Texte intégral
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Recteurs,
Mesdames et Messieurs les Directeurs,
Je suis très honorée de participer à la traditionnelle réunion des recteurs, qui est un moment important dans la vie du ministère de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Je voudrais donc avant toute chose remercier Gilles de Robien pour son invitation et François Goulard pour son accueil.
Nous souhaitions vous dire ce que le gouvernement a décidé sur ce qui vous concerne et vous demander de le relayer.
Vous avez en effet souhaité placer cette réunion sous le signe de l'Europe, et je m'en réjouis, car je suis convaincue que l'éducation est un important vecteur de sensibilisation à l'Europe des futurs européens que sont les jeunes.
C'est pourquoi nous avons oeuvré avec Gilles de Robien et François Goulard, pour que, d'une part, soit renforcée la place de l'éducation dans les politiques de l'Union européenne, mais aussi pour que, d'autre part, soit renforcée la place de l'Europe dans l'enseignement en France.
Au niveau européen, la négociation des perspectives financières 2007-2013 nous a donné l'occasion de demander et d'obtenir un renforcement des moyens consacrés à ces formidables programmes que sont Erasmus et Leonardo. Ce sont deux réussites européennes et elles méritaient d'être développées. Le nombre de bourses sera donc augmenté de manière très importante pour les années à venir, pour aboutir à un quasi doublement à l'horizon 2013. Pour mémoire, chaque année, ce sont 22.000 jeunes français qui passent une année d'étude dans un autre pays européen et 7.000 autres qui effectuent un stage dans un de ces pays.
En cette année du 20ème anniversaire du programme Erasmus, je crois que nous devons réaffirmer le rôle essentiel de cette initiative dans la construction d'une Europe concrète : ce sont plus de 1,2 millions de jeunes Européens qui ont pu en profiter jusqu'à aujourd'hui. Au-delà de la vocation éducative et des opportunités offertes en termes de formation et d'emplois, le programme Erasmus permet aux jeunes Européens de s'ouvrir à des cultures différentes et de construire ainsi leur citoyenneté européenne. Ils sont ainsi les meilleurs ambassadeurs de l'Europe !
C'est pour marquer ce 20ème anniversaire que j'ai souhaité associer les étudiants Erasmus aux célébrations du 50ème anniversaire du Traité de Rome, en leur offrant le 25 mars une série de concerts de groupes venus de toute l'Europe, dans deux salles parisiennes, la Maroquinerie et le Nouveau Casino. Déjà, la semaine dernière, à l'occasion de la journée de la Femme, j'ai invité au Quai d'Orsay 200 étudiantes Erasmus, qui ont exprimé à cette occasion leur fierté d'être européennes et d'étudier en France.
Pour que nos jeunes concitoyens aient un jour envie d'effectuer un séjour d'étude ou un stage dans un autre Etat membre de l'Union européenne, nous devons d'abord les sensibiliser à l'importance et à l'actualité de l'enjeu européen. C'est tout le sens de la décision qui avait été prise, dès le 20 septembre 2005, par le Comité interministériel sur l'Europe présidé par Dominique de Villepin : inclure les notions de base sur l'Union européenne dans le socle commun des connaissances. C'est chose faite depuis la rentrée 2006, grâce à vous, Monsieur le Ministre.
Bien que vous soyez tous ici de grands connaisseurs de ce socle commun, permettez-moi de rappeler les nombreuses références à l'Europe qu'il contient.
L'Europe trouve sa place dans 3 chapitres parmi les 7 que compte le nouveau socle.
Dans le chapitre consacré à la culture humaniste, il est précisé qu'en acquérant des connaissances dans ce domaine, les élèves trouveront des bases pour construire un sentiment d'appartenance à la communauté des citoyens, et notamment à l'Union européenne. Parmi les bases géographiques à acquérir figurent la connaissance des Etats de l'Union européenne et leurs capitales, mais aussi les grandes caractéristiques géographiques de l'Union européenne. De même, pour la partie histoire, les grands traits de l'histoire de la construction européenne doivent être connus. Les événements fondateurs de l'histoire de France sont appréhendés dans le contexte européen et mondial. Les formes d'organisation politique, économique et sociale des grands Etats de l'Union européenne sont aussi abordées. Et enfin, pour être préparés à partager une culture européenne, les élèves doivent étudier les textes majeurs de l'Antiquité ainsi que les grandes oeuvres artistiques du patrimoine français et européen.
