Texte intégral
Monsieur lAmbassadeur,
Madame,
Mesdames et Messieurs,
Chers Compatriotes,
Je voudrais dabord vous dire le plaisir que mon épouse et moi-même avons à nous trouver parmi vous en cette résidence de France et je voudrais dire a toutes celles et à tous ceux qui ont répondu à linvitation de Mme Villemur et de M. lAmbassadeur, combien je suis sensible a leur présence.
Jai pris lhabitude - il était normal quil en fût ainsi - de rencontrer dans chacun de mes déplacements, chaque fois que mon agenda le permet, la communauté française, - ces communautés françaises qui constituent les filaments vivants dun immense réseau que la France tisse patiemment et inlassablement dans le monde.
Ce réseau dont vous constituez les composantes, joue un rôle irremplaçable pour le rayonnement de notre pays, pour transmettre son message faire connaître son génie, être parfois, je lespère aussi, le témoignage de sa générosité.
Cest aussi un relais indispensable pour la promotion et le développement de notre commerce extérieur, dont les succès, vous le savez, tirent notre croissance économique et donc lemploi des Français. Je nai pas besoin dinsister sur limportance que lemploi revêt dans laction gouvernementale et même sil est vrai que la fin 1998 a permis denregistrer de bons résultats - les journaux titraient ce matin en France que nous sommes passés sous la barre des 2 900 000 demandeurs demplois, soit le niveau de 1993, cest une bonne nouvelle mais ce nest pas suffisant - je voudrais vous remercier du rôle que vous jouez dans la bataille de lemploi.
On me dit, et je men félicite, que la communauté française du Venezuela est en pleine croissance et approche 5000 personnes immatriculées grâce notamment au développement des projets de nos compagnies pétrolières dont le volume des investissements témoigne de notre confiance en lavenir à long terme de ce pays, au delà dune conjoncture économique défavorable.
Laccroissement et le dynamisme de cette communauté ne doivent pas nous faire oublier ceux qui, en son sein, ont le plus besoin de notre attention. La protection sociale de nos compatriotes à létranger constitue lune des préoccupations du gouvernement. A cet égard, je crois que les voeux maintes fois exprimés par le CSFE - et je salue ici les membres présents de cette grande institution - ont été entendus puisquavec 10 % daugmentation nette de nos crédits daide sociale à létranger pour la prochaine année, nous allons pouvoir mieux répondre aux situations difficiles, qui existent au Venezuela comme ailleurs.
La scolarisation des enfants de nos compatriotes constitue une autre priorité. Le gouvernement est conscient des préoccupations de nos communautés expatriées dans ce domaine, et a décidé daccroître de 20 millions de francs lenveloppe des bourses scolaires ainsi portée à 217 MF, ce qui permettra, je lespère, de soulager leffort de nombreuses familles françaises pour qui la scolarisation de leurs enfants dans le réseau AEFE représente souvent un véritable sacrifice financier. Et je sais trop les situations douloureuses que nous rencontrons ici ou là.
Comme vous le savez, je suis venu ici pour représenter le chef de lEtat et le gouvernement français aux cérémonies dinvestiture du président Chavez. Jai déjà eu loccasion de le rencontrer à loccasion de la visite quil a effectuée en France, voici un peu plus de deux semaines et au cours de laquelle il sest entretenu avec les plus hautes instances de la République. Cest un homme jeune, déterminé, volontaire : il peut sappuyer sur un authentique soutien populaire. Les conditions dans lesquelles il a gagné ces élections ont dailleurs impressionné en France aussi. Il attend beaucoup de la France, en laquelle il voit un modèle institutionnel et politique mais aussi un partenaire privilégié en Europe.
Cette visite a été, je crois, un incontestable succès et les contacts du chef de lEtat élu avec le président de la République comme avec le Premier ministre ont été très positifs. Pour avoir assisté notamment à lentretien avec Lionel Jospin, je peux en témoigner. Il y a eu, comme diraient les bridgeurs, un « fit incontestable entre les deux hommes. Ses qualités humaines, ses références au modèle français, y sont bien sûr pour quelque chose. Nous ne pouvons pas non plus oublier le message dont il est porteur, contre linjustice et contre les inégalités, son aspiration, enfin, qui nous est commune, à un monde authentiquement multipolaire, et cest une préoccupation à laquelle il est particulièrement attentif, - il y a beaucoup insisté au cours de son séjour en France.
