Texte intégral
Q - A l'heure de l'élargissement à 27 et dans le contexte de la mondialisation, quelle doit être l'ambition de l'Union européenne ? La ministre française déléguée aux Affaires européennes, Catherine Colonna, appelle à un nouvel élan politique.
Que doit faire la France aujourd'hui pour l'Europe ?
R - D'abord, des choses concrètes. Ce que les citoyens attendent, ce sont des résultats dans leurs principaux domaines de préoccupation. Quels sont-ils ? C'est l'emploi, la croissance, la sécurité. L'Europe s'efforce de répondre à ces enjeux : elle a développé de nouveaux projets, augmenté les budgets pour la recherche, et, en matière d'éducation, elle a doublé les bourses pour les étudiants. Elle fait donc des choses, mais je crois qu'il faudra un sursaut, une volonté politique plus grande qu'aujourd'hui, et puis, en réalité, une mutation du projet européen. Nous devons "allumer les moteurs" et y aller résolument ! L'Europe est un formidable réservoir de croissance dans la mondialisation. L'Union doit maintenant se placer à l'avant-garde de la mondialisation à venir.
Q - Comment est-ce possible dans un contexte où chaque pays veut défendre son intérêt national ?
R - C'est l'intérêt collectif européen qui doit primer. Je veux le dire clairement : aujourd'hui, seule l'Europe est en mesure de répondre à notre désir de concilier nos valeurs et notre désir d'action sociale et économique. Ni le marché à l'état pur, ni les Etats isolés ne seront en mesure de réaliser cette synthèse. Cette ambition d'avenir, faire de l'Europe "l'acteur global" qui nous redonne fierté et courage, qui nous aide et qui nous porte, c'est aux Etats membres de l'Union de l'incarner.
Je crois que l'Europe doit s'occuper moins des petites choses et davantage des grandes, comme des migrations en provenance des pays du Sud, de mettre sur pied une véritable coordination des politiques économiques, ou encore de lancer une authentique politique européenne de l'énergie, cruciale pour notre indépendance. Pour tout cela, il faut être capable de s'entraider entre Européens de façon organisée, coordonnée. Pour gagner et réussir la mondialisation, l'Europe doit davantage jouer en équipe.
Q - Un an et demi après le non au référendum français du 29 mai 2005 sur le projet de traité constitutionnel européen, l'Europe a-t-elle les moyens institutionnels de relever le défi de la mondialisation ?
R - Je crois que l'Europe ne va pas si mal : elle n'est pas en crise ouverte, elle fonctionne. Elle a des institutions, des politiques communes, un budget. C'est la grandeur de l'Europe d'avoir su bâtir une vraie démocratie européenne : il y a la Commission, qui est l'expression de l'intérêt général européen, le Conseil, qui représente les gouvernements de 27 Etats, et le Parlement, qui représente les citoyens. L'Europe est vraiment démocratique, elle doit être plus efficace. Le processus de décision, par exemple, est trop long. Il faut souvent plusieurs années pour adopter un texte.
Aujourd'hui, le monde change vite, la croissance internationale est de 5 %. À nous d'en exploiter toutes les opportunités grâce à l'Europe. Face aux pays émergents, au changement climatique, aux mouvements de population, les défis à relever sont nombreux et nouveaux. L'Europe est la meilleure réponse, mais nous devons aller plus vite.
Q - Cinquante ans après la signature du traité de Rome, quels doivent être, selon vous, les nouveaux objectifs de la construction européenne ?
R - L'Europe continue de préparer l'avenir. Seulement, elle ne doit jamais perdre de vue quel doit être son niveau d'ambition. Maintenant que la paix et la démocratie sont ancrées sur tout le continent européen, il faut se donner un nouveau projet, une nouvelle ambition : l'Europe est, d'ores et déjà, un grand acteur de la mondialisation ; elle doit devenir un acteur "global", présent non seulement sur les questions commerciales, comme à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), mais dans tous les domaines à dimension mondiale, de l'énergie à la défense en passant par l'environnement.
Q - Exergue : "La construction européenne est le seul exemple de réelle solidarité entre Etats indépendants"
Donc, aujourd'hui, le projet européen, selon moi, est simple et évident : l'Europe, troisième ensemble de la planète avec près de 490 millions d'habitants depuis le 1er janvier 2007, doit être une puissance dans la mondialisation, un cadre pour notre développement économique et social, enfin une ambition qui, à la fois, nous porte et nous protège. Voilà l'objectif. On sait comment faire, il faut s'en donner les moyens : tout commence par la volonté politique !
La construction européenne est un modèle, c'est le plus beau projet politique de ce début de siècle, le seul exemple de réelle solidarité entre États indépendants, mais elle doit s'adapter aux mutations du monde. Nous devons aujourd'hui montrer aux citoyens que l'Europe possède une capacité de réaction rapide face aux défis économiques et sociaux de ce début de XXIème siècle.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 février 2007
Que doit faire la France aujourd'hui pour l'Europe ?
R - D'abord, des choses concrètes. Ce que les citoyens attendent, ce sont des résultats dans leurs principaux domaines de préoccupation. Quels sont-ils ? C'est l'emploi, la croissance, la sécurité. L'Europe s'efforce de répondre à ces enjeux : elle a développé de nouveaux projets, augmenté les budgets pour la recherche, et, en matière d'éducation, elle a doublé les bourses pour les étudiants. Elle fait donc des choses, mais je crois qu'il faudra un sursaut, une volonté politique plus grande qu'aujourd'hui, et puis, en réalité, une mutation du projet européen. Nous devons "allumer les moteurs" et y aller résolument ! L'Europe est un formidable réservoir de croissance dans la mondialisation. L'Union doit maintenant se placer à l'avant-garde de la mondialisation à venir.
Q - Comment est-ce possible dans un contexte où chaque pays veut défendre son intérêt national ?
R - C'est l'intérêt collectif européen qui doit primer. Je veux le dire clairement : aujourd'hui, seule l'Europe est en mesure de répondre à notre désir de concilier nos valeurs et notre désir d'action sociale et économique. Ni le marché à l'état pur, ni les Etats isolés ne seront en mesure de réaliser cette synthèse. Cette ambition d'avenir, faire de l'Europe "l'acteur global" qui nous redonne fierté et courage, qui nous aide et qui nous porte, c'est aux Etats membres de l'Union de l'incarner.
Je crois que l'Europe doit s'occuper moins des petites choses et davantage des grandes, comme des migrations en provenance des pays du Sud, de mettre sur pied une véritable coordination des politiques économiques, ou encore de lancer une authentique politique européenne de l'énergie, cruciale pour notre indépendance. Pour tout cela, il faut être capable de s'entraider entre Européens de façon organisée, coordonnée. Pour gagner et réussir la mondialisation, l'Europe doit davantage jouer en équipe.
Q - Un an et demi après le non au référendum français du 29 mai 2005 sur le projet de traité constitutionnel européen, l'Europe a-t-elle les moyens institutionnels de relever le défi de la mondialisation ?
R - Je crois que l'Europe ne va pas si mal : elle n'est pas en crise ouverte, elle fonctionne. Elle a des institutions, des politiques communes, un budget. C'est la grandeur de l'Europe d'avoir su bâtir une vraie démocratie européenne : il y a la Commission, qui est l'expression de l'intérêt général européen, le Conseil, qui représente les gouvernements de 27 Etats, et le Parlement, qui représente les citoyens. L'Europe est vraiment démocratique, elle doit être plus efficace. Le processus de décision, par exemple, est trop long. Il faut souvent plusieurs années pour adopter un texte.
Aujourd'hui, le monde change vite, la croissance internationale est de 5 %. À nous d'en exploiter toutes les opportunités grâce à l'Europe. Face aux pays émergents, au changement climatique, aux mouvements de population, les défis à relever sont nombreux et nouveaux. L'Europe est la meilleure réponse, mais nous devons aller plus vite.
Q - Cinquante ans après la signature du traité de Rome, quels doivent être, selon vous, les nouveaux objectifs de la construction européenne ?
R - L'Europe continue de préparer l'avenir. Seulement, elle ne doit jamais perdre de vue quel doit être son niveau d'ambition. Maintenant que la paix et la démocratie sont ancrées sur tout le continent européen, il faut se donner un nouveau projet, une nouvelle ambition : l'Europe est, d'ores et déjà, un grand acteur de la mondialisation ; elle doit devenir un acteur "global", présent non seulement sur les questions commerciales, comme à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), mais dans tous les domaines à dimension mondiale, de l'énergie à la défense en passant par l'environnement.
Q - Exergue : "La construction européenne est le seul exemple de réelle solidarité entre Etats indépendants"
Donc, aujourd'hui, le projet européen, selon moi, est simple et évident : l'Europe, troisième ensemble de la planète avec près de 490 millions d'habitants depuis le 1er janvier 2007, doit être une puissance dans la mondialisation, un cadre pour notre développement économique et social, enfin une ambition qui, à la fois, nous porte et nous protège. Voilà l'objectif. On sait comment faire, il faut s'en donner les moyens : tout commence par la volonté politique !
La construction européenne est un modèle, c'est le plus beau projet politique de ce début de siècle, le seul exemple de réelle solidarité entre États indépendants, mais elle doit s'adapter aux mutations du monde. Nous devons aujourd'hui montrer aux citoyens que l'Europe possède une capacité de réaction rapide face aux défis économiques et sociaux de ce début de XXIème siècle.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 février 2007