Interview de M. Bernard van Craeynest, président de la CFE-CGC, à Europe 1 le 8 décembre 2006, proposant que les accords d'entreprise bénéficient seulement aux salariés qui adhèrent à un syndicat.

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Média : Europe 1

Texte intégral


Q- B. Van Craeynest vient d'être réélu à la présidence de la CGC. Vous avez fait une proposition assez iconococlaste : vous proposez que les accords d'entreprise bénéficient seulement aux salariés qui adhèrent à un syndicat. Pourquoi ?
R- Tout simplement parce que nous avons un vrai problème d'intérêt des salariés pour l'action syndicale, et si l'on n'y prend garde, on pourra toujours faire les plus belles lois sur le dialogue social, comme les syndicalistes sont aussi frappés par le papy-boom, il n'y aura plus personne autour de la table pour l'animer.
Q- Mais vous n'allez pas réconcilier les salariés avec les syndicats en les obligeant finalement à adhérer ?
R- Non, il n'y a aucune obligation d'adhérer, bien entendu. C'est simplement pour faire prendre conscience que la négociation collective produit des textes, et je dis bien en entreprise - nous ne parlons pas, évidemment, de remettre en cause le socle que constituent la loi, les accords interprofessionnels, les conventions collectives, les accords de branche. C'est dans l'entreprise, les accords qui apportent un plus aux salariés, comme un accord salarial, un accord d'intéressement, [inaud]. Nous faisons cette proposition pour provoquer un petit électrochoc de sensibilisation.
Q- Oui, sauf que si l'on n'adhère pas, on ne bénéficiera pas de l'accord, ce qui est assez discriminatoire quand même.
R- Cela laisse la liberté aux uns et aux autres d'adhérer ou non. Quand vous prenez des pays d'Europe du Nord, qui ont des taux de syndicalisation nettement plus importants qu'en France, et pour lesquels un certain nombre d'avantages du type assurance chômage ou autres, sont liés au fait d'être syndiqué ou non, il n'y a pas forcément 100 % de taux de syndicalisation.
Q- Finalement, vous rejoignez S. Royal qui propose, elle aussi, de rendre, d'une certaine façon, obligatoire - même si vous ne prononcez pas le mot - pour un salarié l'adhésion à un syndicat ?
R- Non, on ne veut surtout pas que ce soit obligatoire. Mais on veut créer les conditions qui montrent que, le fait de la négociation collective apporte un plus aux salariés et que les acteurs de la négociation collective méritent d'être pris en considération.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 11 décembre 2006