Les changements politiques importants, tous les changements, sont toujours source dinterrogations, parfois dinquiétude. Je sais que beaucoup dentre vous qui ont adopté le Venezuela comme seconde patrie, sont préoccupés par les incertitudes des mois à venir. Partenaire et amie du Venezuela depuis toujours, voisine finalement pas si lointaine de ce pays dans les Caraïbes, la France a intérêt à ce que la transition décidée par une impressionnante majorité lors des élections du 6 décembre dernier, réussisse, pour le plus grand profit de la démocratie, de la paix sociale et de la prospérité. Nous sommes donc naturellement disposés à aider le nouveau président dans la mesure où ses attentes rejoignent nos moyens, et afin de faire bénéficier le Venezuela de notre expérience et de notre expertise dans les domaines où celle-ci est souhaitée et souhaitable.
Cest dans cet esprit quà lissue des entretiens de M. Chavez avec le président de la République et le Premier ministre, nous lui avons proposé denvoyer un certain nombre de missions au Venezuela. La première est déjà sur place, elle restera environ trois semaines. Elle est composée dun groupe dexperts financiers de haut niveau qui sont parmi nous et que jai eu loccasion de rencontrer assez longtemps hier soir. Sa tâche est dassister la nouvelle équipe dans lévaluation de la situation et lélaboration de son programme économique et financier, une tâche tout a fait considérable. Je men suis entretenu encore il y a quelques instants avec le ministre du Plan, M. Giordani. Un spécialiste en questions constitutionnelles viendra ultérieurement faire bénéficier de son expérience les artisans de la future constitution, qui font dailleurs de fréquentes références à nos propres institutions mais aussi au système juridique français. Ces missions permettront peut-être également didentifier des secteurs de coopération que nous pourrions développer avec nos partenaires.
Notre objectif et notre ambition sont de renforcer les relations anciennes et amicales qui lient nos deux pays. La coopération culturelle et technique constitue à cet égard un outil irremplaçable et je crois que les entreprises françaises en sont bien conscientes. Le succès du « Festival Orénoque », mené lan dernier grâce à un partenariat de lAmbassade et de plusieurs entreprises, est là pour en témoigner. Jai eu la chance. il y a quelques instants dailleurs, de visiter la magnifique exposition qui a été réalisée au travers de ce partenariat.
Cest votre responsabilité - et elle est dimportance - que de développer nos relations économiques et culturelles avec ce pays. Je veux saluer à cette occasion lactivité des entreprises qui participent à lexpansion de notre commerce extérieur et à lemploi en France ; je pense par exemple au consortium FRAMECA, qui a développé ce superbe outil et cette très belle « vitrine » de notre technologie que constitue le métro de Caracas. La récente conclusion des accords pour la construction de la ligne 4 et la modernisation à mi-vie, comme on dit, du matériel, témoigne du succès de ce partenariat et de la confiance de nos interlocuteurs vénézuéliens en notre technologie et en nos entreprises. Je pense bien sûr aussi aux groupes pétroliers et parapétroliers qui réalisent dimportants investissements et dont la présence et laction sont fondamentaux. Mais je pense aussi à toutes ces entreprises de taille parfois plus modeste, qui jouent elles aussi un rôle déterminant pour asseoir notre présence et notre influence.
La puissance politique joue également son rôle à cet égard et je voudrais vous dire quelques mots de la réforme qui vient dentrer en vigueur et qui concerne ladaptation de notre dispositif extérieur culturel, scientifique et technique à un contexte nouveau. Cette réforme consiste essentiellement à intégrer les services de lancien ministère de la Coopération au sein dun grand ministère des Affaires étrangères. Imaginée et attendue depuis longtemps, tentée, avortée parfois, cette adaptation de notre outil diplomatique avait sans cesse été repoussée parce quelle bousculait de nombreuses habitudes.
