Texte intégral
Madame l'Ambassadrice,
Monsieur l'Ambassadeur,
Cher Hervé de Charrette, ministre des Affaires étrangères, ici, avant moi, et quel ministre des Affaires étrangères !
Messieurs les Sénateurs,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Chers Amis de Bulgarie et de Roumanie,
Catherine Colonna et moi-même sommes très heureux de vous recevoir en ce début d'année pour célébrer ensemble l'entrée de la Bulgarie et de la Roumanie dans l'Union.
Nous tenions à souhaiter à nos Amis roumains et bulgares de France la bienvenue au sein de la famille européenne. Et nous sommes heureux de vous avoir réunis ce soir, si nombreux. Je veux saluer, en particulier, la présence parmi nous de représentants du Parlement bulgare de passage à Paris.
A vous tous qui êtes réunis dans ce lieu de mémoire pour la naissance de "l'idée européenne", là où Robert Schuman et Jean Monnet, en mai 1950, ont inventé la Communauté européenne du Charbon et de l'Acier (CECA), première étape de la construction de l'Europe, nous vous souhaitons une bonne et heureuse nouvelle année, l'année 2007 qui est aussi celle de l'Europe "à 27".
Notre Europe, aujourd'hui, est d'abord l'aboutissement du processus engagé en 2004 avec l'entrée dans l'Union de dix nouveaux membres. Celle de la Roumanie et de la Bulgarie vient parachever cette grande perspective européenne, cette ouverture et cet accueil que nous devions aux pays d'Europe centrale et orientale qui ont tant subi et tant souffert sous le joug totalitaire. La chute du mur de Berlin a permis à la famille européenne de se retrouver : c'est bien une étape historique que nous célébrons, aujourd'hui, la fin d'une longue marche qui marque la réconciliation du continent européen avec son histoire, sa culture, sa mémoire.
Ce grand élargissement est l'accomplissement de la vocation première de la construction européenne : bâtir un espace de paix et de démocratie, mais aussi une véritable communauté politique, économique et sociale. Jean-Dominique Giuliani, le président bien connu de la Fondation Robert Schuman, que je salue ici, le dit dans tous ses discours. Qui peut croire, dans le monde globalisé qui est le nôtre, qu'il existe aujourd'hui un autre choix que celui d'unir nos forces pour construire un pôle européen puissant, mais aussi équilibré et maîtrisé ?
En étendant à de nouveaux partenaires les "solidarités de fait" nées de la construction européenne, l'élargissement renforce la paix, la stabilité et la prospérité sur le continent. En contribuant à l'union des peuples européens, il renforce aussi le poids de l'Europe dans le monde et rend chacun de ses Etats plus fort et plus influent.
L'Europe à 27, c'est quelque 490 millions d'hommes et de femmes ; l'Europe à 27, c'est la première puissance économique et commerciale au monde. C'est aussi, au-delà des clivages hérités de l'histoire, au-delà des frontières culturelles ou religieuses, une culture de paix qui porte en elle le respect des valeurs démocratiques sur un territoire immense, de l'Atlantique aux confins de la mer Noire...
Madame et Monsieur l'Ambassadeur,
Je veux souligner ici ce soir tout ce que l'entrée dans l'Union de vos deux pays doit à vos efforts, à ceux de vos compatriotes et à la détermination de vos gouvernements successifs. Cette adhésion, chacun ici en est bien conscient, a été acquise au prix d'un réel courage, de beaucoup de sacrifices et de contraintes et, pourquoi ne pas le dire, d'obligations souvent ardues et difficiles.
Aujourd'hui, le résultat est là : des progrès considérables ont été réalisés au cours de votre transition dans des domaines indissociables des valeurs et des ambitions du projet européen. Ces efforts doivent être salués même si nous savons qu'ils doivent être poursuivis, et parfois même amplifiés, maintenant que vos deux pays ont rejoint effectivement l'Union.
