Texte intégral
Q - Monsieur le Ministre, quelle signification attribuez-vous à la prochaine réunion en Russie du Conseil de coopération franco-russe sur les questions de sécurité ? Quels seront les grands thèmes de réunion à Moscou ?
R - Comme vous le savez, le Conseil de Coopération franco-russe sur les questions de sécurité (CCQS) a été créé en janvier 2002 par les présidents de la République française et de la Fédération de Russie. Le CCQS vise à renforcer le dialogue stratégique entre la France et la Russie en réunissant une à deux fois par an les ministres des Affaires étrangères et de la Défense de nos deux pays. C'est un format sans équivalent avec d'autres partenaires, autour des problématiques de sécurité, et la France y est d'autant plus attachée.
Cette sixième session du CCQS permettra de dresser un bilan de la présidence russe du G8, notamment au regard de la sécurité énergétique. Nous évoquerons l'architecture de sécurité européenne, à travers la coopération OTAN-Russie et Union européenne-Russie, ainsi que les problématiques régionales, telles que le Proche et Moyen-Orient, les dossiers nucléaires iranien et nord-coréen, le Kosovo, ou encore les conflits gelés.
Q - Comment qualifieriez-vous l'état actuel de la coopération franco-russe et vos relations avec votre homologue russe ? Comment estimez-vous la compréhension entre Moscou et Paris sur la situation au Proche-Orient et sur l'Iran ?
R - Je rappelle que nous n'avons, avec aucun autre pays en dehors de l'Union européenne, un tel format de rencontre.
Sur mes relations avec mon homologue russe, je dirais que j'ai toujours beaucoup de plaisir à rencontrer Sergueï Lavrov ! Le dialogue avec lui est toujours vif et enrichissant.
Il est important de pouvoir s'expliquer et de rechercher des terrains d'entente pour faire avancer la cause de la paix dans le monde.
Ainsi, sur le principe d'une conférence internationale pour le Proche-Orient, la position française est connue et elle rejoint la position russe. Nous sommes favorables à une conférence internationale qui permettrait de donner des garanties aux parties et de les encourager à négocier.
Sur l'Iran, nous avons eu une concertation permanente et fructueuse avec nos partenaires russes, laquelle nous a permis d'aboutir le 23 décembre dernier, comme vous le savez, à l'adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 1737. Nous nous rejoignons pleinement sur les objectifs de lutte contre la prolifération nucléaire.
Q - Comment voyez-vous les relations bilatérales dans les secteurs de l'aéronautique et de l'énergie ?
R - Nos entreprises (EADS, SAFRAN) contribuent aux efforts de modernisation de l'industrie aéronautique civile russe. A l'occasion de la visite d'Etat en France du président Poutine en septembre dernier, un groupe de travail franco-russe, associant les industriels de nos deux pays, a été mis en place pour servir de cadre à cette coopération et préparer l'avenir.
Ce groupe, qui s'est réuni pour la première fois à Toulouse en décembre dernier doit rendre ses conclusions au printemps. Par ailleurs, nous attendons la réponse russe à l'offre d'EADS pour la vente de 22 appareils Airbus A350 complétée par un partenariat industriel ambitieux.
En matière énergétique, un cinquième des importations françaises de gaz provient de Russie, ainsi qu'environ 15 % de nos importations de pétrole brut. La Russie est donc un partenaire incontournable. Nos grands groupes énergétiques - GDF, Total, Areva notamment - travaillent depuis longtemps en Russie dans tous les domaines de ce secteur, depuis l'exploration-production jusqu à la maîtrise de la demande. Je me réjouis de l'accord conclu en décembre dernier entre GAZPROM et GDF qui prévoit que les livraisons de gaz russe à la France seront prolongées dans le cadre d'un nouveau contrat de long terme, allant jusqu'à 2030. Cet accord est un facteur de sécurité énergétique pour nos deux pays.
Outre l'énergie et l'aéronautique, nous avons beaucoup d'autres grands projets de coopération : la mise en place en Russie de la télévision numérique ou encore les infrastructures de transport, routières (routes à péages) et ferroviaires (trains à grande vitesse).Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 février 2007