Ce grand pôle diplomatique unique doit nous permettre de faire face aux différentes dimensions de la mondialisation. Il est clair, en effet, que les problèmes qui se posent désormais à lAfrique, continent qui constituait historiquement le principal bénéficiaire de notre effort de coopération, ne peuvent plus être traités indépendamment de ceux qui se posent dans les autres régions du monde. Nos relations avec les pays africains ne peuvent être définies indépendamment de nos relations avec nos autres partenaires. Il ny a plus de « champ » ni de « hors champ » pour reprendre le vocabulaire traditionnel, dans un monde où la finance, léconomie, la technologie, les médias, le savoir sûrement, la culture en partie, se globalisent.
Mais le fait que les pays ne puissent pas être traités séparément ne signifie pas quils soient justiciables dun traitement indifférencié. Cest là quintervient le concept de « zone de solidarité prioritaire » dont feront partie les pays avec lesquels la France entretient, pour des raisons historiques, souvent parce quils sont francophones, - bien que ce ne soit pas une condition -, des liens particuliers de fidélité et de solidarité. Cette zone qui sera évolutive (certains pays pourront en sortir, dautres y entrer) est également un concept politique qui comportera des conséquences au niveau de laide et des instruments. Une réunion interministérielle jeudi dernier était consacrée à cette question de la zone, des outils de la coopération, à linstallation aussi dun Haut-conseil, qui a lambition de mieux impliquer la société civiles, les entreprises, les associations, les collectivités locales dans cette coopération internationale. Je voudrais dire un mot des coopérations locales : le vocable de coopération décentralisée se développe, des relations directes entre villes, entre départements français, entre régions françaises et des homologues étrangers se développent. Cest une relation très féconde, je peux lobserver sur le terrain et jaimerais bien, nous le verrons à mon retour, ce quil est possible de faire, que dautres collectivités françaises sinvestissent davantage dans une relation directe avec le Venezuela. Si, de votre côté, vous avez la possibilité de militer pour ces relations là, davance je vous en remercie.
Quelques mots sur la Francophonie : elle comporte une dimension importante de coopération mais elle a aussi une dimension politique. Le Venezuela, je suis prêt à en convenir, ne constitue pas un bastion de la Francophonie, mais il ne sagit pas non plus, à proprement parler, dune terre de mission pour la Francophonie. Nourries aux mêmes sources de la latinité, la France et le Venezuela ne sont pas des étrangers lun pour lautre, lun à lautre. Notre langue et notre culture connaissent ici un terreau favorable, la France a joué un rôle considérable dans la formation des élites politiques, scientifiques, culturelles de ce pays et demeure une référence pour beaucoup.
Nous bénéficions, bien sûr, de la présence et du dynamisme de communautés provenant de pays francophones, je pense, par exemple, à limmigration originaire du Maroc et aussi du Liban. Les échanges ne seraient bien sûr pas aussi fructueux sils ne bénéficiaient en amont de laction du lycée français de Caracas. Jeus la chance, ce matin, de le visiter et je ne vous cache pas avoir éprouvé un sentiment de fierté en constatant limportance mais aussi la qualité de cet établissement. Je voudrais là remercier publiquement ceux qui le dirigent, je pense à son proviseur mais je pense aussi à ceux qui laniment, quil sagisse de son président, quil sagisse aussi de la présidente des parents délèves. Il y a aussi les activités de lAlliance française qui ont formé avec succès plusieurs générations de jeunes Français et de jeunes Vénézuéliens, mais je pense aussi aux personnes provenant dautres horizons, ainsi que, en aval, à la présence de lAssociation francophone qui, au-delà des difficultés financières propres à toute association de ce genre, témoigne de lattachement à notre langue et à notre culture. Il sagit là dun axe essentiel de notre action extérieure, tout comme est irremplaçable laffirmation dune présence audiovisuelle - télévision, radio, cinéma - forte au Venezuela comme dailleurs en Amérique latine.
