Entretien de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, avec l'agence "Chine nouvelle" le 26 février 2007, notamment sur la coopération économique entre la France et la Chine, les dossiers nucléaires iranien et nord-coréen..

Prononcé le

Texte intégral

Je suis très heureux de vous accueillir ici car ce déplacement en Chine est important. Il comporte plusieurs objectifs.
Le premier, dans ce voyage qui aura lieu entre le 28 février et le 1er mars, ce sont les entretiens que j'aurai avec le Premier ministre chinois, avec mon homologue et avec le directeur du bureau d'organisation des Jeux olympiques de Pékin de 2008.
Comme vous le savez, j'étais aux côtés du président de la République française, M. Jacques Chirac lorsqu'il est allé en Chine lors de son dernier déplacement, du 27 au 28 octobre dernier. Ma visite s'inscrit dans une politique de dialogue et de partenariat étroit et confiant établi entre le président de la République et le président chinois.
J'ai assisté à leurs réunions, à leurs entretiens et l'on sent bien qu'il y a une véritable amitié, un lien qui s'est noué, une confiance réciproque, entre eux. C'est en tout cas le sentiment que j'ai ressenti.
J'ai eu le plaisir de recevoir, il y a un an, à Paris, mon homologue. Nous nous consultons régulièrement sur tous les sujets d'actualité internationale et lors de chaque grande réunion multilatérale.
Au cours de ma visite en Chine, j'évoquerai avec lui quelques grands dossiers : la Corée du Nord, l'Iran, la situation au Proche et au Moyen-Orient, la question de l'aide publique au développement, en particulier en Afrique - et je sais combien la Chine et l'Afrique travaillent ensemble.
Nos deux pays sont profondément attachés au multilatéralisme, nous collaborons souvent dans le cadre du Conseil de sécurité des Nations unies et lors d'actions collectives.
Je voudrais ici saluer le rôle que joue la Chine dans la mise au point du récent accord à Six sur la péninsule coréenne. Il s'agit d'un succès pour la diplomatie chinoise. Je voudrais le dire et je le dirai également au Premier ministre. Nous espérons désormais que la Corée du Nord appliquera cet accord. L'objectif est bien sûr de parvenir à un démantèlement complet, vérifiable et irréversible du programme nucléaire nord-coréen, qui constitue une exigence de la résolution 1718, votée à l'unanimité - je tiens à le rappeler - du Conseil de sécurité des Nations unies.
Nous évoquerons également nos relations bilatérales qui sont très denses. J'insisterai particulièrement sur le travail que nous avons mené en matière aéronautique, avec l'assemblage de l'A-320.
Nous parlerons bien sûr des biotechnologies, des nanotechnologies. Nous parlerons donc de recherches mais aussi de domaines comme le domaine ferroviaire et le secteur nucléaire.
Je signerai également à Pékin un protocole d'accord de coopération franco-chinoise dans le domaine de la médecine traditionnelle chinoise. Je suis en effet convaincu, en tant que médecin, comme ancien ministre de la Santé, et surtout, aujourd'hui comme ministre des Affaires étrangères, que nos deux pays pourront développer des coopérations très intéressantes dans ce domaine.
Il est très probable que le XXIème siècle sera marqué par la différence de plus en plus importante entre les pays riches et les pays pauvres. La mondialisation aboutit à accentuer la richesse des pays les plus développés et à maintenir dans la pauvreté les pays les moins développés. C'est le cas de l'Afrique par exemple où un enfant meurt de paludisme toutes les 30 secondes simplement parce qu'il n'a pas accès au médicament pour le soigner, où 90 % des maladies infectieuses sont oubliées. Moi, je dis que s'il n'y a pas une mondialisation équitable, alors le XXIème siècle sera le siècle de la revanche des pauvres sur les riches. Il y aura alors des dizaines de millions de personnes qui émigreront. De plus, des gens vont se servir de cette pauvreté, de cette misère et de cette humiliation à des fins politiques, pour envoyer des jeunes commettre des actes de terrorisme
Je pense qu'il est très important de mettre en place une mondialisation équitable. C'est ce que nous avons voulu faire avec UNITAID. Nous utilisons un produit de la mondialisation, comme par exemple un billet d'avion. Mais cela pourrait concerner Internet ou autre chose. Chaque fois que l'on prend l'avion, depuis la loi du 1er janvier 2005, nous payons un euro et personne ne s'en rend compte. Chaque fois que je vais à Toulouse, je paie un euro par exemple, et lorsque l'on va en Chine ou aux Etats-Unis, lorsque l'on fait de longs voyages, on paie 4 euros. Ceci a abouti à une centrale d'achats qui est UNITAID, qui dépend de l'OMS. Vous savez que c'est l'une de vos compatriotes qui est actuellement la directrice générale de l'OMS, Mme Chan. Nous pouvons ainsi disposer, rien que pour la France, de 300 millions de dollars en un an, sur l'année 2006.
Le Brésil, le Chili, la Norvège, la Corée du Sud, le Royaume-uni, le Portugal, Madagascar, l'île Maurice, le Mali, le Niger, 30 pays sont désormais à nos côtés dans cette démarche.
Je vais apporter avec moi cette carte en Chine, qui représente tous les pays qui ont accepté de faire payer un euro par billet d'avion et qui font partie d'UNITAID. Si tous les pays mettaient en place cette contribution, si la Chine acceptait de le faire, ce serait évidemment extraordinaire. Certes, de nombreux pays font déjà beaucoup pour l'Afrique mais le problème aujourd'hui, c'est que l'Afrique demeure extrêmement pauvre. Le jour où la Chine et l'Inde nous aideront pour faire une mondialisation plus équitable, alors la mondialisation sera plus équilibrée.
Pour terminer, permettez-moi de souhaiter à vos familles et à vos lecteurs, une très belle nouvelle année du Cochon.
Q - C'est votre premier voyage comme ministre des Affaires étrangères en Chine, combien de fois êtes-vous allé en Chine ?
R - Je suis allé en Chine deux fois, la dernière avec le président Chirac.
Q - Dans votre discours, vous avez mentionné la coopération économique franco-chinoise qui comprend plusieurs domaines. L'accord sur les deux réacteurs nucléaires est-il officialisé ?
R - En dépit de ce qui a parfois été écrit, nous avons un excellent partenariat sur le dossier nucléaire, qui date de 1980. Nous avons beaucoup travaillé lors de la visite du président Chirac et avant. Nous n'avons encore rien officialisé et les discussions sont en cours. Nous vous ferons part très prochainement de leurs résultats, mais je suis confiant car la Chine et la France entretiennent dans ce domaine une relation ancienne.
Pour tous les grands groupes français qui travaillent déjà avec la Chine, le partenariat avec ce pays est important. La plupart dispose d'une ou plusieurs implantations locales mais l'accès au marché chinois est par ailleurs difficile pour nos petites et moyennes entreprises car elles manquent généralement de moyens. C'est pourquoi, il y a deux ans, le président Chirac avait décidé d'intensifier le dispositif d'accompagnement des PME à l'exportation, en particulier vers les pays prioritaires, dont fait partie la Chine. Areva, la SNCF, s'en tirent bien, et la partie chinoise et la partie française travaillent dans une grande confiance. Mais il serait bon en effet de s'occuper des PME. A ce titre, un objectif avait notamment été fixé lors de la visite du président Chirac : faire venir chaque année, plus de 1000 PME françaises en Chine, dans le cadre de salons et d'opérations collectives. L'opération a été largement dépassée ces deux dernières années surtout, et elle le sera encore cette année.
Cette politique porte ses fruits, puisque selon les dernières statistiques douanières, le nombre d'entreprises françaises exportant vers la Chine a connu une croissance accélérée : plus 10 % en 2005 et plus 5 % l'année précédente. Par rapport aux pays comparables, la place de la France est satisfaisante puisque nous sommes, en Europe, le deuxième partenaire économique de la Chine, le deuxième fournisseur, le troisième client, le troisième investisseur, et le deuxième fournisseur technologique. Notre part de marché en Chine s'est stabilisée ces trois dernières années et elle a augmenté cette année. Nos exportations ont dépassé l'an dernier les 10 milliards d'euros, à quoi s'ajoutent plus de 15 milliards d'euros de chiffre d'affaires des entreprises françaises qui produisent en Chine même.
Naturellement, il nous faut faire plus. Il faut poursuivre dans cet élan pour réduire notre déficit commercial bilatéral et c'est dans cet esprit que je procède à l'extension du réseau consulaire français en Chine.
Nous sommes le seul pays de l'Union européenne à avoir un consulat général à Wuhan, en Chine centrale, nous en avons ouvert un l'an dernier à Chengdu, et nous allons en ouvrir un à la fin de cette année à Shenyang. C'est un effort financier important consenti par l'Etat, par mon ministère en particulier, pour aider nos compatriotes implantés hors de la capitale chinoise.
Sur le plan économique et pour être tout à fait complet, il reste la question des conditions d'accès aux marchés sur laquelle nous souhaitons évidemment que les règles de l'OMC soient pleinement appliquées.
Q - Comment qualifieriez-vous les relations en général entre la France et la Chine ?
R - Je les trouve vraiment excellentes. Nous développons d'excellentes relations bilatérales. Cette relation de partenariat est profitable à nos deux pays et j'y suis d'ailleurs particulièrement attaché. La Chine confirme chaque jour son rôle de grande puissance, ses progrès rapides économiques et la place croissante qu'elle prend dans un monde globalisé. Comme l'a affirmé le président de la République lors de sa visite d'Etat en octobre 2006, la France veut être pour la Chine, un partenaire de référence.
En Chine nos entreprises se fortifient, elles augmentent leur production, elles créent de l'emploi, comme l'a illustré ma dernière visite à l'usine Peugeot de Wuhan.
Q - Aurez-vous des messages à faire passer lorsque vous serez en tête-à-tête avec les plus hautes personnalités de l'Etat chinois sur quelques points "chauds" de l'actualité ?
R - Actuellement, plusieurs sujets sont importants, en effet. Nous avons des relations très fréquentes au Conseil de sécurité puisque nous sommes membres permanents de ce Conseil. Sur l'Iran, le président de la République est même allé très loin puisqu'en septembre dernier, à l'Assemblée générale des Nations unies, il a parlé de double suspension. Si les Iraniens suspendaient leurs activités nucléaires sensibles, alors, nous pourrions suspendre nos sanctions au Conseil de sécurité. Malheureusement, il se trouve qu'aujourd'hui les Iraniens ne le font pas. Le directeur de l'AIEA, M. El Baradeï a publié son rapport et, de ce que j'en sais, même si je ne l'ai pas encore lu attentivement, l'Iran n'aurait pas encore mis en oeuvre ce que la résolution 1737 lui demande. La France n'a pas varié d'approche, qui est double : la fermeté et le dialogue.
Nous demandons à l'Iran de suspendre toutes ses activités nucléaires sensibles : l'enrichissement, la conversion de l'uranium et les activités d'eau lourde ainsi que ses activités balistiques. Si tel n'est pas le cas, nous sommes favorables à une seconde résolution unanime du Conseil de sécurité des Nations unies afin de poursuivre dans la voie des sanctions.
Mais l'ouverture et le dialogue sont possible, à une condition : que l'Iran suspende ses activités nucléaires sensibles. Je répète que c'est l'unité et la fermeté qui constituent les deux seuls éléments d'efficacité pour obtenir de l'Iran qu'il ne s'isole pas de la communauté internationale.
Mais je parlerai également à mes partenaires chinois d'UNITAID, qui est la seule manière de mieux lutter contre les grandes pandémies en Afrique, de lutter contre la pauvreté dans les pays du Sud, en Asie également. C'est la seule façon pour que les pays développés partagent avec les pays pauvres leurs richesses et pour éviter une catastrophe au XXIème siècle qui mènerait à une immigration massive et au terrorisme.
J'aimerais que la Chine puisse participer à UNITAID. J'ai été frappé par le fait que la Chine reçoive récemment lors d'un sommet plus de 40 chefs d'Etats africains. Ceux qui aiment l'Afrique veulent également faire du partenariat et ce partenariat peut être Sud-Sud. Or, UNITAID permet un tel partenariat.
Ensuite, je parlerai de la participation directe de la Chine au dialogue du Club de Paris sur la dette, de sa participation directe au Comité d'aide au développement de l'OCDE et d'une coordination concernant les zones de conflits en Afrique, en particulier le Darfour et la Côte d'Ivoire.
Q - Récemment, il y a eu le Sommet Afrique-France. Comment la France considère-t-elle la présence de la Chine en Afrique ?
R - La France contribue depuis très longtemps au développement de l'Afrique et elle agit pour préserver la paix et la stabilité de cette région du monde. Nous sommes heureux de voir qu'un pays puissant comme la Chine s'intéresse à ce continent. L'Afrique a un grand besoin d'aide, le président Chirac l'a réaffirmé lors du dernier Sommet Afrique-France dont vous venez de parler et qui s'est tenu à Cannes. Le soutien de la communauté internationale à l'Afrique est l'affaire de tous et nous nous réjouissons de voir de grands pays se joindre à ce mouvement de solidarité. Nous souhaitons d'ailleurs que la Chine participe pleinement aux efforts entrepris par la communauté internationale pour assurer la stabilité du continent africain et son développement durable. Pauvreté et conflits sont, en définitive, les deux faces d'une même monnaie. L'une des priorités en Afrique est de faire avancer les principes de bonne gouvernance. Nous souhaitons que la Chine s'associe à nos efforts en ce sens. L'assistance financière apportée aux pays africains doit consolider les pratiques de bonne gouvernance : la lutte contre la pauvreté, la lutte contre la corruption, contre les grandes pandémies, gouvernance démocratique.
Les conditions de l'aide ne doivent pas être oubliées pour le bien même des Africains et c'est pour cela que je vous parlais tout à l'heure du dialogue du Club de Paris sur la dette, et de la participation de la Chine au comité d'entraide au développement de l'OCDE. Tout cela est important.
Il ne faut pas seulement aider l'Afrique sur le plan financier. Il faut aussi aider la démocratie. Il faut aussi s'assurer que les gouvernements ne soient pas corrompus et qu'ils respectent les demandes du FMI, de la Banque mondiale, sinon, ce n'est pas les aider mais c'est les entraîner vers l'abîme.
Q - Pensez-vous que la France et la Chine, côte à côte pourraient faire quelque chose pour l'Afrique ?
R - Pour moi, c'est UNITAID qui le pourrait. Ce que vous voyez là, c'est le début d'une grande opération mondiale. Je suis le président mondial d'UNITAID, Je propose de partager le pouvoir du Conseil d'administration avec les Chinois, avec les Brésiliens, avec les Norvégiens. Et si la Chine participe à UNITAID, nous pourrions lui donner une place de choix pour que nous puisions travailler ensemble au Conseil d'administration. Il est important que les journaux chinois puissent parler d'UNITAID. Nous pourrons réunir 300 millions de dollars en 2007, 500 en 2009 et nous traiterons 100.000 enfants en 2007 alors que seuls 10.000 étaient traités pour l'infection du sida. Il faut savoir qu'il y a 800.000 enfants atteints du sida dans les pays du Sud qui n'ont aucun médicament. Grâce à UNITAID, nous sommes passés à 100.000 cette année et nous passerons à 200.000 l'an prochain. Il nous faudra atteindre 800.000 !
Comme les enfants ne sont pas infectés par le sida dans les pays riches, les laboratoires pharmaceutiques n'ont pas étudié une posologie spécifique pour les enfants, car cela ne rapporte pas d'argent. Nous avons payé des recherches pour adapter les doses pour les enfants, afin qu'ils puissent en bénéficier. Nous travaillons donc en Afrique et dans certains pays d'Asie, l'objectif est en fait de couvrir l'ensemble des 600.000 enfants restant à soigner.
Q - La Croix Rouge organise-t-elle quelque chose ?
R - Oui bien sûr, nous achetons les médicaments et ensuite, nous travaillons avec la Croix Rouge internationale, l'UNICEF, l'OMS, le Fonds mondial de lutte contre le sida, ONU/SIDA.
