie irréprochable » ainsi qu'il le dit, peut-on à ce point mêler les genres, mêler les budgets et cumuler toutes les responsabilités (il est aussi Président du Conseil général des Hauts-de-Seine) ?
Et d'ailleurs, son engagement de ne pas modifier les institutions de la Ve République est l'aveu le plus clair. Son modèle, c'est le pouvoir personnel, l'accaparement des responsabilités, le cumul des mandats, l'opacité des modes de décisions. Bref, son modèle, c'est l'Etat UMP.
En ce sens, c'est un candidat dangereux. Dangereux par sa méthode -n'être responsable de rien ; dangereux par sa politique -ne récompenser que les gagnants ; dangereux par ses soutiens -ne compter qu'avec les puissants.
Mais, nous connaissons notre adversaire ; nous savons les forces et les moyens qu'il pourra mettre en oeuvre. Il n'est pourtant pas notre seul adversaire. Il y a un ennemi plus dangereux pour la République. C'est l'extrême droite. Elle est engagée dans une manoeuvre de banalisation facilitée par la droitisation de la droite ; une manoeuvre de séduction tous azimutes, y compris de catégories, de groupes, voire même de personnalités qu'elle stigmatisait il y a peu ; dans une manoeuvre de dissimulation de ce qu'elle est : parti xénophobe allié au Parlement européen dans un groupe constitué des pires partis, qu'hélas, porte notre continent : les partis les plus nationalistes, les plus extrémistes, les plus xénophobes, les plus antisémites. L'extrême droite française y est effectivement à l'aise, puisque c'est son idéologie.
Le Front national est clairement dans une stratégie de deuxième tour. Cette menace n'est pas fictive ; je ne l'évoque pas pour justifier le vote utile. Cette menace s'est déjà produite. Elle n'est pas infondée quand 1 Français sur 4 dit pouvoir voter pour l'extrême droite. Nul ne pourra désormais dire qu'il ne savait pas. Et, en même temps, nous devons vis-à-vis des électeurs populaires, des catégories les plus en difficulté, faire en sorte qu'ils retrouvent avec nous un espoir. C'est là la tâche du Parti socialiste en ce début d'année.
Conscients de l'enjeu de l'élection présidentielle, des forces en présence, nous mesurons l'espoir qui est porté sur nous et, en même temps, les conséquences qu'aurait une confirmation de la droite au printemps prochain.
Nous partons avec des atouts :
. D'abord notre candidate, Ségolène Royal, désignée dans des conditions exemplaires, après un débat qui aurait dû en inspirer d'autres, et un vote clair et massif. Une candidate qui a su créer une relation forte avec les Français, porter une démarche est nouvelle, donner à beaucoup l'envie de s'engager au Parti socialiste, mais aussi en s'inscrivant sur les listes électorales de s'engager dans la vie citoyenne.
. Ensuite, un parti rassemblé : toutes les sensibilités, toutes les personnalités, tous les adhérents sont présents dans cette campagne ; un parti mobilisé : déjà 1 500 réunions de démocratie participative ont eu lieu sur les thèmes fixés par Ségolène ; 5 000 sont prévues d'ici la mi-février ; les fédérations -et Kader Arif y veillera- feront la synthèse de ces travaux et une journée de restitution est prévue le 11 février.
. Enfin, nous disposons de l'atout du projet que nous avons élaboré, discuté, débattu, voté à l'unanimité. Il nous sert de base de discussions avec les Français ; il fournit les grandes orientations, fixe les priorités, donne l'essentiel de nos propositions pour notre programme législatif. C'est sur ce travail collectif que notre candidate s'appuiera pour élaborer la plateforme présidentielle une fois menée la démarche participative.
Mais, nous devons encore accentuer et amplifier nos efforts si nous voulons accomplir notre devoir de victoire.
. L'élargissement du Parti socialiste.
Il n'est pas la seule force sur laquelle s'appuie notre candidate, mais il est le vecteur principal. Il a connu un développement considérable, puisqu'il a doublé de taille. Changement de mesure sans changer de nature.
Nous comptons aujourd'hui 280 000 adhérents. Je formule l'objectif de dépasser 300 000 adhérents d'ici le premier tour.
J'ai confié à Jack Lang le lancement d'une nouvelle campagne d'adhésions : « les adhérents de la campagne ». Là, il ne s'agit plus de décider pour le PS du choix du candidat, mais de décider pour la France du choix du président, en l'occurrence de la présidente. Nous garderons -soucieux du pouvoir d'achat des Français, en tout cas des plus nombreux- la formule des 20 euros pour la première adhésion, mais nous engagerons une réforme des cotisations de notre parti.
Cet objectif d'élargissement est important, car notre force militante sera un élément essentiel face au déchaînement de moyens de toute nature à la disposition du candidat de l'UMP. Et le PS ainsi élargi sera un appui solide pour la réussite de la gauche si elle emporte la confiance des Français.
. Le rassemblement de la gauche
Nous avons, ces dernières semaines, franchi des étapes importantes. Et des partis qui avaient présenté des candidats en 2002 : Radicaux de gauche, Mouvement des Citoyens, ont décidé de soutenir Ségolène ROYAL dès le premier tour, en contrepartie d'un accord électoral maîtrisé. Nous sommes ouverts à ce que d'autres nous rejoignent.
Mais le rassemblement, c'est aussi celui du deuxième tour. Avec les Verts, nous sommes engagés depuis plusieurs semaines dans une discussion dont l'objet est la conclusion d'un accord de gouvernement qui comportera un volet électoral. Je souhaite que nous y parvenions. Le Parti Socialiste ne peut pas, n'entend pas gouverner seul et les Verts, avec d'autres, sont une composante essentielle de la gauche.
Avec le Parti Communiste, nous connaissons maintenant la configuration dans laquelle s'inscrit la candidature de Marie-Georges Buffet. Nous respecterons sa stratégie, mais nous lui disons toute notre disponibilité pour affirmer à tout moment nos objectifs communs pour donner plus de force encore au désistement pour le candidat de gauche le mieux placé.
J'ai demandé à Daniel Vaillant et à Henri Emmanuelli de travailler à cette démarche qui permettra de marquer nos différences, mais aussi nos convergences.
. La promotion de notre projet pour la France
Quatre priorités essentielles :
- L'emploi et le pouvoir d'achat
Oui, nous voulons que la France travaille plus et nous regrettons que le nombre d'heures travaillées dans notre pays, fin 2006, soient à peine égale à celui de la fin 2001. Aujourd'hui, en France, on travaille moins que lorsque nous étions nous-mêmes aux responsabilités. Et ceux qu'il convient de faire travailler d'abord, ce sont les chômeurs. C'est d'ailleurs leur première demande. Et le cours systématique aux heures supplémentaires qui, parfois, se comprend lorsqu'il y a surcroît d'activité ne peut être la réponse à une éventuelle reprise de la crise. S'il y a croissance -et nous ferons tout pour la relancer avec la Recherche, avec l'innovation, avec de nouveaux financements- il faut qu'elle soit au service de la création d'emplois et pas simplement au service des heures supplémentaires.
La première facilité fiscale, sociale qu'il faut apporter, c'est vers l'embauche. C'est le sens de notre proposition sur la sécurité sociale professionnelle, sur l'accompagnement personnalisé et sur la formation. Et c'est l'objet de notre proposition pour les jeunes dont l'entrée dans la vie active doit être garantie : aucun jeune ne doit être en situation de demande d'emploi au-delà de 6 mois.
Quant au pouvoir d'achat, et là c'est une différence majeure que l'on a avec la droite, il ne peut être assuré seulement par des défiscalisations ou des baisses de charges, ce n'est pas à l'Etat de se substituer à l'employeur, même s'il peut encourager la négociation à travers le mécanisme des prélèvements sociaux. Ce qu'il faut d'abord, c'est ouvrir une grande conférence annuelle sur les salaires et prévoir des renégociations des minima salariaux.
Il faut donc une politique de croissance qui sera fondée sur une aide importante à l'innovation, une augmentation de 10 % par an des crédits de la Recherche et un nouvel outil de financement autour de la Caisse des dépôts. À cet égard, l'enjeu de la Caisse des dépôts, notamment par rapport à ses compétences, à ses missions, est un enjeu essentiel. Pour nous, ce sera l'instrument de notre politique industrielle et financière.
- L'Education et la formation
Au moment où sont annoncées 5 000 suppressions de postes pour la rentrée, rappelons que c'est notre première priorité. Tout enfant de moins de 3 ans pourra bénéficier d'un mode de garde approprié. Tout élève de plus de 3 ans sera scolarisé et un accompagnement scolarisé gratuit sera mis en place pour le collège. Quant à l'université, nous porterons la dépense par étudiant au même niveau que la moyenne de nos voisins. Et nous améliorerons la situation étudiante par un meilleur encadrement et une meilleure orientation. Nous trouverons des formes d'autonomie qui n'obligent pas les étudiants à être des salariés. Car, j'ai été très frappé par l'intervention de Nicolas Sarkozy. Que des étudiants soient amenés à travailler, oui et parfois même pour compléter leur expérience. Mais que l'on dise aux étudiants que c'est maintenant la voie de l'autonomie que de chercher des emplois qui normalement doivent être affectés à d'autres que des étudiants, et notamment à ceux qui cherchent un emploi !
- L'Environnement
Je me félicite du consensus et de la prise de conscience du réchauffement climatique. Mais, les clivages demeurent. On ne nous fera pas croire que c'est la même politique d'environnement qui sera menée selon un Président de droite et une Présidente de gauche, car les principes aussi essentiels que la diversification énergétique, la priorité aux transports collectifs, le principe « pollueur-payeur », la conditionnalité des aides aux agriculteurs, les O G M... Tout cela appelle des politiques différentes, et c'est normal.
- La Démocratie
Son approfondissement est la condition essentielle du changement. Nicolas SARKOZY a avancé hier, qu'il garderait en l'état les institutions, nous envisageons de les réformer profondément :
- Renforcement des rôles du Parlement, introduction d'une part de proportionnelle ;
- Élargissement des droits des citoyens : saisine du Conseil Constitutionnel dont le mode de désignation de ses membres sera changé ;
- Instauration du mandat unique pour les parlementaires ;
- Droit de vote des résidents étrangers aux élections locales ;
Bref, il y aura des évolutions, il y aura des changements, parce qu'il faut que la démocratie respire. Il en sera de même pour la Démocratie sociale qui ne peut se réduire à la fin du monopole de présentation par les syndicats de leurs candidatures aux élections professionnelles. Ce qui suppose qu'il y ait représentativité, accord majoritaire, négociation collective.
De la même manière, la démocratie, c'est aussi l'Europe qui ne peut échapper à ce processus. Nous ne sommes pas favorables à un mini Traité pour une Europe minimale et qui ne serait ratifié que par le Parlement, alors que le peuple s'est prononcé par voie référendaire le 29 mai 2006. Ce n'est pas ainsi que la confiance indispensable entre l'Europe et les citoyens sera rétablie.
En cette année, nous nous sommes assigné un devoir de victoire. Il est fondé sur l'inquiétude que la droite inspire, parce que l'on connaît sa politique, elle n'est pas virtuelle et son candidat n'est pas tranquille. Ce devoir de victoire est aussi fondé sur l'espoir d'une alternative crédible, sur un changement authentique, sur un exercice différent de la responsabilité et du pouvoir.
Mais nous avons aussi un devoir de vérité ; il se résume à trois principes :
. Ne pas tout promettre, mais tout tenir.
. Ne pas dissimuler les problèmes, mais trouver les solutions ;
. Ne pas seulement gagner, mais réussir un mandat et une législature.
Car l'année 2007 sera certes l'année des élections, mais sera aussi, si les Français le décident, les mois d'une politique de gauche avec une présidente de gauche. C'est le voeu que je forme avec le plus de chaleur.