Loin dêtre obsolète, le combat de la Francophonie est celui de la modernité dans la mesure où il participe du combat de la diversité contre luniformité, de la richesse des cultures contre lenfermement dans des références uniques et réductrices. Cest celui du monde multipolaire qui sera notre maison de demain. Je voudrais dire limportance que revêtira demain le lien entre Francophonie et parcours professionnel pour un jeune. Je nai pas besoin de souligner ici le rôle moteur que jouent les entreprises françaises pour la Francophonie dès lors quelles offrent à une population jeune un emploi. En connaissant le français au Venezuela, on a plus de chance de travailler pour une entreprise française.
Mesdames et Messieurs, en politique extérieure comme dans dautres domaines, nous faisons les choix nécessaires pour conserver notre place et faire entendre notre voix. Lintroduction de leuro dans onze pays de lUnion européenne témoigne de la jeunesse, de louverture et des capacités dadaptation de notre pays. Il sait encore étonner le monde là où on ne lattend pas, se montrer uni quand on le croit divisé, faire preuve de dynamisme et despoir, et montrer en tout cas quil est capable de surmonter ses propres difficultés.
Les Français de létranger ont un rôle fondamental à jouer, pour donner limage dune France moderne et battante, dune France qui souvre sur lextérieur et je voudrai me féliciter et féliciter notre ambassadeur, M. Villemur, de la suppression toute récente de lobligation de visa de court séjour pour les Vénézuéliens se rendant en France. Elle prendra effet dans trois semaines. Cest une autre preuve de notre confiance dans lavenir du Venezuela.
Notre présence, notre partenariat avec le Venezuela constituent une oeuvre de longue haleine :
le métro, né il y a plus de vingt ans, a encore de grandes perspectives devant lui avec la construction de nouvelles lignes, les investissements de TOTAL dans le cadre du consortium SINCOR sont des investissements pour une durée de trente-cinq ans. Nos relations sont faites pour durer. Nous savons que nous pouvons compter sur vous, mais vous savez également que vous pouvez compter sur nous et sur notre ambassade pour vous fournir lappui nécessaire.
La France, en tout cas, souhaite renforcer sa présence dans lensemble de lAmérique latine. Cest le message de la récente visite du président de la République au Mexique et en Amérique centrale après celles quil a effectuées dans les pays du Mercosur et en Bolivie. Cest le sens de la visite que le ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine, fera, au printemps, au Brésil et dans dautres pays du cône sud. Cest aussi le sens de la proposition française de la tenue dun grand Sommet, première historique, entre lUnion européenne et lAmérique latine y compris la Caraïbe. Ce sommet qui, comme vous le savez, se tiendra au mois de juin à Rio, constituera une étape supplémentaire dans cette relation qui sera ainsi renforcée dans tous ses volets, politique, économique et culturel. Je sens, chaque fois que loccasion mest donnée davoir des contacts avec des responsables latino-américains, quil y a une sorte « dappétence dEurope, de relations avec notre vieux continent, - peut être aussi quelque part la volonté de retrouver un peu dhistoire, leur propre histoire. Cest sans doute aussi parce quils savent bien que cet objectif dun monde multipolaire est encore plus essentiel ici. Je crois quil est indispensable que nous sachions répondre à cette attente. Le sommet de Rio va, jen suis sur, être un moment fort dans cette relation renouvelle, réactivée, en quelque sorte, entre lAmérique latine et lEurope.
Mesdames et Messieurs, vous êtes par votre action économique, culturelle ou commerciale à lavant garde de cette ambition française en Amérique latine et je voudrais pour terminer, puisque les circonstances font que je suis le premier des membres du gouvernement à me rendre à Caracas depuis plusieurs années, vous exprimer la reconnaissance des autorités françaises pour tout ce que vous faites, chacun dans son secteur particulier, pour le rayonnement de notre pays.
Je vous en remercie chaleureusement comme je tiens à remercier ceux des Vénézuéliens amis de la France qui sont avec nous ici aujourdhui.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr)
Madame,
Mesdames et Messieurs,
Chers Compatriotes,
Je voudrais dabord vous dire le plaisir que mon épouse et moi-même avons à nous trouver parmi vous en cette résidence de France et je voudrais dire a toutes celles et à tous ceux qui ont répondu à linvitation de Mme Villemur et de M. lAmbassadeur, combien je suis sensible a leur présence.
Jai pris lhabitude - il était normal quil en fût ainsi - de rencontrer dans chacun de mes déplacements, chaque fois que mon agenda le permet, la communauté française, - ces communautés françaises qui constituent les filaments vivants dun immense réseau que la France tisse patiemment et inlassablement dans le monde.
Ce réseau dont vous constituez les composantes, joue un rôle irremplaçable pour le rayonnement de notre pays, pour transmettre son message faire connaître son génie, être parfois, je lespère aussi, le témoignage de sa générosité.
Cest aussi un relais indispensable pour la promotion et le développement de notre commerce extérieur, dont les succès, vous le savez, tirent notre croissance économique et donc lemploi des Français. Je nai pas besoin dinsister sur limportance que lemploi revêt dans laction gouvernementale et même sil est vrai que la fin 1998 a permis denregistrer de bons résultats - les journaux titraient ce matin en France que nous sommes passés sous la barre des 2 900 000 demandeurs demplois, soit le niveau de 1993, cest une bonne nouvelle mais ce nest pas suffisant - je voudrais vous remercier du rôle que vous jouez dans la bataille de lemploi.
On me dit, et je men félicite, que la communauté française du Venezuela est en pleine croissance et approche 5000 personnes immatriculées grâce notamment au développement des projets de nos compagnies pétrolières dont le volume des investissements témoigne de notre confiance en lavenir à long terme de ce pays, au delà dune conjoncture économique défavorable.
Laccroissement et le dynamisme de cette communauté ne doivent pas nous faire oublier ceux qui, en son sein, ont le plus besoin de notre attention. La protection sociale de nos compatriotes à létranger constitue lune des préoccupations du gouvernement. A cet égard, je crois que les voeux maintes fois exprimés par le CSFE - et je salue ici les membres présents de cette grande institution - ont été entendus puisquavec 10 % daugmentation nette de nos crédits daide sociale à létranger pour la prochaine année, nous allons pouvoir mieux répondre aux situations difficiles, qui existent au Venezuela comme ailleurs.
La scolarisation des enfants de nos compatriotes constitue une autre priorité. Le gouvernement est conscient des préoccupations de nos communautés expatriées dans ce domaine, et a décidé daccroître de 20 millions de francs lenveloppe des bourses scolaires ainsi portée à 217 MF, ce qui permettra, je lespère, de soulager leffort de nombreuses familles françaises pour qui la scolarisation de leurs enfants dans le réseau AEFE représente souvent un véritable sacrifice financier. Et je sais trop les situations douloureuses que nous rencontrons ici ou là.
Comme vous le savez, je suis venu ici pour représenter le chef de lEtat et le gouvernement français aux cérémonies dinvestiture du président Chavez. Jai déjà eu loccasion de le rencontrer à loccasion de la visite quil a effectuée en France, voici un peu plus de deux semaines et au cours de laquelle il sest entretenu avec les plus hautes instances de la République. Cest un homme jeune, déterminé, volontaire : il peut sappuyer sur un authentique soutien populaire. Les conditions dans lesquelles il a gagné ces élections ont dailleurs impressionné en France aussi. Il attend beaucoup de la France, en laquelle il voit un modèle institutionnel et politique mais aussi un partenaire privilégié en Europe.
Cette visite a été, je crois, un incontestable succès et les contacts du chef de lEtat élu avec le président de la République comme avec le Premier ministre ont été très positifs. Pour avoir assisté notamment à lentretien avec Lionel Jospin, je peux en témoigner. Il y a eu, comme diraient les bridgeurs, un « fit incontestable entre les deux hommes. Ses qualités humaines, ses références au modèle français, y sont bien sûr pour quelque chose. Nous ne pouvons pas non plus oublier le message dont il est porteur, contre linjustice et contre les inégalités, son aspiration, enfin, qui nous est commune, à un monde authentiquement multipolaire, et cest une préoccupation à laquelle il est particulièrement attentif, - il y a beaucoup insisté au cours de son séjour en France.
