Texte intégral
Q- On en parle, ce matin, dans tous les journaux d'RTL : les Renseignements généraux auraient enquêté sur un collaborateur de S. Royal ; et ça donne ce titre de Une dans Le Parisien : "Sarkozy aurait espionné l'équipe Royal". Vous y croyez ?
R- J'en sais rien, et puis l'enquête le dira tout simplement. Mais ce n'est pas du niveau d'une campagne présidentielle, si vous me permettez. Là-dessus, je suis tout à fait d'accord avec A. Duhamel. Vivement qu'on prenne un petit peu de hauteur pour qu'on donne aux Français un vrai choix et un choix sur des vrais critères. La place de la France dans le monde ? Quelle Europe, demain, voulons-nous ? Cà, ce sont des questions intéressantes. Le reste, ce sont des questions de corbeille à papiers.
Q- Oui, mais si quelqu'un espionne, tout de même...
R- Eh bien, on le saura et il y aura les enquêtes qu'il faudra. Et à ce moment-là, ça passera effectivement comme une chose sérieuse et il y aura débat là-dessus. Mais pour l'instant, ça n'est pas vraiment du niveau d'une campagne présidentielle. Permettez-moi de le répéter.
Q- Les Renseignements généraux dépendent du ministre de l'Intérieur. Le ministre de l'Intérieur est candidat à l'élection présidentielle. Est-ce qu'il n'y pas là une confusion ? Est-ce qu'il faudrait pas la clarifier, pour l'instant ?
R- Pour l'instant, il s'agit d'une hypothèse. Laissons justement les enquêtes se faire pour savoir si de l'hypothèse, ça devient une réalité. A ce moment-là, je pense que N. Sarkozy - si c'était vrai - en tirerait les conséquences.
Q- Il aurait démissionné ?
R- N. Sarkozy ? Non, il aurait démissionné celui qui a donné l'instruction, le cas échéant.
Q- C'est-à-dire quitter son poste de ministre de l'Intérieur pour ne plus être gêné...
R- Cela, c'est son affaire. Allez passons aux choses sérieuses, s'il vous plaît !
Q- C'est une affaire de principe, tout de même ?
R- Oui, tout à fait, c'est une question de principe. Mais passons aux choses sérieuses, c'est-à-dire la campagne présidentielle, si vous le voulez bien ou l'Education nationale comme vous l'avez annoncé.
Q- Nous allons en parler, mais les principes c'est sérieux.
R- Voilà, les principes c'est sérieux.
Q- Nous sommes d'accord. Mauvais climat à l'Education nationale ?
R- Pas du tout.
Q- Une manifestation, samedi. Une annonce de grève, le 8 février. Quinze syndicats qui s'en prennent à vous en des termes qui ne sont pas sympathiques, ça ne se passe très bien à l'Education nationale ?
R- Mais vous faites une information sélective, là.
Q- C'est vrai ?
R- Oui, regardez au mois de juin dernier, j'ai signé un accord avec le syndicat qui avait déclenché les grèves il y a dix ans chez les directeurs d'école. Voilà, cette grève est terminée sauf peut-être un petit résiduel de l'ordre de 10%. Voilà justement, grâce au consensus, au sens du dialogue des uns et des autres, une grève qui se termine. Deuxièmement, hier - ça tombe bien -, j'ai signé avec les trois syndicats des chefs d'établissement, donc représentant les proviseurs, les proviseurs adjoints, les principaux, les principaux adjoints, un accord. Et c'est la première fois que dans cette maison, existe un accord signé par les trois syndicats. Alors, c'est vrai, que samedi dernier, il y a une manifestation. Il y a eu 13.000...
Q- ...Ah ! Je me demandais si on avait rêvé !...
R- Vous n'avez pas à vous demander. Je vais vous le dire.
Q- Il y a bien une manifestation, samedi ?
R- Mais, bien sûr.
Q- Il y a bien un mot d'ordre de grève pour le 8 février ?
R- Peut-être en étiez-vous !.... Pour l'observation !
Q- Le samedi, je me repose...
R- Il y avait 13.500 personnes dans les rues sur 800.000 enseignants ; et ils ont dit qu'ils allaient se mêler à la manifestation des fonctionnaires, en général, de février. Mais vous savez, c'est vrai qu'à l'Education nationale, il y a souvent des manifestations... Il y a souvent... et on est dans une période aussi, un peu de surenchère électorale au niveau de la représentation syndicale, et donc tout ceci est à prendre évidemment au sérieux. C'est important d'écouter les messages qui sont donnés. Mais franchement, aujourd'hui, je peux vous dire qu'il y a plutôt un bon climat et que l'immense majorité des enseignants est sensible aux efforts du Gouvernement en faveur de l'école et je crois vraiment que l'heure est à l'apaisement.
Q- Quand allez-vous publier le fameux décret qui suscite beaucoup d'émoi dans le monde enseignant qui allonge le temps de travail de certains enseignants et qui introduit la bivalence ?
R- Eh non, ça n'allonge pas le temps de travail des enseignants. Ca remet les enseignants qui avaient des décharges avec une contrepartie, au même horaire si la contrepartie n'existe plus, au même horaire que les autres. C'est-à-dire que certains enseignants enseignaient 17 heures au lieu de 18 heures parce qu'ils avaient une contrepartie, un travail à faire autrement. Quand ils n'ont pas le travail autrement à faire, ils enseignent comme leurs petits camarades : à 18 heures par semaine.
Q- Et le décret, vous le publiez quand ?
R- Et le décret : dès que j'ai l'avis du Conseil d'Etat.
Q- Cela va aller vite maintenant ?
R- Ah je pense, oui le Conseil d'Etat m'a toujours dit que ce serait pour la fin du mois de janvier. Donc, c'est pour la fin du mois de janvier.
Q- Vous êtes toujours décidé à publier ce décret ?
R- Mais bien sûr, c'est une bonne chose pour l'Education nationale.
Q- Au début de l'année budgétaire, le Gouvernement avait annoncé la suppression de 5.300 postes de fonctionnaires ; et d'après les conditions de finances du Sénat notamment, ce serait beaucoup plus que cela qui aurait été supprimé pendant l'année 2006. Alors la question est de savoir, combien de postes d'enseignants, de fonctionnaires ont été supprimés dans votre ministère durant l'année 2006 ? Le savez-vous ?
R- Non, je ne le sais pas. Mais en 2007, je sais exactement que ce n'est pas 5.000. C'est 1.734, exactement.
Q- Et en 2006, vous ne le savez pas ?
R- Non, je n'ai pas le chiffre en tête. Là vous me prenez un peu au dépourvu. Je ne connais pas le chiffre précis. Mais c'est beaucoup moins que 5.000 et je vous dis qu'en 2007, en tout cas, avec le budget que j'ai, ça sera 1.734 postes parce que quand on dit 5.000 suppressions
de postes, on ne pense qu'au secondaire. Et je rappelle que j'ai créé2.000 postes. Je crée 2.000 postes en 2007 dans l'Enseignement Supérieur. Comme j'en ai créé 2.000 aussi en 2006, car quand on parle de suppression de postes, on ne parle jamais des créations de poste. Il y a des créations de poste en 2007. Il y en a 2.000 pour l'Enseignement Supérieur, il y a aussi 300 postes d'infirmière qui sont créés. Il y a 500 ou 600 postes dans l'enseignement primaire qui vont être créés, 500 postes pour les professeurs des écoles.
Q- D'accord !
R- Oui, attendez, quand je parle de créations de postes, il ne faut pas me couper la parole. 466 postes qui sont créés pour accueillir les enfants handicapés. Donc, quand on parle de suppressions, il faut parler des suppressions parce qu'il y a moins d'élèves, par exemple, dans le secondaire ; et les créations, parce qu'il y a plus d'élèves dans le primaire et aussi des besoins nouveaux qui s'expriment comme, par exemple, l'accueil des handicapés.
Q- Et vous nous direz dans les jours qui viennent, en 2006 quel est le solde des postes créés ou supprimés à l'Education nationale ?
R- Je peux vous dire, en tout cas, qu'il y a eu beaucoup, beaucoup de recrutements notamment pour mettre plus d'adultes dans les établissements. On a recruté quand même 25.000 à 30.000 contrats aidés pour aider notamment les directeurs d'école à assumer leur tâche.
Q- F. Bayrou monte dans les sondages.
R- Oui, tant mieux pour lui !
Q- Et pour vous ?
R- Eh bien, moi aussi.
Q- Vous êtes content ? Vous êtes content pour lui ?
R- Je suis très content pour lui, bien entendu, si ça lui donne satisfaction et s'il est content avec ça. Simplement je pense que, pour l'instant, il ne semble pas qualifié pour le second tour ; et donc pour moi, la question des alliances du second tour se pose toujours ; et je voudrais qu'il profite peut-être de cette embellie dans les sondages pour mieux exprimer les valeurs qu'il défend, car aujourd'hui je ne sais pas s'il va défendre ses valeurs avec la gauche, ou avec la droite, le soir du premier tour. Et je voudrais qu'il profite donc de cette embellie apparente sur les valeurs qu'il défend : valeurs européennes, valeurs du centre-droit, et j'espère en tout cas qu'il va être un peu plus clair et qu'il va arrêter cette protestation continuelle qui rend populaire. Parce que rouspéter, hurler...
Q- C'est la protestation qui le fait monter, d'après vous ?
R- C'est la protestation, sans aucun doute.
Q- Hurler avec les loups, disiez-vous !
R- Oui, mais tout le monde hurle en ce moment. Tout le monde proteste. Tout le monde critique. Moi je trouve qu'il est grand temps quand même que la campagne présidentielle, comme le disait A. Duhamel, prenne un tour positif et que des propositions concrètes sur des valeurs puissent se manifester, notamment les valeurs du centre-droit auxquelles je suis profondément attaché.
Q- Vous allez voter pour F. Bayrou au premier tour ?
R- Moi je vais prendre le temps de réfléchir non pas en fonction des postures, en fonction de l'actualité mais en fonction de ce que proposent les candidats ... Et je rappelle que la campagne officielle démarre début mars ou même... début avril, la campagne officielle (9 avril), et que les signatures, c'est fin mars. Et donc on a vraiment le temps d'écouter les uns et les autres pour se faire une opinion. Moi, en tout cas, je me sens aujourd'hui totalement libre. Je me sens aussi corresponsable avec d'autres, de l'Union de la Majorité. Et je voudrai mettre cette liberté et cette autonomie que je possède totalement aujourd'hui au service évidemment du pays pour donner un choix sur des valeurs et non pas sur des postures.
Q- G. de Robien, qui a besoin de réfléchir encore pour savoir pour qui
il va voter...
R- Et vous, vous ne réfléchissez pas quand vous votez vous ?
Moi, il y a longtemps que j'ai réfléchi.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 25 janvier 2007