Interview de M. François Bayrou, président de l'UDF et candidat à l'élection présidentielle de 2007, dans "Nice-Matin le 22 janvier 2007, sur ses engagements de campagne.

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Média : Le Var Nice matin - Nice matin

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Q - Si vous étiez élu, quelle serait votre première décision ? (Rémy Lino de Grasse)
R - Élu président de la République, je nommerai un gouvernement de large union nationale autour d'un programme de redressement du pays. C'est ce qu'on doit faire quand ça va mal. Et aujourd'hui, ça va mal en France.
Mal dans la vie de tous les jours, le pays peine sous la dette, la France recule dans tous les classements internationaux, et surtout la confiance dans la vie politique a disparu. On vit dans une ambiance de manipulation tous azimuts, une ambiance de "star academy", où tout est fait pour pousser les électeurs à un choix décidé à l'avance. Il faut rebâtir une démocratie saine, et une politique logique, économique et sociale, équilibrée, où les Français créent des richesses avant de les répartir, où l'éducation est reconnue, où notre pays est solidaire. Et au point où nous en sommes arrivés, cela ne peut pas être fait par la domination d'un seul parti. Les Français ont besoin d'être sûrs que c'est l'intérêt de tous qui est pris en compte, par l'intérêt de quelques-uns, et que les convictions de tous seront respectées.
Q - Vous dites que vous voulez obliger des hommes politiques de droite et de gauche à travailler ensemble. Mais pour l'instant, ils ne manifestent pas l'intention de répondre à votre appel. Comment ferez-vous ? (Frédéric Sanso, Cannes)
R - À l'instant même où les Français auront donné mandat au nouveau président de mettre en place ce rassemblement, les partis seront obligés de suivre ce mandat.
Car cinq semaines après, ont lieu les élections législatives, et personne ne peut imaginer être élu député contre l'avis clairement exprimé des Français.
Contrairement à ce que certains imaginent, dans une démocratie même mal en point comme la nôtre, c'est encore le peuple qui commande !
Q - Pourquoi tenez-vous tant à faire travailler ensemble des gens qui ne peuvent pas se sentir ? (Pierre Donnal à Nice)
R - Parce que pour rendre à un grand pays comme le nôtre une bonne santé, une joie de vivre, on a besoin de tout le monde et on a besoin de respecter tout le monde. Je suis un homme du centre, parce que je crois à la tolérance, à l'esprit de justice, mais je ne prétendrai sûrement pas qu'il n'y a que le centre qui vaut quelque chose !
On a aussi besoin de valeurs de droite, l'initiative, le travail, par exemple, et on a tout autant besoin de valeurs de gauche, la solidarité, l'égalité des droits.
Q - Quel est pour vous le premier problème du pays ? (Charles Dupair à Cagnes)
R - Le premier problème du pays, c'est son endettement.
J'ai fait le serment d'en parler chaque fois que je prendrai la parole.
Songez que la totalité de l'impôt sur le revenu des Français part chaque année pour payer l'annuité de la dette ! Ne vous étonnez pas, après cela, si les Français constatent un appauvrissement généralisé : en fait, on prélève sur les revenus de chacun des foyers quelque 2 000 euros par an rien que pour la dette. Et on condamne nos enfants à se crever pour payer les dettes que nous leur laisserons. C'est scandaleux ! Ca ne peut pas durer !
Je suis indigné quand je vois mes concurrents multiplier les promesses, à coups de dizaines de milliards, sans dire un mot du déficit et de la dette. Et cet effort-là, il faut en faire un serment national.
Q - Les hommes politiques baratinent sur tous les sujets... Mais si vous deviez retenir une seule priorité, laquelle choisiriez vous ? (Andrée Deve à Menton)
R - L'éducation. Quand on n'a pas de pétrole, ou de gaz, ou de matières premières dans son sous-sol, quand on est un pays où la main d'oeuvre doit être payée à son prix, il faut le plus haut niveau d'éducation. C'est l'intelligence, la création, la recherche qui sont l'avenir de la France. Il nous faut fixer un objectif et un seul : avoir le plus haut niveau de formation de tous les peuples.
Q - Quelle politique mettrez-vous en oeuvre pour limiter le flux migratoire. Et que ferez-vous des clandestins aujourd'hui en France ? (Jean-Marc Jordan)
R - Bien sûr il faut de la rigueur. En particulier il faut lutter contre le travail au noir qui est la contrepartie de la clandestinité. Pour les clandestins, je mettrai en place un examen au cas par cas, pour vérifier leur intégration, leur maîtrise de la langue, et savoir s'ils travaillent ou pas, s'ils sont scolarisés ou pas Je rappelle que normalement c'est cela que nous devons faire. Mais ne nous trompons pas : ce qui amène les immigrés clandestins chez nous, c'est la misère chez eux, misère terrible où un homme, une femme se voient sans avenir, et leurs enfants sans rien pour vivre.
source http://www.bayrou.fr, le 12 février 2007