En ce qui concerne les compétences sociales et civiques, la nécessité de développer le sentiment d'appartenance à son pays et à l'Union européenne, dans le respect de la diversité, est également mis en avant. Il s'agit de donner à chaque jeune les moyens de comprendre les finalités du projet partagé par les nations qui constituent l'Union européenne et de connaître les grandes caractéristiques de ses institutions.
Et enfin, l'apprentissage d'une langue vivante étrangère devient une nécessité pour la bonne compréhension des Européens entre eux. La connaissance d'une langue étrangère développe la sensibilité aux différences et à la diversité culturelle. Elle favorise le désir de communiquer avec l'autre, l'ouverture d'esprit et la compréhension d'autres façons de penser et d'agir. Cela favorise le rapprochement entre les citoyens européens.
Ce renforcement des connaissances de base sur l'Europe constitue désormais ce que l'on pourrait appeler une éducation civique européenne. Il fallait remettre dans nos écoles l'éducation civique, il fallait y ajouter la dimension européenne.
Ce n'est pas tout, et, afin de toucher l'ensemble des jeunes Français, y compris ceux qui sont sortis prématurément du système scolaire, nous avons pris avec Michèle Alliot-Marie une initiative complémentaire : désormais, depuis le début du mois de février 2007, dans le cadre de la formation dispensée à l'occasion de la journée d'appel de préparation à la défense - la JAPD -, un module complet et précis est consacré à l'Union européenne, son histoire, sa géographie, ses institutions et son action concrète. J'ai inauguré la première session de ce type avec Michèle Alliot-Marie, en banlieue, en Seine-Saint-Denis. C'est toute une classe d'âge qui est ainsi touchée, soit 800.000 jeunes par an.
Nous avons par ailleurs profité, avec Gilles de Robien, de l'occasion que nous offrait la Journée de l'Europe - qui est, je vous le rappelle, le 9 mai - l'an dernier et le 50ème anniversaire du Traité de Rome, cette année, pour tenter de faire entrer un peu plus d'Europe à l'école. Je reviens sur un certain nombre de sujets que nous avons évoqués.
C'est ainsi que l'an dernier nous avons élaboré en partenariat avec le Mouvement européen un kit pédagogique sur l'Europe, qui a été diffusé à 40 000 exemplaires à l'ensemble des collèges et lycées. Nous avons eu de bons retours.
Cette année, nous avons décidé de renouveler cette opération à l'occasion du 50ème anniversaire du Traité de Rome, dans une Europe à 27. Par ailleurs, dans le cadre de la commémoration officielle des 50 ans du Traité de Rome, nos deux ministères ont lancé un concours à l'attention des lycéens et des étudiants, en partenariat avec la chaîne France 24 et la SNCF, qui nous aide. Il s'agit d'un concours de reportages vidéo intitulé "sur les traces du Traité de Rome". Je précise que le reportage gagnant sera diffusé en boucle sur la chaîne France 24 le 25 mars et que le gagnant ou toute la classe gagnante sera invité à Bruxelles pour un séjour à la découverte des institutions européennes.
Voici les principales mesures que nous avons prises. Je suis persuadée qu'elles peuvent contribuer à faire progressivement entrer l'Europe à l'école et à donner conscience aux jeunes Français qu'ils acquièrent la citoyenneté européenne en même temps que la citoyenneté française. Il faudra plus d'une année, et peut-être plus d'une génération, pour faire ce travail. Ces mesures étaient indispensables. Il est de notre devoir de faire connaître ces enjeux. Je crois qu'il est temps de retrouver la fierté de l'Europe, et qu'en tout cas notre devoir est de sensibiliser les jeunes Français aux véritables enjeux de la construction européenne. En tant que citoyens, ils pourront ainsi s'exprimer plus tard en toute liberté, en conscience, mais en connaissance de cause.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 mars 2007