L'enjeu, nous le savons tous ici, est considérable, tant pour la Roumanie et la Bulgarie que pour ce que nous voulons faire ensemble en Europe. Le "retour à l'Europe" de vos deux pays est un grand succès - c'est une évidence. Mais il faut en faire un projet partagé par vos peuples, par l'ensemble des forces économiques, sociales et culturelles qui animent vos pays. L'intégration est un long chemin ; faire vivre le projet européen est une exigence qui doit se vivre au quotidien. Dans ce contexte, le rôle qui incombe à chacun d'entre vous est primordial. Et je tiens à vous redire toute la confiance de la France dans la capacité de vos pays à franchir ces nouvelles étapes qui vont approfondir votre intégration, aussi bien économique que politique. A chaque commission des Affaires étrangères, au Parlement, M. de Charrette me posait toujours cette question : quand la France va-t-elle signer, aller au Conseil des ministres ? Le président de la Commission des Affaires étrangères, M. Edouard Balladur, également. C'était la même chose au Sénat : les parlementaires français, M. de Montesquiou et là pour en attester, voulaient cela, je le sentais. Et donc, si les parlementaires français le voulaient, c'est que le peuple français le voulait.
Notre pays, vous le savez, a pleinement accompagné les efforts de la Roumanie et de la Bulgarie et soutenu avec constance et détermination votre processus d'entrée dans l'Union. Il ne s'agissait pas d'un soutien politique de circonstance, mais bien de relations d'amitié fortes, tissées au fil de l'histoire et des destinées individuelles. Au demeurant, je le disais à l'instant, la ratification à l'unanimité - c'est assez rare chez nous, une ratification à l'unanimité par le Parlement français du traité d'adhésion de vos deux pays à l'Union a démontré, si besoin était, toute la qualité de cette relation de confiance.
Je tiens à le réaffirmer devant vous ce soir : la France continuera à vous soutenir avec détermination sur le chemin qui vous reste à parcourir. Nous poursuivrons et intensifierons nos coopérations bilatérales, déjà bénéfiques à bien des égards, c'est le choix du président de la République et du Premier ministre, pour donner des bases solides à notre partenariat dans l'Union et au service de l'Union.
Mesdames et Messieurs,
avec la Roumanie et la Bulgarie, ce sont deux amis, deux partenaires, que nous accueillons aujourd'hui en Europe, deux pays avec lesquels nous développons depuis longtemps des relations politiques et culturelles étroites et fécondes.
Chacun le sait : la relation franco-roumaine est aussi ancienne que vivace. Je pense en particulier aux liens qui unissent plus de 800 communes, institutions et associations françaises avec leurs homologues roumains, et qui font de la Roumanie l'un des tous premiers pays avec lesquels les relations entre les citoyens sont aussi fortes. Pays de langue latine, la Roumanie entretient avec la France des relations culturelles d'une très grande intensité : je citerai le théâtre d'Eugène Ionesco, ou encore les travaux de CIORAN, qui ont tant apporté à la littérature et à la connaissance des cultures européennes.
La France a également beaucoup appris de la sensibilité et de la richesse de la culture bulgare, de son intelligence profonde aussi, comme en témoigne ces grandes figures que sont Julia Kristeva, avec qui j'ai beaucoup travaillé sur les enfants handicapés quand j'étais ministre des Affaires sociales, ou Tzvetan Todorov - ces véritables "passeurs culturels" entre le monde slave et l'Europe occidentale.
La Roumanie et la Bulgarie, ce sont aussi deux pays membres de l'Organisation Internationale de la Francophonie, deux pays qui ont ratifié à nos côtés à l'UNESCO la convention sur la diversité des expressions culturelles. Ces engagements forts traduisent bien nos convergences et, plus encore, notre vision commune sur l'importance de la diversité culturelle et linguistique. La France, mais aussi l'ensemble des pays de la francophonie, comptent sur vous pour que cette diversité puisse s'exprimer comme il se doit à Bruxelles.
Je veux dire aussi deux mots des nouveaux commissaires bulgare et roumain, qui sont désormais en charge de deux dossiers importants et sensibles : la protection des consommateurs et le multilinguisme, des questions qui concernent très directement la vie quotidienne de tous les Européens. Nous savons pouvoir compter, dans ce domaine, sur le professionnalisme de Mme Kouneva et de M. Orban : leurs capacités sont autant d'atouts dans la conquête par les institutions européennes de nouveaux droits citoyens dans ces domaines.
Enfin, permettez-moi de souligner le rôle déterminant joué par nos relations économiques et commerciales depuis quelques années. Nos exportations ont cru de manière significative, de même que nos investissements : tout cela, nous le devons aussi, bien sûr, au processus d'adhésion.
