Déclaration de Mme Laurence Parisot, présidente du MEDEF, sur la croissance économique, la politique industrielle et l'esprit d'entreprise, Paris le 25 janvier 2007.

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Circonstance : Lancement du livre du MEDEF "Besoin d'air" à Paris le 25 janvier 2007

Texte intégral


C'est un grand plaisir pour moi de me retrouver devant vous tous. Merci d'être venus si nombreux, vous êtes plus de 6000, dans ce lieu exceptionnel, le Palais Omnisports de Paris-Bercy pour ce rendez-vous exceptionnel.
Je suis très heureuse et très fière que la voix des chefs d'entreprise puisse se faire entendre dans la campagne électorale pour l'élection présidentielle.
Je suis très heureuse aussi de voir que notre travail commence à faire bouger les lignes.
Nous sommes une équipe. Et au cours des derniers mois, nous avons contribué à faire évoluer beaucoup de choses : à conclure des négociations ouvertes depuis longtemps ; je citerai en tout premier le travail d'orfèvre accompli par Denis Gautier-Sauvagnac, sur le régime des intermittents du spectacle ou sur l'important accord seniors, merci cher Denis.
Nous avons signé, sous l'impulsion de notre chef de file Caty Kopp un accord historique sur la diversité en entreprise. Sous la conduite de Jean-René Buisson nous avons ouvert des négociations délicates dans leur dimension financière sur les régimes complémentaires de retraite et finaliser un accord sur la gouvernance de la branche maladie.
Nous nous sommes lancés aussi sur des voies nouvelles avec audace et avec déjà quelques succès : je pense à la signature d'une convention entre le MEDEF et l'ANPE, je pense au Tour de France de la diversité avec le Ministre Azouz Begag ou au Tour de France de l'Export la Ministre Christine Lagarde ; je pense à l'esprit nouveau insufflé par la Commission Dialogue Economique de Véronique Morali ou bien encore l'engagement de Laurence Danon dans l'élaboration d'une charte des stages. Je pense à l'efficacité du lobbying de Marie-Christine Coisne et je pense aussi au travail de Jérôme Bédier, Pierre Nanterme, Pierre Fonlupt, Hughes-Arnaud Mayer, Francis Da Costa, Bernard Field, Xavier Fontanet, et de bien d'autres.
C'est avec cette équipe et celle du Conseil Exécutif que nous avons proposé la délibération sociale. Je remercie les organisations syndicales d'avoir accepté d'ouvrir avec nous un espace et un temps où ensemble, entre partenaires sociaux, nous pouvons confronter nos points de vue, réfléchir, cheminer ensemble. Et je veux dire à Jacques Voisin, Président de la CFTC, et à Bernard Van Craynest, Président de la CGC combien je suis sensible à leur présence parmi nous ce matin.
Nous sommes une équipe, une équipe de chefs d'entreprise...
...et nous les chefs d'entreprise, nous disons non très clairement, avec la plus grande fermeté, aux déclinologues et aux démagogues.
Les déclinologues sont ceux qui brossent un tableau sans nuance, entièrement noir de notre société et de notre économie, entièrement noir. Ils nous dépeignent une situation sans issue, ils nous annoncent un déclin inéluctable.
Les démagogues sont ceux qui jouent du pipeau, qui veulent faire voir la réalité sous un autre jour, qui distribuent les bons et les mauvais rôles pour accuser les uns, dédouaner les autres, qui livrent en pâture des bouc émissaires, qui flattent les désirs d'illusions. Ce sont eux qui disent : demain, on rasera gratis. Qui présentent une vision simpliste et fausse de la réalité, qui divisent pour régner. Qui manient l'arme de la disqualification et n'hésitent jamais à caricaturer. Les démagogues sont des flatteurs qui vivent aux dépens de ceux qu'ils flattent, et quand c'est l'électorat qu'ils flattent on peut craindre le pire.
Nous chefs d'entreprise, nous leur disons non, aux déclinologues et aux démagogues, car nous avons l'espérance et le réalisme également chevillés au corps, et parce que l'habitude de l'action nous rend optimistes.
Nous leur disons non et nous les renvoyons dos à dos. Ils pourront continuer de se donner la réplique comme c'est leur habitude. Les uns faisant peur, et les autres rassurant. Les deux jouant la surenchère et se plaisent à se répondre à qui mieux mieux. Car à partir du moment où l'on croit que la situation est désespérée, on peut entendre n'importe quelle promesse et s'y accrocher comme à une bouée. Plus les déclinologues font peur, plus les démagogues jouent les illusionnistes. Plus l'illusion marche et plus les déclinologues ont de quoi crier au loup. Les uns jouent la comédie, les autres la tragédie, mais ils sont toujours sur les planches du même théâtre dont ils voudraient bien nous contraindre à être les spectateurs passifs.
Ils se disputent de formidables terrains de bataille.
L'Europe est peut-être le premier d'entre eux... Or l'Europe c'est le socle sur lequel se bâtit notre croissance. Que notre croissance soit insuffisante, soit ! Nous sommes les premiers à le déplorer. Mais qu'on en accuse l'Europe et qu'on la soupçonne de nous appauvrir, c'est très injuste, surtout lorsqu'elle remplit parfaitement son rôle de grand marché ouvert à tous ses membres et qu'elle remplit également à la perfection sa mission première de garant de la paix.
Nous les chefs d'entreprise nous disons non !
Nous les chefs d'entreprise, nous disons non aux démagogues et aux déclinologues, parce qu'il n'y a pas de fatalité. Parce que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir, et l'entreprise c'est la vie ! Aux déclinologues, nous disons que le déclin n'est pas inéluctable, qu'il est grand temps d'agir mais qu'il est encore temps ; aux démagogues, qui ces temps-ci sont parfois rétrogrades nous disons que ni la nostalgie, ni les raisonnements archaïques, ni les idéologies faussement généreuses ne donneront jamais à la France la clé qui ouvre l'avenir.
Je le redis : nous les chefs d'entreprise, nous avons l'espérance et le réalisme chevillés au corps. Nous les avons chevillés au corps, pour nous, pour nos entreprises, et nous avons l'ambition de faire partager cela à la France.
Nous les chefs d'entreprise, nous sommes bien placés pour savoir qu'aucune action ne reste jamais sans effet. Aucun travail, aucune décision ne sont jamais tout à fait vains.
Aujourd'hui, au début de la campagne présidentielle, alors qu'un grand débat national est engagé, je le dis très clairement, et pardon pour la familiarité : rien n'est foutu. Il suffit de changer quelques paramètres : un peu plus de liberté, un peu plus d'air et tout ira mieux tout de suite en France. Et tout ira bien très vite pour les Français.
Aide-toi et le ciel t'aidera ; la fortune sourit aux audacieux ; il y a belle lurette qu'on connaît les bonnes recettes. Et pour cause, elles sont de bon sens, elles sont raisonnables.
La réalité est en mouvement. Les raisonnements peuvent l'être aussi pour être justes. Faisons ensemble la promotion des raisonnements dynamiques. On nous fait croire que la richesse serait comme un gâteau déjà là sur la table dont il ne resterait plus qu'à distribuer les parts de la meilleure façon possible à chacun. Mais la richesse n'est pas un gâteau déjà là sur la table. La richesse n'est jamais statique. Elle est toujours en évolution positive ou négative, et toujours potentiellement en expansion. Si l'on veut avoir l'espoir d'augmenter un jour prochain les revenus les plus bas, c'est la richesse globale, celle de la collectivité toute entière qui doit augmenter. De même si l'on veut créer du travail, il faut se garder de le considérer lui aussi comme un gâteau déjà là sur la table qui ne resterait plus qu'à se partager. Ce fut l'illusion désastreuse des 35 heures. Tant l'expérience que la raison nous dictent cette évidence de l'action pour sortir de la difficulté.
Mais il n'y a pas que l'expérience ou la raison, il y a aussi notre foi, notre foi profonde : nous avons foi en chacun de nous, nous avons foi en l'entreprise, nous avons foi en la France.
Je voudrais vous parler du génie fran??ais. Parce qu'il doit nous animer et inspirer notre action. Il y en a mille exemples. Mais peut-être le plus récent, le plus connu, le plus accessible à toutes les générations, le plus vivement salué à l'étranger, le plus époustouflant, le plus bouleversant, celui qui illustre le mieux le slogan « impossible n'est pas français », ce n'est pas seulement l'A380 auquel vous pensez tous en ce moment, c'est aussi pour moi ce film que vous avez été très nombreux à voir et qui s'appelle « La marche de l'empereur », l'histoire de la migration des oiseaux de l'Antarctique. Pour le réaliser et le faire connaître, il a fallu une magnifique culture naturaliste, il a fallu un rêve, il a fallu croire à ce rêve, il a fallu l'ambition de le faire partager, il a fallu sans beaucoup de moyens réaliser une prouesse technique invraisemblable, il a fallu convaincre ceux qui n'y croyaient pas, il a fallu, c'est le cas de le dire, résister contre vents et marées, il a fallu du courage, il a fallu aussi accepter de transformer un peu le produit pour l'exporter. C'est cela, le génie français. Cette combinaison si particulière de l'esthétique et de l'esprit d'entreprise, cette capacité à créer de l'exception, cette façon de transformer définitivement le regard sur le monde et sur l'autre.
De façon plus terre à terre, un chef d'entreprise français me disait récemment tout l'apport culturel, lié à l'intégration d'une entreprise anglo-saxonne dans son groupe. Apport en termes de process et de régularité. Mais il ajoutait que face à une panne, face à l'imprévu, face à un défi soudain il n'y avait pas plus performant que les équipes françaises.
Hier le génie français, c'était l'invention du champagne, du cinéma, de la montgolfière, de la tapisserie d'Aubusson, de la haute couture, de la parfumerie, Hier c'était Pasteur, Marie Curie, Eiffel. Aujourd'hui, c'est la carte à puce, le TGV, la réinvention moderne du luxe, un nouveau modèle d'hôtellerie, de commerce, des ambitions d'ampleur inégalée dans les services collectifs, une technologie de pointe dans l'industrie, c'est aussi la meilleure gestion de l'eau au monde, l'investissement précurseur dans l'industrie nucléaire. Pardon ne pas avoir le temps de citer tous les autres exemples qui s'imposent à moi.
Aujourd'hui, le génie français, ce sont des entreprises et des pratiques d'excellence, des domaines de pointe, dans l'industrie, les services, le commerce. Le génie français, c'était hier, et c'est aussi aujourd'hui, n'en déplaise aux déclinologues et n'en déplaise aux démagogues !
Le génie français, c'est à la fois un point de repère du passé et un phare pour l'avenir. Il faut que nous soyons conscients et fiers de ces succès ; que nous en parlions, que nous les racontions, que nous les revendiquions. Donnons-leur la publicité qu'ils méritent, soyons en heureux, proclamons leur valeur exemplaire, transformons les en modèles, en objectif collectif.
Notre rêve à nous, les chefs d'entreprise c'est une France prospère. Drôle de mot, prospérité, qui pourrait bien tomber en désuétude si nous n'étions pas tout à fait déterminés à le ranimer. Et pourtant quel état plus désirable que la prospérité ! Quel mot plus éloquent pour dire à la fois la richesse, le confort, le bien-être, la sécurité, la réussite, la bonne humeur... La France se savait prospère dans les années 60. Elle en est moins sûre aujourd'hui.
Faisons tout, nous les chefs d'entreprise, pour que notre pays ait plaisir à redevenir prospère. Entrons dans la mêlée !
Incitons les candidats à l'élection présidentielle à présenter une vraie stratégie économique. Affirmons qu'il y a des fiscalités compétitives et d'autres qui ne le sont pas et que ce ne serait pas le moindre mérite de la nôtre qu'elle permette enfin d'embaucher et d'augmenter les salaires.
Notre rêve à nous, les chefs d'entreprise c'est une France où la liberté, celle d'entreprendre, celle d'agir, celle de grandir, celle de rayonner ne soit pas un vain mot. Aucun thème n'est revenu plus souvent dans notre grande consultation auprès de vous que celui de la liberté. C'est l'aspiration la plus profonde des chefs d'entreprise, c'est notre leitmotiv. C'est notre besoin le plus fondamental. Que traduit ce désir de liberté ? J'ai relu vos réponses. Certainement pas la prétendue sauvagerie du libéralisme. Certainement pas son prétendu désordre. Certainement pas de l'égoïsme, ni de l'individualisme. Personne mieux que nous ne sait travailler en équipe. Ce que traduit notre désir de liberté, c'est tout l'inverse : c'est notre certitude que chacun saura faire bon usage de l'espace qui lui sera laissé, et trouver l'occasion d'y déployer son talent et sa créativité.
Ce que je lis dans la volonté répétée de plus de liberté, d'un peu plus d'air, pour nous, pour les entreprises, pour la France, c'est notre, c'est votre confiance en l'homme.
C'est d'ailleurs au nom de notre confiance en l'homme, en sa maturité, en son intelligence de l'intérêt général, que nous demandons que soit défini constitutionnellement un espace d'autonomie et de responsabilité des partenaires sociaux, c'est au nom de notre confiance en l'homme que nous sommes sûrs de pouvoir développer une relation contractuelle et non conflictuelle patronat-syndicats de salariés. Et c'est au nom de notre confiance en l'homme que nous demandons à déterminer par accord entre patronat et syndicats la durée du travail sans qu'il soit nécessaire qu'une loi la fixe une fois pour toutes et pour tous de façon rigide.
Notre rêve à nous chefs d'entreprise, c'est une France qui voie son avenir et qui aime son présent, une France qui tienne son rang en Europe et dans le monde, une France qui n'ait pas peur, une France qui rayonne, une France épanouie, une France qui diffuse, une France où chacun se sente fier, une France qui ne se mette pas hors-jeu, et dont l'idéal ne soit pas de se protéger derrière ses frontières érigées en murailles.
Ce n'est pas tant sur les dangers du protectionnisme que sur les vertus de l'échange que je veux insister ici. Dans quelques jours, se réunissent à Davos les ministres européens, entre autres, du Commerce. Nous, les chefs d'entreprise français, leur demandons solennellement de donner au Commissaire Peter Mandelson les arguments et les atouts qui lui permettront de favoriser la signature d'un accord pour le développement du commerce mondial dans le cadre du cycle de Doha. Selon la banque mondiale, la libéralisation des échanges de marchandises générerait 287 milliards de dollars dont un tiers profiterait aux pays en voie de développement, et ce serait une bonne nouvelle ! Quant à la libéralisation des services que nous appelons également de nos voeux, elle génèrerait 5 fois ce montant ! Si un tel accord était signé, évidemment les entreprises françaises en profiteraient. Elles en profiteraient même énormément. De très nombreux nouveaux marchés apparaîtraient, l'accès en serait facilité, et l'échange appelant l'échange, les entreprises trouveraient là l'occasion de déployer un potentiel d'exportation encore inexploité. Quelle bouffée d'oxygène ce serait !
Notre rêve à nous, chefs d'entreprise c'est une France qui ne trouve pas ses idéaux seulement dans son passé, qui repense à chaque pas son modèle et veuille bien le nourrir de la réalité présente, une France qui ne confonde pas la morale et le moralisme, qui accepte de penser par exemple qu'on peut être très haut dans l'échelle des salaires tout en ayant une moralité et une éthique irréprochables.
Notre rêve, c'est une France qui repère les pièges mortels pour notre économie que lui tendent les donneurs de leçon. Seraient mortels pour notre économie, par exemple, une augmentation du SMIC sans aucun lien ni avec les gains de productivité et ni avec l'inflation. Serait mortel le projet d'abrogation de la loi de 2003 sur les retraites alors que chacun sait qu'elle n'est que la première étape des réformes nécessaires.
Que faudrait-il pour que la France dont nous rêvons advienne ? C'est tout simple : il faudrait que nous puissions respirer. Et si nous respirions elle adviendrait immédiatement, n'en déplaise aux déclinologues, n'en déplaise aux démagogues !
Aujourd'hui, nous sommes dans un carcan. Les excès de la fiscalité, les excès du code du travail, les labyrinthes indéchiffrables, l'impossibilité notoire d'en déjouer les contradictions, l'hyper réglementation, tout cela nous oppresse, tout cela empêche nos entreprises de grandir, tout cela oppresse et opprime bien inutilement et bien dangereusement les entreprises françaises.
En revanche, dès que le carcan disparaît, on peut respirer, et tout le monde y gagne tout de suite. La preuve : le succès du CNE ! Selon le Ministère du Travail, 9 mois après sa création, ce sont les seules statistiques disponibles, ce nouveau contrat de travail a permis d'embaucher 440 000 personnes. Certaines embauches étaient des remplacements, certaines des anticipations, et 45 000 d'entre elles étaient des créations pures, c'est à dire des emplois qui n'auraient jamais existés sans cette forme de contrat !
Respirer, c'est aussi être déchargé du poids de la culpabilité obligée ! Pourquoi faut-il se retenir d'embaucher pour éviter le pire au cas où les choses tourneraient mal ? Pourquoi rendre le pire ingérable et le faire redouter parce qu'il serait ingérable ? Pourquoi faudrait-il absolument que l'un des deux soient en faute lorsqu'un salarié et un chef d'entreprise se séparent ? Trente-deux ans après l'invention en France du divorce par consentement mutuel, quelle audace, je propose que nous commencions à définir dans le monde du travail une séparabilité à l'amiable et aux conditions honorables pour les deux parties. On nous fait d'ailleurs bien des reproches à ce sujet. Je répondrai seulement que les mêmes reproches ont été adressés en leur temps au divorce à l'amiable. Ceux qui aujourd'hui nous accusent de penser que les salariés sont jetables, ce qui n'est jamais notre façon de voir, c'est une autre démagogie que de l'insinuer, ceux- là me rappellent les traditionalistes d'autrefois qui s'opposaient au divorce à l'amiable sous prétexte qu'il allait favoriser les caprices ! La séparabilité, j'en suis sûre, ce serait une révolution qui permettrait immédiatement nombre d'embauches. Mille embauches peut-être d'un côté pour un litige de l'autre. Car c'est clair, ce que nous cherchons à éviter en inventant la séparabilité à l'amiable, c'est une judiciarisation dont le coût en temps, en argent, en liberté, en confiance en l'autre est incalculable !
Respirer, c'est vivre, c'est naître, grandir, se développer : tout ce que l'entreprise rêve de faire. Le contraire de respirer, faut-il le rappeler, c'est mourir, c'est rendre son dernier souffle.
La respiration, quel plaisir ! Quel bonheur ! Ouvrir la fenêtre, prendre un grand bol d'air frais, aérer la pièce où l'on est, oser, car c'est aussi ça respirer, oser le brassage de l'intérieur et de l'extérieur.
Ne pas vivre en vase clos.
Respirer, c'est s'ouvrir, accepter la nouveauté, y compris et même surtout lorsque l'enjeu de l'ouverture sont la diversité et la mondialisation, ne pas retenir son souffle, avoir confiance, ne pas devenir cacochyme. Etre détendu, zen. Nous demandons au gouvernement qui naîtra des prochaines élections présidentielle et législatives d'avoir des relations normales avec nous chefs d'entreprise, avec nous Medef. Des relations normales : c'est-à-dire de travail, régulières, confiantes, faites d'estime et de respect mutuels.
Besoin d'air : c'est le besoin fondamental de l'entreprise qui a besoin de liberté, de la France qui a besoin de prospérité, et de notre planète qui a besoin de durer. Besoin d'air ! N'accablons pas sous un fardeau trop lourd les nouvelles générations qui pourraient s'asphyxier sous le poids de l'endettement et des retraites non financées.
Besoin d'air ! Nous sommes persuadés que les intérêts économiques et les intérêts écologiques ne sont pas par nature contradictoires. Entre eux il s'agit de créer étape par étape, j'y insiste, une dynamique de progrès. Si ouverts soyons-nous aux enjeux écologiques et à la nécessité absolue d'en tenir compte, même si c'est pas à pas, ne laissons pas croire pour autant que la planète se porterait mieux si nous étions encore plus accablés d'impôts.
Besoin d'air ! N'attendons pas que l'air nous manque pour en prendre soin, pour en comprendre la nécessité vitale.
Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Et qu'est-ce qu'on ne fait pas ?
Ne laissons pas dire n'importe quoi. Je l'ai mentionné à propos de la séparabilité, ne laissons pas n'importe qui nous prêter les pires intentions et les plus cyniques. Ne croyons pas que si nous avons parfois une image brouillée ce serait de notre propre faute : ce n'est pas nous, ce sont les gouvernements successifs qui ont éclaboussé l'image de l'entreprise en ne conduisant pas les réformes nécessaires pour atteindre le plein emploi, dont j'affirme qu'il est possible. Mesdames et Messieurs les candidats à l'élection présidentielle, il ne doit pas y avoir d'autre priorité économique et sociale que la réduction rapide et significative du chômage en France ! Toutes les autres difficultés s'en trouveront dans la foulée immédiatement simplifiées : la nouvelle pauvreté, le pouvoir d'achat, les déficits publics et l'endettement, le financement des retraites, mais aussi l'insécurité, la délinquance.
Ne laissons pas dire n'importe quoi et ne tombons pas dans les pièges des mots. Ni dans le piège du mot précarité qui peut signifier le pire mais aussi le meilleur quand il s'agit du premier CDD du jeune diplômé dans une entreprise de pointe. Ni dans le piège du mot d'allègement. Ne nous laissons pas abuser : quand on nous parle d'allègement de charges sociales comme si c'était un cadeau qu'on nous faisait. Grâce à ce tour de passe-passe sémantique, on suspend en réalité au-dessus de nos têtes une épée de Damoclès. On nous menace de bientôt ne plus nous le faire, ce prétendu cadeau, ou de ne plus nous le faire que sous conditions. Ce que nous refusons catégoriquement. Car ce raisonnement est fallacieux. Nous le disons clairement : ces allègements doivent devenir au contraire purement et simplement des abattements. Et cela, pour la bonne raison qu'ils ne sont que la juste compensation de l'invraisemblable coût infligé aux entreprises par les 35 heures. Ce qu'on appelle un allègement n'est en fait pas un allègement, c'est un dédommagement du préjudice insensé qui a été fait aux entreprises et au monde du travail tout entier.
Comprenons enfin que notre point de vue a une très grande valeur, une vraie dignité, et battons-nous pour le faire comprendre et pour le faire entendre.
Notre pratique quotidienne de chefs d'entreprise nous donne sur les décisions politiques un regard pertinent et juste : pour discerner ce qui est démagogique et ce qui ne l'est pas ; ce qui est vrai et ce qui est faux dans les propositions économiques que les candidats font aux Français. Nous sommes bien placés pour savoir quelles sont les mesures qui coûtent plus cher qu'elles ne rapporteront jamais, pour repérer les propositions qui procèdent d'une méconnaissance totale du terrain et qui relève d'une vue de l'esprit. Pour critiquer les visions du monde qui s'échafaudent parfois, lorsqu'on n'a pas eu à tenir une colonne recettes en face de la colonne dépenses, ni de client à satisfaire ni de carnet de commande à remplir.
Nous sommes bien placés aussi pour dire dans d'autres cas : voilà une bonne idée ! Elle va dans le bon sens et nous la soutiendrons parce qu'elle sert l'entreprise !
Des chefs d'entreprise, Churchill disait : « On considère le chef d'entreprise comme un homme à abattre, ou une vache à traire .Il ajoutait, c'est assez drôle : « Peu voient en lui le cheval qui tire le char ».
Et moi aussi, je vais citer Jaurès ! Vous allez voir comme ce qu'il écrivait est intéressant, et comme ça fait du bien : «Il n'y a de classe dirigeante que courageuse. A toute époque, les classes dirigeantes se sont constituées par le courage, par l'acceptation consciente du risque. Dirige celui qui risque ce que les dirigés ne veulent pas risquer. Est respecté celui qui, volontairement, accomplit pour les autres les actes difficiles ou dangereux. Est un chef celui qui procure aux autres la sécurité en prenant pour soi les dangers. Le courage pour l'entrepreneur, c'est l'esprit de l'entreprise et le refus de recourir à l'Etat.... Et Jaurès ajoutait : sans doute, il y a des patrons qui s'amusent, mais ce qu'ils veulent avant tout, quand ils sont vraiment des patrons, c'est gagner la bataille. » .
Notre mot d'ordre, c'est besoin d'air ! Alors nous les chefs d'entreprise sortons, allons dehors, montrons-nous ! Comment pourrions-nous espérer être connus, reconnus et donner une bonne image de nous si nous restons dans l'ombre, dans nos bureaux, dans nos ateliers, dans nos entreprises ?
Chers amis, je vous le demande allez à la rencontre des Français, racontez vos succès et expliquez comment vous y êtes arrivés. Ouvrez le chemin. Dites aux Français notre diagnostic sur l'état du pays, et proposez à nos compatriotes nos idées et nos méthodes et votre vérité pour retrouver une vitalité durable.
Chers amis, l'histoire de notre pays et celle de ses entreprises sont intimement mêlées. Leur futur également. L'avenir des entreprises, ne l'oublions jamais, c'est aussi l'avenir de la France !Source http://www.medef.fr, le 26 janvier 2007