Texte intégral
Chers amis,
Merci à vous d'être avec nous ce soir à Montpellier.
Cela fait déjà des mois que nous sommes en campagne... Une campagne un peu différente de ce qu'on voit ailleurs, avec beaucoup de rencontres sur le terrain, avec les associations, les syndicats, ceux qui réfléchissent, ceux qui résistent, ceux qui innovent, ceux qui inventent.
Avec des ouvriers, qui se battent pour la reconversion de leur entreprise. Avec des paysans qui tentent de faire vivre une autre agriculture. Avec des entrepreneurs de l'économie solidaire ou d'un pôle de technologies intelligentes et propres. Avec des populations en colère contre l'absurde implantation d'une mine de charbon, d'une rocade autoroutière, d'un nouvel aéroport, d'un incinérateur. Avec des profs, des artisans, des étudiants, des femmes relais dans un quartier.
Autant de rencontres, autant d'occasions de se nourrir de la richesse des engagements militants, de la diversité des questions vraiment politiques que posent ces mille et une formes d'implication dans la vie de la cité.
La France est en déclin ? Ceux qui l'affirment feraient bien de s'intéresser à ce qui bouge dans la société ! Je le vérifie tous les jours : pour l'essentiel, on sait ce qu'il faut faire, grâce à toutes celles et tous ceux qui, sur le terrain, dans les entreprises et jusque dans les administrations, ont relevé des défis qu'on jugeait perdus, ont contesté des évidences trop solidement ancrées, ont refusé de se résigner.
Encore faudrait-il qu'on écoute ces réalisations qui viennent d'en bas, qu'on arrête de leur opposer l'inertie bureaucratique, la morgue de ceux qui croient tout savoir, parce qu'ils sont nés dans le bon quartier, et fréquenté la bonne école, la dictature du marché, et si souvent la violence ! La violence, à laquelle nous sommes très concrètement confrontés, mes chers amis, chaque fois que nous contestons l'ordre, les habitudes, les intérêts des groupes de pression qui font chez nous la pluie et le beau temps. Je voudrais en votre nom à tous redire ici notre colère au lendemain de l'agression perpétrée contre le local d'Eaux et Rivières de Bretagne, et notre amitié à ses militants, et notamment à Gérard Borvon, menacé de mort. Bienvenue au club, Gérard !
Jour après jour, dans toutes ces rencontres, je mesure aussi, malgré la crise de confiance, bien réelle, les attentes de nos concitoyens par rapport à la politique et aux votes d'avril et mai prochains.
En témoigne l'inscription massive en décembre sur les listes électorales, et notamment des jeunes. Et l'attention portée aux émissions de télévision, la passion pour les à côtés de la campagne, le commentaire des sondages, le moral des entourages.
Or à quoi assiste-t- on depuis des semaines ? Par une sorte de dérive, on voit les candidats à la présidentielle se rendre à la convocation des groupes de pression les plus variés. Un jour, les personnes âgées ; le lendemain, les jeunes ; le jour suivant, les banlieues, les prisons, les intermittents du spectacle, le patronat... Aucun n'est avare de promesses et d'annonces, formulées avec l'autorité du JE : je doublerai le budget des sports, j'augmenterai les retraites des commerçants et les effectifs de la police, je donnerai 100 millions pour la justice et autant pour le réseau routier, je veux le logement pour tous et l'abrogation des charges pour les TPE... Sans oublier l'assurance tranquillité du candidat : je serai gentil avec les chasseurs ! Vous avez été nombreux à réagir, après l'audition des candidats par la Fédération Nationale des Chasseurs. Parfaits, les candidats. Tous attentifs, tous bienveillants. Sauf hélas une dangereuse provocatrice. Mais qui provoque ? Les écologistes , qui tentent d'assurer la coexistence pacifique des différents amoureux de la nature dans le respect de la loi, ou ceux qui s'organisent en groupe de pression, pour flatter les parlementaires chasseurs et terroriser ceux qui ne le sont pas ? Vous avez tranché. Merci à vous.
Drôle de campagne donc, où on promet dans le même temps de réduire l'endettement de l'état, de baisser les impôts, de relancer la consommation et de donner du pouvoir d'achat à tous sans tarder.
J'ai noté par exemple que la suppression de certains régimes spéciaux de retraite (pas ceux des militaires, pas non plus les parachutes dorés des grands patrons) a été convoquée au moins quatre fois par le candidat de la droite pour financer des annonces différentes, alors qu'elle ne représente qu'une part infime des sommes ou des déficits qui sont en jeu.
Les promesses électorales - vous connaissez la formule de Charles Pasqua, un maître à penser et un proche du candidat en question - font partie du folklore électoral.
Mais là on est passés du stade artisanal au stade industriel.
La politique officielle consiste désormais à segmenter notre société en autant de catégories qu'il faut draguer éhontément, auxquelles il faut donner des gages, des signes, avant de passer sans tarder à d'autres catégories qui auront choisi la bonne fenêtre de tir médiatique.
A ce petit jeu qu'on appellerait ailleurs de la « cavalerie », les premiers perdent ce qu'ont gagné les seconds et ainsi de suite... Hier les SDF, demain les betteraviers, après demain les fabricants d'hélicoptères ou les buralistes...
L'intérêt général n'est pas la somme des intérêts particuliers qui parlent haut et fort !
Faire de la politique, ce n'est pas se contenter d'ouvrir le guichet des demandes et des supplications plus ou moins menaçantes!
C'est voir comment on va ensemble faire avancer la barque commune dans laquelle on est engagé en fonction d'un diagnostic, d'un état des ressources et des grands défis que nous lance le monde.
Heureusement, des associations et des mouvements de citoyens agissent au grand jour pour promouvoir l'intérêt général, y compris celui des générations futures. Je pense à l'UFC qui propose de prélever une partie des surprofits de Total pour financer les transports publics, à Aides qui poursuit son action d'éducation à la santé là où l'Etat est défaillant, aux militants d'ACLEFEU qui donnent de la visibilité aux propositions des quartiers populaires... Et je me réjouis de la démarche de la CFDT - avec laquelle il est arrivé que nous ayons des divergences sérieuses, sur des sujets qui ne l'étaient pas moins - engageant un débat de fond sur des sujets fondamentaux sur la place du travail ou la construction européenne. Notre rencontre a été riche. Je ne doute pas qu'il en sera de même à l'occasion des dialogues programmés avec la FSU et la CGT.
C'est d'une bien curieuse façon que les partis classiques ont traité depuis deux mois des questions écologiques.
Comme s'il s'agissait d'un problème particulier parmi d'autres, au même titre que le lobby routier ou celui de la FNSEA.
Ils ne voient pas l'écologie comme une interrogation vitale, comme une question qui touche aux équilibres fondamentaux de nos sociétés.
Ils ne la considèrent pas comme une chance pour faire avancer la plupart des problèmes que nous rencontrons, mais comme une concession qu'on fait à des empêcheurs de tourner en rond, parmi d'autres.
Il y a quelques semaines, les représentants de formations politiques qui n'avaient pas brillé jusqu'ici par un excès d'enthousiasme pour l'écologie, cliquaient comme un seul homme ou comme une seule femme, pour approuver le pacte écologique de Nicolas Hulot.
Que s'est-il passé depuis ? Oubliés les engagements, disparues les pieuses déclarations !
A ma droite, ce sera sans commentaires : le nom qui circule pour être vice premier Ministre du développement durable, c'est celui de Mr Juppé. Converti à l'écologie pendant l'hiver de son court exil au Canada, il se prend parait il pour Al Gore ! Il tient ce soir meeting avec Nicolas Sarkozy dans sa ville. Le sujet ? L'écologie ! Le jour même où le tribunal administratif annule la DUP du grand contournement routier de Bordeaux, c'est trop de malchance !
A ma gauche, ça ne va pas fort non plus : plus le temps passe et plus l'excellence environnementale des promesses de la candidate socialiste se rabougrit au contact des baronnies : je n'en veux pour preuve que le sauvage bras de fer entre les pro-EPR, avec à leur tête Arnaud Montebourg, qui mérite pour ce forfait d'être suspendu pour un mois de plus, et les anti, qui n'ont à cette heure pas réellement obtenu de décision claire.
