Texte intégral
Q - Vous n'avez toujours pas vos 500 signatures. Pensez-vous pouvoir en obtenir quelques unes à La Réunion ?
R - La recherche des parrainages est toujours difficile pour Les Verts. C'était vrai en 1995, en 2002, ça reste vrai aujourd'hui. Les "grands" partis et notamment le PS ont donné cette année des consignes strictes, que je déplore, et l'approche des municipales fait craindre à certains maires des représailles quant aux investitures. Nous ne ménageons pas nos efforts pour trouver ces signatures et je ne peux pas envisager une minute de ne pas les avoir. Je viens à La Réunion pour rencontrer les habitants de l'île. Si certains élus m'accordent leur parrainage, j'en serais ravie.
Q - Votre dernier déplacement remonte à 1999, vous étiez ministre de l'Environnement du gouvernement de la gauche plurielle. C'était en pleine affaire de "l'Erika" et vous aviez décidé à ce moment-là de prendre quelques jours de vacances à Maurice ? Avec le recul, dites-vous qu'il y a peut-être eu de votre part une erreur de jugement sur l'ampleur de cette affaire ?
R - Je suis en effet restée 48 heures à l'île Maurice en 1999. Rentrée en métropole le 25 décembre je me suis rendue immédiatement à Nantes. Je l'ai dit, et je peux vous le dire à nouveau : j'ai prononcé une phrase qui a choqué, je le regrette. Mais je ne renie rien de mon investissement dans un dossier qui m'a occupée durant de long mois une fois les caméras passées à un autre sujet. J'attends aujourd'hui que le procès actuellement en cours à Paris permette de dire toute la vérité sur la responsabilité de Total dans cette affaire. La firme a fui avec une grande constance ses responsabilités jusqu'à organiser la fin du mandat du Président de l'époque une semaine avant le début du procès.
Q - Vous êtes une écologiste, candidate de gauche à la présidentielle. Pensez-vous qu'il existe une "écologie de gauche" et "une écologie de droite" ?
R - Non je pense que l'écologie politique se situe résolument dans le camp du progrès social et du progrès humain. C'est le choix qu'ont fait la quasi-totalité des partis Verts en Europe. La campagne que je développe pour cette présidentielle montre, d'une part, que ce sont toujours les personnes les plus défavorisées qui subissent les conséquences de la dégradation de l'environnement et d'autre part, que des mesures écologiques, comme par exemple la lutte contre le suremballage des produits au supermarché, permettraient d'améliorer le pouvoir d'achat des consommateurs et réduiraient considérablement le recours à l'incinération des déchets. En parlant du traitement des déchets, on sait que vous êtes contre l'incinérateur. Que proposez-vous à la place ? Le volume des déchets produit par les ménages est aujourd'hui bien trop élevé. Il est urgent d'en réduire le volume et pour cela d'obliger, notamment, les industriels de l'agroalimentaire ou de l'électronique à changer de logique dans l'emballage des produits. Cesser de suremballer les produits, c'est faire baisser le ticket de caisse des consommateurs de 10 %. Enfin, je souhaite que soient développées des filières de recyclage efficaces qui permettent à la fois de cesser de perdre des matériaux que l'on peut réutiliser, mais aussi de créer des milliers d'emplois dans ce secteur. Quant aux matériels lourds (machines, électroménager, voitures), ils doivent êtres repris par le producteur, qui assume la responsabilité de son produit "du berceau à la tombe".
Q - Vous serez à La Réunion en campagne électorale, quels seront vos arguments pour essayer de fédérer l'opinion publique à vos idées ?
R - Ce que je dis à La Réunion et ailleurs, c'est que les questions de lutte pour la sauvegarde de l'environnement et les questions de lutte contre la pauvreté sont très liées. Ce sont les personnes les plus pauvres qui subissent les premières les problèmes environnementaux. Demain, ce seront les plus pauvres de la planète qui subiront les premiers les bouleversements climatiques si rien ne change. Je veux également dire aux Réunionnais que faire le choix de l'écologie permet de créer des emplois dans de nouveaux secteurs : dans le tourisme vert bien sûr, mais aussi dans le bâtiment et les travaux publics pour construire les logements de demain, moins gourmands en énergie et très confortables. Je suis à La Réunion pour démontrer que nous pouvons vivre autrement dans un monde moins violent et plus juste.
Q - Dans votre "contrat écologique" qui contient 15 orientations et 50 propositions, vous préconisez entre autres la construction d'1 million de logements sociaux en 5 ans en France. Combien en avez-vous prévu pour La Réunion où le manque de logements sociaux est criant ?
R - La question du logement, social et très social, est une priorité à la Réunion. Je note aussi que les questions liées à l'assainissement des eaux sont très importantes. Sans oublier les transports, essentiels si on veut limiter l'impact des voitures.
Q - Vous aborderez au cours de votre séjour la problématique du déplacement (transport), que pensez-vous du tram-train, projet porté par la Région ?
R - Le tram-Train, et sa future prolongation, me paraît être un beau projet car il permettra à terme de réduire la pollution issue du trafic routier. Aujourd'hui nous savons que ce sont les voitures et les camions qui créent de l'effet de serre, nous devons agir sous peine de voir les bouleversements climatiques créer le chaos sur la planète. On ne peut pas demander aux automobilistes de laisser la voiture au garage si rien n'est prévu pour permettre leur déplacement. Bien sûr il faudra veiller à ce que le tram-train, dans son tracé ou sa construction, respecte l'environnement et les milieux naturels. En matière d'énergies renouvelables, outre ce qui existe déjà ou en cours d'expérimentation, que proposez-vous ? Une chose est certaine, nous devons développer les énergies renouvelables pour lutter efficacement contre l'effet de serre et préparer l'après pétrole. Aujourd'hui nous souhaitons que les crédits de recherche publique soit massivement investis sur les énergies renouvelables et les économies d'énergie. Il y a de nombreuses îles comme La Réunion qui doivent assurer demain leur autonomie énergétique en combinant le soleil, le vent, la biomasse, la petite hydraulique avec à la clé de très nombreux emplois.
Q - Quelle est votre position sur des dossiers comme la préférence régionale...
R - D'abord je n'utilise pas ce mot. Je suis désolée parce que c'est une expression qui est devenue familière à La Réunion mais la "préférence régionale" me fait par trop penser à la "préférence nationale" de l'extrême droite. Or, ce qui compte à La Réunion, c'est de favoriser l'emploi des personnes qui vivent sur l'île et qui sont au chômage. L'ambition des Verts est évidemment de privilégier l'emploi local. C'est pourquoi à La Réunion nous proposons de développer tous les moyens pour aider les entreprises à embaucher des personnes compétentes déjà sur place plutôt que de les faire venir de métropole ou d'ailleurs. Il faut anticiper pour donner les formations aux Réunionnais en liaison avec les futurs chantiers, le tram-train par exemple, ou encore dans le développement des énergies renouvelables, le solaire par exemple. Développer ce partenariat veut dire aussi permettre à l'ANPE Réunion d'avoir le temps de proposer un emploi sur place avant qu'il ne soit transmis en métropole.
Q - Sur la surrémunération des fonctionnaires ? Pensez-vous, par exemple, comme Nicolas Sarkozy que "ce n'est pas un sujet tabou et que la question mérite débat" ?
R - Aucun sujet n'est tabou. Avec une grande constance, Nicolas Sarkozy fait des fonctionnaires des boucs émissaires, c'est scandaleux. L'étude du futur Observatoire des prix montrera si les fonctionnaires ont ou pas le même pouvoir d'achat qu'en métropole. Se prononcer sans attendre les résultats de l'étude serait inconséquent au regard de l'économie réunionnaise. Ceci dit il est clair que la surrémunération contribue à la politique de "prix chers" qui pénalise les personnes les plus fragiles et les plus pauvres.
Q - Et sur la continuité territoriale ?
R - Nous pensons indispensable de garantir l'accès des étudiants et des familles à des tarifs aériens décents, mais aussi de développer des coopérations régionales en matière de formation professionnelle, d'échanges culturels. La Réunion ne dépend pas que du "cordon ombilical" avec l'Europe.
Q - Qu'allez-vous dire à Paul Vergès, homme de gauche, président de l'Alliance mais dont le coeur semble battre de plus en plus fort pour le candidat de l'UMP NicolasSarkozy ?
R - Je connais bien aussi le Paul Verges qui fut à l'initiative d'une proposition de loi votée à l'unanimité par les deux assemblées, faisant du changement climatique une priorité nationale. je lui fais confiance pour ne pas perdre de vue ses engagements de ce type.
Source http://blog.voynet2007.fr, le 22 février 2007
R - La recherche des parrainages est toujours difficile pour Les Verts. C'était vrai en 1995, en 2002, ça reste vrai aujourd'hui. Les "grands" partis et notamment le PS ont donné cette année des consignes strictes, que je déplore, et l'approche des municipales fait craindre à certains maires des représailles quant aux investitures. Nous ne ménageons pas nos efforts pour trouver ces signatures et je ne peux pas envisager une minute de ne pas les avoir. Je viens à La Réunion pour rencontrer les habitants de l'île. Si certains élus m'accordent leur parrainage, j'en serais ravie.
Q - Votre dernier déplacement remonte à 1999, vous étiez ministre de l'Environnement du gouvernement de la gauche plurielle. C'était en pleine affaire de "l'Erika" et vous aviez décidé à ce moment-là de prendre quelques jours de vacances à Maurice ? Avec le recul, dites-vous qu'il y a peut-être eu de votre part une erreur de jugement sur l'ampleur de cette affaire ?
R - Je suis en effet restée 48 heures à l'île Maurice en 1999. Rentrée en métropole le 25 décembre je me suis rendue immédiatement à Nantes. Je l'ai dit, et je peux vous le dire à nouveau : j'ai prononcé une phrase qui a choqué, je le regrette. Mais je ne renie rien de mon investissement dans un dossier qui m'a occupée durant de long mois une fois les caméras passées à un autre sujet. J'attends aujourd'hui que le procès actuellement en cours à Paris permette de dire toute la vérité sur la responsabilité de Total dans cette affaire. La firme a fui avec une grande constance ses responsabilités jusqu'à organiser la fin du mandat du Président de l'époque une semaine avant le début du procès.
Q - Vous êtes une écologiste, candidate de gauche à la présidentielle. Pensez-vous qu'il existe une "écologie de gauche" et "une écologie de droite" ?
R - Non je pense que l'écologie politique se situe résolument dans le camp du progrès social et du progrès humain. C'est le choix qu'ont fait la quasi-totalité des partis Verts en Europe. La campagne que je développe pour cette présidentielle montre, d'une part, que ce sont toujours les personnes les plus défavorisées qui subissent les conséquences de la dégradation de l'environnement et d'autre part, que des mesures écologiques, comme par exemple la lutte contre le suremballage des produits au supermarché, permettraient d'améliorer le pouvoir d'achat des consommateurs et réduiraient considérablement le recours à l'incinération des déchets. En parlant du traitement des déchets, on sait que vous êtes contre l'incinérateur. Que proposez-vous à la place ? Le volume des déchets produit par les ménages est aujourd'hui bien trop élevé. Il est urgent d'en réduire le volume et pour cela d'obliger, notamment, les industriels de l'agroalimentaire ou de l'électronique à changer de logique dans l'emballage des produits. Cesser de suremballer les produits, c'est faire baisser le ticket de caisse des consommateurs de 10 %. Enfin, je souhaite que soient développées des filières de recyclage efficaces qui permettent à la fois de cesser de perdre des matériaux que l'on peut réutiliser, mais aussi de créer des milliers d'emplois dans ce secteur. Quant aux matériels lourds (machines, électroménager, voitures), ils doivent êtres repris par le producteur, qui assume la responsabilité de son produit "du berceau à la tombe".
Q - Vous serez à La Réunion en campagne électorale, quels seront vos arguments pour essayer de fédérer l'opinion publique à vos idées ?
R - Ce que je dis à La Réunion et ailleurs, c'est que les questions de lutte pour la sauvegarde de l'environnement et les questions de lutte contre la pauvreté sont très liées. Ce sont les personnes les plus pauvres qui subissent les premières les problèmes environnementaux. Demain, ce seront les plus pauvres de la planète qui subiront les premiers les bouleversements climatiques si rien ne change. Je veux également dire aux Réunionnais que faire le choix de l'écologie permet de créer des emplois dans de nouveaux secteurs : dans le tourisme vert bien sûr, mais aussi dans le bâtiment et les travaux publics pour construire les logements de demain, moins gourmands en énergie et très confortables. Je suis à La Réunion pour démontrer que nous pouvons vivre autrement dans un monde moins violent et plus juste.
Q - Dans votre "contrat écologique" qui contient 15 orientations et 50 propositions, vous préconisez entre autres la construction d'1 million de logements sociaux en 5 ans en France. Combien en avez-vous prévu pour La Réunion où le manque de logements sociaux est criant ?
R - La question du logement, social et très social, est une priorité à la Réunion. Je note aussi que les questions liées à l'assainissement des eaux sont très importantes. Sans oublier les transports, essentiels si on veut limiter l'impact des voitures.
Q - Vous aborderez au cours de votre séjour la problématique du déplacement (transport), que pensez-vous du tram-train, projet porté par la Région ?
R - Le tram-Train, et sa future prolongation, me paraît être un beau projet car il permettra à terme de réduire la pollution issue du trafic routier. Aujourd'hui nous savons que ce sont les voitures et les camions qui créent de l'effet de serre, nous devons agir sous peine de voir les bouleversements climatiques créer le chaos sur la planète. On ne peut pas demander aux automobilistes de laisser la voiture au garage si rien n'est prévu pour permettre leur déplacement. Bien sûr il faudra veiller à ce que le tram-train, dans son tracé ou sa construction, respecte l'environnement et les milieux naturels. En matière d'énergies renouvelables, outre ce qui existe déjà ou en cours d'expérimentation, que proposez-vous ? Une chose est certaine, nous devons développer les énergies renouvelables pour lutter efficacement contre l'effet de serre et préparer l'après pétrole. Aujourd'hui nous souhaitons que les crédits de recherche publique soit massivement investis sur les énergies renouvelables et les économies d'énergie. Il y a de nombreuses îles comme La Réunion qui doivent assurer demain leur autonomie énergétique en combinant le soleil, le vent, la biomasse, la petite hydraulique avec à la clé de très nombreux emplois.
Q - Quelle est votre position sur des dossiers comme la préférence régionale...
R - D'abord je n'utilise pas ce mot. Je suis désolée parce que c'est une expression qui est devenue familière à La Réunion mais la "préférence régionale" me fait par trop penser à la "préférence nationale" de l'extrême droite. Or, ce qui compte à La Réunion, c'est de favoriser l'emploi des personnes qui vivent sur l'île et qui sont au chômage. L'ambition des Verts est évidemment de privilégier l'emploi local. C'est pourquoi à La Réunion nous proposons de développer tous les moyens pour aider les entreprises à embaucher des personnes compétentes déjà sur place plutôt que de les faire venir de métropole ou d'ailleurs. Il faut anticiper pour donner les formations aux Réunionnais en liaison avec les futurs chantiers, le tram-train par exemple, ou encore dans le développement des énergies renouvelables, le solaire par exemple. Développer ce partenariat veut dire aussi permettre à l'ANPE Réunion d'avoir le temps de proposer un emploi sur place avant qu'il ne soit transmis en métropole.
Q - Sur la surrémunération des fonctionnaires ? Pensez-vous, par exemple, comme Nicolas Sarkozy que "ce n'est pas un sujet tabou et que la question mérite débat" ?
R - Aucun sujet n'est tabou. Avec une grande constance, Nicolas Sarkozy fait des fonctionnaires des boucs émissaires, c'est scandaleux. L'étude du futur Observatoire des prix montrera si les fonctionnaires ont ou pas le même pouvoir d'achat qu'en métropole. Se prononcer sans attendre les résultats de l'étude serait inconséquent au regard de l'économie réunionnaise. Ceci dit il est clair que la surrémunération contribue à la politique de "prix chers" qui pénalise les personnes les plus fragiles et les plus pauvres.
Q - Et sur la continuité territoriale ?
R - Nous pensons indispensable de garantir l'accès des étudiants et des familles à des tarifs aériens décents, mais aussi de développer des coopérations régionales en matière de formation professionnelle, d'échanges culturels. La Réunion ne dépend pas que du "cordon ombilical" avec l'Europe.
Q - Qu'allez-vous dire à Paul Vergès, homme de gauche, président de l'Alliance mais dont le coeur semble battre de plus en plus fort pour le candidat de l'UMP NicolasSarkozy ?
R - Je connais bien aussi le Paul Verges qui fut à l'initiative d'une proposition de loi votée à l'unanimité par les deux assemblées, faisant du changement climatique une priorité nationale. je lui fais confiance pour ne pas perdre de vue ses engagements de ce type.
Source http://blog.voynet2007.fr, le 22 février 2007