L'idée de départ du président Chirac et du président Lula, c'est que les impôts, le budget des pays ne suffiront pas pour financer les solutions aux problèmes de pauvreté. Les gens n'ont pas envie de donner des impôts pour les autres. Nous nous sommes dit que le mieux était de sortir des pays et alors, chaque citoyen peut, lorsqu'il fait quelque chose qui participe de la mondialisation, lorsqu'il prend l'avion, qu'il va sur Internet, payer sa petite contribution. C'est une démarche citoyenne mondiale. Que j'habite la Chine, l'Angleterre, l'Allemagne ou la France, je prends l'avion, je paie un petit euro.
Ceci donne une énorme somme qui est complètement indépendante des pays ensuite. C'est une somme pérenne et ce n'est pas remis en cause par un ministre des Finances chaque année. Ce sont nous tous, les citoyens du monde, qui participons et cela permet d'aller voir l'industrie pharmaceutique en lui disant que nous lui achetons pour 500 millions d'euros de médicaments ou de dollars pendant 20 ans. Vous divisez alors le prix par dix. C'est cela qui permet de payer ces médicaments à bas prix.
Q - Comment envisagez-vous les relations sino-françaises après les élections en France ? Y a-t-il des inquiétudes à avoir selon vous ?
R - Je suis certain que dans les domaines politiques et économiques, tant pour le gouvernement français que nos entreprises, qu'elles soient grandes ou petites d'ailleurs, la France et la Chine auront d'excellentes relations, qui doivent se développer avec des liens et des partenariats étroits. Il s'agit d'une orientation de long terme et je ne vois pas ce que pourrait changer l'élection présidentielle devant l'émergence de la Chine, devant l'importance de la Chine. Nous avons d'excellentes relations.
Q - Avant, on parlait entre la Chine et la France, d'un partenariat de stratégie, maintenant, on parle d'un partenariat de référence. Est-ce un changement selon vous ?
R - Ce que nous voulons dire dans l'expression partenariat de référence, c'est un partenariat stratégique. Cela veut dire que pour nous, les relations politiques et économiques ne peuvent pas se faire au coup par coup. Nous pensons que c'est dans le cadre d'une longue durée que nous devons développer des échanges économiques. Il y a longtemps qu'une confiance s'est établie et cette confiance aboutit à un partenariat stratégique. D'ailleurs, dans le cadre du nucléaire, ou de l'aéronautique dont vous parliez tout à l'heure, ce sont vraiment des relations de confiance stratégiques. Il ne faut pas se tromper et je vous remercie de m'avoir permis de le préciser.
Q - On parle beaucoup de l'Iran et d'une nouvelle résolution prochainement au Conseil de sécurité, pourriez-vous nous donner des détails concernant l'approfondissement des sanctions notamment ?
R - Il faut d'abord avoir le rapport de M. El Baradeï. Ensuite, nous devrons en parler avec nos partenaires chinois et russes d'une part, et américains et britanniques de l'autre. Je dis aux uns et aux autres que l'unité de la communauté internationale est importante. Nous avons depuis le début, parfaitement travaillé sur ce dossier avec efficacité parce que nous avons toujours été unis. Je remercie les uns et les autres de cette unité. Si j'en juge par le débat qui existe en Iran depuis maintenant un mois, avec M. Rafsandjani, avec l'ancien président Khatami, avec quelques personnalités autour du Guide suprême, après l'échec du président Ahmadinejad aux élections municipales à Téhéran, je crois pouvoir dire qu'il y a un débat qui s'ouvre en Iran pour savoir si la voie très rigide, très ferme du président Ahmadinejad est la bonne. Je crois donc que les sanctions que nous avons votées le 23 décembre, sont en train de porter leurs fruits.
Q - Les Etats-Unis ont donné un avertissement disant que toutes les possibilités restaient sur la table.
R - Je crois en effet qu'il doit y avoir un parfait équilibre au sein du Conseil de sécurité des Nations unies entre ceux qui veulent toujours plus de sanctions et ceux qui en veulent plutôt moins. Mais ce qui est important, c'est l'unité, car l'efficacité de notre action est basée sur l'unité. C'est vraiment important.
Q - Si M. Bush n'en fait qu'à sa tête comme il l'a fait en Irak, quelle sera la position française ?
R - Ce n'est pas d'actualité.
Q - Mais les Américains n'ont jamais écarté la force ?
R - Pour notre part, comme nos partenaires chinois, nous croyons au multilatéralisme.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 février 2007