Il faut se rendre à l'évidence : en signant le pacte, certains candidats croyaient se débarrasser des écolos, pour revenir à leur petite cuisine sur leurs petits réchauds productivistes.
Je pousse un cri d'alarme : la signature par tous les candidats du pacte écologique de N Hulot, y compris par ceux dont tout le parcours témoigne du mépris le plus absolu pour l'environnement, pourrait signifier, paradoxalement la défaite politique de l'écologie. « Tous ont signé, le problème est réglé, et il n'y a plus besoin des écologistes »...
Je n'invente rien, c'est la question que posent les journalistes ; cette question toujours la même : Mais de qui se moque-t-on ?
Sarkozy est-il devenu écologiste en signant le pacte de N Hulot ? Cet « homme nouveau » qui a adhéré à l'UDR en 1974 pour devenir l'homme de main de Charles Pasqua dans les Hauts de Seine, puis ministre de Balladur en 1993, puis à nouveau ministre de Chirac en 2002, quel bilan écologique peut-il présenter ? A-t-il porté une seule mesure en faveur de la protection de l'environnement en 33 ans de vie politique ? Evidemment pas. La dégradation de notre environnement, la pollution des eaux, de l'air, le gaspillage énergétique, le tout bagnole, c'est le résultat des politiques conduites par les partis qu'il a soutenus et dirigés pendant toutes ces années. Et l'on voudrait nous faire croire que le Sarkozy nouveau est arrivé, qu'il aurait eu une révélation ! Le fait d'avoir mené une politique catastrophique pendant plus de 30 ans serait-il devenu un gage de sincérité, la garantie que nous pouvons lui faire confiance pour réparer ce qu'il a consciencieusement détruit ? Dans quel monde politique vivons-nous ? A quelle fable veut-on nous faire croire ?
Désolée, Mesdames, Messieurs, ça ne peut pas se passer comme ça ! Pas d'écologie dans la campagne ? Ou un intérêt indexé au résultat des écologistes ? Ou une écologie molle incarnée par des personnalités consensuelles ?
Impossible. Car les problèmes sont là. Que ça lui plaise ou pas, le prochain président de la République, la prochaine majorité parlementaire, et la société tout entière, devront répondre à quatre questions fondamentales toutes liées les unes aux autres :
1/ Qu'est ce qu'on fait vraiment pour enrayer ici et maintenant le processus du changement climatique et l'emballement de la crise écologique ?
2/ La mutation de nos comportements n'est pas une occasion formidable pour aborder autrement qu'avec les recettes anciennes les enjeux massifs de la grande pauvreté et des inégalités ?
3/ Cette façon différente de produire, de travailler, de consommer, d'interroger le sens même de notre économie, ne nous amène -t-elle pas à envisager une autre façon de décider, c'est-à-dire une réforme en profondeur de notre démocratie ?
4 / Enfin, la prise de conscience de la nouvelle donne écologiques ne nous fournit elle pas un regard nouveau sur la grande fracture sociale mondiale qui menace, si on n'y prend pas garde, de tourner à la guerre des civilisations ?
L'avenir écologique de la planète, l'invention d'un nouveau modèle social, la refondation de la démocratie, la sauvegarde de la paix : voilà les quatre incontournables de cette campagne !
A ces questions, il faut répondre ! On s'en doute, la réponse des autres, tous les autres, ne convient pas : « on continue, en faisant un peu attention, en étant un peu plus juste ou un peu plus raisonnable» ? Allons donc !
La réponse des Verts est globale, elle est cohérente : il faudra tout changer, ou presque, pour « vivre mieux ensemble » !
Le candidat sortant de la droite veut nous faire travailler plus. Nous ne devons pas habiter la même planète !
Je vois des gens qui se lèvent tôt tous les matins, et qui s'entassent dans les bouchons ou dans des transports bondés. Je vois des gens, des femmes souvent qui tous les jours arbitrent entre reprendre un travail à mi-temps, dans une société de nettoyage ou dans un fast-food, au prix d'une perte de revenus - faire garder les enfants, prendre un abonnement de bus - ou tourner en rond chez elles. e vois des gens qui sont angoissés pour l'avenir de leurs enfants, qui ne trouvent pas de logements, qui sont surendettés même quand ils gagnent leur vie, qui stressent et qui n'ont plus de temps à eux.
Et puis, je vois la croissance exponentielle des maladies professionnelles dues à l'exposition aux toxiques, à la chimie ou au bruit. Je vois la surconsommation de médicaments, l'épidémie des cancers dus aux facteurs environnementaux.
Dans quelques semaines s'ouvrira le procès de la personne qui a abattu en Dordogne un inspecteur du travail. On nous signale à la rubrique « faits divers » trois suicides de cadres surmenés dans un des fleurons de la technologie automobile.
On nous annonce 4 200 suppressions d'emplois dans l'industrie aéronautique, avec des conséquences dramatiques pour de tout petits bassins d'emplois.
On nous propose aussi de ne remplacer qu'un fonctionnaire partant en retraite sur deux. On se garde bien de nous dire où, et lesquels ! Cette logique de la règle à calcul apparaît bien grossière et peu réaliste si on veut bien s'intéresser aux besoins recensés dans l'éducation, les services de santé, ou la sécurité maritime.
Il est temps de dire aux gens non pas de travailler plus, mais de travailler mieux pour travailler tous. Dans cette campagne, je suis la seule à ne pas verser de bile sur les 35 heures qui ont créé 400 000 emplois, la seule à proposer qu'on mette fin à l'injustice qui prive les salariés des petites entreprises de RTT, la seule à demander qu'on passe aux 32 heures pour les métiers pénibles et pour les entreprises menacées de plans sociaux.
La façon dont la gauche a fait les 35 heures n'a pas été sans reproche, en particulier vis-à-vis des ouvriers dont on a raboté les temps de pause et les revenus ou dans certains secteurs de la fonction publique ! A l'époque, nous avons signalé ces faiblesses : il faut les corriger et pas dynamiter cet acquis précieux en laissant filer les heures supplémentaires !
Dans un pays dont la productivité du travail est considérée comme une des plus élevées au monde, je l'affirme : notre société a désormais besoin de temps pour respirer, pour retrouver du lien, du sens, et de la solidarité, pour vivre mieux dans un monde qui change. Pas du temps pour consommer, ou pour regarder la télé, ou pour faire la queue à la poste. Du temps pour rêver, pour lire des histoires à ses enfants, pour s'occuper de son corps, pour partager un repas avec des amis, ou avec nos vieux parents. Bref, du temps pour faire ce dont on ne parle jamais dans le monde âpre de la politique, du temps pour vivre.
Travailler plus ? Mais pour produire quoi ?
La crise écologique nous donne l'occasion de réinterroger nos priorités industrielles, nos choix de consommation, et de revenir sur quelques vérités d'évidence qui n'en sont pas !
Comme les cochers accrochés au 19 ème siècle à la traction hippomobile, on nous présente la voiture individuelle comme l'horizon indépassable des déplacements en villes et les camions comme le nec plus ultra de la souplesse logistique.
Eh bien, ce n'est pas tout à fait exact !
Si l'on veut à la fois économiser le pétrole qui va devenir rare et encore plus cher, affronter la crise climatique, et réduire les pollutions qui agressent enfants et personnes âgées, alors oui, il faut en ville moins de déplacements en voiture et plus de tramways et de bus en sites propres. Il faut aussi moins de camions sur les routes et plus de marchandises sur les trains. Et par conséquent, renoncer à tous les projets de doublement ou de triplement d'autoroutes qui font de nos vallées les grands couloirs pour des engins dont certains de nos voisins européens du Nord, à juste titre, ne veulent plus .
Si l'on veut réduire les émissions de CO2, il faut que le transport aérien paye le kérosène qu'il utilise et qui n'est quasiment pas taxé, il faut + de bateaux, ce qui signifie au passage plus de chantiers de déconstruction des navires en fin de vie comme l'a montré la rocambolesque affaire du Clémenceau.
Si l'on veut diviser par quatre nos émissions de gaz à effets de serre, il faut enfin et surtout relocaliser au maximum les industries, par exemple les industries agroalimentaires, en attribuant une prime d'aménagement du territoire aux entreprises qui contribuent à faire baisser la facture collective, en rapprochent leur production des bassins de consommation.
Les économies qu'on croit faire aujourd'hui, en travaillant à flux tendu, en n'intégrant pas au coût des transports les dégâts qu'on inflige à la nature, que vaudront-elles demain ou après demain quand le litre de carburant sera au prix du vin millésimé, et quand les primes d'assurance auront explosé en raison des risques environnementaux de plus en plus nombreux qu'il faudra couvrir ?
L'écologie, c'est donc l'inverse de la nostalgie, c'est au contraire une nouvelle façon de se projeter dans l'avenir. J'ai pour vous une bonne nouvelle, une excellente nouvelle. Toutes les études le montrent : dans la construction ou la réhabilitation de logements, dans l'agriculture paysanne, dans les transports publics, dans les énergies renouvelables, il y a une partie des réponses aux difficultés que nous rencontrons. L'image de ces métiers est dégradée ? A nous de leur redonner du sens, de former, de qualifier, de tout repenser, les horaires, les conditions de travail, les rémunérations ! A nous d'inventer les outils d'une sécurité des parcours professionnels, d'aider ceux qui le souhaitent à créer des coopératives d'artisans ou de salariés pour décider eux mêmes de leur façon de travailler ! A investissement équivalent, les énergies renouvelables créent 10 fois plus d'emplois que le nucléaire et des emplois d'ouvriers qualifiés et de techniciens mieux répartis sur le territoire. A investissement équivalent, on a plus intérêt à financer l'isolation des logements, avec à la clé des centaines d'euros de pouvoir d'achat en plus pour les familles, qu'à financer les impayés d'électricité ou de chauffage. Et cela d'autant plus que les emplois créés sont qualifiés, durables et non délocalisables !
Ce qui est vrai dans l'industrie ou dans le BTP est vrai dans les services. Et dans le monde paysan.
Les paysans qui font de la qualité doivent avoir les moyens de vivre dignement de leur travail, qui est un travail noble, et pour cela il faut réformer la politique agricole commune, prendre en compte le nombre des actifs dans chaque ferme, soutenir l'agriculture biologique, promouvoir les circuits agricoles les plus courts. Même raisonnement pour les viticulteurs ! Ce n'est pas en reniant la loi Evin qu'on répondra à leurs problèmes...
Voilà pourquoi nous sommes si attentifs aussi à ce qu'on décide de l'arrêt de l'implantation des hypermarchés en périphérie et qu'on revivifie le commerce de centre ville ainsi que l'artisanat, car le bilan est lourd : ruine des producteurs, pollutions, précarité pour les salariés et perte de temps pour les consommateurs, massacre des entrées de villes.
Il s'agit de mener une politique fondée sur l'intérêt général et non sur le calcul égoïste de quelques intérêts particuliers, sur l'avenir et non sur le court terme. Ca suppose que chacun prenne sa part du fardeau, que l'effort soit correctement réparti entre les citoyens.
Prenons l'impôt par exemple, dont il semble de bonne politique, comme pour les 35 heures, de dire du mal... Il est scandaleux s'il encourage les gaspillages et s'il renforce les inégalités. Il est incompréhensible s'il épargne les plus aisés... défiscalisation, évasion, déduction, négociation... et frappe les plus précaires, comme le fait la TVA d'une façon clandestine. Il est légitime s'il favorise l'effort écologique dans notre façon de produire et s'il corrige les inégalités de répartition.
J'ai signé, comme beaucoup d'entre vous, « l'appel au civisme fiscal » du journal « Alternatives économiques » qui revendique le paiement d'impôts justes pour financer la recherche, les écoles, les nouvelles formations, la santé, le logement.
Je propose de revenir sur les baisses d'impôts concédées à une minorité de contribuables aisés, ceux qui déclarent plus de 4000 euros mensuels par part fiscale, a suggéré François Hollande, de ne plus exonérer de cotisations sociales les entreprises qui, loin de créer des emplois, abusent des temps partiels, distribuent l'essentiel des bénéfices à de lointains investisseurs ou fuient dans des paradis fiscaux. Je propose l'instauration progressive d'une taxe carbone tenant compte des critères sociaux, une TVA à 33 % sur les produits les plus polluants, et l'intégration dans le calcul de la taxe foncière et de la taxe professionnelle de l'empreinte écologique.
Taxer la pollution et la surconsommation et non le travail, revenir au niveau d'imposition de l'an 2000, il n'y a rien là dedans de bolchevique.
Alors j'entends dire : « on est vraiment loin de l'écologie, vous vous occupez trop de social et pas assez d'écologie ! »
Eh bien, je le réaffirme ici ce soir :
« La solution aux problèmes sociaux, elle est écologique, et la solution aux problèmes écologiques elle est sociale. »
Nous ne mobiliserons pas toute la société dans un même effort pour sauver la planète si celle-ci reste marquée pour des millions de personnes par l'urgence du lendemain, par le chacun pour soi. S'il y a la bio pour les uns et Leader Price pour les autres, le bus bondé pour les uns et la prius hybride pour les autres !
J'en suis convaincue, Et c'est pourquoi, au-delà même de son incapacité à aborder les défis écologiques, nous sommes mobilisés contre les projets de Nicolas Sarkozy.
Loin de sécuriser les parcours professionnels en instaurant une véritable sécurité sociale professionnelle, le candidat de la droite veut en rajouter encore dans le stress et la précarité.
Loin de relever les minimas sociaux et d'instaurer un revenu de solidarité active pour que chaque heure travaillée rapporte un supplément de revenus aux ménages les plus pauvres, le candidat de la droite veut supprimer le RMI, instaurer moins de sécurité sociale et davantage d'assurances privées : il appelle ça la suppression de l'assistanat,
Les écoles du second choix pour la majorité des parents dont les enfants ne trouveront plus de places dans les écoles bien cotées ? il appelle ça la suppression de la carte scolaire
La réduction de la mixité sociale dans les centres-villes, et le surendettement des ménages pour 20 ans de crédit sur le dos, il appelle ça « rendre les français propriétaires de la France « Moins d'impôts pour les riches, il appelle ça « le bouclier fiscal à 50 % ! »
Dans son obsession d'en finir avec mai 68, dans son aversion pour détruire tout ce qui ressemble de près ou de loin à une utopie, il s'est fixé comme but de dire exactement le contraire de ce que dit le contrat écologique que proposent les Verts :
Placements financiers, 4x4, résidences vidéo-surveillées, voilà le modèle non soutenable et injuste du candidat ultra de la droite dure, celle qui n'aime pas la liberté et qui ne parle que de punir, celle qui voit dans chaque enfant d'immigré un clandestin, dans chaque chômeur un fraudeur potentiel, dans chaque jeune un risque pour l'ordre public.
« Police partout, justice nulle part » ce vieux slogan est devenu la feuille de route du Président de l'UMP au sens propre du terme.
Gérer écologiquement notre avenir, c'est aussi changer de système politique, un système archaïque, et inefficace.
Quand on se pose la question de qui produit quoi et comment, on débouche toujours sur la question de qui décide.
Je pèse mes mots : la France est aujourd'hui le pays probablement le plus mal gouverné d'Europe de l'Ouest.
Le Parlement ne décide de rien, il ne fixe même pas son ordre du jour.
Le Sénat n'existe que pour représenter la partie la plus conservatrice de la société et pour bloquer toute réforme digne de ce nom. Les lobbies inondent les parlementaires de leurs pressions les plus saugrenues.
On passe des heures à discuter de l'installation des canons à neige des stations de ski, en rabotant au passage la loi montagne, mais on expédie en trois coups de cuillers à pot le budget du CEA et celui de la sécu.
On évacue, sous prétexte d'un ordre du jour chargé, la loi sur les « class actions », qui permettrait aux consommateurs de porter plainte collectivement contre le comportement de Total lors du naufrage de l'Erika, ou contre le comportement des fournisseurs d'accès internet.