Nos échanges avec la Bulgarie ont plus que doublé depuis six ans. Ils ont triplé avec la Roumanie dans les quatre dernières années. Nos grandes sociétés, mais aussi de plus en plus de petites et moyennes entreprises, investissent et s'implantent dans vos deux pays. Elles le font massivement, en particulier dans des activités de service comme les travaux publics, la gestion de l'eau, l'énergie.
J'en suis pour ma part persuadé : votre statut de nouveau membre annonce des bénéfices importants pour l'ensemble de l'économie européenne ; vous êtes la "nouvelle frontière économique" de l'Union, et les aides régionales communautaires ne pourront que renforcer cette tendance.
Je voudrais dire quelques mots sur l'avenir de l'élargissement de l'Union.
Cette politique a été, je l'ai dit, un grand succès ; nous lui devons la réunification de notre continent, l'extension de notre marché intérieur, la garantie de la stabilité et de la démocratisation de l'Europe. Ce n'est pas rien, dans un monde instable et dangereux - je recevais à l'instant M. El Baradeï, le directeur général de l'Agence internationale de l'Energie atomique -, dans un monde traversé de nombreuses fractures, entre la sortie de la "guerre froide", les crises au Moyen-Orient, la montée du terrorisme ou encore la progression des intolérances.
Mais pour que l'élargissement reste un succès, pour que l'Union puisse respecter ses engagements - je pense en particulier aux Balkans occidentaux - trois conditions doivent être remplies :
- la première concerne les candidats : il leur appartient de satisfaire au respect des critères d'adhésion et de le faire avec sérieux et rigueur. Chaque candidat sera jugé sur ses propres mérites. C'est là un message d'exigence, conforme à l'esprit dans lequel l'Europe s'est construite patiemment, au fil des ans.
- La seconde condition concerne l'Union elle-même : il est impératif que l'Union soit elle-même en mesure d'intégrer de nouveaux membres, et donc qu'elle clarifie dans les meilleurs délais son avenir institutionnel, son cadre budgétaire et le contenu de ses politiques communes. Aujourd'hui, dans le cadre institutionnel qui est le nôtre, on ne peut pas continuer comme cela, comme si de rien était, comme s'il n'y avait pas eu de référendum, par exemple en France.
- La troisième condition, enfin, concerne les peuples de l'Europe : nous le savons bien : l'Europe ne peut se faire qu'avec les peuples, avec le soutien des opinions, en sollicitant leur adhésion. Nous devons donc apporter aux citoyens des réponses claires, précises et efficaces à leurs inquiétudes et leur proposer en particulier un avenir qui soit capable de les mobiliser : c'est ainsi et uniquement ainsi que nous parviendrons à relancer le sentiment européen et à redonner un élan et une ambition profonde au projet européen. Je crois que, depuis le Conseil européen, de décembre 2006, cette évidence est mieux comprise de tous, et, avec Catherine, nous nous en félicitons.
Mes Chers Amis, la France est heureuse de fêter ce soir et avec vous votre entrée dans la famille européenne.
J'ai un voeu à formuler : que nos pays se mettent au travail rapidement ensemble avec tous nos partenaires de l'Union. Car c'est bien ainsi que nous conforterons la grande aventure européenne, que nous lui donnerons un avenir, avec ce même esprit de confiance et d'amitié qui caractérise nos relations depuis de si longues années. Mme Merkel était hier au Parlement européen pour présenter le programme européen de sa présidence. Nous aurons la présidence au deuxième semestre de l'année 2008. Les questions institutionnelles seront au coeur de ces débats. Un calendrier a été lancé, hier, par Mme Merkel : 2009. Je souhaite qu'il soit le plus vite respecté. Je sais que nous serons consultés les uns et les autres. Je suis sûr que la France, dans cette période d'élection présidentielle en particulier, fera des propositions en n'oubliant jamais qu'il faut les faire avec nos partenaires. C'est une grande leçon d'humilité que de faire des Affaires étrangères, des Affaires européennes. On ne dispose pas seul de l'avenir institutionnel de l'Union européenne ; il faut le préparer avec les autres. Je suis persuadé que nous aurons des propositions communes avec la Roumanie et la Bulgarie. A chacune et à chacun, Monsieur le Ministre, Monsieur le Sénateur, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, heureuse année, et Catherine se joint à moi pour vous la souhaitez encore plus heureuse.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 janvier 2007
Monsieur l'Ambassadeur,
Cher Hervé de Charrette, ministre des Affaires étrangères, ici, avant moi, et quel ministre des Affaires étrangères !
