Texte intégral
Mesdames, Mesdemoiselles,
Chère Raphaëla, Chère Présidente,
Chère Estelle,
Chères vous toutes,
Messieurs ensuite,
Messieurs les Présidents
Cher Henri,
Chers vous tous,
Remettre des prix, des trophées ou des médailles, à titre sportif ou honorifique, est le lot quotidien, de tout ministre en général et du Ministre de la jeunesse, des sports et de la vie associative en particulier.
Il y a des moments privilégiés, surtout lorsque l'on connaît bien le récipiendaire ou l'athlète victorieux.
Il y a, parfois, je vous l'avoue, des instants plutôt cocasses. Il y a souvent de l'émotion. Il y a toujours de la fraternité.
A l'image de son lancement en 2005, la remise aujourd'hui du prix « femmes et sports » pour sa seconde édition n'échappera pas à ce triptyque sympathique.
Cocasse, parce je sais pouvoir compter sur l'humour décalé et le professionnalisme d'Estelle Denis que je remercie sincèrement d'avoir accepté d'animer cette cérémonie de remise de prix du concours national « femmes et sports ».
Emotion, parce les films primés et les lauréats nous ferons partager leur engagement et leur passion.
Fraternité, enfin parce qu'à l'instar de l'équipe de France de Handball féminin et de sa capitaine Véronique Pecqueux Rolland, à qui je remettrais le prix « Coup de coeur ».... c'est l'esprit d'équipe qui anime chacun d'entre vous. C'est l'envie d'agir ensemble pour un monde meilleur qui explique votre présence.
Mesdames, Messieurs,
Au-cours de la seconde moitié du siècle précédent une évolution heureuse s'est produite.
Les femmes furent de plus en plus nombreuses à pratiquer des activités physiques et sportives : de 9% en 1968, on constate une progression à 48% aujourd'hui.
Cette évolution nous devons la saluer.
Cependant, derrière cette satisfaction encourageante se cache des inégalités inacceptables.
En effet, même si elle augmente, la pratique féminine licenciée reste nettement en retrait par rapport à celle des hommes, puisque 2/3 des licenciés sont des hommes.
De plus, le développement de nouveaux freins culturels entraîne une lente exclusion des jeunes filles dans les quartiers sensibles.
51% des filles pratiquent le sport hors zones d'éducation prioritaire (ZEP) et 32% en ZEP. Ce désengagement sportif progressif ne permet plus toujours au sport de jouer pleinement son rôle social intégrateur.
Le sport féminin diffère encore sensiblement du sport masculin, qu'il s'agisse des disciplines choisies, de l'intensité des activités au cours de la vie, des lieux de pratiques ou encore de l'engagement dans la compétition. En 2006, 34% des sportifs de haut niveau, inscrits sur les listes ministérielles, sont des femmes.
A Athènes, si elles ne représentaient que 36% des participantes (23% aux jeux paralympiques), elles ont représenté 48% des médailles (38% aux jeux paralympiques).
Concernant l'accès des femmes aux postes à responsabilité, le constat est encore plus alarmant...
En clair, plus on progresse dans « la hiérarchie », moins il y a de femmes...
Ainsi, en 2006, seules 5,2% des présidents et 19,9% membres des comités directeurs des fédérations françaises étaient des femmes.
Conscient de cette situation, sous mon autorité, le ministère de la jeunesse, des sports et de la vie associative s'est fortement engagé dans une politique en faveur du développement de la pratique sportive des jeunes filles et des femmes, notamment dans les quartiers sensibles, et de l'accès des femmes et des jeunes filles aux responsabilités dans les fédérations, leurs instances déconcentrées et les clubs.
J'ai voulu que les services déconcentrés, les établissements publics nationaux et le mouvement sportif soient pleinement associés à cette ambition.
Cette volonté s'est concrétisée, au plan national, par l'élaboration de la charte de l'égalité « Pour l'égalité des hommes et des femmes, la France s'engage ».
Par, également, la mise en place d'un groupe de travail, présidé par Madame Brigitte Deydier, Vice-Présidente de la Fédération Française de Judo, qui a mené de nombreuses consultations et recherches qui ont conduit à la rédaction et à la diffusion du rapport « Femmes et sports ».
Grâce à cette réflexion, il a ainsi été décidé d'introduire dans les statuts des fédérations sportives, un principe de proportionnalité entre le nombre de femmes licenciées éligibles et le nombre de sièges dont elles doivent disposer au sein de leur comité directeur, à l'échéance de 2009.
Cette sous-représentation des femmes dans les instances dirigeantes est donc en voie de s'atténuer.
Sachez que les élections de 2005 traduisent une réelle progression, puisque 69% des fédérations voient progresser la représentation féminine. Cette évolution est particulièrement perceptible au plan territorial, puisque les femmes représentent 1/3 des membres des comités directeurs dans les instances départementales du mouvement sportif.
