Déclaration de M. Dominique de Villepin, premier ministre, sur les relations entre la France et l'Azerbaïdjan, le développement du partenariat entre les deux pays et sur la situation dans le Haut-Karabakh, Paris le 30 janvier 2007.

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Circonstance : Visite de M. Ilham Alyev, président de la République d'Azerbaïjan, à Paris les 29 et 30 janvier

Texte intégral

Monsieur le président, Madame,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Messieurs les parlementaires,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
C'est un honneur pour moi de vous accueillir ici, Monsieur le président, à Matignon, à l'occasion de votre visite d'Etat en France à l'invitation du président de la République.
Cette visite n'est pas seulement une rencontre de plus. C'est le symbole d'un vrai partenariat, d'une relation unique entre nos deux pays.
1. Cette relation faite d'estime et d'amitié, elle est l'héritière d'une longue et riche histoire, nourrie par une fascination réciproque. Je pense en particulier aux pages qu'Alexandre Dumas consacre à Bakou, dans son « Voyage au Caucase ». Comme le voyageur d'aujourd'hui, il fut alors fasciné par cette terre ancrée dans des traditions millénaires et en même temps ouverte sur le monde. Aujourd'hui l'aspiration à la modernité est partout présente dans votre pays. Elle anime votre société tout entière et s'incarne à travers la transformation fulgurante de vos villes et de vos infrastructures. Ces changements traduisent un record que de nombreux pays peuvent vous envier : la plus forte croissance mondiale.
Cette réussite, Monsieur le président, n'est pas le fruit du hasard. Elle est la conséquence de la politique que vous menez avec détermination dans la fidélité à celle de votre père, le président Heydar Aliev. Je pense en particulier à deux grands chantiers qu'il avait lancés et qui font aujourd'hui de votre pays un carrefour incontournable, l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan et le gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzurum.
2. Aujourd'hui, la France veut accompagner votre développement et renforcer toujours plus son partenariat avec vous.
Vous avez la lourde tâche, Monsieur le président, dans un environnement régional complexe, de faire fructifier cet héritage et d'en assurer la pérennité, en diversifiant votre économie.
Je pense à l'énergie, à l'environnement, aux transports terrestres et aériens, à l'agro-alimentaire, aux travaux publics. Dans chacun de ces secteurs, la France a des champions dont l'excellence est reconnue à travers le monde - Veolia, Airbus, Vinci, Lafarge, Total. Ces entreprises ont manifesté leur intérêt à travailler dans votre pays et vous avez déjà rencontré, je crois, beaucoup de leurs dirigeants.
La France est à vos côtés pour relever ce défi, celui de la modernité, celui des réformes démocratiques, celui du choix stratégique du rapprochement avec l'Union européenne.
Aujourd'hui, nous avons assisté à la signature d'un certain nombre d'accords et de contrats, dans des domaines aussi importants que la sécurité civile, l'aéronautique, la coopération scientifique, le tourisme ou la place de la femme et de l'enfant dans la société. Ils traduisent la volonté de nos deux pays de travailler encore plus étroitement ensemble.
3. Cette ambition commune, elle se fonde sur une culture et des valeurs que nous partageons.
Car une relation bilatérale ne se nourrit pas des seuls accords politiques et commerciaux. Elle nécessite aussi, pour que les peuples se connaissent et s'estiment, un vrai dialogue des cultures.
George Sand s'est intéressée à la littérature azerbaïdjanaise, vos écrivains Banine ou Akhundov sont venus à notre rencontre, la culture française a toujours habité les lettres de votre pays. Les très belles mélopées du mugham envoûtent régulièrement le public des salles parisiennes. Une des plus prestigieuses collections littéraires françaises - la Pléïade - a été fondée par Jacques Schiffrin, né à Bakou, tout comme Mstislav Rostropovitch, qui y revient souvent pour diriger avec brio votre orchestre philharmonique.
Ces quelques noms montrent à quel point l'Azerbaïdjan est un carrefour des civilisations, une synthèse harmonieuse et réussie de la culture européenne et d'influences orientales multiples.
Permettez moi, Monsieur le président, de rendre aujourd'hui hommage au bel exemple de tolérance religieuse que donne l'Azerbaïdjan, à la laïcité, principe constitutionnel que vous avez mis en oeuvre avec succès, à votre volonté d'assurer à la femme toute sa place dans la société azerbaïdjanaise.
Monsieur le président, la France croit en l'Azerbaïdjan, en sa capacité à constituer un pôle majeur de développement au Caucase, en sa vocation de pont entre les cultures et les civilisations.
Ces perspectives requièrent bien sûr la stabilité, la paix et la démocratie. Je suis convaincu que l'Azerbaïdjan a les moyens et l'ambition de remplir ces conditions.
La France, comme l'Union européenne, avec laquelle votre pays vient de conclure un plan d'action, sont prêtes à vous y aider. Vous le savez, notre pays ne ménage pas ses efforts, en tant que co-président du Groupe de Minsk, en faveur d'une solution pacifique à la question du Haut-Karabagh.
Monsieur le président,
Cette relation d'estime et de respect mutuel, ce dialogue entre nos deux sociétés, entre nos deux cultures, ils sont une force pour nos deux pays. Dans un monde confronté à la tentation du repli sur soi, ils sont un exemple que nous pouvons porter ensemble.
Permettez-moi donc de lever mon verre en votre honneur, Madame, en votre honneur, Monsieur le président, et en celui du peuple azerbaïdjanais.
Vive l'Azerbaïdjan ! Vive la France ! Vive l'amitié franco-azerbaïdjanaise !Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 1er février 2007