Texte intégral
Q - Monsieur le Ministre, pourquoi ce voyage en Chine aujourd'hui, quelle en est la principale motivation?
R - D'abord parce qu'il nous paraît très important de continuer notre politique de partenariat étroit et constant avec la Chine qui, comme vous le savez, est, avec l'Inde et le Brésil, aujourd'hui un grand pays émergent.
Q - Comment pouvez-vous qualifier les relations actuelles entre la France et la Chine aujourd'hui ? On a eu des déceptions sur le nucléaire, qui sont d'énormes dossiers industriels pour nos Français. Où en sont nos relations, sont-elles entachées notamment par des sujets économiques ?
R - Il faut savoir que le marché de la Chine est considérable. Prenez par exemple le domaine ferroviaire. Les besoins de la Chine dans ce secteur sont considérables. Dans le domaine aéronautique, comme président du grand Toulouse, je peux vous dire, aujourd'hui, que le marché du transport aéronautique chinois est en pleine expansion.
Q - Est-ce que vous allez en Chine avec des dossiers sous le bras ?
R - Bien sûr. S'agissant de l'aéronautique, comme vous le savez, il y a eu pendant le voyage de Jacques Chirac un accord et un partenariat industriel conclus avec la Chine, avec la livraison de 150 Airbus A320. Il est aussi probable qu'une chaîne d'assemblage finale sera installée à Tianjin. Il est important d'en parler avec nos partenaires commerciaux chinois. Et puis, il y a le nucléaire, les hélicoptères et d'autres dossiers. Je suis persuadé que, par exemple, dans le domaine des bio et des nano-technologies, nous avons beaucoup de choses à entreprendre ensemble, comme des échanges de chercheurs mais aussi des échanges d'étudiants.
Q - Vous évoquez le nucléaire. Il y a un dossier cette fois-ci géopolitique, c'est l'Iran bien évidemment qui a laissé expirer la semaine dernière le délai octroyé par la résolution 1737 des Nations unies. Le président Ahmadinejad a dit que son programme nucléaire était irréversible. Il parle d'un train sans frein. Est-ce un thème que vous allez aborder avec les autorités chinoises ?
R - Je vais rencontrer le Premier ministre chinois et il est évident que nous en parlerons parce que la Chine est membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. Aujourd'hui, ce que nous recherchons, c'est l'unité de la communauté internationale et la fermeté vis-à-vis de l'Iran.
La France est ce point d'équilibre entre les Américains qui veulent toujours plus de sanctions et des Russes et des Chinois qui parfois ne suivent pas les Américains sur ces sanctions. L'unité de la communauté internationale est une question majeure.
Nous demandons une deuxième résolution au Conseil de sécurité des Nations unies, qui approfondirait les sanctions contre l'Iran. En effet, M. El Baradeï, le directeur de l'Agence internationale de l'Energie atomique, a affirmé récemment que l'Iran ne se conformait pas à ses engagements internationaux, et ne répondait pas non plus à ce que nous lui avons demandé le 23 décembre dernier à New York.
Q - Il y a quelques heures, Monsieur Philippe Douste-Blazy, Américains, Britanniques, Français, Allemands, Russes et Chinois étaient réunis à Londres pour évoquer le cas de l'Iran. Qu'est-il sorti de cette réunion ?
R - Nous avons le sentiment qu'il faut être uni, et, qu'en même temps, il faut être ferme. S'agissant des sanctions, il nous revient maintenant de décider leur approfondissement. Ce que je vois, c'est que maintenant, pour la première fois, ces sanctions aboutissent à un débat en Iran où certains, comme l'ancien président Khatami ou l'ancien président Rafsandjani et le frère de celui-ci, sont en train de se poser la question du bien-fondé du discours radical du président Ahmadinejad. J'ai eu une discussion récemment avec des journalistes iraniens qui eux aussi se posent la question.
En même temps, à côté de la fermeté, il faut aussi laisser ouverte la voie du dialogue, de la main tendue. C'est le principe de la double suspension. Si les Iraniens suspendent leurs activités nucléaires sensibles, alors nous pourrons suspendre nos sanctions au Conseil de sécurité.
Q - Vous allez rencontrer la communauté française en Chine. Les Français installés en Chine sont atterrés par notre débat politique, par la situation de la France. Ils disent, c'était notamment cité dans Les Echos d'avant hier, "la Chine va vite, le monde va vite, la France est frileuse, elle va se faire dépasser et ne pourra pas rattraper son retard."
R - Il faut étudier ce que l'augmentation du pouvoir d'achat des Chinois leur permet d'acheter. Les Allemands ont mené cette étude. Je crois qu'il faut que nous spécialisions petit à petit nos petites et moyennes entreprises dans des secteurs qui leur permettent de vendre à ces marchés émergents. C'est vrai pour l'Inde, c'est vrai pour la Chine. La France doit comprendre que la mondialisation est en cours. Ce n'est certainement pas avec un discours démagogique ou lénifiant que nous arriverons à en prendre la mesure.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er mars 2007
R - D'abord parce qu'il nous paraît très important de continuer notre politique de partenariat étroit et constant avec la Chine qui, comme vous le savez, est, avec l'Inde et le Brésil, aujourd'hui un grand pays émergent.