Messieurs les Sénateurs,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Chers Amis de Bulgarie et de Roumanie,
Catherine Colonna et moi-même sommes très heureux de vous recevoir en ce début d'année pour célébrer ensemble l'entrée de la Bulgarie et de la Roumanie dans l'Union.
Nous tenions à souhaiter à nos Amis roumains et bulgares de France la bienvenue au sein de la famille européenne. Et nous sommes heureux de vous avoir réunis ce soir, si nombreux. Je veux saluer, en particulier, la présence parmi nous de représentants du Parlement bulgare de passage à Paris.
A vous tous qui êtes réunis dans ce lieu de mémoire pour la naissance de "l'idée européenne", là où Robert Schuman et Jean Monnet, en mai 1950, ont inventé la Communauté européenne du Charbon et de l'Acier (CECA), première étape de la construction de l'Europe, nous vous souhaitons une bonne et heureuse nouvelle année, l'année 2007 qui est aussi celle de l'Europe "à 27".
Notre Europe, aujourd'hui, est d'abord l'aboutissement du processus engagé en 2004 avec l'entrée dans l'Union de dix nouveaux membres. Celle de la Roumanie et de la Bulgarie vient parachever cette grande perspective européenne, cette ouverture et cet accueil que nous devions aux pays d'Europe centrale et orientale qui ont tant subi et tant souffert sous le joug totalitaire. La chute du mur de Berlin a permis à la famille européenne de se retrouver : c'est bien une étape historique que nous célébrons, aujourd'hui, la fin d'une longue marche qui marque la réconciliation du continent européen avec son histoire, sa culture, sa mémoire.
Ce grand élargissement est l'accomplissement de la vocation première de la construction européenne : bâtir un espace de paix et de démocratie, mais aussi une véritable communauté politique, économique et sociale. Jean-Dominique Giuliani, le président bien connu de la Fondation Robert Schuman, que je salue ici, le dit dans tous ses discours. Qui peut croire, dans le monde globalisé qui est le nôtre, qu'il existe aujourd'hui un autre choix que celui d'unir nos forces pour construire un pôle européen puissant, mais aussi équilibré et maîtrisé ?
En étendant à de nouveaux partenaires les "solidarités de fait" nées de la construction européenne, l'élargissement renforce la paix, la stabilité et la prospérité sur le continent. En contribuant à l'union des peuples européens, il renforce aussi le poids de l'Europe dans le monde et rend chacun de ses Etats plus fort et plus influent.
L'Europe à 27, c'est quelque 490 millions d'hommes et de femmes ; l'Europe à 27, c'est la première puissance économique et commerciale au monde. C'est aussi, au-delà des clivages hérités de l'histoire, au-delà des frontières culturelles ou religieuses, une culture de paix qui porte en elle le respect des valeurs démocratiques sur un territoire immense, de l'Atlantique aux confins de la mer Noire...
Madame et Monsieur l'Ambassadeur,
Je veux souligner ici ce soir tout ce que l'entrée dans l'Union de vos deux pays doit à vos efforts, à ceux de vos compatriotes et à la détermination de vos gouvernements successifs. Cette adhésion, chacun ici en est bien conscient, a été acquise au prix d'un réel courage, de beaucoup de sacrifices et de contraintes et, pourquoi ne pas le dire, d'obligations souvent ardues et difficiles.
Aujourd'hui, le résultat est là : des progrès considérables ont été réalisés au cours de votre transition dans des domaines indissociables des valeurs et des ambitions du projet européen. Ces efforts doivent être salués même si nous savons qu'ils doivent être poursuivis, et parfois même amplifiés, maintenant que vos deux pays ont rejoint effectivement l'Union.
