Texte intégral
Madame, c'est une grande joie pour mon épouse et pour moi-même que de vous accueillir ici dans ce palais des Affaires étrangères qui nous rappelle à tous deux tant d'excellents souvenirs. Joie et aussi reconnaissance. Ce sont des sentiments que je voudrais exprimer en m'adressant à vous. Je vais expliquer ce mot de reconnaissance. Nous sommes aujourd'hui en France, c'est un peu notre manie nationale, périodiquement, dans un moment dit de morosité. Ma reconnaissance va envers un homme qui nous a apporté en quelques heures et en quelques jours un formidable exemple de joie de vivre et de dynamisme, de confiance dans l'avenir et de vitalité. C'est la joie de vivre et la vitalité de votre peuple, Monsieur le Président, c'est aussi la vôtre, personnelle, c'est votre caractère qui a séduit les Françaises et les Français, partout où vous êtes passé depuis votre arrivée ici à Paris, vous vous en êtes rendu compte.
Je crois pouvoir dire que, comme l'on dit familièrement, le courant est bien passé entre la France et le Président Cardoso, entre le Président Chirac et le Président Cardoso et nous nous en réjouissons parce qu'au-delà des personnes, c'est bien évidemment l'amitié franco- brésilienne qui est aujourd'hui en cause au bon sens du terme.
Votre journée a d'ailleurs été à l'image de la signification que nous voulons donner à votre voyage ici. Vous l'avez commencé, je crois, par des contacts avec des industriels français. Ils sont venus nombreux, on me disait à l'instant. Il y a quelques années, lorsque l'on me parlait du Brésil, on voyait timidement au siège du CNPF arriver une trentaine, une quarantaine de chefs d'entreprises français ; il y en avait plus de 400 ce matin. C'est dire l'intérêt que suscite votre pays, c'est dire aussi l'admiration que suscite ici en France l'uvre de redressement qui vous est très largement imputable, Monsieur le Président, dans vos fonctions antérieures et dans les fonctions qui sont les vôtres aujourd'hui. Nous souhaitons que cette coopération économique entre la France et le Brésil s'intensifie, nous avons déjà des projets importants, en cours ou en perspective, dans des domaines où la France se reconnaît peut-être de manière trop peu modeste une certaine excellence, disons le mot. Je pense aux télécommunications, aux grands réseaux urbains, à l'espace et à beaucoup d'autres. Je sais que sur tous ces points, vous avez, avec vos ministres, beaucoup travaillé aujourd'hui et que vous continuerez à le faire au cours de ce séjour.
La deuxième étape de votre journée qui est aussi très significative de la portée de votre voyage est le moment que vous avez passé à la Sorbonne. Je n'y étais pas, mais Paris finalement est une petite ville où tout se sait très vite, et si je me permettais d'utiliser une seconde fois une expression un peu familière, je dirais que d'après les échos qui me sont revenus, vous avez fait un "tabac" en retrouvant beaucoup de vos collègues universitaires et en animant avec la spontanéité et également l'intelligence et la profondeur qui caractérisent vos propos, un débat qui a été, je crois, très apprécié par tout ceux qui ont eu la chance d'y participer.
Voilà deux moments forts et deux symboles de cette visite. Des relations économiques à renforcer, des relations culturelles qui, malgré le temps et la distance, n'ont pas fini de se renforcer. Nous en avons parlé tout à l'heure avant le dîner au cours d'un bref entretien. Au- delà même de ce que fait l'Alliance française, il faut que nous puissions continuer à propager le français au Brésil. Je dois vous dire qu'hier soir, au Palais de l'Elysée, cela a été pour beaucoup d'entre nous un moment d'émotion lorsque, en réponse au discours que prononçait le Président de la République française, qui n'avait pas besoin de traduction, nous vous avons entendu vous exprimer, Monsieur le Président, dans un français impeccable, nous y avons été très sensible. Nous avons été sensibles à l'élégance que cela représentait de votre part et nous avons pu constater aussi que tous les ministres qui vous accompagnaient parlaient parfaitement notre langue. Etait-ce un choix délibéré ou est-ce tout simplement la traduction et la marque de l'importance de la langue française au Brésil, nous voulons espérer que les deux explications valent. Vous savez que nous souhaitons également en France faire à cette grande langue internationale qu'est le portugais toute sa place puisque nous avons ici une communauté lusophone fort importante.
Voilà, Monsieur le Président, ce que je souhaitais exprimer, en vous redisant combien nous sommes heureux d'avoir pu parler avec Madame Cardoso, votre femme, qui vous a accompagné tout au long de votre voyage, qui manie également parfaitement la langue française et dont j'ai pu apprécier, hier soir, les connaissances d'anthropologue, appliquées à l'anthropologie urbaine, sujet qui nous tient à cur aussi en France.
Au-delà de ce voyage, il nous faut maintenant construire l'avenir entre la France et le Brésil. Je vous le disais tout à l'heure au cours de notre entretien, un de mes regrets de ministre des Affaires étrangères, c'est de ne pas avoir trouvé les quelques jours nécessaires pour revisiter le Brésil que j'avais eu l'occasion de visiter il y a bien des années. C'était une lacune, elle est maintenant comblée au plus haut niveau par votre venue ici en France, et j'espère que c'est le début d'un flux de visites régulières entre le Brésil et la France.
C'est en tout cas dans cet esprit de très grande cordialité, de très grand bonheur de vous avoir ici à nos côtés, Monsieur le Président, Madame, que je voudrais maintenant lever mon verre à votre santé personnelle, à votre réussite et à l'amitié entre la France et le Brésil.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 août 2002)