Q - Comment pouvez-vous qualifier les relations actuelles entre la France et la Chine aujourd'hui ? On a eu des déceptions sur le nucléaire, qui sont d'énormes dossiers industriels pour nos Français. Où en sont nos relations, sont-elles entachées notamment par des sujets économiques ?
R - Il faut savoir que le marché de la Chine est considérable. Prenez par exemple le domaine ferroviaire. Les besoins de la Chine dans ce secteur sont considérables. Dans le domaine aéronautique, comme président du grand Toulouse, je peux vous dire, aujourd'hui, que le marché du transport aéronautique chinois est en pleine expansion.
Q - Est-ce que vous allez en Chine avec des dossiers sous le bras ?
R - Bien sûr. S'agissant de l'aéronautique, comme vous le savez, il y a eu pendant le voyage de Jacques Chirac un accord et un partenariat industriel conclus avec la Chine, avec la livraison de 150 Airbus A320. Il est aussi probable qu'une chaîne d'assemblage finale sera installée à Tianjin. Il est important d'en parler avec nos partenaires commerciaux chinois. Et puis, il y a le nucléaire, les hélicoptères et d'autres dossiers. Je suis persuadé que, par exemple, dans le domaine des bio et des nano-technologies, nous avons beaucoup de choses à entreprendre ensemble, comme des échanges de chercheurs mais aussi des échanges d'étudiants.
Q - Vous évoquez le nucléaire. Il y a un dossier cette fois-ci géopolitique, c'est l'Iran bien évidemment qui a laissé expirer la semaine dernière le délai octroyé par la résolution 1737 des Nations unies. Le président Ahmadinejad a dit que son programme nucléaire était irréversible. Il parle d'un train sans frein. Est-ce un thème que vous allez aborder avec les autorités chinoises ?
R - Je vais rencontrer le Premier ministre chinois et il est évident que nous en parlerons parce que la Chine est membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. Aujourd'hui, ce que nous recherchons, c'est l'unité de la communauté internationale et la fermeté vis-à-vis de l'Iran.
La France est ce point d'équilibre entre les Américains qui veulent toujours plus de sanctions et des Russes et des Chinois qui parfois ne suivent pas les Américains sur ces sanctions. L'unité de la communauté internationale est une question majeure.
Nous demandons une deuxième résolution au Conseil de sécurité des Nations unies, qui approfondirait les sanctions contre l'Iran. En effet, M. El Baradeï, le directeur de l'Agence internationale de l'Energie atomique, a affirmé récemment que l'Iran ne se conformait pas à ses engagements internationaux, et ne répondait pas non plus à ce que nous lui avons demandé le 23 décembre dernier à New York.
Q - Il y a quelques heures, Monsieur Philippe Douste-Blazy, Américains, Britanniques, Français, Allemands, Russes et Chinois étaient réunis à Londres pour évoquer le cas de l'Iran. Qu'est-il sorti de cette réunion ?
R - Nous avons le sentiment qu'il faut être uni, et, qu'en même temps, il faut être ferme. S'agissant des sanctions, il nous revient maintenant de décider leur approfondissement. Ce que je vois, c'est que maintenant, pour la première fois, ces sanctions aboutissent à un débat en Iran où certains, comme l'ancien président Khatami ou l'ancien président Rafsandjani et le frère de celui-ci, sont en train de se poser la question du bien-fondé du discours radical du président Ahmadinejad. J'ai eu une discussion récemment avec des journalistes iraniens qui eux aussi se posent la question.
En même temps, à côté de la fermeté, il faut aussi laisser ouverte la voie du dialogue, de la main tendue. C'est le principe de la double suspension. Si les Iraniens suspendent leurs activités nucléaires sensibles, alors nous pourrons suspendre nos sanctions au Conseil de sécurité.
Q - Vous allez rencontrer la communauté française en Chine. Les Français installés en Chine sont atterrés par notre débat politique, par la situation de la France. Ils disent, c'était notamment cité dans Les Echos d'avant hier, "la Chine va vite, le monde va vite, la France est frileuse, elle va se faire dépasser et ne pourra pas rattraper son retard."
R - Il faut étudier ce que l'augmentation du pouvoir d'achat des Chinois leur permet d'acheter. Les Allemands ont mené cette étude. Je crois qu'il faut que nous spécialisions petit à petit nos petites et moyennes entreprises dans des secteurs qui leur permettent de vendre à ces marchés émergents. C'est vrai pour l'Inde, c'est vrai pour la Chine. La France doit comprendre que la mondialisation est en cours. Ce n'est certainement pas avec un discours démagogique ou lénifiant que nous arriverons à en prendre la mesure.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er mars 2007