Déclaration de M. Hamlaoui Mekachera, ministre délégué aux anciens combattants, en hommage à l'action de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, à Paris le 7 février 2007.

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Circonstance : Remise des prix du concours national de la résistance et de la déportation 2005-2006, à Paris le 7 février 2007

Texte intégral

Monsieur le Ministre, Cher Gilles,
Monsieur le Président,
Messieurs les officiers généraux,
Mesdames et Messieurs les Présidents de fondations et d'associations,
Mesdames et Messieurs les anciens Résistants et anciens Déportés,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis, lycéens et collégiens,
Je suis heureux de vous accueillir, ce soir, dans un lieu historique, emblématique : l'Institution nationale des Invalides. Depuis Louis XIV, cette institution atteste que la France n'oublie pas celles et ceux qui l'ont servie aux heures décisives de son Histoire.
Le concours national de la Résistance et de la Déportation est une autre illustration de cette volonté de ne pas oublier ceux à qui nous devons tant. C'est donc pour moi un honneur de remettre les prix de ce grand concours pour la cinquième année consécutive.
Avant de féliciter les lauréats et de remercier les responsables de sa mise en oeuvre, je veux m'adresser aux Résistants et aux Déportés qui sont présents avec nous.
Mesdames et Messieurs, je veux vous exprimer tout notre respect, le plus sincère et le plus profond, toute notre admiration, toute notre reconnaissance. Jamais, nous n'oublierons ce que vous avez fait pour la France, pour les Français, pour le monde libre et pour la Liberté.
Avec un courage inouï, vous avez défendu nos valeurs, libéré notre territoire et relevé notre honneur.
Aujourd'hui encore, vous continuez à vous dévouer pour vos compatriotes les plus jeunes. Vous participez activement à l'organisation du concours. Sans relâche, vous témoignez. C'est un devoir essentiel et je veux, une nouvelle fois, vous en remercier.
J'exprime ma sincère reconnaissance aux Fondations de mémoire et aux associations de Résistants, de Déportés et d'internés. Je vous confirme aussi l'importance que nous attachons au C.N.R.D et notre détermination à en assurer la pérennité dans les années à venir.
Monsieur le Ministre, cher Gilles, la contribution de l'Education nationale au C.N.R.D est évidemment éminente. Je remercie très sincèrement et très vivement toutes celles et tous ceux qui se mobilisent. Je sais que les personnels de l'Education nationale, les enseignants, sont fiers, à juste titre, de ce concours dont ils ont fait, depuis 45 ans, un grand rendez-vous, une pièce maîtresse de la politique de mémoire.
Chers amis lycéens et collégiens, je suis sûr que vous vous souviendrez longtemps de votre participation et de votre réussite au concours national de la Résistance et de la déportation.
Malgré les sollicitations dont vous êtes l'objet, vous vous êtes concentrés sur l'étude d'une page essentielle de notre histoire. Je vous en félicite et je m'en réjouis, car, ce que vous avez appris vous servira tout au long de votre vie.
Pour l'année scolaire 2005-2006, le concours avait donc pour thème : « Résistance et monde rural ».
Un thème difficile, ambitieux. En effet, il existe peu de contributions sur ce sujet et peu de témoignages d'acteurs du milieu paysan. De plus, la France essentiellement urbaine dans laquelle nous vivons est désormais bien différente de la France rurale de l'époque...
Un sujet qui a aussi pu surprendre. C'est la première fois que le concours invitait à la réflexion sur la Résistance spécifique du monde de nos campagnes, sur les rapports entre la Résistance urbaine et le monde rural, sur la relation des résistances avec l'espace rural.
Un sujet passionnant toutefois. J'en veux pour preuve qu'il a, tout de même, mobilisé plus de 36 000 jeunes. Après les records de l'an dernier, année de grandes commémorations, ce nombre reste considérable et remarquable.
