Texte intégral
Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Mes Chers Collègues,
"Ce n'est pas une guerre silencieuse, c'est une guerre que nous ne voulons pas voir" a déclaré le président exécutif de l'Union africaine à propos de la situation au Darfour.
Force est de constater que les chefs d'Etat africains, réunis fin janvier en présence du Secrétaire général de l'ONU, ne sont pas parvenus à des avancées décisives sur le déploiement d'une force hybride ONU-Union africaine.
M. Ban Ki-moon, qui avait souligné la nécessité pour le Soudan de prendre des engagements concrets, semble avoir quitté Addis Abeba, sans grand succès.
Monsieur le Ministre, ce constat est loin des propos optimistes que vous teniez début janvier devant notre commission des Affaires étrangères. Vous affirmiez alors que le renforcement de la force africaine par les Nations unies ne rencontrait plus aucun obstacle de principe et devait même être effectif à brève échéance.
Ce n'est pas le sentiment que donne la lecture de la presse ces derniers jours.
Quoiqu'il en soit, il est clair que le déploiement de casques bleus ne pourra, à lui seul, résoudre la crise et assurer la sécurité des populations comme des acteurs humanitaires.
L'Accord de paix sur le Darfour, signé à Abuja en mai 2006, avait suscité un espoir. Cependant, les opérations militaires se poursuivent toujours et on assiste aujourd'hui à une généralisation des violences et du banditisme qui touchent non seulement les civils mais également les personnels des associations humanitaires.
Estimant que l'équilibre entre les services rendus et les risques encourus était rompu, Médecins du Monde-France a d'ailleurs décidé, le 20 janvier, de suspendre ses activités dans la province de l'Ouest du Soudan. D'autres grandes ONG menacent de cesser les leurs.
Il faut désormais que la communauté internationale s'implique fortement pour un retour à la table des négociations de toutes les parties au conflit et trace une véritable feuille de route. Un cadre politique associant le plus grand nombre d'acteurs est indispensable. Dans le cas contraire, se créeraient les conditions d'une véritable catastrophe sécuritaire et donc humanitaire.
Des voix s'élèvent, notamment aux Etats-Unis, pour réclamer une intervention militaire ; d'autres s'étonnent que l'ONU n'impose pas de sanctions ciblées visant les responsables des violences.
Quelle est votre position sur de telles propositions et quelles initiatives la France entend prendre rapidement pour relancer le processus de paix ? Nous ne pouvons rester préoccupés et impuissants devant cette guerre silencieuse qui continue.
R - Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Monsieur le Président,
Je vous prie d'excuser Philippe Douste-Blazy, qui me charge de répondre.
La France a été parmi les premiers pays à appeler l'attention du monde sur le drame qui se nouait au Darfour et, aujourd'hui, notre priorité est double : améliorer la situation des populations et relancer le processus politique.
Sur le plan humanitaire, nous apportons un soutien actif aux efforts qui sont menés par les organisations non gouvernementales - elles sont 80 au Darfour - et par les agences des Nations unies. Depuis 2004, à titre bilatéral et multilatéral, notre pays a apporté 76 millions d'euros. Nous ne relâcherons pas notre engagement.
Il faut aussi impérativement faire cesser les exactions sur les civils. Les quelque 8.000 hommes, militaires et policiers, déployés au Darfour par l'Union africaine, assurent une présence. Présence sans laquelle la sécurité des populations aurait été, sans nul doute, encore bien plus difficile qu'aujourd'hui.
Sur le plan politique, il est indispensable pour autant d'aller plus vite dans quatre directions :
- premièrement, en recherchant une solution politique à la crise, solution sans laquelle il ne pourra y avoir ni cessez-le-feu effectif ni perspectives pour les millions de réfugiés, de déplacés et de personnes qui survivent grâce à l'aide humanitaire. L'ONU et l'UA s'y emploient.
- Deuxièmement et dans le même temps, il faut parvenir à un cessez-le-feu effectif. Le gouvernement du Soudan doit impérativement créer les conditions du dialogue, en ordonnant la suspension sans délai des attaques des milices supplétives et en mettant fin aux bombardements aériens.
- Troisièmement, il faut accélérer le soutien de l'ONU à la force de l'Union africaine, puis au déploiement d'une force hybride Nations unies-Union africaine, force qui a été acceptée par les autorités soudanaises, je vous le rappelle.
- Quatrièmement et enfin, il faut déployer au Tchad et en Centrafrique, à la frontière avec le Soudan, une opération des Nations unies visant à sécuriser cette zone frontalière.
Monsieur le Président, je tiens à vous assurer que notre diplomatie travaille sans relâche sur l'ensemble de ces fronts.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 février 2007