L'enjeu, nous le savons tous ici, est considérable, tant pour la Roumanie et la Bulgarie que pour ce que nous voulons faire ensemble en Europe. Le "retour à l'Europe" de vos deux pays est un grand succès - c'est une évidence. Mais il faut en faire un projet partagé par vos peuples, par l'ensemble des forces économiques, sociales et culturelles qui animent vos pays. L'intégration est un long chemin ; faire vivre le projet européen est une exigence qui doit se vivre au quotidien. Dans ce contexte, le rôle qui incombe à chacun d'entre vous est primordial. Et je tiens à vous redire toute la confiance de la France dans la capacité de vos pays à franchir ces nouvelles étapes qui vont approfondir votre intégration, aussi bien économique que politique. A chaque commission des Affaires étrangères, au Parlement, M. de Charrette me posait toujours cette question : quand la France va-t-elle signer, aller au Conseil des ministres ? Le président de la Commission des Affaires étrangères, M. Edouard Balladur, également. C'était la même chose au Sénat : les parlementaires français, M. de Montesquiou et là pour en attester, voulaient cela, je le sentais. Et donc, si les parlementaires français le voulaient, c'est que le peuple français le voulait.
Notre pays, vous le savez, a pleinement accompagné les efforts de la Roumanie et de la Bulgarie et soutenu avec constance et détermination votre processus d'entrée dans l'Union. Il ne s'agissait pas d'un soutien politique de circonstance, mais bien de relations d'amitié fortes, tissées au fil de l'histoire et des destinées individuelles. Au demeurant, je le disais à l'instant, la ratification à l'unanimité - c'est assez rare chez nous, une ratification à l'unanimité par le Parlement français du traité d'adhésion de vos deux pays à l'Union a démontré, si besoin était, toute la qualité de cette relation de confiance.
Je tiens à le réaffirmer devant vous ce soir : la France continuera à vous soutenir avec détermination sur le chemin qui vous reste à parcourir. Nous poursuivrons et intensifierons nos coopérations bilatérales, déjà bénéfiques à bien des égards, c'est le choix du président de la République et du Premier ministre, pour donner des bases solides à notre partenariat dans l'Union et au service de l'Union.
Mesdames et Messieurs,
avec la Roumanie et la Bulgarie, ce sont deux amis, deux partenaires, que nous accueillons aujourd'hui en Europe, deux pays avec lesquels nous développons depuis longtemps des relations politiques et culturelles étroites et fécondes.
Chacun le sait : la relation franco-roumaine est aussi ancienne que vivace. Je pense en particulier aux liens qui unissent plus de 800 communes, institutions et associations françaises avec leurs homologues roumains, et qui font de la Roumanie l'un des tous premiers pays avec lesquels les relations entre les citoyens sont aussi fortes. Pays de langue latine, la Roumanie entretient avec la France des relations culturelles d'une très grande intensité : je citerai le théâtre d'Eugène Ionesco, ou encore les travaux de CIORAN, qui ont tant apporté à la littérature et à la connaissance des cultures européennes.
La France a également beaucoup appris de la sensibilité et de la richesse de la culture bulgare, de son intelligence profonde aussi, comme en témoigne ces grandes figures que sont Julia Kristeva, avec qui j'ai beaucoup travaillé sur les enfants handicapés quand j'étais ministre des Affaires sociales, ou Tzvetan Todorov - ces véritables "passeurs culturels" entre le monde slave et l'Europe occidentale.
La Roumanie et la Bulgarie, ce sont aussi deux pays membres de l'Organisation Internationale de la Francophonie, deux pays qui ont ratifié à nos côtés à l'UNESCO la convention sur la diversité des expressions culturelles. Ces engagements forts traduisent bien nos convergences et, plus encore, notre vision commune sur l'importance de la diversité culturelle et linguistique. La France, mais aussi l'ensemble des pays de la francophonie, comptent sur vous pour que cette diversité puisse s'exprimer comme il se doit à Bruxelles.
Je veux dire aussi deux mots des nouveaux commissaires bulgare et roumain, qui sont désormais en charge de deux dossiers importants et sensibles : la protection des consommateurs et le multilinguisme, des questions qui concernent très directement la vie quotidienne de tous les Européens. Nous savons pouvoir compter, dans ce domaine, sur le professionnalisme de Mme Kouneva et de M. Orban : leurs capacités sont autant d'atouts dans la conquête par les institutions européennes de nouveaux droits citoyens dans ces domaines.
Enfin, permettez-moi de souligner le rôle déterminant joué par nos relations économiques et commerciales depuis quelques années. Nos exportations ont cru de manière significative, de même que nos investissements : tout cela, nous le devons aussi, bien sûr, au processus d'adhésion.