Les changements politiques importants, tous les changements, sont toujours source dinterrogations, parfois dinquiétude. Je sais que beaucoup dentre vous qui ont adopté le Venezuela comme seconde patrie, sont préoccupés par les incertitudes des mois à venir. Partenaire et amie du Venezuela depuis toujours, voisine finalement pas si lointaine de ce pays dans les Caraïbes, la France a intérêt à ce que la transition décidée par une impressionnante majorité lors des élections du 6 décembre dernier, réussisse, pour le plus grand profit de la démocratie, de la paix sociale et de la prospérité. Nous sommes donc naturellement disposés à aider le nouveau président dans la mesure où ses attentes rejoignent nos moyens, et afin de faire bénéficier le Venezuela de notre expérience et de notre expertise dans les domaines où celle-ci est souhaitée et souhaitable.
Cest dans cet esprit quà lissue des entretiens de M. Chavez avec le président de la République et le Premier ministre, nous lui avons proposé denvoyer un certain nombre de missions au Venezuela. La première est déjà sur place, elle restera environ trois semaines. Elle est composée dun groupe dexperts financiers de haut niveau qui sont parmi nous et que jai eu loccasion de rencontrer assez longtemps hier soir. Sa tâche est dassister la nouvelle équipe dans lévaluation de la situation et lélaboration de son programme économique et financier, une tâche tout a fait considérable. Je men suis entretenu encore il y a quelques instants avec le ministre du Plan, M. Giordani. Un spécialiste en questions constitutionnelles viendra ultérieurement faire bénéficier de son expérience les artisans de la future constitution, qui font dailleurs de fréquentes références à nos propres institutions mais aussi au système juridique français. Ces missions permettront peut-être également didentifier des secteurs de coopération que nous pourrions développer avec nos partenaires.
Notre objectif et notre ambition sont de renforcer les relations anciennes et amicales qui lient nos deux pays. La coopération culturelle et technique constitue à cet égard un outil irremplaçable et je crois que les entreprises françaises en sont bien conscientes. Le succès du « Festival Orénoque », mené lan dernier grâce à un partenariat de lAmbassade et de plusieurs entreprises, est là pour en témoigner. Jai eu la chance. il y a quelques instants dailleurs, de visiter la magnifique exposition qui a été réalisée au travers de ce partenariat.
Cest votre responsabilité - et elle est dimportance - que de développer nos relations économiques et culturelles avec ce pays. Je veux saluer à cette occasion lactivité des entreprises qui participent à lexpansion de notre commerce extérieur et à lemploi en France ; je pense par exemple au consortium FRAMECA, qui a développé ce superbe outil et cette très belle « vitrine » de notre technologie que constitue le métro de Caracas. La récente conclusion des accords pour la construction de la ligne 4 et la modernisation à mi-vie, comme on dit, du matériel, témoigne du succès de ce partenariat et de la confiance de nos interlocuteurs vénézuéliens en notre technologie et en nos entreprises. Je pense bien sûr aussi aux groupes pétroliers et parapétroliers qui réalisent dimportants investissements et dont la présence et laction sont fondamentaux. Mais je pense aussi à toutes ces entreprises de taille parfois plus modeste, qui jouent elles aussi un rôle déterminant pour asseoir notre présence et notre influence.
La puissance politique joue également son rôle à cet égard et je voudrais vous dire quelques mots de la réforme qui vient dentrer en vigueur et qui concerne ladaptation de notre dispositif extérieur culturel, scientifique et technique à un contexte nouveau. Cette réforme consiste essentiellement à intégrer les services de lancien ministère de la Coopération au sein dun grand ministère des Affaires étrangères. Imaginée et attendue depuis longtemps, tentée, avortée parfois, cette adaptation de notre outil diplomatique avait sans cesse été repoussée parce quelle bousculait de nombreuses habitudes.
