Déclaration de M. Gilles de Robien, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur la pratique du sport à l'école et sa place dans le socle commun des connaissances, Marcoussis le 18 janvier 2007.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Signature d'une convention sur le développement du sport scolaire au Centre national de rugby à Marcoussis le 18 janvier 2007

Texte intégral

Gilles de Robien a signé le jeudi 18 janvier au Centre national de rugby de Marcoussis, une convention pour développer le sport scolaire. A cette occasion, il a souligné que les valeurs d'effort, de solidarité, de tolérance et de civisme sont portées par le sport :
"Voilà pourquoi j'ai voulu inscrire le sport dans le socle commun des connaissances et des compétences, qui définit le bagage que tout élève doit avoir acquis à la fin de sa scolarité obligatoire."
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Je veux commencer par remercier le Centre national de rugby et son directeur, Antoine Audi, ainsi que la Fédération française de rugby et son président Bernard Lapasset pour leur accueil chaleureux, et leur mobilisation dans l'organisation de cette journée.
Je remercie aussi tous les représentants du Rugby français, qui sont présents aujourd'hui, ceux des associations sportives, U.N.S.S. et USEP, enfin tous les jeunes qui sont ici et qui portent haut les couleurs de leur équipe. Je leur dis bravo à tous !
Si nous sommes tous réunis aujourd'hui, c'est parce que nous croyons tous à l'importance du sport pour l'éducation des enfants et des jeunes.
Car le sport est à lui seul une très belle école :
Une école de l'effort d'abord, car la pratique du sport ne pardonne pas. Il n'y a pas d'esbrouffe possible ou de poudre aux yeux : si l'on veut atteindre un bon niveau, si l'on veut progresser, alors il n'y a qu'une seule voie possible : celle de l'entraînement régulier. Et cette rigueur de l'entraînement est formatrice, elle s'applique aussi aux pratiques intellectuelles.
Le sport rappelle à chacun ce que j'ai souvent dit à propos des savoirs fondamentaux : si l'on veut maîtriser une pratique, qu'elle soit physique ou intellectuelle, il faut de l'entraînement. Lecture, écriture, grammaire, calcul, tout cela demande aussi des exercices réguliers. Et c'est donc une même rigueur qui s'impose dans un cas comme dans l'autre !
Et puis le sport est aussi une magnifique école de solidarité, de tolérance et de civisme. Le sport nous apprend qu'il y a des règles que chacun doit respecter si l'on veut que la partie continue. Et ce n'est pas sans rapport avec le respect des règles communes qui s'imposent à tous dans la vie sociale. Le sport nous apprend aussi que la solidarité est nécessaire pour aller plus loin : si chacun veut jouer « perso », il n'y a plus d'équipe, plus de stratégie commune, et on court droit à la défaite. Là encore, quelle leçon pour nos jeunes !
Enfin, le sport nous apprend la tolérance. Il nous apprend que chacun a le droit de participer, pourvu qu'il respecte les règles communes. Le sport est aussi porteur d'un idéal qui dépasse toutes les divisions entre les hommes : les barrières sociales, linguistiques, religieuses.
Rappelons-nous : bien des rapprochements entre des peuples et des pays hostiles ont commencé par une rencontre sportive.
Effort, solidarité, tolérance, civisme, toutes ces valeurs sont portées par le sport.
L'Education nationale, qui, elle aussi, met ces valeurs au coeur de son action, a depuis longtemps perçu la valeur éducative du sport.
Voilà pourquoi j'ai voulu inscrire le sport dans le socle commun des connaissances et des compétences, qui définit le bagage que tout élève doit avoir acquis à la fin de sa scolarité obligatoire.
Dans ce texte fondamental, l'éducation physique et sportive intervient en particulier dans les compétences sociales et civiques que tout élève doit acquérir.
Le texte du socle précise que l'éducation physique et sportive contribue à la connaissance et au respect des règles, au respect des autres.
L'éducation physique et sportive joue aussi un rôle-clé dans l'acquisition de deux compétences fondamentales : l'autonomie et l'initiative.
Car le sport suppose de savoir respecter des règles, mais aussi de savoir se prendre en charge pour tenter de se dépasser, ou pour tenter de dépasser son adversaire. Cela suppose une bonne connaissance de ses forces et de ses faiblesses, du risque que l'on prend, et la conviction que la chance ne sourit qu'aux audacieux.
Grâce au travail réalisé par les professeurs d'éducation physique, la pratique régulière d'un sport est aujourd'hui une réalité pour l'immense majorité des élèves.
Mais je veux souligner le rôle tout à fait essentiel que joue le sport scolaire dans les associations sportives des établissements sous l'égide de l'U.N.S.S. et de l'USEP. Grâce à elles, les jeunes qui le souhaitent peuvent s'investir davantage dans la pratique sportive, progresser, et peut-être devenir les grands champions de demain qui porteont les couleurs de la France partout dans le monde ! D'ailleurs je crois bien que Yannick Jauzion est lui-même un ancien de l'U.N.S.S., en athlétisme d'ailleurs !
Juste un chiffre, très parlant : depuis 2002, le nombre de licenciés U.N.S.S. est passé de 840 000 à plus de 900 000 ! Et sur 20 ans, l'augmentation est constante. Et on peut même parler d'une véritable explosion pour les licenciés U.N.S.S. en rugby, dont le nombre est passé de 26 000 en 1998 à plus de 43 000 en 2005.
Le sport scolaire c'est bien plus que la pratique d'un sport. C'est l'apprentissage de toutes les valeurs que j'ai mentionnées tout à l'heure. C'est l'apprentissage de la citoyenneté. J'en veux pour preuve le programme « jeunes officiels » de l'U.N.S.S.. Mais ce sont aussi des élèves qui s'engagent dans la vie associative de leur établissement en participant activement à la vie de l'association sportive.
Et puis, je veux tout particulièrement saluer les partenariats entre les associations du sport scolaire et les fédérations, tout spécialement la Fédération Française de Rugby (F.F.R.).
En votre nom à tous, je voudrais remercier la Fédération Française de Rugby pour son travail mené aux côtés des associations de sport scolaire. Je pense en particulier aux opérations Scolarugby et Planète ovale.
Je rappelle que Planète ovale, c'est plus de 3 000 enseignants d'EPS formés, près de 340 000 élèves engagés en 2005/2006. Quant à l'opération Scolarugby organisée par l'USEP, elle touche chaque année des dizaines de milliers d'élèves de l'enseignement primaire. La Fédération Française de Rugby et le Comité d'Organisation de la Coupe du Monde 2007 représenté aujourd'hui par Monsieur Thobois mettent 10 202 places dans la corbeille pour que des jeunes de l'USEP et de l'U.N.S.S. puissent assister aux matchs de la coupe du monde 2007 ! S'y ajoutent d'ailleurs 700 places pour la Fédération du Sport Universitaire. Encore une fois, merci !
Au-delà des chiffres, il y a l'engagement des femmes et des hommes sans qui rien ne serait possible. Et quand ils sont aussi des champions, eh bien la mobilisation n'en est que plus forte !
Justement, l'Education nationale peut se réjouir du soutien que lui apportent aujourd'hui deux grands champions, Yannick Jauzion et Dimitri Yachvili, tous deux joueurs en équipe de France. Ils ont accepté d'être les ambassadeurs du rugby à l'Education nationale pour mieux faire connaître leur sport mais aussi pour apporter leur soutien au sport scolaire. Je voudrais en votre nom leur dire un grand merci, et leur dire aussi combien nous sommes heureux de leur engagement à nos côtés.
Je crois que nous pouvons les applaudir !
Aujourd'hui, seul Yannick a pu être parmi nous car Dimitri est parti pour l'Angleterre où son club joue contre Northampton en Coupe d'Europe : on lui souhaite bonne chance !
Vous le voyez, les liens entre l'Education nationale et le monde du sport sont nombreux, grâce aux associations du sport scolaire, grâce à l'engagement des fédérations, et à l'implication personnelle de sportifs.
J'en profite du reste pour remercier la Fédération Française de Rugby et son Président pour son engagement à nos côtés pour le plan « 1000 emplois STAPS ». 230 postes ont été créés au sein de la F.F.R. pour de jeunes diplômés STAPS.
Mais je suis convaincu qu'ensemble nous pouvons aller plus loin encore. Voilà pourquoi je voudrais pour finir vous dire un mot des mesures que je prends pour dynamiser le sport scolaire notamment dans le secondaire.
Dans la plupart des collèges et des lycées, l'association sportive est dynamique.
Mais dans d'autres établissements, et plus particulièrement en lycées professionnels, les associations sportives ont trop peu de licenciés et ne se développent pas assez.
Questions d'horaire, de nombre d'heures de cours, soucis de transport, concurrence des clubs extérieurs : tous ces facteurs peuvent freiner le développement du sport scolaire.
Je note d'ailleurs, et je le déplore, que la pratique sportive des filles n'est pas encore à la hauteur de nos espérances. Nous avons du travail pour leur proposer une offre attractive ! Pour progresser, nous devons, je crois, agir dans deux directions.
D'abord, en développant les projets sportifs dans les collèges et lycées.
Comme vous le savez, chaque établissement scolaire du second degré possède un projet d'établissement, qui définit les grands axes de sa politique éducative.
Je souhaite qu'un projet de développement de l'association sportive soit désormais inscrit dans le projet des établissements où l'activité sportive associative est faible.
Ce projet sportif sera validé par l'assemblée générale de l'association sportive, le conseil d'administration de l'établissement et l'Inspecteur pédagogique régional chargé de l'Education Physique et Sportive.
Il devra définir une politique cohérente de développement du sport scolaire sur trois ans, avec une offre sportive adaptée au public, et des objectifs chiffrés en nombre de licenciés.
Les moyens horaires seront alors alloués pour permettre à l'équipe des professeurs d'atteindre les objectifs fixés.
Le projet sportif, c'est donc le premier levier dont nous disposons.
