Déclaration de M. Jacques Dondoux, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, sur la marché de la carte à puce à l'exportation, Paris le 12 janvier 1999

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Circonstance : Réunion du club CSA (Cards, Systems Applications)

Texte intégral

La carte à puce et ses applications constitue un secteur dynamique et en expansion, où la France dispose dune place de choix. Sans être un produit nouveau - malgré les innovations constantes dont elle fait lobjet -, la carte à puce en est cependant à ses premiers essais dans le monde en ce qui concerne les profits à dégager. Les développements les plus forts des ventes restent à venir.
Cette croissance que vous gérez est également celle des écueils : la carte à puce et ses applications intéresse maintenant toutes les grandes entreprises de linformatique, des télécommunications, et plus simplement les investisseurs qui y voient une rentabilité qui ne se dément pas - avec dailleurs toutes les possibilités de sur-réaction que cela comprend. Bien peu de secteurs économique bénéficient dun tel engouement et dune demande aussi forte. La consolidation commerciale des positions technologiques acquises par la France est au cur de votre stratégie.
Le marché mondial, de 900 millions dunités en 1997, ainsi que M. Copin vient de le rappeler, pourrait être de 5000 unités en 2003, avec un point moyen de 10 GF de chiffre daffaires hors télécartes en 2000 : cest dire si vos résultats ont un poids important dans notre commerce extérieur. Dans ce marché qui devrait connaître une croissance forte et durable, de lordre de 30 % par an, la dimension internationale est naturelle et indispensable.
Cette croissance sera forte et durable malgré les turbulences, notamment parce quelle repose sur la multiplication des débouchés de la carte à puce.
Contrairement à dautres domaines dactivité, lexpansion du marché de la carte à puce ne semble pas dépendre de lexistence dune hypothétique killer application , qui assurerait à elle seule la quasi totalité des débouchés du marché.
Au contraire, un nombre sans cesse croissant de débouchés se présentent pour la carte à puce : téléphonie classique et GSM, santé, paiement, transport, identification, etc ...
Deux phénomènes récents sont représentatifs de limportance des débouchés potentiels de la carte à puce : le développement du commerce électronique et lexpansion de la téléphonie mobile.
Le commerce électronique, qui nest pas seulement un prolongement du commerce traditionnel, ou même, pour nous Français, de la vente sur Minitel :
- pour les entreprises, cest une nouvelle façon de vendre qui implique entre autres des solutions de paiement adaptées à Internet. La carte bancaire semble une solution indiquée.
- pour les consommateurs, ou plus généralement les utilisateurs dInternet, cest une nouvelle façon dacheter ou déchanger de linformation. Pour permettre à ce nouveau mode de commerce de se développer rapidement, il est essentiel de parvenir à créer la confiance des utilisateurs. Pour les opérations de paiement, qui sont lun des éléments de cette confiance, les systèmes de carte à puce sont appelés à jouer un rôle, par exemple dans les systèmes de certification - authentification.
Dans un environnement marqué à la fois par la convergence technologique et par la migration vers les mobiles de troisième génération, les téléphones mobiles devraient devenir des terminaux multifonctions (téléphones, connexion Internet, assistant personnel, etc), qui modifient lusage des cartes GSM utilisées aujourdhui le pus souvent comme identifiant. Chacune de ces nouvelles applications peut nécessiter lutilisation dune carte à puce, nécessitant la mise au point des générations de cartes à puces multi-applicatives.
La France et lEurope ont des atouts dans ce secteur dactivité, même si des freins au développement européen existent.
LEurope continuera, à moyen terme, à être la première zone de production de cartes à puces, même si sa part de marché devrait chuter assez sensiblement, probablement à près de 50 % du marché mondial vers 2000. La France dispose dun savoir-faire réel, appuyé par une position historiquement forte.
Afin de promouvoir ces atouts à linternational, il reste primordial que la coexistence de standards permette les développements des technologies :
- au niveau européen, leuro crée un vaste marché potentiel pour la monnaie électronique, mais impose de fait un besoin de normalisation à léchelle européenne pour les solutions qui seront mises en oeuvre ;
- au niveau mondial, même si le leadership dans le domaine de la carte à puce est européen pour linstant, le développement de certains de ses débouchés peut être suspendu aux rivalités entre les principaux réseaux de paiement Visa et MasterCard, dont la position de duopole accorde un poids décisif quant aux choix technologiques en matière de paiement.
La carte à puce est également en concurrence avec différentes solutions technologiques. Lenjeu est de trouver sinon une solution unique, du moins des solutions compatibles.
Cest par exemple indispensable pour une activité par nature trans-frontières comme le commerce électronique sur Internet, qui nécessite une solution européenne permettant de promouvoir nos intérêts commerciaux, quitte à perdre un peu sur les aspects de sécurisation, par exemple. Nos concurrents sauront le faire : il est important de lutter, entre partenaires européens, avec des atouts de qualité comparable. Une réelle volonté de travailler ensemble pour que la solution intéresse le monde entier, et lEurope en particulier est la clef du succès.
Pourquoi aucun constructeur européen ne sest lancé dans lintégration du lecteur dans le clavier des ordinateurs, par exemple ?
La dimension des produits de la carte à puce est internationale, et le réseau du commerce extérieur est au service des entreprises pour faire valoir leurs atouts dans le monde.
Les marchés principaux sont en Europe, en Asie et en Amérique Latine. Les U.S.A. sont toujours un marché en devenir, très compliqué à appréhender. Alors que les résultats commerciaux sont appelés à continuer dans un développement fondamental, le savoir-français est toujours à développer commercialement : le réseau du commerce extérieur est présent pour y contribuer.
Jai ainsi demandé que soient développés et pris en compte les aspects afférents aux technologies de linformation au sein du réseau du commerce extérieur. Jai initié, à la demande du Premier ministre, un groupe de travail spécifique aux technologies de linformation pour promouvoir les atouts technologiques français, en particulier ceux des P.M.E., dont le vivier dexportations est toujours incomplètement exploité.
A cet effet, des relais spécialisés ont été désignés dans les différents Postes dExpansion Économique pour ces aspects. Ce dispositif est appelé à se renforcer encore, et au plus haut niveau, notamment vis-à-vis des pays anglo-saxons, en Asie et en Amérique Latine.
Les foires et salons technologiques bénéficiant de lappui et du soutien assuré par le CFME-ACTIM ont également été renforcées.
Ce dispositif est à la disposition et au service des entreprises pour exporter. Sa modernisation soutient la croissance des technologies de linformation en général, et celui des exportations des applications de la carte à puce en particulier, au service des entreprises désireuses daccroître leur activité internationale.
Le développement fort et durable de ce secteur à linternational, malgré les turbulences financières et industrielles que nous connaissons, est une source demploi et dactivité pour la France, dont il nous revient collectivement de cueillir tous les fruits.
(Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr)