Entretien de Mme Brigitte Girardin, ministre délégué à la coopération, au développement et à la francophonie, avec France Info le 4 mars 2007, sur la signature en Côte d'Ivoire d'un accord entre le président Laurent Gbagbo et le chef de l'ex-rébellion, Guillaume Soro.

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Média : France Info

Texte intégral

Q - Un pas a été franchi vers la paix aujourd'hui en Côte d'Ivoire. Le président Laurent Gbagbo et le chef de l'ex-rébellion, Guillaume Soro, ont signé un accord à Ouagadougou, sous la médiation du Burkina Faso. Le texte prévoit entre autres la formation prochaine d'un nouveau gouvernement et la suppression progressive de la zone de confiance. Elle est tenue par les forces de l'ONU et par 3.500 soldats français.
R - C'est une très grande satisfaction pour nous de voir que les Ivoiriens ont retrouvé cette confiance entre eux qui leur manquait et se sont en quelque sorte appropriés tous les outils et toutes les solutions que la communauté internationale avait préconisés. On était dans une situation de blocage sur les différents sujets qui sont les ingrédients de la crise ivoirienne, et notamment le problème de l'identification de la population. Vous savez que le coeur de la crise ivoirienne, c'est que les Ivoiriens n'ont pas de papiers d'identité et ne peuvent donc pas être électeurs pour la plupart. Sur ce sujet essentiel, l'accord prévoit des modalités très précises qui, je l'espère, vont permette d'arriver à ces élections démocratiques, transparentes et libres, que tout le monde souhaite. C'est effectivement un très grand succès.
Q - Dans le détail, l'accord prévoit la formation d'un nouveau gouvernement, la suppression de la zone de confiance, où se trouvent 7.000 casques bleus. Vous n'avez pas le sentiment que l'Onu est contournée ?
R - Pas du tout, si vous regardez le détail de cet accord, il porte vraiment sur tous les sujets sur lesquels la résolution 1721 avait prévu des dispositifs. L'accord précise des modalités pratiques et à propos de quoi les partenaires se mettent d'accord : comment identifier la population, comment désarmer et qui souhaite effectivement prendre son destin en main. Moi, j'ai toujours dit qu'aucune solution ne pouvait marcher si les Ivoiriens ne s'appropriaient pas ces solutions. Ce qui veut dire que la communauté internationale, je l'espère, n'aura plus rien à faire maintenant sur ce dossier ivoirien. J'espère que cet accord est conclu de bonne foi, sans arrière-pensée, que maintenant les choses vont être débloquées et que nous allons arriver, avant la fin de l'année, à des élections démocratiques en Côte d'Ivoire. C'est ce que tout le monde souhaite c'est la meilleure façon de régler définitivement cette crise.
Q - Et donc, si l'accord est bien appliqué, c'est la fin de l'opération Licorne ?
R - Oui, et même je crois que dès maintenant, on peut envisager effectivement un retrait de la communauté internationale, sans doute progressif. Je crois que maintenant, les conditions sont réunies pour que les Ivoiriens eux-mêmes arrivent à surmonter leurs difficultés.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 mars 2007