Texte intégral
Le 14 décembre se tiendra, à l'initiative du gouvernement, une conférence sur l'emploi et les revenus.
Dans la mesure où le budget 2007 sera quasi voté, ainsi que la loi de financement de la Sécurité sociale, il ne faut pas s'attendre à une réorientation de la politique économique. Il ne s'agit pas non plus, pour Force Ouvrière, de rentrer dans une politique des revenus qui viserait à répartir de manière consensuelle ou cogérée la pénurie, limitant ainsi, de fait, la liberté contractuelle.
Nous rappellerons donc sur plusieurs points nos analyses et revendications.
D'abord en matière de pouvoir d'achat, l'augmentation est indispensable, socialement et économiquement. Dans le public, nous demanderons au gouvernement de rouvrir les négociations salariales, les fonctionnaires n'ayant eu cette année que 0,5% d'augmentation collective (plus un point d'indice au 1er novembre). Dans le privé, nous revendiquerons deux choses:
- La première, une relance des négociations de branches sur les minima conventionnels, ainsi qu'une relance des négociations sur l'ensemble des grilles afin de desserrer le tassement et de redonner un souffle et de la lisibilité à la hiérarchie des salaires.
- Le relèvement du SMIC avant le 1er juillet de chaque année afin de renégocier, plus tôt, dans les branches.
Nous rappellerons également qu'en l'état actuel, la prime de transport ne correspond pas à notre demande, en particulier parce qu'elle n'est pas obligatoire, comme elle l'est en Ile-de-France.
Nous exigerons aussi, à côté de l'indice des prix, la mise en place d'indices du coût de la vie rendant réellement compte - ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui - de la réalité du pouvoir d'achat.
Nous demanderons, enfin, des mesures spécifiques en matière de logement. Par exemple, alors que la hausse des loyers a été fixée à 3,5% en 2006, il est anormal que les aides au logement n'aient été réévaluées que de 1,8%.
Dans le domaine de l'emploi et de la précarité, nous revendiquerons à nouveau une surcotisation du travail précaire et une modulation des aides aux entreprises afin de favoriser les CDI. Nous demanderons également de régler le problème des stages.
Pour Force Ouvrière, deux catégories doivent être distinguées:
- Les stages obligatoires donnant lieu à une formation diplômante doivent être des contrats de travail à durée déterminée, avec une aide à l'entreprise de la part de l'État ou des responsables des écoles (ex.: les chambres de commerce pour les écoles de commerce).
- Les stages hors cursus et hors formation diplômante doivent être supprimés, car ils sont utilisés par les employeurs comme substituts à des emplois. C'est une forme de travail gratuit ou quasi gratuit.
S'agissant de la complémentaire maladie pour les salariés qui n'y ont pas accès, nous demanderons l'ouverture de négociations de branches.
Enfin, nous redemanderons la mise sous condition des aides publiques aux entreprises en fonction de la situation de l'emploi, d'accords de salaires, ou d'engagement à ne pas délocaliser, avec obligation de remboursement en cas de non-respect.
Il s'agit là de revendications précises, pour lesquelles nous attendons des réponses précises.
Reste le problème de fond: la nécessité de réorienter la politique économique, au niveau national et européen, pour sortir du carcan.
Le ministre de l'Économie et des Finances a raison de pester contre l'euro fort. Encore faut-il que le gouvernement tape du poing sur la table et exige, après le référendum du 29 mai 2005, une réorientation de la construction européenne, y compris sur le rôle de la Banque centrale européenne. La BCE a une approche obsessionnelle de son rôle de lutte contre l'inflation, y compris quand celle-ci est faible, d'où sa décision de relever les taux d'intérêt.
On ne peut, aujourd'hui, régler durablement la question des salaires et de l'emploi sans desserrer le carcan européen. Il en est de même en matière de services publics. Avec la Fédération Force Ouvrière de l'Énergie et des Mines, la Confédération demande au gouvernement de renoncer à la privatisation de Gaz de France.
Encore une fois, ce que nous expliquons se révèle juste: la directive européenne sur la libéralisation interdit les tarifs réglementés, ce qui signifie que les coûts vont exploser pour les usagers.
Défendre le modèle républicain, c'est aussi refuser des directives qui, cassant le service public, favorisant les actionnaires au détriment des usagers, accroissent les inégalités. Source http://www.force-ouvriere.fr, le 30 janvier 2007