Mais pour développer le sport scolaire, il faut aussi introduire plus de souplesse dans le système. C'est le second grand axe d'action.
Souplesse d'abord dans les inscriptions. Pourquoi un élève devrait-il obligatoirement s'inscrire dans l'association sportive de son seul collège ou lycée ? Pourquoi ne pourrait-il pas s'inscrire dans le lycée d'à côté, s'il y trouve une offre sportive qui lui convient ? Nous devons rendre cela possible.
De même un enseignant motivé dont l'association sportive d'établissement n'est pas assez développée doit pouvoir facilement demander à participer aux activités d'une autre association sportive proche qui aurait besoin d'un peu plus d'encadrement.
Pour cela, il faut que les associations sportives scolaires s'organisent en bassin, ou en district.
Il faut pour cela penser « plus large » la carte des activités sportives possibles, pour faire en sorte de faciliter les ponts entre les établissements, les partenariats, les échanges de professeurs et d'élèves au sein d'un même bassin.
Autre souplesse pour l'organisation du sport scolaire : les plages horaires.
Il n'est pas toujours possible d'organiser des activités sportives le mercredi après midi : beaucoup de lycées programment des cours le mercredi après midi. Il faut donc (et c'est déjà ce que pratiquent de nombreux lycées) ne pas hésiter à développer des activités pendant la pause de midi.
Mais on peut aussi penser à proposer des activités de sport scolaire le soir lorsqu'il y a un internat dans l'établissement, ou le samedi matin si les horaires de l'établissement le permettent et si les installations sportives sont accessibles.
Je souhaite que l'U.N.S.S. adapte ses statuts et son organisation pour que cette nécessaire souplesse soit possible, et nous permette de revitaliser la pratique sportive dans le secondaire.
Développement des projets sportifs dans le cadre des projets d'établissement, plus grande souplesse dans l'organisation du sport scolaire : voilà les deux grands leviers grâce auxquels nous pouvons donner une nouvelle impulsion au sport scolaire.
Je voudrais ajouter un point important : veillons à n'exclure aucun élève des pratiques sportives. Et là je pense en particulier aux élèves handicapés. Car pour eux, pouvoir pratiquer un sport, et éventuellement à un haut niveau, c'est souvent beaucoup plus qu'un simple loisir. C'est une vraie revanche sur le destin. Et aussi un magnifique témoignage d'espoir dans la capacité de l'homme à vaincre la fatalité.
J'ai déjà demandé dans d'autres circonstances que l'Ecole, conformément à la loi sur le handicap, mette tout en oeuvre pour accueillir dans les meilleures conditions le maximum d'enfants handicapés.
Je souhaite que cet effort de l'Education nationale porte aussi sur l'accès des jeunes handicapés aux activités sportives. Qu'un jeune enfant en fauteuil puisse matériellement franchir le seuil de l'école, c'est bien sûr indispensable. Mais s'il doit rester sur le côté pendant que ses camarades jouent au basket, vous comprenez que cette situation peut créer bien des souffrances.
Voilà pourquoi je demande à l'U.N.S.S. de se mobiliser, pour trouver les moyens de permettre à ces enfants de bénéficier eux aussi de la très belle ouverture que constitue le sport scolaire.
Pour accompagner cet effort, je veux aussi donner des moyens supplémentaires au principal acteur du développement.
30 détachements supplémentaires seront donc accordés à l'U.N.S.S. pour lui permettre d'intensifier son action.
Enfin, je souhaite mieux valoriser les efforts de celles et ceux qui s'engagent. Les enseignants qui s'engagent auprès de l'U.N.S.S. ou dans leurs associations sportives doivent pouvoir être accompagnés et valorisés par les corps d'inspection. Pour cela, je veux multiplier les inspections des activités de sport scolaire.
Les chefs d'établissement qui s'investissent pour que l'association sportive de leur établissement se développe doivent être encouragés par leur hiérarchie.
Enfin, les élèves qui s'engagent dans le sport scolaire, qui portent haut les couleurs de leur association sportive, qui s'investissent dans les instances de celle-ci, doivent se voir reconnus et valorisés.
Cet élément doit être pris en compte par exemple dans la note de vie scolaire, qui concerne tous les collégiens.
Mesdames et Messieurs,
Cette année sera encore une belle année pour le sport français, avec la coupe du monde de rugby qui sera organisée sur notre sol.
C'est pour nous une magnifique occasion de montrer, une fois de plus, que la France est un grand pays du sport. Un pays qui s'enthousiasme pour les exploits de ses champions, un pays qui aime le beau jeu autant que la victoire.
Oui, une magnifique occasion de montrer que dans nos écoles, dans nos collèges, dans nos lycées, le sport passionne les jeunes, les fait vibrer, et les rend meilleurs.
C'est ce que disait bien le baron Pierre de Coubertin : « Le sport va chercher la peur pour la dominer, la fatigue pour en triompher, la difficulté pour la vaincre ».
Je souhaite que 2007 soit une très belle année pour le sport français, sur tous les stades, et à l'Ecole !
Je vous remercie.Source http://www.education.gouv.fr, le 23 janvier 2007