Ce grand pôle diplomatique unique doit nous permettre de faire face aux différentes dimensions de la mondialisation. Il est clair, en effet, que les problèmes qui se posent désormais à lAfrique, continent qui constituait historiquement le principal bénéficiaire de notre effort de coopération, ne peuvent plus être traités indépendamment de ceux qui se posent dans les autres régions du monde. Nos relations avec les pays africains ne peuvent être définies indépendamment de nos relations avec nos autres partenaires. Il ny a plus de « champ » ni de « hors champ » pour reprendre le vocabulaire traditionnel, dans un monde où la finance, léconomie, la technologie, les médias, le savoir sûrement, la culture en partie, se globalisent.
Mais le fait que les pays ne puissent pas être traités séparément ne signifie pas quils soient justiciables dun traitement indifférencié. Cest là quintervient le concept de « zone de solidarité prioritaire » dont feront partie les pays avec lesquels la France entretient, pour des raisons historiques, souvent parce quils sont francophones, - bien que ce ne soit pas une condition -, des liens particuliers de fidélité et de solidarité. Cette zone qui sera évolutive (certains pays pourront en sortir, dautres y entrer) est également un concept politique qui comportera des conséquences au niveau de laide et des instruments. Une réunion interministérielle jeudi dernier était consacrée à cette question de la zone, des outils de la coopération, à linstallation aussi dun Haut-conseil, qui a lambition de mieux impliquer la société civiles, les entreprises, les associations, les collectivités locales dans cette coopération internationale. Je voudrais dire un mot des coopérations locales : le vocable de coopération décentralisée se développe, des relations directes entre villes, entre départements français, entre régions françaises et des homologues étrangers se développent. Cest une relation très féconde, je peux lobserver sur le terrain et jaimerais bien, nous le verrons à mon retour, ce quil est possible de faire, que dautres collectivités françaises sinvestissent davantage dans une relation directe avec le Venezuela. Si, de votre côté, vous avez la possibilité de militer pour ces relations là, davance je vous en remercie.
Quelques mots sur la Francophonie : elle comporte une dimension importante de coopération mais elle a aussi une dimension politique. Le Venezuela, je suis prêt à en convenir, ne constitue pas un bastion de la Francophonie, mais il ne sagit pas non plus, à proprement parler, dune terre de mission pour la Francophonie. Nourries aux mêmes sources de la latinité, la France et le Venezuela ne sont pas des étrangers lun pour lautre, lun à lautre. Notre langue et notre culture connaissent ici un terreau favorable, la France a joué un rôle considérable dans la formation des élites politiques, scientifiques, culturelles de ce pays et demeure une référence pour beaucoup.
Nous bénéficions, bien sûr, de la présence et du dynamisme de communautés provenant de pays francophones, je pense, par exemple, à limmigration originaire du Maroc et aussi du Liban. Les échanges ne seraient bien sûr pas aussi fructueux sils ne bénéficiaient en amont de laction du lycée français de Caracas. Jeus la chance, ce matin, de le visiter et je ne vous cache pas avoir éprouvé un sentiment de fierté en constatant limportance mais aussi la qualité de cet établissement. Je voudrais là remercier publiquement ceux qui le dirigent, je pense à son proviseur mais je pense aussi à ceux qui laniment, quil sagisse de son président, quil sagisse aussi de la présidente des parents délèves. Il y a aussi les activités de lAlliance française qui ont formé avec succès plusieurs générations de jeunes Français et de jeunes Vénézuéliens, mais je pense aussi aux personnes provenant dautres horizons, ainsi que, en aval, à la présence de lAssociation francophone qui, au-delà des difficultés financières propres à toute association de ce genre, témoigne de lattachement à notre langue et à notre culture. Il sagit là dun axe essentiel de notre action extérieure, tout comme est irremplaçable laffirmation dune présence audiovisuelle - télévision, radio, cinéma - forte au Venezuela comme dailleurs en Amérique latine.
Loin dêtre obsolète, le combat de la Francophonie est celui de la modernité dans la mesure où il participe du combat de la diversité contre luniformité, de la richesse des cultures contre lenfermement dans des références uniques et réductrices. Cest celui du monde multipolaire qui sera notre maison de demain. Je voudrais dire limportance que revêtira demain le lien entre Francophonie et parcours professionnel pour un jeune. Je nai pas besoin de souligner ici le rôle moteur que jouent les entreprises françaises pour la Francophonie dès lors quelles offrent à une population jeune un emploi. En connaissant le français au Venezuela, on a plus de chance de travailler pour une entreprise française.
Mesdames et Messieurs, en politique extérieure comme dans dautres domaines, nous faisons les choix nécessaires pour conserver notre place et faire entendre notre voix. Lintroduction de leuro dans onze pays de lUnion européenne témoigne de la jeunesse, de louverture et des capacités dadaptation de notre pays. Il sait encore étonner le monde là où on ne lattend pas, se montrer uni quand on le croit divisé, faire preuve de dynamisme et despoir, et montrer en tout cas quil est capable de surmonter ses propres difficultés.
Les Français de létranger ont un rôle fondamental à jouer, pour donner limage dune France moderne et battante, dune France qui souvre sur lextérieur et je voudrai me féliciter et féliciter notre ambassadeur, M. Villemur, de la suppression toute récente de lobligation de visa de court séjour pour les Vénézuéliens se rendant en France. Elle prendra effet dans trois semaines. Cest une autre preuve de notre confiance dans lavenir du Venezuela.
Notre présence, notre partenariat avec le Venezuela constituent une oeuvre de longue haleine :
le métro, né il y a plus de vingt ans, a encore de grandes perspectives devant lui avec la construction de nouvelles lignes, les investissements de TOTAL dans le cadre du consortium SINCOR sont des investissements pour une durée de trente-cinq ans. Nos relations sont faites pour durer. Nous savons que nous pouvons compter sur vous, mais vous savez également que vous pouvez compter sur nous et sur notre ambassade pour vous fournir lappui nécessaire.
La France, en tout cas, souhaite renforcer sa présence dans lensemble de lAmérique latine. Cest le message de la récente visite du président de la République au Mexique et en Amérique centrale après celles quil a effectuées dans les pays du Mercosur et en Bolivie. Cest le sens de la visite que le ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine, fera, au printemps, au Brésil et dans dautres pays du cône sud. Cest aussi le sens de la proposition française de la tenue dun grand Sommet, première historique, entre lUnion européenne et lAmérique latine y compris la Caraïbe. Ce sommet qui, comme vous le savez, se tiendra au mois de juin à Rio, constituera une étape supplémentaire dans cette relation qui sera ainsi renforcée dans tous ses volets, politique, économique et culturel. Je sens, chaque fois que loccasion mest donnée davoir des contacts avec des responsables latino-américains, quil y a une sorte « dappétence dEurope, de relations avec notre vieux continent, - peut être aussi quelque part la volonté de retrouver un peu dhistoire, leur propre histoire. Cest sans doute aussi parce quils savent bien que cet objectif dun monde multipolaire est encore plus essentiel ici. Je crois quil est indispensable que nous sachions répondre à cette attente. Le sommet de Rio va, jen suis sur, être un moment fort dans cette relation renouvelle, réactivée, en quelque sorte, entre lAmérique latine et lEurope.
Mesdames et Messieurs, vous êtes par votre action économique, culturelle ou commerciale à lavant garde de cette ambition française en Amérique latine et je voudrais pour terminer, puisque les circonstances font que je suis le premier des membres du gouvernement à me rendre à Caracas depuis plusieurs années, vous exprimer la reconnaissance des autorités françaises pour tout ce que vous faites, chacun dans son secteur particulier, pour le rayonnement de notre pays.
Je vous en remercie chaleureusement comme je tiens à remercier ceux des Vénézuéliens amis de la France qui sont avec nous ici aujourdhui.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr)