Texte intégral
Monsieur le Secrétaire général de la Francophonie,
Monsieur le Président dExpolangues,
Monsieur lAdministrateur général de lAgence de la Francophonie,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Jai plaisir à retrouver cette année Expolangues, pour sa 17e édition. Jétais déjà parmi vous lan dernier, pour inaugurer ce Salon, lieu privilégié dune véritable animation militante autour des langues et du français. Depuis sa création en 1983, son succès ne sest pas démenti. Il est même allé croissant puisque de 21 000 visiteurs lors de la première édition du Salon, vous êtes passés lan dernier à 35 000 visiteurs. Cest dire lintérêt de cette manifestation à vocation culturelle et commerciale, qui informe le public sur « les langues du monde et le monde des langues », pour reprendre le slogan de ses débuts.
Cest ainsi quau travers dateliers, de cours, de conférences et de débats, de manifestations artistiques, des milliers de visiteurs sont allés à la rencontre dautres langues, dautres cultures, dautres univers. Non contents de favoriser ces découvertes, vous encouragez également la mobilité et les échanges internationaux, ce quen ma qualité de ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie, dont la première mission est de rendre présentes notre coopération et notre langue dans le monde, japprécie hautement. Il existe actuellement une demande sociale importante dans le domaine des langues vivantes et nous nous devons dy répondre en facilitant laccès du public, dans son ensemble, à lapprentissage linguistique.
Est-il aussi besoin de souligner combien mes attributions et mes préoccupations me rendent sensible à la place que vous faites cette année à la langue française et à la Francophonie ? A lheure où la Francophonie se rénove, pour gagner dans le monde davantage de crédibilité mais aussi de visibilité, je souscris à votre souci de permettre aux francophones et aux francophiles de « rencontrer » la Francophonie à Expolangues, notamment au travers de ses instances. Jy reviendrai plus loin.
En vous attachant à présenter un monde pluriel, en explorant avec soin sa richesse et sa diversité, en donnant à votre public les moyens de sy inscrire et dy participer, vous rejoignez lun de mes soucis premiers. Face aux risques duniformisation, que nous sommes de plus en plus nombreux à dénoncer, dans le contexte de la mondialisation, témoigner de la pluralité linguistique et culturelle a valeur dengagement.
Il ne sagit naturellement pas ici de défendre des positions rétrogrades, par exemple en attaquant la langue anglaise. Cest à juste titre que vous lui donnez toute sa place, et elle a tout à gagner, me semble-t-il, à se retrouver elle-même, parmi les autres langues et avec elles. En effet, si le rôle que joue langlais dans les échanges internationaux lui donne un avantage de fait, il sexerce finalement au détriment de ses spécificités et du patrimoine culturel dont il est dépositaire, ce dont sinquiètent du reste nos voisins britanniques.
Il ne sagit pas non plus de reculer devant les moyens modernes dinformation et de communication, sous le prétexte que, mal utilisés, ils pourraient participer de cette uniformisation que nous refusons. La place que vous faites à Internet et aux outils multimédias dans lapprentissage des langues montre clairement quils peuvent être au service dune meilleure maîtrise linguistique, et améliorent donc la connaissance que nous avons les uns des autres.
Non, si nous attachons tant dimportance à la pluralité linguistique, cest que la langue est le lieu où chacun trouve à senraciner, en tant quindividu, membre dune communauté, familiale, sociale, nationale. Cest dans la langue que lon forge ses repères, son mode de penser et de sentir, cest dans la langue quun enfant se construit, quune personnalité prend forme et que lon tisse des liens avec autrui. Valoriser la pluralité des langues revient du même coup à donner à chacun le droit daffirmer son identité et de laisser libre cours à toute la curiosité que peuvent inspirer des modes dêtre différents.
Par curiosité, jentends le désir daller vers lautre, de jeter les bases dun dialogue, de développer ses propres capacités de donner et de recevoir. La curiosité est, je le crois, à la base de la solidarité. La Francophonie ne peut courir le risque dêtre le fait dun élite savante, le plurilinguisme constituant le luxe dune frange privilégiée et éduquée des sociétés. Laccès aux langues doit être largement partagé, par le biais dactions qui enrichissent laccès à léducation et loffre déducation et de formation. Nous le savons bien, cest une priorité du projet francophone.
Vous avez décidé, pour ce 17ème Salon, de mettre à lhonneur la langue française et la Francophonie, répondant ainsi au besoin que vous sentez chez les francophones et les francophiles de « rencontrer physiquement » la Francophonie, pour reprendre vos propres termes. Je crois que le moment est particulièrement bien choisi, à lheure où lespace francophone gagne en rayonnement, se réforme et se rénove.
Cette réforme, chacun la connaît sous langle des modifications dorganisation et de structures. Toutes les parties prenantes de la Francophonie lont voulue, comme la France, afin de donner au projet francophone la modernité, lefficacité quattendent des populations jeunes, curieuses et exigeantes. Les principaux opérateurs de la Francophonie, lAgence de la Francophonie, lAgence universitaire de la Francophonie (ex-AUPELF-UREF), TV5 connaissent des réformes, des évaluations, qui les rendront encore plus efficaces dans leur action.
Après la réforme des structures vient la période délucidation du projet en vue de mobiliser tous les acteurs. Dans ce domaine en particulier, il ne fait pas de doute quune politique linguistique francophone doit sappuyer sur les innombrables témoignages des professionnels et du « terrain », dont Expolangues. De ce point de vue, ce Salon offre un panorama de la Francophonie « dans tous ses états » : la Francophonie dans ses terres, les pays ayant souscrit au « contrat francophone », enfin ceux où le français existe, coexiste, comme une richesse supplémentaire. Je pense aux mondes américains, à lAsie ou à lEurope de lEst.
Il me paraît très utile que les visiteurs dExpolangues puissent approcher la Francophonie, entre autres à travers ses opérateurs. Ce sera loccasion pour eux davoir une idée plus précise des actions menées sur le terrain dans les domaines de la formation, de léducation et de la recherche, de la culture, des médias et des technologies de linformation et de la communication. Loccasion, également, de prendre la mesure de lespace francophone, de lapprocher dans toutes ses dimensions.
Ils iront aussi au-delà des idées reçues et des clichés sur la Francophonie. Nous ne sommes plus à lheure de lassistanat ni dune défense rigide du français. Nous sommes engagés, depuis un certain temps déjà, dans lexploitation des richesses de notre patrimoine linguistique commun et de nos différences culturelles.
Comme vous le soulignez vous-même, tous les pays qui sinscrivent dans lespace francophone forment « un kaléidoscope de langues et de cultures où chacun revendique davoir, aussi, le français en partage ». De ce fait, « la Francophonie déborde de beaucoup la seule langue française ». Au-delà des langues, en effet, se déploie tout léventail des productions culturelles. Rencontres, confrontations, métissages : la Francophonie nous ouvre, à chaque instant, de nouveaux horizons. Vous en verrez tout à lheure un exemple avec le concert de Nguyên Lê, qui illustrera la rencontre entre lAfrique, lAsie et lAmérique, par le jazz.
Cest bien dans ce contexte que la vocation de la Francophonie, en tant quorganisation institutionnelle, prend tout son sens : affirmer le respect des droits et des libertés des individus et des communautés, valoriser lexpression de la diversité et des différences, contribuer à la résolution des inégalités au travers de son programme de coopération.
Vous avez développé une approche des langues éclairée, exigeante et ludique à la fois, pragmatique aussi. En encourageant lintérêt de vos visiteurs pour la langue et la culture dautrui, vous favorisez louverture de la société tout entière à dautres horizons. Cest une manière de donner forme à la citoyenneté. Je vous souhaite donc, au-delà de votre public de fidèles, de trouver le plus large écho possible, et je forme des voeux pour le succès de ce 17ème Salon.
En vous remerciant tous, éditeurs, responsables audiovisuels, universitaires, chercheurs et professeurs, associations, de votre contribution à Expolangues, je tiens à saluer une action de réflexion et de terrain dont la diversité, la qualité et la conviction sont au fond le coeur dune entreprise commune : elle na dautre fin que la culture, facteur dépanouissement humain et de joie dans un monde qui en a tellement besoin. Cela aussi est à la racine du projet francophone, fait douverture, de culture de la tolérance, dapprentissage de lautre, avec tout ce que sa propre langue nous apprend de lui.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr)
Monsieur le Président dExpolangues,
Monsieur lAdministrateur général de lAgence de la Francophonie,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Jai plaisir à retrouver cette année Expolangues, pour sa 17e édition. Jétais déjà parmi vous lan dernier, pour inaugurer ce Salon, lieu privilégié dune véritable animation militante autour des langues et du français. Depuis sa création en 1983, son succès ne sest pas démenti. Il est même allé croissant puisque de 21 000 visiteurs lors de la première édition du Salon, vous êtes passés lan dernier à 35 000 visiteurs. Cest dire lintérêt de cette manifestation à vocation culturelle et commerciale, qui informe le public sur « les langues du monde et le monde des langues », pour reprendre le slogan de ses débuts.
Cest ainsi quau travers dateliers, de cours, de conférences et de débats, de manifestations artistiques, des milliers de visiteurs sont allés à la rencontre dautres langues, dautres cultures, dautres univers. Non contents de favoriser ces découvertes, vous encouragez également la mobilité et les échanges internationaux, ce quen ma qualité de ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie, dont la première mission est de rendre présentes notre coopération et notre langue dans le monde, japprécie hautement. Il existe actuellement une demande sociale importante dans le domaine des langues vivantes et nous nous devons dy répondre en facilitant laccès du public, dans son ensemble, à lapprentissage linguistique.
Est-il aussi besoin de souligner combien mes attributions et mes préoccupations me rendent sensible à la place que vous faites cette année à la langue française et à la Francophonie ? A lheure où la Francophonie se rénove, pour gagner dans le monde davantage de crédibilité mais aussi de visibilité, je souscris à votre souci de permettre aux francophones et aux francophiles de « rencontrer » la Francophonie à Expolangues, notamment au travers de ses instances. Jy reviendrai plus loin.
En vous attachant à présenter un monde pluriel, en explorant avec soin sa richesse et sa diversité, en donnant à votre public les moyens de sy inscrire et dy participer, vous rejoignez lun de mes soucis premiers. Face aux risques duniformisation, que nous sommes de plus en plus nombreux à dénoncer, dans le contexte de la mondialisation, témoigner de la pluralité linguistique et culturelle a valeur dengagement.
Il ne sagit naturellement pas ici de défendre des positions rétrogrades, par exemple en attaquant la langue anglaise. Cest à juste titre que vous lui donnez toute sa place, et elle a tout à gagner, me semble-t-il, à se retrouver elle-même, parmi les autres langues et avec elles. En effet, si le rôle que joue langlais dans les échanges internationaux lui donne un avantage de fait, il sexerce finalement au détriment de ses spécificités et du patrimoine culturel dont il est dépositaire, ce dont sinquiètent du reste nos voisins britanniques.
Il ne sagit pas non plus de reculer devant les moyens modernes dinformation et de communication, sous le prétexte que, mal utilisés, ils pourraient participer de cette uniformisation que nous refusons. La place que vous faites à Internet et aux outils multimédias dans lapprentissage des langues montre clairement quils peuvent être au service dune meilleure maîtrise linguistique, et améliorent donc la connaissance que nous avons les uns des autres.
Non, si nous attachons tant dimportance à la pluralité linguistique, cest que la langue est le lieu où chacun trouve à senraciner, en tant quindividu, membre dune communauté, familiale, sociale, nationale. Cest dans la langue que lon forge ses repères, son mode de penser et de sentir, cest dans la langue quun enfant se construit, quune personnalité prend forme et que lon tisse des liens avec autrui. Valoriser la pluralité des langues revient du même coup à donner à chacun le droit daffirmer son identité et de laisser libre cours à toute la curiosité que peuvent inspirer des modes dêtre différents.
Par curiosité, jentends le désir daller vers lautre, de jeter les bases dun dialogue, de développer ses propres capacités de donner et de recevoir. La curiosité est, je le crois, à la base de la solidarité. La Francophonie ne peut courir le risque dêtre le fait dun élite savante, le plurilinguisme constituant le luxe dune frange privilégiée et éduquée des sociétés. Laccès aux langues doit être largement partagé, par le biais dactions qui enrichissent laccès à léducation et loffre déducation et de formation. Nous le savons bien, cest une priorité du projet francophone.
Vous avez décidé, pour ce 17ème Salon, de mettre à lhonneur la langue française et la Francophonie, répondant ainsi au besoin que vous sentez chez les francophones et les francophiles de « rencontrer physiquement » la Francophonie, pour reprendre vos propres termes. Je crois que le moment est particulièrement bien choisi, à lheure où lespace francophone gagne en rayonnement, se réforme et se rénove.
Cette réforme, chacun la connaît sous langle des modifications dorganisation et de structures. Toutes les parties prenantes de la Francophonie lont voulue, comme la France, afin de donner au projet francophone la modernité, lefficacité quattendent des populations jeunes, curieuses et exigeantes. Les principaux opérateurs de la Francophonie, lAgence de la Francophonie, lAgence universitaire de la Francophonie (ex-AUPELF-UREF), TV5 connaissent des réformes, des évaluations, qui les rendront encore plus efficaces dans leur action.
Après la réforme des structures vient la période délucidation du projet en vue de mobiliser tous les acteurs. Dans ce domaine en particulier, il ne fait pas de doute quune politique linguistique francophone doit sappuyer sur les innombrables témoignages des professionnels et du « terrain », dont Expolangues. De ce point de vue, ce Salon offre un panorama de la Francophonie « dans tous ses états » : la Francophonie dans ses terres, les pays ayant souscrit au « contrat francophone », enfin ceux où le français existe, coexiste, comme une richesse supplémentaire. Je pense aux mondes américains, à lAsie ou à lEurope de lEst.
Il me paraît très utile que les visiteurs dExpolangues puissent approcher la Francophonie, entre autres à travers ses opérateurs. Ce sera loccasion pour eux davoir une idée plus précise des actions menées sur le terrain dans les domaines de la formation, de léducation et de la recherche, de la culture, des médias et des technologies de linformation et de la communication. Loccasion, également, de prendre la mesure de lespace francophone, de lapprocher dans toutes ses dimensions.
Ils iront aussi au-delà des idées reçues et des clichés sur la Francophonie. Nous ne sommes plus à lheure de lassistanat ni dune défense rigide du français. Nous sommes engagés, depuis un certain temps déjà, dans lexploitation des richesses de notre patrimoine linguistique commun et de nos différences culturelles.
Comme vous le soulignez vous-même, tous les pays qui sinscrivent dans lespace francophone forment « un kaléidoscope de langues et de cultures où chacun revendique davoir, aussi, le français en partage ». De ce fait, « la Francophonie déborde de beaucoup la seule langue française ». Au-delà des langues, en effet, se déploie tout léventail des productions culturelles. Rencontres, confrontations, métissages : la Francophonie nous ouvre, à chaque instant, de nouveaux horizons. Vous en verrez tout à lheure un exemple avec le concert de Nguyên Lê, qui illustrera la rencontre entre lAfrique, lAsie et lAmérique, par le jazz.
Cest bien dans ce contexte que la vocation de la Francophonie, en tant quorganisation institutionnelle, prend tout son sens : affirmer le respect des droits et des libertés des individus et des communautés, valoriser lexpression de la diversité et des différences, contribuer à la résolution des inégalités au travers de son programme de coopération.
Vous avez développé une approche des langues éclairée, exigeante et ludique à la fois, pragmatique aussi. En encourageant lintérêt de vos visiteurs pour la langue et la culture dautrui, vous favorisez louverture de la société tout entière à dautres horizons. Cest une manière de donner forme à la citoyenneté. Je vous souhaite donc, au-delà de votre public de fidèles, de trouver le plus large écho possible, et je forme des voeux pour le succès de ce 17ème Salon.
En vous remerciant tous, éditeurs, responsables audiovisuels, universitaires, chercheurs et professeurs, associations, de votre contribution à Expolangues, je tiens à saluer une action de réflexion et de terrain dont la diversité, la qualité et la conviction sont au fond le coeur dune entreprise commune : elle na dautre fin que la culture, facteur dépanouissement humain et de joie dans un monde qui en a tellement besoin. Cela aussi est à la racine du projet francophone, fait douverture, de culture de la tolérance, dapprentissage de lautre, avec tout ce que sa propre langue nous apprend de lui.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr)