Texte intégral
Je suis très heureuse d'être à Barcelone aujourd'hui, aux côtés de mes collègues espagnol, portugais et allemand, et marocain pour ouvrir les travaux du séminaire organisé par l'Institut européen de la Méditerranée sur "le Maroc et l'Union européenne, vers un statut avancé dans l'association euro-méditerranéenne".
Tous les pays ici représentés, et la France en particulier, ont des relations bilatérales fortes et étroites avec le Maroc. Pourquoi donc sommes nous réunis pour plaider en faveur du renforcement des relations entre l'Union européenne et le Maroc ? D'abord parce que je suis convaincue que la Méditerranée doit demeurer une priorité stratégique pour l'Europe. C'est un engagement ancien, fondé sur une histoire, une géographie communes, nourri de liens humains, économiques et culturels irremplaçables. A ceux qui ont le sentiment que l'Union européenne, mobilisée ces dernières années par son élargissement historique aux pays d'Europe centrale et orientale, se serait détournée du Sud, je veux redire avec force notre conviction que l'avenir de l'Europe c'est aussi la Méditerranée. Il faut poursuivre inlassablement notre objectif de faire de la Méditerranée un trait d'union en vue de réaliser avec nos partenaires l'aire de paix, de stabilité et de progrès, à la fois économiques et humains que méritent nos peuples.
Au sein de cet ensemble commun, le Maroc est un partenaire naturel de l'Union européenne, pour au moins trois raisons :
- son choix, ancien et stratégique, en faveur de l'ancrage européen, nécessaire à son développement et fondé sur le partage de valeurs communes ;
- sa place stratégique comme voisin immédiat de l'Union européenne et pont vers l'Afrique subsaharienne;
- enfin, l'importance des liens humains entre le Maroc et les pays européens comme en témoignent les près de 3 millions de Marocains résidant dans l'Union européenne.
Porteur d'une ambition et d'une vision pour sa relation avec l'Europe, le Maroc a franchi ces dernières années des étapes importantes qui lui ont permis peu à peu de développer ses liens, d'approfondir son dialogue et sa coopération avec l'Europe : après l'accord d'association conclu en 1997 et en vigueur depuis 2000, la conclusion en juillet 2005 du premier plan d'action dans le cadre de la politique européenne de voisinage avec un pays méditerranéen a fait du Maroc une figure de proue dans les relations extérieures de l'Union européenne. Quelques éléments suffisent à l'illustrer :
- le Maroc est le seul pays méditerranéen à s'être engagé dans un dialogue politique renforcé avec l'Union européenne, dont la 3ème session a eu lieu à Bruxelles en décembre dernier ;
- le Maroc a également entamé, en novembre 2006, un dialogue confiant avec l'Union européenne au sein du sous-comité "Droits de l'Homme, démocratisation et gouvernance", il est également le premier pays méditerranéen à avoir accueilli, en novembre dernier, une réunion du Forum civil, ce qui traduit son engagement à promouvoir le rôle de la société civile dans le partenariat euro-méditerranéen ;
- il fait partie du premier groupe de pays méditerranéens engagés dans les négociations lancées en 2005 en vue de compléter l'objectif d'une zone de libre échange pour les produits agricoles, transformés et de la pêche, d'une part, les services, d'autre part ;
- au sein du partenariat euro-méditerranéen, le Maroc a manifesté son rôle d'impulsion et de médiation, en accueillant à Marrakech, en mars 2006, la conférence qui réunissait l'ensemble des ministres du commerce du pourtour méditerranéen ;
- enfin, l'organisation très réussie, à Rabat, en juillet dernier, de la première conférence euro-africaine sur les migrations et le développement a montré l'engagement du Maroc et de ses autorités pour promouvoir aux côtés des Européens comme de ses voisins maghrébins et africains une approche globale et équilibrée des migrations fondée sur une responsabilité partagée. A cet égard, tout se jouera sur notre capacité collective à mettre en oeuvre le plan d'action adopté.
Autant de réalisations, et j'en oublie certainement, qui attestent de la singularité, je dirais même de l'exemplarité, de la relation euro-marocaine.
Aujourd'hui, et c'est la raison pour laquelle nous sommes réunis, en présence de la présidence allemande et de la future présidence portugaise, nous devons témoigner de l'importance de ce bilan, mais surtout préparer l'avenir de manière confiante et déterminée. Car nous le savons, quelle que soit la qualité de ce bilan, il faudra beaucoup de détermination du côté européen, comme du côté marocain, pour continuer de progresser, afin de donner de jour en jour davantage corps au statut avancé que le Maroc appelle de ses voeux.
Dans cette entreprise, nous sommes heureux de pouvoir compter sur le soutien de la Commission, en la personne de Mme Ferrero-Waldner qui ne doute pas de l'intérêt que représente cet objectif pour le Maroc comme pour l'Union européenne, soutien qui est indispensable pour entraîner et convaincre dans l'Europe élargie. Nous devons ainsi saisir l'occasion des discussions en cours sur la communication de la Commission de décembre dernier sur le renforcement de la politique européenne de voisinage pour dégager des éléments concrets dont le Maroc pourra profiter dès les prochains mois. Le rendez-vous du Conseil européen de juin prochain sera, à cet égard, déterminant, afin de poser des premiers jalons dans la perspective de la préparation du prochain Conseil d'association.
Un important travail a déjà été réalisé de son côté, avec le soutien amical de l'Espagne, du Portugal et de la France et la bienveillante attention de la délégation de la Commission à Rabat, pour explorer les pistes les plus prometteuses, parmi les suivantes :
- concevoir un nouveau cadre de dialogue politique UE-Maroc, qui soit à la mesure de la spécificité de cette relation ;
- faire participer progressivement le Maroc au marché intérieur communautaire ;
- poursuivre la participation du Maroc à certains programmes et agences européennes, je pense notamment aux domaines de la sécurité maritime et aérienne, de l'environnement, de la justice et des affaires intérieures ;
- organiser progressivement la connexion du Maroc aux réseaux d'énergie et de transport ;
- intensifier la coopération décentralisée.
Vos travaux permettront, j'en suis convaincue, d'apporter de nombreuses autres idées et nourriront la réflexion des décideurs et des acteurs dans les prochains mois.
Je voudrais pour conclure souligner un dernier point qui me paraît essentiel : votre réflexion, et demain nos actions, ne doivent pas négliger la dimension régionale et sous-régionale de cet exercice, parce que nous savons combien le Maroc, combien l'Union européenne et ses Etats membres, auraient à gagner des progrès de l'intégration régionale du Maghreb. C'est un sujet sur lequel, j'en suis convaincue, l'Union européenne doit être plus active et plus ambitieuse. Alors traçons ensemble le chemin.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 mars 2007