En effet, dans ce domaine, on ne pouvait plus se contenter d'un catalogue de bonnes intentions. Il fallait en finir avec le conservatisme d'un autre siècle. Il fallait arrêter de ne pas regarder la vérité en face. Il m'est apparu urgent d'agir.
C'est pourquoi, à l'occasion du renouvellement des instances dirigeantes de 2005, j'ai demandé aux fédérations d'établir et de mettre en oeuvre, dans un délai de trois ans, des plans de féminisation de leurs instances dirigeantes, comprenant un important volet formation et accompagnement.
Ce projet fait l'objet d'un suivi spécifique de la part de la direction des sports, ce nouveau cadre réglementaire devant se traduire par des évolutions dans les faits, à l'occasion des élections organisées dans les fédérations sportives en 2008 et 2009.
Pour cela, un soutien aux fédérations sportives a été établi pour faciliter la mise en oeuvre de leurs plans de féminisation.
Notamment, au travers du « programme national de développement de l'emploi sportif qualifié » (parfois dit « 1000 emplois STAPS »), 13 fédérations sportives et un groupement national, menant des politiques significatives en matière de développement et de promotion du sport féminin, vont donc bénéficier, pendant 2 ans, d'emplois intégralement financés par l'Etat.
Ces 14 fédérations vont être l'objet d'un suivi particulier pour la mise en oeuvre de leur plan de féminisation. Un outil de diagnostic et de suivi standardisé est, par ailleurs, proposé à l'ensemble des fédérations dès cette année.
Il s'agit du pôle ressources national « Sport, famille, pratiques féminines » mis en place en décembre 2005.
Ce PRN « sfpf », pour reprendre le jargon du ministère, a un rôle d'appui national auprès des services déconcentrés et de l'ensemble des acteurs du sport. Une de ses missions est de valoriser les bonnes pratiques. Il diffuse depuis février 2006 une lettre d'information. Un site internet doit être mis en ligne en mars 2007.
Cinq actions de formation conduites par le PRN « sfpf » ont été inscrites au Plan National de Formation 2007 dans l'objectif de développer les compétences internes des agents.
Les actions d'information et de conseil vont être poursuivies avec la réalisation, en 2007, d'une plaquette sur les caractéristiques spécifiques à la pratique féminine à prendre en compte à l'occasion de réalisation et/ou de la réhabilitation d'installations sportives.
C'est dans cet esprit que mon ministère a réalisé une campagne de communication pour promouvoir la pratique sportive auprès des publics qui en sont le plus éloignés, à commencer par les femmes. Cette campagne avait pour signature : « La vraie victoire dans le sport, c'est d'abord d'en faire ».
En parallèle, les moyens financiers spécifiques mobilisés sur l'item « Femmes et sport » sont en hausse continue depuis 2004, aussi bien dans le cadre des conventions d'objectifs signées au plan national avec les fédérations sportives, qu'au plan territorial où les moyens alloués à cet objectif ont augmenté de 14,23% entre 2005 et 2006 (soit près de 6Meuros en 2006).
Il est bon de souligner que 2 indicateurs du projet annuel de performance (PAP) du programme « sport » (évolution du nombre des licences sportives féminines et évolution des moyens financiers consacrés à cet objectif) permettent à la direction des sports de mesurer précisément les résultats attendus au regard des objectifs annoncés.
C'est dans cette logique que s'inscrit le concours national et les concours régionaux « femmes et sport ».
Nous sommes réunis en ce 8 mars, journée internationale de la femme, pour promouvoir l'image, la place et le rôle des femmes dans les pratiques physiques et sportives et leur accès aux responsabilités, notamment dans les quartiers urbains sensibles.
Plus de 1 700 projets ont été identifiés. 351 initiatives ont été valorisées depuis la création de ces concours.
Dans un instant, quatre films vont être primés. Quatre histoires de femmes. Quatre films qui illustrent la diversité des parcours féminins dans la sphère sportive.
Merci aux 25 membres du jury pour le travail remarquable effectué. Merci aux athlètes présentes. Merci à Raphaëla Le Gouvello, championne d'exception, femme aux multiples défis d'avoir accepté de présider le jury de l'édition 2007.
Dans mon esprit, l'égalité entre les hommes et les femmes ne peut se résumer à une journée. Cette quête d'égalité doit un être une mission permanente des services de l'Etat. Une exigence de tous les instants.
Chère Raphaëla, Cher Henri,
L'égalité est une valeur fondamentale de notre République. Elle est également au coeur du projet olympique : égalité entre les continents, égalité face à la pratique sportive, égalité des sexes...
Cette volonté ne se négocie pas, par le passé elle devait s'acquérir, de nos jours elle est une exigence, dans le futur, je souhaite qu'elle soit une évidence pour tous.
Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 8 mars 2007