Voici 36 000 citoyens ou futurs citoyens, 36 000 familles, qui ont lu, relu, entendu, découvert, cette histoire exemplaire, cette histoire de l'exception. L'histoire de ces hommes et de ces femmes qui ont refusé d'abandonner leur patrie, leurs idéaux, alors même que tout semblait perdu.
Dès juin 1940, des volontaires héroïques, les Français libres, répondaient à l'appel du Général de Gaulle et rejoignaient la Grande-Bretagne.
Dès juin 1940, dans les profondeurs du territoire, dans nos campagnes, une résistance à l'occupation et à la collaboration avec l'Allemagne apparaissait dans une France pourtant anéantie. Dans vos devoirs vous vous êtes attachés à comprendre ce que furent, dans le monde rural, ces actes de courage, ces manifestations d'attachement à la patrie, aux valeurs républicaines, à la dignité de la personne, l'essentiel finalement de nous-mêmes.
Vous avez travaillé sur les premières actions concertées de résistance :
les sabotages, les attentats, les premiers réseaux de renseignement, les premières filières d'évasion à proximité de la ligne de démarcation et des frontières...
Vous avez compris qu'à partir de 1942, les rafles des Juifs, les difficultés du ravitaillement, la montée de la répression la politique de collaboration, avaient accru le mécontentement des Français. Dès lors, la Résistance a gagné en influence. C'était là le chemin qu'il fallait suivre et que la France a suivi.
De même vous avez découvert la solidarité clandestine qui s'était organisée autour des maquis. Ils ont fait leur devoir tout naturellement.
Là se cachaient des jeunes qui avaient gagné le monde rural pour poursuivre la lutte, pour échapper au service du travail obligatoire.
De nombreux habitants des fermes, des hameaux et des villages ont alors ravitaillé, dissimulé, renseigné, aidé les parachutages d'armes, soigné les maquisards.
Toutes ces actions, parfois modestes, ont exposé leurs auteurs à des représailles terrifiantes, à la barbarie.
Comment ne pas évoquer, aussi, les Justes de France. Vous avez sûrement regardé l'hommage national que leur a rendu, il y a quelques jours, le Président de la République, Monsieur Jacques Chirac.
Beaucoup de ces Justes qui sauvèrent au péril de leur vie des enfants, des femmes et des hommes persécutés parce qu'ils étaient juifs, étaient issus du monde rural. Pour ma part, j'ai pour toujours en mémoire la maison d'Izieu, perdue au fond des montagnes de l'Ain, où furent recueillis puis arrêtés quelques dizaines d'enfants bien plus jeunes que vous.
Ces Justes qui, bien souvent, ont agi spontanément par simple souci d'humanisme, de fraternité et de solidarité ont magnifiquement contribué à la Résistance dans nos campagnes.
Chers lauréats, à travers vous et vos travaux, nous pouvons, ce soir, honorer toutes celles et tous ceux qui se sont insurgés contre l'occupation et l'oppression, contre ceux qui voulaient supprimer la liberté.
Ils se sont mobilisés pour les valeurs auxquelles ils croyaient, auxquelles nous croyons : le courage, la solidarité, la dignité, la liberté.
Vos devoirs sont également un hommage rendu à ces milliers d'hommes et de femmes qui ont payé de leur vie cet engagement. Ils pensaient que la France devait vivre libre et qu'il fallait tout faire pour que revienne dans ce beau pays l'espérance et la fraternité entre les Hommes.
Aujourd'hui, la voix de la mémoire ne doit pas s'essouffler.
C'est à la jeunesse de prendre le relais des témoins et d'assurer, à son tour, la transmission des valeurs démocratiques et humanistes qu'ont incarnées les Résistants.
A vous, à nous d'être fidèles à leur message. A nous de faire en sorte que la Liberté et la démocratie ne quitte jamais notre territoire.
Je vous remercie.

source http://www.defense.gouv.fr, le 13 février 2007