Interview de Mme Ségolène Royal, députée PS et candidate à l'élection présidentielle de 2007, à "RMC" et "BFMTV" le 25 janvier 2007, sur le déroulement de la campagne électorale, sur certains de ses projets, notamment concernant la politique de l'emploi, les 35 heures, le dialogue social, ou la défense.

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Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN - RMC et BFM TV, et je salue tous les téléspectateurs de BFM TV puisque nous sommes en direct aussi avec BFM TV. Ségolène ROYAL, bonjour. Merci d'être avec nous ce matin. Présidentielle 2007, vous faites dela radio et de la télé en même temps, Ségolène ROYAL. C'est nouveau ça !
SEGOLENE ROYAL - C'est nouveau.
JEAN-JACQUES BOURDIN - C'est nouveau, en direct comme ça, oui. Notre invitée, donc Ségolène ROYAL. Vous savez et vous connaissez notre devise : obligeons-les à nous écouter, obligeons-les à s'engager. C'est ce que nous allons demander à tous les candidats à la présidentielle. Alors, pour interroger Ségolène ROYAL, 3216, RMC, c'est très simple, RMCINFO.FR. Vous n'hésitez pas. Ségolène ROYAL, commençons avec l'actualité, deux sondages publiés ce matin vous donne perdante au seconde tour face à Nicolas SARKOZY, 48 pour vous, 52 pour lui. Dans l'un de ces deux sondages, huit points perdus au premier tour en un mois. Alors, est-ce l'effet SARKOZY ou est-ce des bourdes et des absences de proposition de votre part ?
SEGOLENE ROYAL - D'abord, je voudrais vous dire qu'il y a quelques semaines c'était des chiffres inverses, donc une campagne présidentielle est un long chemin. La confiance des Français se mérite et il faut tenir bon sur les convictions qui sont les miennes, sur la méthode que j'aie choisie, et puis les choses vont se dérouler comme dans toute campagne, il y a des moments plus difficiles que d'autres. Jamais je n'ai pensé que cette campagne serait facile, c'est un enjeu considérable, et j'attends avec impatiente le vrai débat, celui qui montrera aux Français qu'il y a un choix très différent entre le projet que je propose et celui que propose la droite libérale.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Vous avez remarqué que les attaques viennent de toute part.
SEGOLENE ROYAL - J'ai vu ça, oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Ici même, Michèle ALLIOT-MARIE... Vous avez vu ça.
SEGOLENE ROYAL - Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Ici même, Michèle ALLIOT-MARIE vous a pratiquement traité d'irresponsable sur les questions internationales. Comment vous prenez toutes ces attaques ?
SEGOLENE ROYAL - Oui, j'ai vu cette organisation des attaques généralisées sur tous les plans, y compris sur ma vie privée, sur laquelle d'abord j'apprends beaucoup de choses, mais écoutez, moi, je ne veux pas me situer à ce niveau-là et je pense qu'au bout du compte les Français m'en seront grée. J'ai connu cela aussi dans le débat interne au Parti socialiste, à un degré bien moindre, et donc je suis, comment dirais-je, aguerrie, et ces attaques ne m'atteignent pas, elles blessent plutôt les Français qui ont envie que la campagne se situe sur les vrais enjeux et chaque fois, je reviens de Montluçon où il y a eu un débat très approfondi sur les questions d'environnement, de santé, de cancer, de qualité de l'alimentation, des choses qui préoccupent beaucoup, qui inquiètent aussi les Français, et tous les jours je suis quand même très étonnée de l'écart entre la profondeur, l'intelligence de la réflexion des citoyens dans les réunions que j'organise dans tous les pays puisqu'il y en aura 5 000 réunions qui auront été tenues, faites, animées au moment où je m'exprimerai à la fois pour dire ce que je pense et pour porter la parole des Français sur les choix fondamentaux que je vais leur proposer dans le cadre de cette campagne présidentielle avec les socialistes, mais aussi avec les autres partis de gauche qui me soutiennent, et les personnalités de toutes sortes, mais aussi les Français tout simplement qui ont envie que ça change en profondeur.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Ségolène ROYAL, oui ou non, oui ou non, le Ministère de l'Intérieur a-t-il demandé aux renseignements généraux une enquête sur votre entourage, et notamment Bruno REBELLE, l'ancien directeur de GREENPEACE France, qui vous a rejoint ?
SEGOLENE ROYAL - En tout cas, c'est ce que disent certains journalistes. Je crois qu'il faut que l'enquête se déroule. Ce que je pense c'est qu'une campagne électorale ne doit pas tout permettre et que, en effet, si... il appartiendra au Président de la République d'assurer le bon fonctionnement du déroulement d'une campagne présidentielle, donc je crois qu'il faut, en effet, ne pas tout se permettre. Tout n'est pas possible ni dans une campagne, ni dans la vie. Je crois qu'il y a des principes, il y a un minimum d'honnêteté, d'équité, de régularité, mais une fois de plus je ne veux pas m'appesantir sur ce sujet-là parce que certains voudraient que l'on me tire vers le bas, et je ne veux pas cela. Je crois que ce qui est plus important et même plus grave, finalement, c'est ce que le candidat de la droite a proposé hier, ça ça me paraît très grave, lorsqu'il a dit que le contrat de travail, s'il était élu, serait calqué sur le CNE, c'est-à-dire qu'il s'apprête à démanteler le Code du travail et à faire en sorte que désormais tous les Français pourraient être licenciés pendant deux ans sans justification et sans motif. Je dis très clairement ici que ça n'est pas ma conception des choses, je pense même le contraire. Le CNE sera abrogé parce que la période d'essai aujourd'hui est suffisante et que le CDI deviendra la référence du contrat de travail et que les entreprises qui s'engageront dans les CDI, après bien évidemment la période d'essai, bénéficieront d'un bonus sur les cotisations sociales, car je pense que pour relancer la machine économique il ne faut pas précariser le travail, c'est-à-dire mettre davantage de désordre, de fragilité, de peur finalement pour les salariés, qui en plus de la vie chère si on précarise leur travail ne pourront plus accéder non seulement à la sécurité de l'emploi mais aussi seront fragilisés dans l'accès à leur logement, seront fragilisés dans leurs responsabilités familiales, et donc il y aura une nouvelle dégradation, c'est-à-dire un nouvel échelon franchi pour la France qui sera à nouveau tiré vers le bas. Je pense tout le contraire. Je crois que ce sont des salariés bien sécurisés dans leur travail, avec des contrats de travail indéterminés, qui font des salariés motivés et donc des entreprises performantes, et que l'enjeu du développement économique ça n'est pas de précariser, c'est-à-dire de donner satisfaction au libéralisme le plus sauvage, c'est au contraire d'investir dans la formation professionnelle, dans la motivation des salariés, dans le dialogue social, dans la compétitivité des entreprises, dans la recherche et dans l'innovation. C'est ça le modèle équilibré entre le développement économique social et d'ailleurs environnemental aussi et que tout se tient. Et vous voyez que là nous avons une vraie bataille projet contre projet, vision contre vision, conception de la valeur humaine...
JEAN-JACQUES BOURDIN - ... mais Nicolas SARKOZY dit, " Tout doit être fait pour encourager les Français à travailler et augmenter leurs revenus par le travail ", mais vous êtes d'accord, c'est à peu près la même conception des choses, non ?
SEGOLENE ROYAL - Mais ce qu'il propose aboutit à l'inverse, c'est la précarité qui va décourager les salariés au travail, qui va les fragiliser. Et si les salariés sont fragilisés dans leur travail, alors ils sont fragilisés tout simplement dans leur vie. Et lorsque le désordre s'installe ou s'aggrave, à ce moment-là c'est toute l'économie non seulement qui est fragilisée mais c'est aussi toute la société. Moi, je crois tout le contraire, il faut mettre fin à ces désordres libéraux qui tirent la France vers le bas. Il faut redonner de la précarité, c'est un vrai combat, il faut lutter contre la précarité, il faut redonner de la sécurité, c'est un vrai combat de lutter contre toutes les insécurités et de mettre en place toutes les sécurités nouvelles dont la France a besoin, y compris par rapport aux menaces de la mondialisation. Pour que les entreprises soient compétitives vis-à-vis des marchés étrangers, il faut des salariés motivés, il faut des entreprises qui soient agiles, et donc il faut des entreprises aussi qui puissent s'appuyer sur des salariés qui ont confiance dans leur avenir, qui se sentent solidaires de l'entreprise. Et pour que les salariés se sentent solidaires de l'entreprise, alors il faut que l'entreprise les traite correctement et on voit cela dans tous les pays du nord de l'Europe, ce sont les pays qui ont lutté contre l'insécurité et qui ont fait du contrat de travail à durée indéterminée la référence, qui ont investi massivement dans la formation professionnelle, et qui en plus qui associent le salariés en amont quand il y a des mutations pour qu'ils comprennent ces mutations, qu'ils s'y préparent, et qu'ils ne perdent pas leur dignité de travailleurs, c'est là, c'est dans ces pays-là où la croissance est la plus forte. J'ai rencontré, hier, les salariés de l'entreprise ARENA qui aujourd'hui est menacée de fermeture uniquement pour des raisons du capitalisme financier, c'est-à-dire ce sont les fonds de pension italiens qui ont exigé que cette entreprise se délocalise alors qu'elle fait des bénéfices. Donc, je vais intervenir auprès du patron italien.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Vous allez demander un moratoire.
SEGOLENE ROYAL - Oui, je vais demander un moratoire et en plus je pense qu'il faut une législation qui empêche le déménagement des marques, le vol des marques, puisque c'est le travail des salariés qui a permis aussi de faire des marques connues, de qualité, et quand les ouvrières aujourd'hui se sentent dépecées, dépossédées, jetées, alors qu'elles travaillent dans l'entreprise depuis trente ou trente-cinq ans, et qu'elles voient que la marque qu'elles ont contribué à faire émerger, à forger, à installer, va déménager dans un autre pays, je pense que c'est une insulte insupportable, ce sont des dégâts considérables et c'est à cela qu'il faut aujourd'hui mettre fin. Hier, j'ai rencontré l'entreprise BREA, à Montluçon, même chose, ils ne comprennent pas comment une entreprise sous-traitante d'un grand producteur automobile...
JEAN-JACQUES BOURDIN - ... alors, par la loi vous interdisez la délocalisation, vous faites comment ? Vous protégez la marque par la loi ?
SEGOLENE ROYAL - Oui, il faut protéger la marque.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Par la loi !
SEGOLENE ROYAL - Un peu comme les marques alimentaires avec une traçabilité, c'est-à-dire que l'entreprise ne doit pas pouvoir déménager une marque, donc elle y réfléchira à deux fois. D'abord, si le dialogue social est beaucoup plus fort, c'est-à-dire s'il y a émergence d'un syndicalisme de masse avec des salariés qui sont associés en amont aux mutations de l'entreprise, comme je l'ai vu dans les entreprises suédoises, par exemple à ERICSSON où il y a eu plusieurs milliers de suppressions d'emploi parce que l'entreprise à un moment a une difficulté et pourtant il n'y a pas eu un seul jour de grève et les salariés n'ont pas perdu un euro de rémunération, parce que la Sécurité Sociale professionnelle est venue en soutien et en relais, c'est-à-dire les salariés ont gardé leur contrat de travail, ils ont été rémunérés par les fonds ASSEDIC ou formation professionnelle, enfin l'équivalent de ce qu'il y a en France et qui pourrait fonctionner, c'est dans notre projet, ce sera dans mon projet, c'est dans le projet des socialistes et c'est une réforme qui est absolument indispensable, c'est que lorsque les salariés subissent une mutation justifiée, c'est-à-dire ils ont en plus la capacité de contrôler si cette mutation est justifiée, alors à ce moment-là on l'assume tous ensemble mais on leur maintient leur contrat de travail, c'est-à-dire leur dignité de salariés et le niveau de leurs rémunérations en recyclant les fonds des ASSEDIC et les fonds de la formation professionnelle ; en leur redonnant soit une formation qui leur permet d'accéder à un autre emploi, un autre métier, soit en les accompagnant en attendant que l'entreprise se redresse et retrouve les marchés et donc la production qu'elle avait un moment perdu. Donc, ça permet aussi de tenir face à des crises conjoncturelles ou alors d'assumer des mutations vers d'autres activités et d'autres emplois. Et c'est ce système social, en France, qu'il faut absolument moderniser, et c'est le contraire que propose le candidat de la droite, c'est tout le contraire.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Vous ne prononcez jamais son nom.
SEGOLENE ROYAL - C'est le candidat de la droite pour l'instant, donc je ne veux pas personnaliser à outrance parce que c'est le candidat sortant de la droite. C'est une logique, je ne veux pas personnaliser, ce n'est pas une attaque personnelle que je fais, c'est un combat et un débat politique avec un vrai choix de société, et je crois que ce que je propose est beaucoup plus conforme à l'efficacité et au dynamisme d'un pays. Je pense que la précarité tire, tire tout le monde vers le bas. Elle est à l'origine de ce qu'on appelle le descenseur social, c'est-à-dire aujourd'hui les gens ont peur et je le vois dans tous les débats, ils ont peur d'être tirés vers le bas, et le modèle de précarité que la droite propose va tirer la France vers le bas, et ça je crois que c'est extrêmement dangereux, c'est très destructeur, on sait en particulier que rien n'a été réglé dans les banlieues, que les révoltes grondent encore et donc il faut une autre politique, d'autres logiques, un autre respect des citoyens parmi ceux qui sont les plus modestes, les plus défavorisés et les plus précarisés.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Ségolène ROYAL, je vois et je constate que ça y est, vous êtes entrée sur le terrain des propositions, vous avancez...
SEGOLENE ROYAL - ... mais je n'ai jamais quitté ce terrain.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Bon. Vous sentez une urgence, là ? On va... non ? Bon. Je vais quitter le terrain purement politique, on va entrer dans vos propositions, je vais vous poser des questions précises sur les 35 h, sur l'idée de Nicolas SARKOZY qui parle, qui dit que ceux qui veulent travailler plus doivent pouvoir gagner plus, vous allez me répondre à tout ça et puis ensuite des questions précises sur l'actualité. Nous aurons aussi évidemment des questions d'auditeurs. Je vois René, je vois Roger, je vois Etienne, qui sont déjà là pour vous interroger, Ségolène ROYAL. Deux mots encore quand même sur l'actualité. Est-ce que vous avez demandé l'exclusion de Georges FRECHE parce que vous partez aux Antilles ?
SEGOLENE ROYAL - Ah, ce n'est pas lié. Ce n'est pas lié mais je crois que Georges FRECHE est à la fois un élu qui a fait énormément pour sa ville, pour son territoire, et en même temps il y a des propos qui sont extrêmement blessants et qui ne peuvent pas rester sans réaction.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Et pourquoi n'avez-vous pas réagi plus vite, plus tôt ?
SEGOLENE ROYAL - Parce qu'on m'a posé la question à propos d'un autre incident qui s'est produit, et j'ai dit très clairement les choses telles que je le pensais, je n'avais aucune raison avant de cibler particulièrement Georges FRECHE puisqu'il y a une procédure disciplinaire qui a été ouverte à l'intérieur du Parti socialiste, la Commission se réunit à la fin de cette semaine.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Samedi, oui.
SEGOLENE ROYAL - Voilà. Donc, chacun a ses responsabilités. En même temps, vous savez je suis une femme de vérité et de parole et je réponds aux questions qui me sont posées au moment où elles me sont posées, et c'est ce que j'ai fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Oui ou non faut-il réaménager la loi sur les 35 h ? Oui ou non ?
SEGOLENE ROYAL - J'ai dit que certains aspects de l'application de la loi des 35 h avaient dans certains cas compliqué l'organisation des entreprises et dégradé les conditions de travail des salariés, donc il faudra, en effet, remettre à plat un certain nombre de questions. Mais il ne s'agit pas de remettre en cause globalement...
JEAN-JACQUES BOURDIN - ... quelles questions, qu'est-ce que vous voulez remettre à plat ? Qu'est-ce qu'on pourrait remettre à plat, Ségolène ROYAL ?
SEGOLENE ROYAL - Je crois par exemple que dans les entreprises qui sont confrontées à la concurrence internationale il faut regarder avec elles ce qui est nécessaire pour pouvoir les mettre en position de force vis-à-vis des marchés étrangers, mais comme je l'ai dit cette remise à plat devra se faire dans le cadre de discussions entre les employeurs, les organisations syndicales et l'Etat étant là garant du bon déroulement de ces discussions et de ces négociations patronat/syndicats. Vous savez que ce que je propose c'est l'émergence d'un nouveau modèle social en ce qui concerne le dialogue social. J'ai d'ailleurs confié à Jean-Marc AYRAULT le soin de procéder à de vastes consultations sur ce sujet-là pour que nous soyons prêts dès les résultats de l'élection présidentielle, si elles vont dans le sens que nous souhaitons, pour qu'il y ait émergence d'un syndicalisme puissant et d'un patronat responsable et d'une puissance publique qui garantisse ce bon déroulement. Je crois qu'il y a un pacte à trois à mettre en place en France, moderne, à l'image des pays les plus performants de l'Europe, qui font confiance au dialogue social pour faire émerger de la valeur ajoutée. Et on le voit aussi dans beaucoup de pays industrialisés et développés. On sait aujourd'hui qu'une des réserves de productivité se trouve dans la qualité du dialogue social et dans la façon dont les salariés sont associés aux décisions de l'entreprise bien en amont, et donc dans la façon dont ils acceptent une forme d'agilité pour que l'entreprise soit performante et soit compétitive lorsqu'elle est confrontée à la compétition internationale. En revanche, ce qui ne va pas c'est lorsque dans les entreprises de services qui ne sont pas confrontées à la concurrence internationale, là il y a une mauvaise application des 35 h, ou qu'il y ait du chômage partiel contraint. Je pense en particulier aux femmes dans les grandes surfaces, avec des emplois avec des horaires extrêmement pénibles, c'est-à-dire avec une mauvaise application par le patronat de la logique des 35 h ; et que pour certains salariés lorsque le patronat a mal appliqué les 35 h, ça s'est traduit par une pression supplémentaire sur les salariés, des horaires de travail incompatibles avec la vie de famille, une augmentation des cadences et de la production et tout cela n'a pas à être mis en application de cette façon-là. Donc, il faudra aussi rectifier la façon dont il y a eu certains abus sur l'application des 35 h aux dépens des salariés. Or, les 35 h doivent pour tous constituer un progrès social et donc être généralisées dans de bonnes conditions mais dans les entreprises...
JEAN-JACQUES BOURDIN - ... notamment revoir les 35 h à l'hôpital, par exemple.
SEGOLENE ROYAL - Ca, il faut créer des emplois pour les 35 h à l'hôpital, c'est vrai que dans certains services publics les 35 h ont entraîné une dégradation du service parce que dans les services à la personne il n'y a pas de gain de productivité possible.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Alors, oui ou non, autre question, faut-il alléger les charges des entreprises ? Là aussi c'est un débat qui est ouvert en ce début de présidentielle de campagne électorale.
SEGOLENE ROYAL - Il faut alléger les charges des entreprises lorsque c'est nécessaire, par exemple, je l'ai dit tout à l'heure, les entreprises qui feront un effort pour passer très rapidement et tout de suite au contrat à durée indéterminée bénéficieront d'un bonus sur les cotisations sociales, voilà un exemple très clair.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Vous voulez lutter contre la vie chère, augmenter les salaires, évidemment c'est une demande. Comment ? Comment fait-on pour augmenter les salaires, aujourd'hui, dans un pays qui est fortement endetté, avec effectivement des entreprises qui ont des charges lourdes sur le dos, comment fait-on ?
SEGOLENE ROYAL - Ce qui est clair c'est que les inégalités de revenus se sont creusées, et donc il y a un vrai problème d'une juste répartition entre la rémunération du travail et la rémunération du capital, il y a une juste répartition aussi des salaires au sein de l'entreprise, et donc ce qui sera organisé c'est une conférence salariale pour engager un débat, là aussi une discussion de négociation salariale entre les organisations syndicales, le patronat, et là aussi même logique avec la garantie de l'Etat pour que ces discussions salariales se passent correctement et pour que soit décidé une augmentation non seulement du SMIC mais aussi des bas salaires afin qu'il n'y ait pas un écrasement de la hiérarchie salariale. Mais il y a un thème que j'entends beaucoup évoquer dans les débats participatifs, c'est celui de l'argent cher. Il y a aujourd'hui, je vous le dis, une révolte à juste titre des gens contre les tarifications bancaires et encore récemment.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Ca, je le sais, je l'entends tous les jours, ici.
SEGOLENE ROYAL - Tous les jours.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Alors, qu'est-ce vous faites contre ça ?
SEGOLENE ROYAL - Moi, je pense, premièrement, qu'il faut réglementer de façon extrêmement sévère les comportements bancaires qui gagnent de l'argent sur le dos des gens les plus modestes.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Mais alors on fait quoi ?
SEGOLENE ROYAL - Je vous cite des phrases entendues, si vous le permettez.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Oui, allez-y, allez-y !
SEGOLENE ROYAL - Dans des débats puisque certains doutent de l'utilité de ce débat. Alors, " Un virement, bing, un prélèvement refusé, bing, il y a tout le temps des frais, quand on n'a pas beaucoup de revenus, on est tout le temps à découvert, on vit à crédit, les banques s'en mettent plein les poches avec les agios, pour les banques les pauvres c'est jackpot". Une autre personne qui est intervenue et qui m'a dit ceci, " Il paraît que les tarifs sont dans les conventions mais personne ne lit les 12 pages de contrat écrit en tout petit... ".
JEAN-JACQUES BOURDIN - Et ça c'est vrai.
SEGOLENE ROYAL - ... avant de signer. En plus, quand on prend un crédit on nous dit pas la vérité des prix, le taux d'intérêt n'intègre pas l'assurance du crédit qu'il faut qu'on paie en plus ". Alors, les dernières tarifications bancaires, un exemple de quelqu'un qui a sorti donc son relevé bancaire, qui a fait un chèque sans provision de 50 euros, la banque lui a pris 65 euros de pénalité ; 70 euros pour un chèque de 150 euros sans provision. Et quand on a non pas un découvert bancaire mais un crédit positif sur son compte, on n'est pas rémunéré, et donc moi je proposerai qu'il y ait un calcul sur la durée de l'année ou des deux ans, c'est-à-dire que quand on a un excédent bancaire de 50 euros et que le mois d'après on a un déficit bancaire de 50 euros, eh bien qu'il y ait zéro pénalité de prise. Donc, il va falloir plafonner les frais bancaires, les réglementer de façon extrêmement ferme et puis tout simplement c'est l'idée d'interdire la spéculation bancaire sur les pauvres gens et sur les personnes qui ont des revenus modestes. Et deuxièmement, je crois qu'il faudra en compétition avec les banques qui se comportent aussi mal développer le micro crédit. Je l'ai fait dans la région que je préside, et je viens de mettre en place un micro crédit, les banques n'ont pas été contentes, nous l'avons fait avec les associations caritatives et avec les services sociaux des communes qui sont au premier contact des gens qui n'ont pas envie de basculer dans l'endettement, dans le surendettement et qui à un moment ont un accident de paiement, eh bien la région a décidé de garantir et de cautionner du micro crédit qui désormais va permettre aux gens de garder la tête hors de l'eau et de ne pas être pressurés par des banques qui gagnent déjà beaucoup d'argent, parce que les banques sont parmi les entreprises qui font le plus de profits et qui aujourd'hui font ce profit sur le dos des gens modestes.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Souvent des profits à l'étranger, aussi, Ségolène ROYAL.
SEGOLENE ROYAL - Et ça, ça suffit.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Bien, vous êtes avec nous, là je vois que vous avez dévoilé pas mal de choses, c'est un début de programme, ça, Ségolène ROYAL, ce matin, sur RMC, je le sentais. Pourquoi, pourquoi tout à coup vous avez senti le besoin, là ?
SEGOLENE ROYAL - Mais ce que je voudrais bien préciser et vous observez l'actualité...
JEAN-JACQUES BOURDIN - ... oui, bien sûr.
SEGOLENE ROYAL - C'est que c'est un projet qui se construit en continu. Je me suis déjà élevé sur ce problème de l'argent cher, sur cette question de la vie chère...
JEAN-JACQUES BOURDIN - ...là, vous faites des propositions.
SEGOLENE ROYAL - ... mais les propositions se structurent à partir des propositions que j'ai déjà faites et que je mets en débat et les dans les débats que j'organise et que tous les responsables socialistes ou que tous les comités de soutien organisent à travers tout le pays, j'ai soit confirmation de la vérité d'un certain nombre de propositions que j'aie déjà faites et donc ils vont être consolidés dans mon projet ; soit l'émergence d'un certain nombre d'urgences et qui vont là aussi prendre une place plus importante dans le projet. Donc, comme je m'y étais engagée, je tiens parole, c'est-à-dire les Français aujourd'hui sont invités à entrer dans le projet des socialistes puisque la plateforme des socialistes est mises également...
JEAN-JACQUES BOURDIN - ... on se demande à quoi elle a servi d'ailleurs cette plateforme socialiste dans ce projet, non ?
SEGOLENE ROYAL - Elle est discutée, elle est projetée par diapositives, thème par thème, c'est pour ça que les gens parlent beaucoup parce qu'on leur montre, on leur donne de la visibilité à la fois sur le projet des socialistes, sur les propositions complémentaires que j'aie déjà faites, et donc ils réagissent. Ca me permet aussi de hiérarchiser les propriétés. Et dans quelque temps, lorsque je vais prendre la parole, je parlerai pas seulement en mon nom mais aussi au nom des Français et je crois que la réforme en profondeur de la politique, l'autre façon de faire de la politique, la nécessité de renouer le lien de confiance entre les citoyens et les responsables politiques qui doutent parfois beaucoup, qui se disent qu'il y a un fossé entre le discours et les actes mérite cet effort, ce travail en profondeur que j'accomplis actuellement, qui n'est peut-être pas spectaculaire, qui ne coûte pas des millions d'euros, mais qui est absolument nécessaire. C'est peut-être modeste, c'est simple, c'est direct, mais au bout du compte c'est cela qui fera la différence.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Ségolène ROYAL est avec nous ce matin. Vous allez pouvoir l'interroger dans la dernière partie, dans deux minutes, Roger, René, Etienne, Coralie sont déjà là. A tout de suite.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Ségolène ROYAL est avec nous, BFM TV et RMC en direct ce matin, merci d'être avec nous. Alors, je vous poserai, à la fin de l'interview, deux, trois questions précises, qui sont des questions un peu iconoclastes, Ségolène ROYAL, mais tout de suite nous avons Roger. Bonjour Roger.
ROGER - Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Vous êtes prof de math dans les Hauts-de-Seine, je vous laisse avec Ségolène ROYAL, allez-y Roger.
ROGER - Bonjour madame ROYAL.
SEGOLENE ROYAL - Bonjour.
ROGER - Ma question est simple. Ne craignez-vous pas que votre démarche participative ne laisse une partie de la population et qu'en fait vous ne recueilliez que les opinions d'une minorité militante ?
SEGOLENE ROYAL - Alors, évidemment il n'y a pas de millions de personnes qui participent...
JEAN-JACQUES BOURDIN - Il n'y a pas de militants de l'UMP dans vos forums.
SEGOLENE ROYAL - Mais tout le monde peut venir, je vous assure qu'il y a des citoyens de toutes sensibilités qui viennent là, et puis tout simplement des gens qui attendent d'écouter, de lire les programmes, pour se décider, et puis par cercles concentriques ils parlent à leurs voisins etc, il y a beaucoup beaucoup de monde, hier soir à Montluçon il y avait 2000 personnes, par exemple, pour discuter des questions, je l'ai dit tout à l'heure, de santé et d'environnement, et moi je souhaite qu'il y ait le plus de monde possible, et aujourd'hui il y a 5000 réunions à peu près dans toute la France, donc près de chez vous il y a sans doute un débat participatif qui est organisé, dans lequel il faut absolument vous rendre si vous voulez prendre la parole. Je crois que la politique ne se fait plus comme avant, que les gens ont envie vraiment de participer aux décisions qui les concernent. Il y a aussi le débat sur Internet, vous me direz tout le monde n'a pas Internet, aujourd'hui il y a quand même 12 millions de français qui sont raccordés à Internet, on peut toujours trouver un voisin, un café Internet, pour venir aussi donner son avis sur les débats participatifs que j'ai ouvert sur Internet, sur tous les sujets que j'ai structuré en quatre thèmes, la question de la vie chère et du pouvoir d'achat, les questions de qualité de vie et d'environnement, les questions d'éducation, d'emploi, de formation professionnelle, et puis toutes les questions liées également aux relations internationales, à l'Europe, parce que ça, ça nous concerne aussi directement, et donc tous les thèmes sont aujourd'hui débattus. Et pour moi, même si c'est difficile, même si je suis critiquée, même s'il y a un doute, moi je n'ai pas de doute sur cette démarche, parce que je pense...
JEAN-JACQUES BOURDIN - A aucun moment vous n'avez douté ? A aucun moment, ces dernières semaines ? En écoutant votre adversaire de droite devant 50, 60 000 personnes, en lisant les sondages, en lisant les éditorialistes des journaux, en écoutant la radio et la télé, à aucun moment vous n'avez douté ?
SEGOLENE ROYAL - Je vois bien que toutes les attaques convergent, et donc j'écoute, y compris les attaques, puisque je suis dans une posture d'écoute, et ce que j'en ai déduit c'est qu'il fallait que je donne de la visibilité à cette démarche, que je l'explique et que je la défende, et c'est ce que je suis en train de faire, je l'explique et je la défends. Et tous les citoyens qui viennent participer aux décisions, à ces discussions et donc à ces futures décisions, en ressortent tout à fait satisfaits, surpris même , surpris, parce qu'il y a plein de gens qui disent " on n'a jamais osé prendre la parole devant 1000 ou 1500 personnes, et c'est la première fois que j'ai l'occasion de parler ", avec souvent un certain courage, vous avez vu à Roubaix cette femme qui s'est levée en disant je suis une femme battue, ce soir je vais rentrer chez moi, qu'est-ce que vous allez faire pour nous ? donc les gens font preuve en plus d'énormément de courage, ils se disent que l'élection présidentielle c'est un temps politique majeur pour le pays, et une fois de plus je lance ici un appel à tous ceux qui veulent venir contribuer à ce projet présidentiel, qui n'est pas seulement... je ne suis pas seulement en posture passive d'écoute, vous l'aurez noté, j'ai déjà fait beaucoup de propositions...
JEAN-JACQUES BOURDIN - Ce matin, oui.
SEGOLENE ROYAL - Je suis en train de structurer aussi la cohérence, ma cohérence c'est de remettre de l'ordre juste.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Sur les propositions, le 11 février vous déroulez votre programme, vos propositions.
SEGOLENE ROYAL - Le 11 février je donne les grandes pistes, les grandes orientations, de ce programme.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Les grandes idées de votre programme.
SEGOLENE ROYAL - Voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Et ensuite vous détaillerez tout au long de la campagne.
SEGOLENE ROYAL - Voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Jean-Luc a une proposition à vous faire. Jean-Luc est en Charente, bonjour Jean-Luc.
JEAN-LUC - Bonjour.
SEGOLENE ROYAL - Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Vous êtes ouvrier viticole. Ségolène ROYAL est avec vous, allez-y.
JEAN-LUC - Bonjour Ségolène ROYAL.
SEGOLENE ROYAL - Bonjour.
JEAN-LUC - Ne croyez-vous pas que ce serait bien d'appliquer une méthode qui existe déjà en Belgique, dans le sens que les cautions soient placées sur un compte pour que les intérêts soient versés aux locataires et non aux propriétaires ?
JEAN-JACQUES BOURDIN - Pour les loyers.
SEGOLENE ROYAL - Oui.
JEAN-LUC - Pour les loyers.
SEGOLENE ROYAL - Vous avez tout à fait raison, c'est une très bonne idée, que les cautions soient versées sur un compte, ne soient pas encaissées, puisque c'est une garantie simplement, donc elles ne devraient pas...c'est une très bonne idée.
JEAN-JACQUES BOURDIN - C'est une mesure que vous mettriez en application ?
SEGOLENE ROYAL - La proposition que j'avais faite c'est un service public de la caution, c'est-à-dire l'Etat qui garantirait cette caution, qui ferait l'avance de cette caution aux personnes qui ne peuvent pas la payer, mais la proposition que vous faites complète cette idée de service public de la caution et c'est vrai qu'elle est souvent remontée également dans les débats, les gens sont surpris de découvrir que la caution est encaissée par le propriétaire, alors qu'en effet elle pourrait être bloquée sur un compte qui rapporterait des intérêts aux locataires, puisque c'est son argent et qui garantirait également le propriétaire qui pourrait débloquer ce compte en cas d'impayé de loyer. Merci de cette contribution, bonne idée.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Etienne, je me fais l'interprète d'Etienne, avez-vous l'intention de nous donner la TVA à 5,5 ? Il est restaurateur Etienne, dans l'Hérault.
SEGOLENE ROYAL - Ah ! vous savez que beaucoup de promesses ont été faites dans ce domaine, et n'ont pas été tenues. Moi je veux être une responsable politique qui fait vraiment les choses qui sont annoncées, et je ne veux pas chercher à gagner des voix en promettant ce que je ne peux pas faire, or on a vu que cette mesure était très difficile, qu'elle ne passait pas au niveau européen, et ma priorité sur la baisse de TVA sur toutes les productions et les consommations liées à l'environnement. Je crois que c'est dans ce domaine que nous devons faire un effort considérable parce qu'il y a là non seulement une obligation de survie, pour lutter contre le réchauffement planétaire, mais aussi qu'il y a des emplois, beaucoup d'emplois, à conquérir dans le domaine des filières éco-industrielles, et ça c'est un défi majeur que je veux absolument relever, et donc il faut baisser la TVA, sur toutes les installations énergie renouvelable pour économiser en plus les charges de chauffage, sur le véhicule propre qu'il faut absolument faire émerger dans notre pays et dans le secteur automobile, sur la façon de construire, surtout les biomatériaux, sur tous les produits de l'industrie agroalimentaire qui utilisent les produits issus de l'agriculture biologique, donc là il y a un champ d'actions considérable, et ma priorité des négociations au niveau européen sera d'obtenir une baisse de TVA dans toutes ces filières économiques.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Ségolène ROYAL, j'ai deux questions. Si vous êtes présidente de la République, si vous êtes élue, vous serez chef des armées, j'ai deux questions militaires. L'armée française va-t-elle continuer, d'abord, à dépenser 3 milliards d'euros par an pour acheter des avions RAFALE dont personne au monde ne veut ? Est-ce qu'elle doit continuer à acheter ces avions, l'armée française ? Ça coûte 3 milliards d'euros.
SEGOLENE ROYAL - Vous savez, d'abord je crois qu'on ne règle pas les questions de défense nationale de cette façon-la, je pense aussi qu'il faut être bien conscient que les dépenses militaires contribuent de façon considérable à la recherche civile, et donc moi je mettrai à plat, pour que les Français comprennent bien les enjeux à la fois de la défense, parce qu'il faut aussi que l'armée française ait les moyens d'accomplir ses missions, notamment ses missions de maintien de la paix, je ne veux pas, par des annonces, laisser penser que nous baissons la garde sur un certain nombre de sujets extrêmement sensibles, en revanche, à l'intérieur d'un budget de défense nationale qui doit globalement rester constant, on peut réorienter un certain nombre de dépenses, et notamment valoriser, comme je le disais à l'instant, je crois que c'est très important, les filières de recherche pour qu'elles aient des implications beaucoup plus fortes dans le domaine de l'industrie civile. Je pense, d'autre part, que nous pourrons faire un certain nombre d'économies éventuelles si nous mettons en place, et c'est mon souhait, une démarche de défense européenne, et c'est là où nous pourrons partager les efforts pour être à la fois plus rationnel sur le plan de la dépense et en même temps plus efficace, parce que si nous nous mettons ensemble, à plusieurs pays européens, à ce moment-là, en effet, nous pourrons sans doute resserrer un certain nombre de budgets.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Alors, on parle d'indépendance nationale, avons-nous besoin d'autant de sous-marins nucléaires lanceurs d'engins ? On en a combien, tient, à propos ?
SEGOLENE ROYAL - Je vous ferais la même réponse.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Ségolène ROYAL, on a combien de sous-marins nucléaires lanceurs d'engins aujourd'hui ?
SEGOLENE ROYAL - Nous en avons un.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Non, nous en avons sept.
SEGOLENE ROYAL - Oui, sept, bon !
JEAN-JACQUES BOURDIN - Vous feriez la même réponse sur l'indépendance nationale ?
SEGOLENE ROYAL - Oui, je ferais la même réponse sur l'indépendance nationale.
JEAN-JACQUES BOURDIN - La même réponse...
SEGOLENE ROYAL - Oui, c'est-à-dire que ces sujets défense ne doivent pas être traités de façon gadgétisée, ou de façon partiale ou partielle, et donc... moi je suis pour le maintien global, je l'ai dit, de l'effort de défense, et en même temps je crois que si nous faisons émerger une dynamique de défense européenne, nous pourrons maîtriser ces dépenses militaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Bien. J'ai Coralie qui me demandait tout à l'heure, ça sera la dernière question, qui me disait, parfois vous êtes brocardée par les Guignols et par d'autres, vous regardez ? Ça vous fait quoi ?
SEGOLENE ROYAL - J'en ai quelques échos, mais je n'ai pas le temps de les regarder.
JEAN-JACQUES BOURDIN - Vous ne regardez pas. bien, merci Ségolène ROYAL d'être venue nous voir, bon voyage aux Antilles.