Texte intégral
QUESTION : Etes vous en mesure de battre J.-M. Le Pen ? Un sondage vous donnait devant lui
en tout cas hier. Etes-vous susceptible d'être au second tour de la présidentielle ? Vous
nous direz cela dans cinq minutes. Avant cela - c'est un petit peu le débat du moment dans
cette campagne présidentielle - le patrimoine des élus. S. Royal paie l'ISF, elle a expliqué
qu'il s'agissait du fruit de son travail constitué au bout de trente ans de vie
professionnelle. Vous, vous ne payez pas l'ISF, cela veut dire que votre travail ne vous a
pas permis de constituer un tel pécule ?
François BAYROU : Vous savez c'est très simple, chez F. Hollande et S. Royal, il y a deux
salaires et à la maison, il n'y en a qu'un, parce que je travaille et ma femme a beaucoup
donné de son temps pour élever les enfants. Voilà, c'est simple comme bonjour. Cela dit, je
n'ai pas à me plaindre, tout va convenablement bien.
QUESTION : Pourquoi la richesse est-elle suspecte en France ?
François BAYROU : D'abord la richesse est suspecte depuis longtemps, mais la première chose
à dire c'est que nous sommes en campagne électorale, que naturellement, on va faire les
poubelles, qu'on va sortir n'importe quoi sur la vie des gens pour essayer de faire naître
ce genre de rumeurs, de vagues habituelles, dont on sait qu'en France, c'est le lot habituel
de toutes les campagnes électorales. Et c'est cela qu'il faut changer.
QUESTION : Et l'intrusion d'Internet, ça vous inquiète dans ce cadre là ?
François BAYROU : Internet est un plus pour les campagnes électorales et pour tous ceux qui
veulent que l'information ne soit plus seulement distribuée par les grands médias mais qu'on
puisse aller la chercher soi même à son initiative. Et puis naturellement, ça a, comme tout
réseau d'information, des défauts, ce n'est pas Internet qui est à l'origine de ce que nous
avons vécu là. Ce qui est à l'origine, c'est une manière bien française de faire des
campagnes électorales avec des officines et la tentation, la volonté d'exploiter ce qu'il y
a de moins intéressant dans la politique. En tout cas, moi ça ne m'intéresse pas et je n'y
participerai pas.
[...]
QUESTION : En général, les hommes politiques disent ne pas s'intéresser aux sondages. Je
suis sûr que vous avez quand même jeté un petit coup d'oeil à celui de Paris-Match qui vous
place en troisième position en vous accordant 12 % d'intentions de vote devant J.-M. Le Pen.
C'est quoi ? Un frémissement pour vous ?
François BAYROU : C'est, à trois mois du scrutin, un signe, un encouragement et la
manifestation qu'il se passe quelque chose dans l'opinion. Je n'ai jamais accordé une
attention excessive aux sondages, mais ce qui est intéressant, c'est la pente, la direction
de ces sondages : ils vont tous vers le haut et, de ce point de vue là, cela montre qu'il se
passe quelque chose, que les Français sont à la recherche d'une solution qui ne soit pas
celle qu'on veut leur imposer, qu'on leur matraque jour après jour, qu'on veut leur dicter
et contre laquelle ils se défendent. Permettez-moi d'insister une seconde là-dessus. Avant-
hier, puisque vous signalez des sondages, est sorti dans Libération une enquête très
intéressante, parce qu'elle ne concerne pas les intentions de vote ; donc elle n'est pas
manipulable. Une enquête qui dit que seul un Français sur trois souhaite qu'il y ait un
deuxième tour entre N. Sarkozy et S. Royal et que deux Français sur trois considèrent que ce
n'est pas la bonne solution pour la France. Hier soir, on m'a montré une autre enquête très
fouillée qui dit que près de 70 % des Français ne font plus confiance au clivage
droite/gauche pour l'avenir. Et vous trouverez là, la raison pour laquelle cette campagne
électorale, qui est encore très très longue, trois mois et plus, cette campagne électorale
va permettre aux Français de se poser la question d'un changement de paysage politique, pas
seulement de l'alternance habituelle, UMP-PS/ PS-UMP, comme on la connaît à chaque élection.
Et c'est pour moi nécessaire qu'on sorte le pays de la situation dans laquelle il se trouve.
QUESTION : Vous vous souvenez de ce que disait le philosophe Alain : "Quand on dit que la
gauche et la droite ne sont plus d'actualité, c'est qu'on est à droite". Où est-ce que vous
vous situez vous dans l'échiquier politique ?
François BAYROU : Vous assénez avec assurance un certain nombre de choses, permettez moi de
vous rappeler ceci : la France est un pays européen et il y a à côté d'elle un autre grand
pays européen, le plus grand pays d'Europe, l'Allemagne, qui était il y a 18 mois dans une
situation catastrophique, que tout le monde, y compris sur votre antenne, signalait et sur
laquelle tout le monde se lamentait. Et puis, les électeurs allemands ont fait le choix d'
obliger les forces politiques, jadis antagonistes, à se rassembler pour sortir le pays de sa
crise. Aujourd'hui, l'Allemagne fait l'envie de tous les pays européens. Si vous ne voyez
pas un lien de cause à effet entre la situation d'avant, qui conduisait l'Allemagne à une
stagnation, et la situation d'aujourd'hui, qui entraîne l'Allemagne à s'en sortir parce qu'
ils ont été obligés de réfléchir ensemble à ce qui était nécessaire au redressement, d'y
réfléchir ensemble ! Et pas seulement de pointer un doigt accusateur vers l'autre en disant
que c'est la faute des autres si ça va mal. C'est la faute conjointe de tous ceux qui ont
gouverné le pays depuis 25 ans et qui nous ont conduits là où nous sommes, à la situation de
déficit - je me suis juré d'en parler à toutes les émissions que je ferai - de déficit de
dette, de difficultés de l'emploi et du chômage, de croissance mauvaise et de société.
Songez aux banlieues, songez à l'éducation.
QUESTION : Mais avant de voter pour vous, on a besoin de savoir un petit peu où vous allez.
Je ne vais pas assener des choses. G. De Robien vous posait une question assez simple, il
était notre invité hier. Il dit : "Que vous soyez au second tour ou non, avec qui allez vous
élargir votre majorité après ? Gouverner avec qui ? Comment ?"
François BAYROU : Je vais gouverner avec tous ceux en France, responsables, politiques ou
société civile, qui souhaitent en finir avec cet affrontement stérile et tous ceux qui
accepteront les grandes lignes du plan de redressement que je proposerai aux Français et
dont je vous donne les éléments principaux. Premier élément : on ne peut pas laisser le pays
avec la dette et les déficits qui sont aujourd'hui le lot des générations actuelles et
surtout hélas des générations qui viennent. Deuxième élément : priorité à l'éducation et à
la recherche. Un pays comme le notre doit mobiliser tous les moyens disponibles, tout son
savoir faire pour que le niveau d'éducation de la France lui permette d'être meilleur que
tous les pays qui l'entourent. Priorité à l'éducation et à la recherche. Troisièmement :
plan de création d'emplois de manière qu'un peu de bouffée d'oxygène vienne offrir aux
jeunes diplômés, aux plus de 50 ans qui sont mis sur le bord de la route, la chance de
retrouver un emploi. Vous savez que je propose deux ans sans charges pour toutes les
entreprises qui créeront des emplois nouveaux. Quatrièmement : un plan de lutte contre l'
exclusion parce qu'il y a des millions de Français qui s'enfoncent dans - je ne sais pas
comment on peut décrire leur situation le plus exactement - dans le découragement et le
désespoir et qui n'osent plus regarder leurs voisins parce qu'ils ne trouvent pas d'emplois.
Cinquièmement : un plan de lutte de défense du climat et de la biodiversité. Vous savez que
j'ai signé l'appel que N. Hulot avait lancé...
QUESTION : Vous avez chiffré votre programme ?
François BAYROU : Il est beaucoup moins cher que celui des autres. Je donnerai le chiffrage
exact. Selon moi, ce programme est trois fois moins cher que celui que proposent
dangereusement les candidats de l'UMP et du PS.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 19 janvier 2007
en tout cas hier. Etes-vous susceptible d'être au second tour de la présidentielle ? Vous
nous direz cela dans cinq minutes. Avant cela - c'est un petit peu le débat du moment dans
cette campagne présidentielle - le patrimoine des élus. S. Royal paie l'ISF, elle a expliqué
qu'il s'agissait du fruit de son travail constitué au bout de trente ans de vie
professionnelle. Vous, vous ne payez pas l'ISF, cela veut dire que votre travail ne vous a
pas permis de constituer un tel pécule ?
François BAYROU : Vous savez c'est très simple, chez F. Hollande et S. Royal, il y a deux
salaires et à la maison, il n'y en a qu'un, parce que je travaille et ma femme a beaucoup
donné de son temps pour élever les enfants. Voilà, c'est simple comme bonjour. Cela dit, je
n'ai pas à me plaindre, tout va convenablement bien.
QUESTION : Pourquoi la richesse est-elle suspecte en France ?
François BAYROU : D'abord la richesse est suspecte depuis longtemps, mais la première chose
à dire c'est que nous sommes en campagne électorale, que naturellement, on va faire les
poubelles, qu'on va sortir n'importe quoi sur la vie des gens pour essayer de faire naître
ce genre de rumeurs, de vagues habituelles, dont on sait qu'en France, c'est le lot habituel
de toutes les campagnes électorales. Et c'est cela qu'il faut changer.
QUESTION : Et l'intrusion d'Internet, ça vous inquiète dans ce cadre là ?
François BAYROU : Internet est un plus pour les campagnes électorales et pour tous ceux qui
veulent que l'information ne soit plus seulement distribuée par les grands médias mais qu'on
puisse aller la chercher soi même à son initiative. Et puis naturellement, ça a, comme tout
réseau d'information, des défauts, ce n'est pas Internet qui est à l'origine de ce que nous
avons vécu là. Ce qui est à l'origine, c'est une manière bien française de faire des
campagnes électorales avec des officines et la tentation, la volonté d'exploiter ce qu'il y
a de moins intéressant dans la politique. En tout cas, moi ça ne m'intéresse pas et je n'y
participerai pas.
[...]
QUESTION : En général, les hommes politiques disent ne pas s'intéresser aux sondages. Je
suis sûr que vous avez quand même jeté un petit coup d'oeil à celui de Paris-Match qui vous
place en troisième position en vous accordant 12 % d'intentions de vote devant J.-M. Le Pen.
C'est quoi ? Un frémissement pour vous ?
François BAYROU : C'est, à trois mois du scrutin, un signe, un encouragement et la
manifestation qu'il se passe quelque chose dans l'opinion. Je n'ai jamais accordé une
attention excessive aux sondages, mais ce qui est intéressant, c'est la pente, la direction
de ces sondages : ils vont tous vers le haut et, de ce point de vue là, cela montre qu'il se
passe quelque chose, que les Français sont à la recherche d'une solution qui ne soit pas
celle qu'on veut leur imposer, qu'on leur matraque jour après jour, qu'on veut leur dicter
et contre laquelle ils se défendent. Permettez-moi d'insister une seconde là-dessus. Avant-
hier, puisque vous signalez des sondages, est sorti dans Libération une enquête très
intéressante, parce qu'elle ne concerne pas les intentions de vote ; donc elle n'est pas
manipulable. Une enquête qui dit que seul un Français sur trois souhaite qu'il y ait un
deuxième tour entre N. Sarkozy et S. Royal et que deux Français sur trois considèrent que ce
n'est pas la bonne solution pour la France. Hier soir, on m'a montré une autre enquête très
fouillée qui dit que près de 70 % des Français ne font plus confiance au clivage
droite/gauche pour l'avenir. Et vous trouverez là, la raison pour laquelle cette campagne
électorale, qui est encore très très longue, trois mois et plus, cette campagne électorale
va permettre aux Français de se poser la question d'un changement de paysage politique, pas
seulement de l'alternance habituelle, UMP-PS/ PS-UMP, comme on la connaît à chaque élection.
Et c'est pour moi nécessaire qu'on sorte le pays de la situation dans laquelle il se trouve.
QUESTION : Vous vous souvenez de ce que disait le philosophe Alain : "Quand on dit que la
gauche et la droite ne sont plus d'actualité, c'est qu'on est à droite". Où est-ce que vous
vous situez vous dans l'échiquier politique ?
François BAYROU : Vous assénez avec assurance un certain nombre de choses, permettez moi de
vous rappeler ceci : la France est un pays européen et il y a à côté d'elle un autre grand
pays européen, le plus grand pays d'Europe, l'Allemagne, qui était il y a 18 mois dans une
situation catastrophique, que tout le monde, y compris sur votre antenne, signalait et sur
laquelle tout le monde se lamentait. Et puis, les électeurs allemands ont fait le choix d'
obliger les forces politiques, jadis antagonistes, à se rassembler pour sortir le pays de sa
crise. Aujourd'hui, l'Allemagne fait l'envie de tous les pays européens. Si vous ne voyez
pas un lien de cause à effet entre la situation d'avant, qui conduisait l'Allemagne à une
stagnation, et la situation d'aujourd'hui, qui entraîne l'Allemagne à s'en sortir parce qu'
ils ont été obligés de réfléchir ensemble à ce qui était nécessaire au redressement, d'y
réfléchir ensemble ! Et pas seulement de pointer un doigt accusateur vers l'autre en disant
que c'est la faute des autres si ça va mal. C'est la faute conjointe de tous ceux qui ont
gouverné le pays depuis 25 ans et qui nous ont conduits là où nous sommes, à la situation de
déficit - je me suis juré d'en parler à toutes les émissions que je ferai - de déficit de
dette, de difficultés de l'emploi et du chômage, de croissance mauvaise et de société.
Songez aux banlieues, songez à l'éducation.
QUESTION : Mais avant de voter pour vous, on a besoin de savoir un petit peu où vous allez.
Je ne vais pas assener des choses. G. De Robien vous posait une question assez simple, il
était notre invité hier. Il dit : "Que vous soyez au second tour ou non, avec qui allez vous
élargir votre majorité après ? Gouverner avec qui ? Comment ?"
François BAYROU : Je vais gouverner avec tous ceux en France, responsables, politiques ou
société civile, qui souhaitent en finir avec cet affrontement stérile et tous ceux qui
accepteront les grandes lignes du plan de redressement que je proposerai aux Français et
dont je vous donne les éléments principaux. Premier élément : on ne peut pas laisser le pays
avec la dette et les déficits qui sont aujourd'hui le lot des générations actuelles et
surtout hélas des générations qui viennent. Deuxième élément : priorité à l'éducation et à
la recherche. Un pays comme le notre doit mobiliser tous les moyens disponibles, tout son
savoir faire pour que le niveau d'éducation de la France lui permette d'être meilleur que
tous les pays qui l'entourent. Priorité à l'éducation et à la recherche. Troisièmement :
plan de création d'emplois de manière qu'un peu de bouffée d'oxygène vienne offrir aux
jeunes diplômés, aux plus de 50 ans qui sont mis sur le bord de la route, la chance de
retrouver un emploi. Vous savez que je propose deux ans sans charges pour toutes les
entreprises qui créeront des emplois nouveaux. Quatrièmement : un plan de lutte contre l'
exclusion parce qu'il y a des millions de Français qui s'enfoncent dans - je ne sais pas
comment on peut décrire leur situation le plus exactement - dans le découragement et le
désespoir et qui n'osent plus regarder leurs voisins parce qu'ils ne trouvent pas d'emplois.
Cinquièmement : un plan de lutte de défense du climat et de la biodiversité. Vous savez que
j'ai signé l'appel que N. Hulot avait lancé...
QUESTION : Vous avez chiffré votre programme ?
François BAYROU : Il est beaucoup moins cher que celui des autres. Je donnerai le chiffrage
exact. Selon moi, ce programme est trois fois moins cher que celui que proposent
dangereusement les candidats de l'UMP et du PS.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 19 janvier 2007