Nos échanges avec la Bulgarie ont plus que doublé depuis six ans. Ils ont triplé avec la Roumanie dans les quatre dernières années. Nos grandes sociétés, mais aussi de plus en plus de petites et moyennes entreprises, investissent et s'implantent dans vos deux pays. Elles le font massivement, en particulier dans des activités de service comme les travaux publics, la gestion de l'eau, l'énergie.
J'en suis pour ma part persuadé : votre statut de nouveau membre annonce des bénéfices importants pour l'ensemble de l'économie européenne ; vous êtes la "nouvelle frontière économique" de l'Union, et les aides régionales communautaires ne pourront que renforcer cette tendance.
Je voudrais dire quelques mots sur l'avenir de l'élargissement de l'Union.
Cette politique a été, je l'ai dit, un grand succès ; nous lui devons la réunification de notre continent, l'extension de notre marché intérieur, la garantie de la stabilité et de la démocratisation de l'Europe. Ce n'est pas rien, dans un monde instable et dangereux - je recevais à l'instant M. El Baradeï, le directeur général de l'Agence internationale de l'Energie atomique -, dans un monde traversé de nombreuses fractures, entre la sortie de la "guerre froide", les crises au Moyen-Orient, la montée du terrorisme ou encore la progression des intolérances.
Mais pour que l'élargissement reste un succès, pour que l'Union puisse respecter ses engagements - je pense en particulier aux Balkans occidentaux - trois conditions doivent être remplies :
- la première concerne les candidats : il leur appartient de satisfaire au respect des critères d'adhésion et de le faire avec sérieux et rigueur. Chaque candidat sera jugé sur ses propres mérites. C'est là un message d'exigence, conforme à l'esprit dans lequel l'Europe s'est construite patiemment, au fil des ans.
- La seconde condition concerne l'Union elle-même : il est impératif que l'Union soit elle-même en mesure d'intégrer de nouveaux membres, et donc qu'elle clarifie dans les meilleurs délais son avenir institutionnel, son cadre budgétaire et le contenu de ses politiques communes. Aujourd'hui, dans le cadre institutionnel qui est le nôtre, on ne peut pas continuer comme cela, comme si de rien était, comme s'il n'y avait pas eu de référendum, par exemple en France.
- La troisième condition, enfin, concerne les peuples de l'Europe : nous le savons bien : l'Europe ne peut se faire qu'avec les peuples, avec le soutien des opinions, en sollicitant leur adhésion. Nous devons donc apporter aux citoyens des réponses claires, précises et efficaces à leurs inquiétudes et leur proposer en particulier un avenir qui soit capable de les mobiliser : c'est ainsi et uniquement ainsi que nous parviendrons à relancer le sentiment européen et à redonner un élan et une ambition profonde au projet européen. Je crois que, depuis le Conseil européen, de décembre 2006, cette évidence est mieux comprise de tous, et, avec Catherine, nous nous en félicitons.
Mes Chers Amis, la France est heureuse de fêter ce soir et avec vous votre entrée dans la famille européenne.
J'ai un voeu à formuler : que nos pays se mettent au travail rapidement ensemble avec tous nos partenaires de l'Union. Car c'est bien ainsi que nous conforterons la grande aventure européenne, que nous lui donnerons un avenir, avec ce même esprit de confiance et d'amitié qui caractérise nos relations depuis de si longues années. Mme Merkel était hier au Parlement européen pour présenter le programme européen de sa présidence. Nous aurons la présidence au deuxième semestre de l'année 2008. Les questions institutionnelles seront au coeur de ces débats. Un calendrier a été lancé, hier, par Mme Merkel : 2009. Je souhaite qu'il soit le plus vite respecté. Je sais que nous serons consultés les uns et les autres. Je suis sûr que la France, dans cette période d'élection présidentielle en particulier, fera des propositions en n'oubliant jamais qu'il faut les faire avec nos partenaires. C'est une grande leçon d'humilité que de faire des Affaires étrangères, des Affaires européennes. On ne dispose pas seul de l'avenir institutionnel de l'Union européenne ; il faut le préparer avec les autres. Je suis persuadé que nous aurons des propositions communes avec la Roumanie et la Bulgarie. A chacune et à chacun, Monsieur le Ministre, Monsieur le Sénateur, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, heureuse année, et Catherine se joint à moi pour vous la souhaitez encore plus heureuse.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 janvier 2007