Intervention de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, sur l'application de la Convention d'Ottawa pour l'élimination des mines anti-personnel, Paris le 26 février 2007.

Prononcé le

Circonstance : Réunion de la Commission nationale pour l'élimination des mines anti-personnel (CNEMA) pour la remise de son rapport, à Paris le 26 février 2007

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames les Sénatrices,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis particulièrement heureux de vous accueillir aujourd'hui pour la remise du nouveau rapport de la CNEMA.
Nous célébrons cette année le 10ème anniversaire de la Convention d'Ottawa, qui interdit les mines antipersonnel. La Convention a permis de réaliser des progrès importants. Mais nous savons aussi que, encore aujourd'hui, ces armes tuent et blessent toujours des milliers d'hommes, de femmes, d'enfants. Leur impact affecte des familles et des communautés entières, des régions dont l'économie souffre encore de ce mal bien des années après la fin des conflits.
C'est pourquoi je crois qu'il est important que nous puissions faire ensemble le point de notre action commune.
Pour commencer nos travaux, je vous laisse, Monsieur le Président, présenter les participants qui vous accompagnent ainsi que le rapport de votre Commission.
(...)
Monsieur le Président, je vous remercie. Je souhaiterais revenir sur certains points que vous avez abordés concernant, en particulier, l'action de la société civile. Je voudrais également évoquer les grands axes de l'action du gouvernement et du ministère des Affaires étrangères.
Permettez-moi, tout d'abord, de rendre hommage à l'action des organisations humanitaires et de la société civile.
Quand je me rends sur le terrain en Afrique, au Proche-Orient et dans bien d'autres régions affectées par des crises, je mesure hélas les conséquences, pour les populations, des mines antipersonnel. Mais je constate aussi, sur place, l'ampleur du travail accompli par les organisations humanitaires, le dévouement et le professionnalisme de leurs personnels.
Je suis donc tout particulièrement heureux de la présence des représentants du Comité international de la Croix-Rouge, d'Handicap international et d'ICBL (Campagne internationale pour interdire les mines antipersonnel). La reconnaissance de leur rôle à Ottawa a valu à ces dernières le prix Nobel de la Paix en 1997.
Handicap international et ICBL continuent de mener depuis dix ans une action de grande ampleur pour assister les populations victimes des mines et pour réduire l'impact de ces armes avec l'objectif, qui est aussi le nôtre, de parvenir à "un monde sans mine".
D'autres ONG, moins connues, agissent aussi sur le terrain, pour le déminage ou pour l'action humanitaire, notamment dans le domaine médical et du développement local. Je suis heureux que des représentants d'HAMAP-Démineurs et de l'Association internationale des Soldats de la Paix soient aujourd'hui parmi nous.
Je souhaite enfin souligner l'importance du rôle des parlementaires, des cercles universitaires et de la Croix-rouge, pour relayer les préoccupations de la société civile, contribuer à la prise de conscience des crises humanitaires, prendre part à la préparation des positions qu'adoptent le moment venu les gouvernements.
Je crois que le rôle joué par la société civile au service d'une grande cause comme celle de la lutte anti-mines, incite les pouvoirs publics à faire plus. Je souhaite évoquer ici trois grands axes de l'engagement du gouvernement :
Nous allons, tout d'abord, continuer d'agir pour l'universalisation de la Convention d'Ottawa. L'action diplomatique des pays signataires a été payante : nous étions 121 signataires en 1997, nous sommes aujourd'hui 152 Etats parties. Mais c'est encore loin de l'universalité. Avec nos partenaires de l'Union européenne, nous souhaitons donner un nouvel élan aux efforts pour universaliser la Convention à l'occasion du 10ème anniversaire d'Ottawa. C'est d'ailleurs, je crois, un domaine où les démarches officielles et le "plaidoyer" des organisations humanitaires se complètent.
Deuxième axe d'effort, nous entendons poursuivre l'action de déminage des soldats de la paix français dans la sortie de crise : Je pense en particulier aux Balkans, l'une des régions les plus minées, et au Liban. Nos forces ont procédé au déminage des zones où elles se sont déployées et ont créé un environnement de sécurité propice à l'action des organisations humanitaires. La formation des militaires de ces pays aux techniques du déminage facilite la reprise en main de la situation par les institutions locales. Nous le faisons en particulier au Liban.
Enfin, nous veillons à inscrire notre aide au déminage dans une perspective de solidarité avec les pays les plus démunis. Ce sont bien souvent ces pays qui sont affectés par les crises et touchés par les mines antipersonnel et les restes explosifs.
Je pense notamment à la formation au déminage au Tadjikistan et je voudrais rendre un hommage particulier à l'adjudant-chef Gilles Sarrazin, mort l'an dernier en mission dans ce pays.
En Afrique, nous entendons aider la transition vers la paix. Notre effort est particulièrement soutenu en Angola, tant ce pays reste affecté par les mines. La coopération militaire, conduite par le Quai d'Orsay, s'engage pleinement pour doter l'Afrique de capacités propres de déminage. C'est l'objectif de l'Ecole de formation de Ouidah au Bénin, que les membres de la CNEMA ont pu visiter fin 2006.
Dans ces différents domaines, nous constatons la nécessité de bien mettre à profit la complémentarité de l'action publique et de celle de la société civile. Votre Commission est le lieu privilégié pour encourager cette complémentarité. Je souhaite, pour conclure, vous assurer de ma volonté de poursuivre dans ce sens, pour relever le défi du retour à la paix et à la sécurité pour les populations affectées par les mines.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 février 2007