C'est quoi cette démocratie dans laquelle le gouvernement peut, sans attendre la fin du débat parlementaire sur l'énergie, engager la construction de l'EPR ou, comme il l'a fait ces derniers jours, interrompre le vote d'une loi, en pleine période électorale, pour décider par décret de l'avenir des OGM, que rejettent la majorité de nos concitoyens et pour lesquels évidemment, il faut une interdiction absolue des cultures en milieu non confiné.
Qui nous fera croire que les sociétés d'ascenseurs qui viennent d'être condamnées a plus d'un milliard d'euros parce qu'elles s'entendaient sur les marché en Hollande, en Allemagne et en Angleterre ne font pas la même chose chez nous ?
Qui doute que les deux majors de l'eau qui viennent d'être condamnées à plusieurs dizaines de millions d'euros en Normandie pour le même motif, ne font pas exactement la même chose en Languedoc Roussillon ?
Il est temps, si l'on veut faire de l'écologie, de remettre de la transparence dans la décision publique comme dans la décision privée.
Il est temps de simplifier le système administratif dans lequel quel plus personne ne comprend qui décide quoi, entre les départements, les mairies, les syndicats de communes ou les régions.
La sixième république, les Verts n'en ont pas, eux, abandonné l'idée : c'est la restauration des pouvoirs du Parlement, la transformation du Sénat en Assemblée des régions, l'interdiction du cumul des mandats au-delà d'une certaine durée, la fusion progressive des départements et des régions, la reconnaissance des langues et des identités régionales, l'élection au suffrage universel des intercommunalités.
La sixième république, c'est la réforme de l'enquête publique avec de vrais débats contradictoires, les référendums d'initiative populaire, c'est une loi contre les monopoles, c'est le retour progressif de la gestion de l'eau aux collectivités publiques !
Et enfin, pour que la démocratie participative ne reste pas un slogan de campagne électorale, la possibilité qu'une loi portée par 1 million de citoyens puisse être débattue au parlement...
Chers amis,
Comme vous le voyez, l'écologie n'est pas le truc à la marge qu'on essaie de caser pour faire plaisir aux amoureux des plantes !
L'écologie est l'humanisme du 21ème siècle, le point d'entrée qui nous permet de revisiter notre façon de concevoir la politique, l'économie, la démocratie, la place des nations et des continents sur la planète.
Et je ne peux pas parler d'écologie à quelques kilomètres de la Méditerranée sans évoquer avec vous la question de la relation des pays riches avec les pays pauvres, sans dénoncer les attaques insensées de l'extrême droite raciste et xénophobe contre les « immigrés ». Immigrés dont il faut rappeler que la plupart sont d'ailleurs en fait Français...
Une fois de plus, on joue au vilain jeu de celui qui ne veut pas « accueillir toute la misère du monde » sans dire que les puissances occidentales dont la France, sont coresponsables de cette misère, sans dire que notre mode de vie, de consommation, porte aussi sa part de responsabilité.
Car qu'est ce qui pousse des centaines de jeunes à courir à la mort sur les barques des trafiquants, ou à se jeter sur les barbelés européens, sinon la ruine de l'agriculture, la déforestation, la désertification, la concurrence infernale faite aux productions locales, et pour finir le soutien qu'apporte, entre autres, la France à des dictatures auxquelles elle distribue les miettes de la rente énergétique, forestière ou des matières premières ?
Et que se passera-t-il quand les réfugies climatiques « directs » seront plus nombreux encore que les réfugies économiques ?
Notre devoir est de parler vrai sur ces questions ; de dire que l'immigration qui est à l'articulation des questions de politique intérieure et de politique internationale peut être une chance et pas seulement une nouvelle occasion de semer la discorde entre les peuples.
Premier devoir donc : accueillir dignement les immigrés qui viennent chez nous, régulariser les sans papiers, sortir l'immigration de la tutelle du ministère de l'intérieur pour en faire l'objet d'un vrai ministère. Arrêter de considérer les immigrés sous l'angle de leur religion théorique et supposée, comme le fait Nicolas Sarkozy, pour en faire des membres de la communauté nationale a part entière.
Au passage, je le réaffirme, il faut aligner le droit de vote et d'éligibilité pour les résidents étrangers de plus de 5 ans sur celui des ressortissants de l'Union européenne, en commençant par toutes les élections locales et régionales
Second devoir : Affecter au moins 0,7 % du PIB de notre pays à l'aide publique au développement, annuler la dette des pays pauvres, favoriser les projets écologiques créateurs d'emplois durables et non les projets pharaoniques créateurs d'endettement et de mal développement.
Troisième devoir : mener une politique européenne juste au plan international fondée sur le droit des peuples à l'autodétermination, à la maîtrise de leurs richesses écologiques et de leurs matières premières. Retirer les troupes françaises des anciennes colonies et les remplacer si besoin est par des forces d'interposition européenne.
Quatrième devoir : redonner à la France le prestige que lui ont fait perdre les atermoiements de la politique internationale de la droite : contrôle international des ventes d'armes, lutte contre les paradis fiscaux et la grande délinquance financière, action résolue pour la réforme de l'OMC, de l'ONU et la création d'une organisation mondiale de l'environnement.
Alors, vous me direz que la France ne peut pas faire tout et toute seule.
Elle doit en effet « penser et agir européen », pour ses politiques industrielles, pour ses politiques environnementales et énergétiques et pour ses politiques sociales.
Mais on peut commencer ici et maintenant.
Ce que fait la France chez elle comme sur la scène internationale est regardé dans le monde et nous pouvons combler le retard que nous ont fait prendre les politiques de droite.
Pour cela deux conditions :
Une le 6 mai, une autre le 22 avril...
Le 6 mai, nous dirons quel point nous ne voulons pas du projet de Sarkozy.
Car si nous doutons parfois de pouvoir faire de l'écologie avec la gauche, nous sommes certains qu'il est impossible d'en faire avec la droite.
Et les tentatives de Mr Bayrou qui réinvente le « ni droite ni gauche « sous la forme du « et la droite et la gauche » seraient bien plus crédibles s'il déclarait publiquement avoir fait fausse route depuis 20 ans en soutenant tous les coalitions conservatrices sauf ces 12 derniers mois, si son programme économique ne ressemblait pas tellement à celui de Nicolas Sarkozy, s'il y avait un peu d'écologie dans tout cela, et s'il nous disait qu'il fera tout pour battre le squatteur de la place Bauvau.
Pour nous, c'est clair. Nous ferons donc tout pour éviter que le gouvernement Chirac ne se transforme en système Sarkozy !
Nous ne sommes pas là pour témoigner, nous sommes là pour faire gagner notre camp et pour peser sur la façon dont il va ensuite agir.
Et ça, ça se joue au premier tour... le 22 avril.
Nous savons bien que les options que je viens d'exposer sont d'ores et déjà largement partagées mais nous savons bien qu'elles ne sont pas majoritaires.
Mais si le vote du 22 avril ne reflète pas au moins en partie ces aspirations là, le coup ne sera pas dur pour les seuls écologistes, il sera une défaite pour toutes celles et ceux qui portent en eux-mêmes l'espoir d'une autre qualité de vie.
Alors, je connais les électeurs écologistes.
Ils sont exigeants et la façon dont les Verts se sont chamaillés par le passé les ont agacés tout autant que nous-mêmes.
Ils font donc aujourd'hui dans leurs intentions de vote un petit tour ici, et un petit tour là et comme souvent, ils se détermineront au dernier moment en faveur des Verts.
Je leur dis, comparez, et regardez.
Voyez qui fait quoi sur le terrain, voyez la qualité du travail des élus verts et de nos militants. Regardez ici à Montpellier.
Vous pouvez constater leur fidélité à des valeurs, la constance de leurs engagements, la cohérence de leur action.
La gauche a besoin de cette cohérence et de cette constance si elle veut rassembler large.
Alors, le 22 avril, ne votez pas inutile, votez pour vivre mieux. Nous comptons sur vous pour faire entendre cette musique différente auprès de ceux qui hésitent encore .
Vous pouvez compter sur nous, vous pouvez compter sur moi.Source http://blog.voynet2007.fr, le 6 mars 2007
Merci à vous d'être avec nous ce soir à Montpellier.
Cela fait déjà des mois que nous sommes en campagne... Une campagne un peu différente de ce qu'on voit ailleurs, avec beaucoup de rencontres sur le terrain, avec les associations, les syndicats, ceux qui réfléchissent, ceux qui résistent, ceux qui innovent, ceux qui inventent.
Avec des ouvriers, qui se battent pour la reconversion de leur entreprise. Avec des paysans qui tentent de faire vivre une autre agriculture. Avec des entrepreneurs de l'économie solidaire ou d'un pôle de technologies intelligentes et propres. Avec des populations en colère contre l'absurde implantation d'une mine de charbon, d'une rocade autoroutière, d'un nouvel aéroport, d'un incinérateur. Avec des profs, des artisans, des étudiants, des femmes relais dans un quartier.
Autant de rencontres, autant d'occasions de se nourrir de la richesse des engagements militants, de la diversité des questions vraiment politiques que posent ces mille et une formes d'implication dans la vie de la cité.
La France est en déclin ? Ceux qui l'affirment feraient bien de s'intéresser à ce qui bouge dans la société ! Je le vérifie tous les jours : pour l'essentiel, on sait ce qu'il faut faire, grâce à toutes celles et tous ceux qui, sur le terrain, dans les entreprises et jusque dans les administrations, ont relevé des défis qu'on jugeait perdus, ont contesté des évidences trop solidement ancrées, ont refusé de se résigner.
Encore faudrait-il qu'on écoute ces réalisations qui viennent d'en bas, qu'on arrête de leur opposer l'inertie bureaucratique, la morgue de ceux qui croient tout savoir, parce qu'ils sont nés dans le bon quartier, et fréquenté la bonne école, la dictature du marché, et si souvent la violence ! La violence, à laquelle nous sommes très concrètement confrontés, mes chers amis, chaque fois que nous contestons l'ordre, les habitudes, les intérêts des groupes de pression qui font chez nous la pluie et le beau temps. Je voudrais en votre nom à tous redire ici notre colère au lendemain de l'agression perpétrée contre le local d'Eaux et Rivières de Bretagne, et notre amitié à ses militants, et notamment à Gérard Borvon, menacé de mort. Bienvenue au club, Gérard !
Jour après jour, dans toutes ces rencontres, je mesure aussi, malgré la crise de confiance, bien réelle, les attentes de nos concitoyens par rapport à la politique et aux votes d'avril et mai prochains.
En témoigne l'inscription massive en décembre sur les listes électorales, et notamment des jeunes. Et l'attention portée aux émissions de télévision, la passion pour les à côtés de la campagne, le commentaire des sondages, le moral des entourages.
Or à quoi assiste-t- on depuis des semaines ? Par une sorte de dérive, on voit les candidats à la présidentielle se rendre à la convocation des groupes de pression les plus variés. Un jour, les personnes âgées ; le lendemain, les jeunes ; le jour suivant, les banlieues, les prisons, les intermittents du spectacle, le patronat... Aucun n'est avare de promesses et d'annonces, formulées avec l'autorité du JE : je doublerai le budget des sports, j'augmenterai les retraites des commerçants et les effectifs de la police, je donnerai 100 millions pour la justice et autant pour le réseau routier, je veux le logement pour tous et l'abrogation des charges pour les TPE... Sans oublier l'assurance tranquillité du candidat : je serai gentil avec les chasseurs ! Vous avez été nombreux à réagir, après l'audition des candidats par la Fédération Nationale des Chasseurs. Parfaits, les candidats. Tous attentifs, tous bienveillants. Sauf hélas une dangereuse provocatrice. Mais qui provoque ? Les écologistes , qui tentent d'assurer la coexistence pacifique des différents amoureux de la nature dans le respect de la loi, ou ceux qui s'organisent en groupe de pression, pour flatter les parlementaires chasseurs et terroriser ceux qui ne le sont pas ? Vous avez tranché. Merci à vous.
Drôle de campagne donc, où on promet dans le même temps de réduire l'endettement de l'état, de baisser les impôts, de relancer la consommation et de donner du pouvoir d'achat à tous sans tarder.
J'ai noté par exemple que la suppression de certains régimes spéciaux de retraite (pas ceux des militaires, pas non plus les parachutes dorés des grands patrons) a été convoquée au moins quatre fois par le candidat de la droite pour financer des annonces différentes, alors qu'elle ne représente qu'une part infime des sommes ou des déficits qui sont en jeu.
Les promesses électorales - vous connaissez la formule de Charles Pasqua, un maître à penser et un proche du candidat en question - font partie du folklore électoral.
Mais là on est passés du stade artisanal au stade industriel.
La politique officielle consiste désormais à segmenter notre société en autant de catégories qu'il faut draguer éhontément, auxquelles il faut donner des gages, des signes, avant de passer sans tarder à d'autres catégories qui auront choisi la bonne fenêtre de tir médiatique.
A ce petit jeu qu'on appellerait ailleurs de la « cavalerie », les premiers perdent ce qu'ont gagné les seconds et ainsi de suite... Hier les SDF, demain les betteraviers, après demain les fabricants d'hélicoptères ou les buralistes...
L'intérêt général n'est pas la somme des intérêts particuliers qui parlent haut et fort !
Faire de la politique, ce n'est pas se contenter d'ouvrir le guichet des demandes et des supplications plus ou moins menaçantes!
C'est voir comment on va ensemble faire avancer la barque commune dans laquelle on est engagé en fonction d'un diagnostic, d'un état des ressources et des grands défis que nous lance le monde.
Heureusement, des associations et des mouvements de citoyens agissent au grand jour pour promouvoir l'intérêt général, y compris celui des générations futures. Je pense à l'UFC qui propose de prélever une partie des surprofits de Total pour financer les transports publics, à Aides qui poursuit son action d'éducation à la santé là où l'Etat est défaillant, aux militants d'ACLEFEU qui donnent de la visibilité aux propositions des quartiers populaires... Et je me réjouis de la démarche de la CFDT - avec laquelle il est arrivé que nous ayons des divergences sérieuses, sur des sujets qui ne l'étaient pas moins - engageant un débat de fond sur des sujets fondamentaux sur la place du travail ou la construction européenne. Notre rencontre a été riche. Je ne doute pas qu'il en sera de même à l'occasion des dialogues programmés avec la FSU et la CGT.
C'est d'une bien curieuse façon que les partis classiques ont traité depuis deux mois des questions écologiques.
Comme s'il s'agissait d'un problème particulier parmi d'autres, au même titre que le lobby routier ou celui de la FNSEA.
Ils ne voient pas l'écologie comme une interrogation vitale, comme une question qui touche aux équilibres fondamentaux de nos sociétés.
Ils ne la considèrent pas comme une chance pour faire avancer la plupart des problèmes que nous rencontrons, mais comme une concession qu'on fait à des empêcheurs de tourner en rond, parmi d'autres.
Il y a quelques semaines, les représentants de formations politiques qui n'avaient pas brillé jusqu'ici par un excès d'enthousiasme pour l'écologie, cliquaient comme un seul homme ou comme une seule femme, pour approuver le pacte écologique de Nicolas Hulot.
Que s'est-il passé depuis ? Oubliés les engagements, disparues les pieuses déclarations !
A ma droite, ce sera sans commentaires : le nom qui circule pour être vice premier Ministre du développement durable, c'est celui de Mr Juppé. Converti à l'écologie pendant l'hiver de son court exil au Canada, il se prend parait il pour Al Gore ! Il tient ce soir meeting avec Nicolas Sarkozy dans sa ville. Le sujet ? L'écologie ! Le jour même où le tribunal administratif annule la DUP du grand contournement routier de Bordeaux, c'est trop de malchance !
A ma gauche, ça ne va pas fort non plus : plus le temps passe et plus l'excellence environnementale des promesses de la candidate socialiste se rabougrit au contact des baronnies : je n'en veux pour preuve que le sauvage bras de fer entre les pro-EPR, avec à leur tête Arnaud Montebourg, qui mérite pour ce forfait d'être suspendu pour un mois de plus, et les anti, qui n'ont à cette heure pas réellement obtenu de décision claire.
Il faut se rendre à l'évidence : en signant le pacte, certains candidats croyaient se débarrasser des écolos, pour revenir à leur petite cuisine sur leurs petits réchauds productivistes.
Je pousse un cri d'alarme : la signature par tous les candidats du pacte écologique de N Hulot, y compris par ceux dont tout le parcours témoigne du mépris le plus absolu pour l'environnement, pourrait signifier, paradoxalement la défaite politique de l'écologie. « Tous ont signé, le problème est réglé, et il n'y a plus besoin des écologistes »...
Je n'invente rien, c'est la question que posent les journalistes ; cette question toujours la même : Mais de qui se moque-t-on ?
Sarkozy est-il devenu écologiste en signant le pacte de N Hulot ? Cet « homme nouveau » qui a adhéré à l'UDR en 1974 pour devenir l'homme de main de Charles Pasqua dans les Hauts de Seine, puis ministre de Balladur en 1993, puis à nouveau ministre de Chirac en 2002, quel bilan écologique peut-il présenter ? A-t-il porté une seule mesure en faveur de la protection de l'environnement en 33 ans de vie politique ? Evidemment pas. La dégradation de notre environnement, la pollution des eaux, de l'air, le gaspillage énergétique, le tout bagnole, c'est le résultat des politiques conduites par les partis qu'il a soutenus et dirigés pendant toutes ces années. Et l'on voudrait nous faire croire que le Sarkozy nouveau est arrivé, qu'il aurait eu une révélation ! Le fait d'avoir mené une politique catastrophique pendant plus de 30 ans serait-il devenu un gage de sincérité, la garantie que nous pouvons lui faire confiance pour réparer ce qu'il a consciencieusement détruit ? Dans quel monde politique vivons-nous ? A quelle fable veut-on nous faire croire ?
Désolée, Mesdames, Messieurs, ça ne peut pas se passer comme ça ! Pas d'écologie dans la campagne ? Ou un intérêt indexé au résultat des écologistes ? Ou une écologie molle incarnée par des personnalités consensuelles ?
Impossible. Car les problèmes sont là. Que ça lui plaise ou pas, le prochain président de la République, la prochaine majorité parlementaire, et la société tout entière, devront répondre à quatre questions fondamentales toutes liées les unes aux autres :
1/ Qu'est ce qu'on fait vraiment pour enrayer ici et maintenant le processus du changement climatique et l'emballement de la crise écologique ?
2/ La mutation de nos comportements n'est pas une occasion formidable pour aborder autrement qu'avec les recettes anciennes les enjeux massifs de la grande pauvreté et des inégalités ?
3/ Cette façon différente de produire, de travailler, de consommer, d'interroger le sens même de notre économie, ne nous amène -t-elle pas à envisager une autre façon de décider, c'est-à-dire une réforme en profondeur de notre démocratie ?
4 / Enfin, la prise de conscience de la nouvelle donne écologiques ne nous fournit elle pas un regard nouveau sur la grande fracture sociale mondiale qui menace, si on n'y prend pas garde, de tourner à la guerre des civilisations ?
L'avenir écologique de la planète, l'invention d'un nouveau modèle social, la refondation de la démocratie, la sauvegarde de la paix : voilà les quatre incontournables de cette campagne !
A ces questions, il faut répondre ! On s'en doute, la réponse des autres, tous les autres, ne convient pas : « on continue, en faisant un peu attention, en étant un peu plus juste ou un peu plus raisonnable» ? Allons donc !
La réponse des Verts est globale, elle est cohérente : il faudra tout changer, ou presque, pour « vivre mieux ensemble » !
Le candidat sortant de la droite veut nous faire travailler plus. Nous ne devons pas habiter la même planète !
Je vois des gens qui se lèvent tôt tous les matins, et qui s'entassent dans les bouchons ou dans des transports bondés. Je vois des gens, des femmes souvent qui tous les jours arbitrent entre reprendre un travail à mi-temps, dans une société de nettoyage ou dans un fast-food, au prix d'une perte de revenus - faire garder les enfants, prendre un abonnement de bus - ou tourner en rond chez elles. e vois des gens qui sont angoissés pour l'avenir de leurs enfants, qui ne trouvent pas de logements, qui sont surendettés même quand ils gagnent leur vie, qui stressent et qui n'ont plus de temps à eux.
Et puis, je vois la croissance exponentielle des maladies professionnelles dues à l'exposition aux toxiques, à la chimie ou au bruit. Je vois la surconsommation de médicaments, l'épidémie des cancers dus aux facteurs environnementaux.
Dans quelques semaines s'ouvrira le procès de la personne qui a abattu en Dordogne un inspecteur du travail. On nous signale à la rubrique « faits divers » trois suicides de cadres surmenés dans un des fleurons de la technologie automobile.
On nous annonce 4 200 suppressions d'emplois dans l'industrie aéronautique, avec des conséquences dramatiques pour de tout petits bassins d'emplois.
On nous propose aussi de ne remplacer qu'un fonctionnaire partant en retraite sur deux. On se garde bien de nous dire où, et lesquels ! Cette logique de la règle à calcul apparaît bien grossière et peu réaliste si on veut bien s'intéresser aux besoins recensés dans l'éducation, les services de santé, ou la sécurité maritime.
Il est temps de dire aux gens non pas de travailler plus, mais de travailler mieux pour travailler tous. Dans cette campagne, je suis la seule à ne pas verser de bile sur les 35 heures qui ont créé 400 000 emplois, la seule à proposer qu'on mette fin à l'injustice qui prive les salariés des petites entreprises de RTT, la seule à demander qu'on passe aux 32 heures pour les métiers pénibles et pour les entreprises menacées de plans sociaux.
La façon dont la gauche a fait les 35 heures n'a pas été sans reproche, en particulier vis-à-vis des ouvriers dont on a raboté les temps de pause et les revenus ou dans certains secteurs de la fonction publique ! A l'époque, nous avons signalé ces faiblesses : il faut les corriger et pas dynamiter cet acquis précieux en laissant filer les heures supplémentaires !
Dans un pays dont la productivité du travail est considérée comme une des plus élevées au monde, je l'affirme : notre société a désormais besoin de temps pour respirer, pour retrouver du lien, du sens, et de la solidarité, pour vivre mieux dans un monde qui change. Pas du temps pour consommer, ou pour regarder la télé, ou pour faire la queue à la poste. Du temps pour rêver, pour lire des histoires à ses enfants, pour s'occuper de son corps, pour partager un repas avec des amis, ou avec nos vieux parents. Bref, du temps pour faire ce dont on ne parle jamais dans le monde âpre de la politique, du temps pour vivre.
Travailler plus ? Mais pour produire quoi ?
La crise écologique nous donne l'occasion de réinterroger nos priorités industrielles, nos choix de consommation, et de revenir sur quelques vérités d'évidence qui n'en sont pas !
Comme les cochers accrochés au 19 ème siècle à la traction hippomobile, on nous présente la voiture individuelle comme l'horizon indépassable des déplacements en villes et les camions comme le nec plus ultra de la souplesse logistique.
Eh bien, ce n'est pas tout à fait exact !
Si l'on veut à la fois économiser le pétrole qui va devenir rare et encore plus cher, affronter la crise climatique, et réduire les pollutions qui agressent enfants et personnes âgées, alors oui, il faut en ville moins de déplacements en voiture et plus de tramways et de bus en sites propres. Il faut aussi moins de camions sur les routes et plus de marchandises sur les trains. Et par conséquent, renoncer à tous les projets de doublement ou de triplement d'autoroutes qui font de nos vallées les grands couloirs pour des engins dont certains de nos voisins européens du Nord, à juste titre, ne veulent plus .
Si l'on veut réduire les émissions de CO2, il faut que le transport aérien paye le kérosène qu'il utilise et qui n'est quasiment pas taxé, il faut + de bateaux, ce qui signifie au passage plus de chantiers de déconstruction des navires en fin de vie comme l'a montré la rocambolesque affaire du Clémenceau.
Si l'on veut diviser par quatre nos émissions de gaz à effets de serre, il faut enfin et surtout relocaliser au maximum les industries, par exemple les industries agroalimentaires, en attribuant une prime d'aménagement du territoire aux entreprises qui contribuent à faire baisser la facture collective, en rapprochent leur production des bassins de consommation.
Les économies qu'on croit faire aujourd'hui, en travaillant à flux tendu, en n'intégrant pas au coût des transports les dégâts qu'on inflige à la nature, que vaudront-elles demain ou après demain quand le litre de carburant sera au prix du vin millésimé, et quand les primes d'assurance auront explosé en raison des risques environnementaux de plus en plus nombreux qu'il faudra couvrir ?
L'écologie, c'est donc l'inverse de la nostalgie, c'est au contraire une nouvelle façon de se projeter dans l'avenir. J'ai pour vous une bonne nouvelle, une excellente nouvelle. Toutes les études le montrent : dans la construction ou la réhabilitation de logements, dans l'agriculture paysanne, dans les transports publics, dans les énergies renouvelables, il y a une partie des réponses aux difficultés que nous rencontrons. L'image de ces métiers est dégradée ? A nous de leur redonner du sens, de former, de qualifier, de tout repenser, les horaires, les conditions de travail, les rémunérations ! A nous d'inventer les outils d'une sécurité des parcours professionnels, d'aider ceux qui le souhaitent à créer des coopératives d'artisans ou de salariés pour décider eux mêmes de leur façon de travailler ! A investissement équivalent, les énergies renouvelables créent 10 fois plus d'emplois que le nucléaire et des emplois d'ouvriers qualifiés et de techniciens mieux répartis sur le territoire. A investissement équivalent, on a plus intérêt à financer l'isolation des logements, avec à la clé des centaines d'euros de pouvoir d'achat en plus pour les familles, qu'à financer les impayés d'électricité ou de chauffage. Et cela d'autant plus que les emplois créés sont qualifiés, durables et non délocalisables !
Ce qui est vrai dans l'industrie ou dans le BTP est vrai dans les services. Et dans le monde paysan.
Les paysans qui font de la qualité doivent avoir les moyens de vivre dignement de leur travail, qui est un travail noble, et pour cela il faut réformer la politique agricole commune, prendre en compte le nombre des actifs dans chaque ferme, soutenir l'agriculture biologique, promouvoir les circuits agricoles les plus courts. Même raisonnement pour les viticulteurs ! Ce n'est pas en reniant la loi Evin qu'on répondra à leurs problèmes...
Voilà pourquoi nous sommes si attentifs aussi à ce qu'on décide de l'arrêt de l'implantation des hypermarchés en périphérie et qu'on revivifie le commerce de centre ville ainsi que l'artisanat, car le bilan est lourd : ruine des producteurs, pollutions, précarité pour les salariés et perte de temps pour les consommateurs, massacre des entrées de villes.
Il s'agit de mener une politique fondée sur l'intérêt général et non sur le calcul égoïste de quelques intérêts particuliers, sur l'avenir et non sur le court terme. Ca suppose que chacun prenne sa part du fardeau, que l'effort soit correctement réparti entre les citoyens.
Prenons l'impôt par exemple, dont il semble de bonne politique, comme pour les 35 heures, de dire du mal... Il est scandaleux s'il encourage les gaspillages et s'il renforce les inégalités. Il est incompréhensible s'il épargne les plus aisés... défiscalisation, évasion, déduction, négociation... et frappe les plus précaires, comme le fait la TVA d'une façon clandestine. Il est légitime s'il favorise l'effort écologique dans notre façon de produire et s'il corrige les inégalités de répartition.
J'ai signé, comme beaucoup d'entre vous, « l'appel au civisme fiscal » du journal « Alternatives économiques » qui revendique le paiement d'impôts justes pour financer la recherche, les écoles, les nouvelles formations, la santé, le logement.
Je propose de revenir sur les baisses d'impôts concédées à une minorité de contribuables aisés, ceux qui déclarent plus de 4000 euros mensuels par part fiscale, a suggéré François Hollande, de ne plus exonérer de cotisations sociales les entreprises qui, loin de créer des emplois, abusent des temps partiels, distribuent l'essentiel des bénéfices à de lointains investisseurs ou fuient dans des paradis fiscaux. Je propose l'instauration progressive d'une taxe carbone tenant compte des critères sociaux, une TVA à 33 % sur les produits les plus polluants, et l'intégration dans le calcul de la taxe foncière et de la taxe professionnelle de l'empreinte écologique.
Taxer la pollution et la surconsommation et non le travail, revenir au niveau d'imposition de l'an 2000, il n'y a rien là dedans de bolchevique.
Alors j'entends dire : « on est vraiment loin de l'écologie, vous vous occupez trop de social et pas assez d'écologie ! »
Eh bien, je le réaffirme ici ce soir :
« La solution aux problèmes sociaux, elle est écologique, et la solution aux problèmes écologiques elle est sociale. »
Nous ne mobiliserons pas toute la société dans un même effort pour sauver la planète si celle-ci reste marquée pour des millions de personnes par l'urgence du lendemain, par le chacun pour soi. S'il y a la bio pour les uns et Leader Price pour les autres, le bus bondé pour les uns et la prius hybride pour les autres !
J'en suis convaincue, Et c'est pourquoi, au-delà même de son incapacité à aborder les défis écologiques, nous sommes mobilisés contre les projets de Nicolas Sarkozy.
Loin de sécuriser les parcours professionnels en instaurant une véritable sécurité sociale professionnelle, le candidat de la droite veut en rajouter encore dans le stress et la précarité.
Loin de relever les minimas sociaux et d'instaurer un revenu de solidarité active pour que chaque heure travaillée rapporte un supplément de revenus aux ménages les plus pauvres, le candidat de la droite veut supprimer le RMI, instaurer moins de sécurité sociale et davantage d'assurances privées : il appelle ça la suppression de l'assistanat,
Les écoles du second choix pour la majorité des parents dont les enfants ne trouveront plus de places dans les écoles bien cotées ? il appelle ça la suppression de la carte scolaire
La réduction de la mixité sociale dans les centres-villes, et le surendettement des ménages pour 20 ans de crédit sur le dos, il appelle ça « rendre les français propriétaires de la France « Moins d'impôts pour les riches, il appelle ça « le bouclier fiscal à 50 % ! »
Dans son obsession d'en finir avec mai 68, dans son aversion pour détruire tout ce qui ressemble de près ou de loin à une utopie, il s'est fixé comme but de dire exactement le contraire de ce que dit le contrat écologique que proposent les Verts :
Placements financiers, 4x4, résidences vidéo-surveillées, voilà le modèle non soutenable et injuste du candidat ultra de la droite dure, celle qui n'aime pas la liberté et qui ne parle que de punir, celle qui voit dans chaque enfant d'immigré un clandestin, dans chaque chômeur un fraudeur potentiel, dans chaque jeune un risque pour l'ordre public.
« Police partout, justice nulle part » ce vieux slogan est devenu la feuille de route du Président de l'UMP au sens propre du terme.
Gérer écologiquement notre avenir, c'est aussi changer de système politique, un système archaïque, et inefficace.
Quand on se pose la question de qui produit quoi et comment, on débouche toujours sur la question de qui décide.
Je pèse mes mots : la France est aujourd'hui le pays probablement le plus mal gouverné d'Europe de l'Ouest.
Le Parlement ne décide de rien, il ne fixe même pas son ordre du jour.
Le Sénat n'existe que pour représenter la partie la plus conservatrice de la société et pour bloquer toute réforme digne de ce nom. Les lobbies inondent les parlementaires de leurs pressions les plus saugrenues.
On passe des heures à discuter de l'installation des canons à neige des stations de ski, en rabotant au passage la loi montagne, mais on expédie en trois coups de cuillers à pot le budget du CEA et celui de la sécu.
On évacue, sous prétexte d'un ordre du jour chargé, la loi sur les « class actions », qui permettrait aux consommateurs de porter plainte collectivement contre le comportement de Total lors du naufrage de l'Erika, ou contre le comportement des fournisseurs d'accès internet.
C'est quoi cette démocratie dans laquelle le gouvernement peut, sans attendre la fin du débat parlementaire sur l'énergie, engager la construction de l'EPR ou, comme il l'a fait ces derniers jours, interrompre le vote d'une loi, en pleine période électorale, pour décider par décret de l'avenir des OGM, que rejettent la majorité de nos concitoyens et pour lesquels évidemment, il faut une interdiction absolue des cultures en milieu non confiné.
Qui nous fera croire que les sociétés d'ascenseurs qui viennent d'être condamnées a plus d'un milliard d'euros parce qu'elles s'entendaient sur les marché en Hollande, en Allemagne et en Angleterre ne font pas la même chose chez nous ?
Qui doute que les deux majors de l'eau qui viennent d'être condamnées à plusieurs dizaines de millions d'euros en Normandie pour le même motif, ne font pas exactement la même chose en Languedoc Roussillon ?
Il est temps, si l'on veut faire de l'écologie, de remettre de la transparence dans la décision publique comme dans la décision privée.
Il est temps de simplifier le système administratif dans lequel quel plus personne ne comprend qui décide quoi, entre les départements, les mairies, les syndicats de communes ou les régions.
La sixième république, les Verts n'en ont pas, eux, abandonné l'idée : c'est la restauration des pouvoirs du Parlement, la transformation du Sénat en Assemblée des régions, l'interdiction du cumul des mandats au-delà d'une certaine durée, la fusion progressive des départements et des régions, la reconnaissance des langues et des identités régionales, l'élection au suffrage universel des intercommunalités.
La sixième république, c'est la réforme de l'enquête publique avec de vrais débats contradictoires, les référendums d'initiative populaire, c'est une loi contre les monopoles, c'est le retour progressif de la gestion de l'eau aux collectivités publiques !
Et enfin, pour que la démocratie participative ne reste pas un slogan de campagne électorale, la possibilité qu'une loi portée par 1 million de citoyens puisse être débattue au parlement...
Chers amis,
Comme vous le voyez, l'écologie n'est pas le truc à la marge qu'on essaie de caser pour faire plaisir aux amoureux des plantes !
L'écologie est l'humanisme du 21ème siècle, le point d'entrée qui nous permet de revisiter notre façon de concevoir la politique, l'économie, la démocratie, la place des nations et des continents sur la planète.
Et je ne peux pas parler d'écologie à quelques kilomètres de la Méditerranée sans évoquer avec vous la question de la relation des pays riches avec les pays pauvres, sans dénoncer les attaques insensées de l'extrême droite raciste et xénophobe contre les « immigrés ». Immigrés dont il faut rappeler que la plupart sont d'ailleurs en fait Français...
Une fois de plus, on joue au vilain jeu de celui qui ne veut pas « accueillir toute la misère du monde » sans dire que les puissances occidentales dont la France, sont coresponsables de cette misère, sans dire que notre mode de vie, de consommation, porte aussi sa part de responsabilité.
Car qu'est ce qui pousse des centaines de jeunes à courir à la mort sur les barques des trafiquants, ou à se jeter sur les barbelés européens, sinon la ruine de l'agriculture, la déforestation, la désertification, la concurrence infernale faite aux productions locales, et pour finir le soutien qu'apporte, entre autres, la France à des dictatures auxquelles elle distribue les miettes de la rente énergétique, forestière ou des matières premières ?
Et que se passera-t-il quand les réfugies climatiques « directs » seront plus nombreux encore que les réfugies économiques ?
Notre devoir est de parler vrai sur ces questions ; de dire que l'immigration qui est à l'articulation des questions de politique intérieure et de politique internationale peut être une chance et pas seulement une nouvelle occasion de semer la discorde entre les peuples.
Premier devoir donc : accueillir dignement les immigrés qui viennent chez nous, régulariser les sans papiers, sortir l'immigration de la tutelle du ministère de l'intérieur pour en faire l'objet d'un vrai ministère. Arrêter de considérer les immigrés sous l'angle de leur religion théorique et supposée, comme le fait Nicolas Sarkozy, pour en faire des membres de la communauté nationale a part entière.
Au passage, je le réaffirme, il faut aligner le droit de vote et d'éligibilité pour les résidents étrangers de plus de 5 ans sur celui des ressortissants de l'Union européenne, en commençant par toutes les élections locales et régionales
Second devoir : Affecter au moins 0,7 % du PIB de notre pays à l'aide publique au développement, annuler la dette des pays pauvres, favoriser les projets écologiques créateurs d'emplois durables et non les projets pharaoniques créateurs d'endettement et de mal développement.
Troisième devoir : mener une politique européenne juste au plan international fondée sur le droit des peuples à l'autodétermination, à la maîtrise de leurs richesses écologiques et de leurs matières premières. Retirer les troupes françaises des anciennes colonies et les remplacer si besoin est par des forces d'interposition européenne.
Quatrième devoir : redonner à la France le prestige que lui ont fait perdre les atermoiements de la politique internationale de la droite : contrôle international des ventes d'armes, lutte contre les paradis fiscaux et la grande délinquance financière, action résolue pour la réforme de l'OMC, de l'ONU et la création d'une organisation mondiale de l'environnement.
Alors, vous me direz que la France ne peut pas faire tout et toute seule.
Elle doit en effet « penser et agir européen », pour ses politiques industrielles, pour ses politiques environnementales et énergétiques et pour ses politiques sociales.
Mais on peut commencer ici et maintenant.
Ce que fait la France chez elle comme sur la scène internationale est regardé dans le monde et nous pouvons combler le retard que nous ont fait prendre les politiques de droite.
Pour cela deux conditions :
Une le 6 mai, une autre le 22 avril...
Le 6 mai, nous dirons quel point nous ne voulons pas du projet de Sarkozy.
Car si nous doutons parfois de pouvoir faire de l'écologie avec la gauche, nous sommes certains qu'il est impossible d'en faire avec la droite.
Et les tentatives de Mr Bayrou qui réinvente le « ni droite ni gauche « sous la forme du « et la droite et la gauche » seraient bien plus crédibles s'il déclarait publiquement avoir fait fausse route depuis 20 ans en soutenant tous les coalitions conservatrices sauf ces 12 derniers mois, si son programme économique ne ressemblait pas tellement à celui de Nicolas Sarkozy, s'il y avait un peu d'écologie dans tout cela, et s'il nous disait qu'il fera tout pour battre le squatteur de la place Bauvau.
Pour nous, c'est clair. Nous ferons donc tout pour éviter que le gouvernement Chirac ne se transforme en système Sarkozy !
Nous ne sommes pas là pour témoigner, nous sommes là pour faire gagner notre camp et pour peser sur la façon dont il va ensuite agir.
Et ça, ça se joue au premier tour... le 22 avril.
Nous savons bien que les options que je viens d'exposer sont d'ores et déjà largement partagées mais nous savons bien qu'elles ne sont pas majoritaires.
Mais si le vote du 22 avril ne reflète pas au moins en partie ces aspirations là, le coup ne sera pas dur pour les seuls écologistes, il sera une défaite pour toutes celles et ceux qui portent en eux-mêmes l'espoir d'une autre qualité de vie.
Alors, je connais les électeurs écologistes.
Ils sont exigeants et la façon dont les Verts se sont chamaillés par le passé les ont agacés tout autant que nous-mêmes.
Ils font donc aujourd'hui dans leurs intentions de vote un petit tour ici, et un petit tour là et comme souvent, ils se détermineront au dernier moment en faveur des Verts.
Je leur dis, comparez, et regardez.
Voyez qui fait quoi sur le terrain, voyez la qualité du travail des élus verts et de nos militants. Regardez ici à Montpellier.
Vous pouvez constater leur fidélité à des valeurs, la constance de leurs engagements, la cohérence de leur action.
La gauche a besoin de cette cohérence et de cette constance si elle veut rassembler large.
Alors, le 22 avril, ne votez pas inutile, votez pour vivre mieux. Nous comptons sur vous pour faire entendre cette musique différente auprès de ceux qui hésitent encore .
Vous pouvez compter sur nous, vous pouvez compter sur moi.Source http://blog.voynet2007.fr, le 6 mars 2007