Texte intégral
Q - Quelles sont, selon vous, la signification et l'importance pour la France d'un partenariat stratégique de Défense avec le Japon, étant donné sa situation géographique si distante ?
R - Le Japon représente pour la France un partenaire politique et économique majeur en Asie. La transformation au début de l'année de l'agence japonaise de Défense en ministère de la Défense devrait permettre de renforcer les relations bilatérales.
La poursuite d'un dialogue stratégique dense sur les grandes questions mondiales et sur les coopérations technologiques, le soutien à l'ambition légitime du Japon d'obtenir un siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, la préparation du 150ème anniversaire des relations diplomatiques franco-japonaises en 2008 constituent quelques-uns des grands axes de notre coopération.
Le Japon est une grande démocratie avec laquelle la France partage bien des valeurs. Ce dialogue politique étroit nous permet d'aborder tous les sujets en toute franchise.
Le Japon occupe une place éminente sur la scène internationale, au service de la paix de la sécurité et du développement. Nous apprécions son soutien au multilatéralisme et son sens des responsabilités, en particulier dans le dossier nord-coréen, sa participation à des missions de paix comme en Afghanistan, le niveau élevé de son aide publique au développement.
Q - Quels sont les projets éventuels de vente d'armes (ou de coopération en matière de technologie militaire) à destination du Japon, jusqu'à présent équipé par son allié américain ?
R - Ce n'est pas le but premier de ma visite. La France est désireuse d'approfondir ses relations avec le Japon. De multiples structures de dialogue existent à tous les niveaux.
Notre coopération militaire s'articule autour d'actions de formation (ainsi, des officiers japonais suivent les enseignements du Collège Interarmées de Défense) et de coopération technico-opérationnelle, où nos deux marines jouent un rôle moteur, dans l'Océan indien. Ainsi, un ou deux bâtiments de la marine française font escale annuellement au Japon.
L'intérêt que le Japon porte au programme RECAMP de formation, d'entraînement, d'équipement de forces armées africaines pour le maintien de la paix sur leur continent, au développement des actions civilo-militaires, à la coopération technico-opérationelle et plus largement à l'expérience française en matière d'organisation interarmées ne pourra que contribuer au renforcement de notre relation.
Dans le domaine de l'armement, ainsi que vous le soulignez, la présence française demeure assez faible car le Japon produit 80 % de ses équipements ; le reste étant fourni par les Etats-Unis. Il semblerait toutefois que l'armée de l'air japonaise témoigne d'un intérêt réel pour l'hélicoptère NH 90.
Q - Le Japon et beaucoup d'autres nations asiatiques sont opposées à une modification de l'embargo des armes à destination de la Chine, malgré les arguments donnés par la France. Comment comprenez-vous cela et pouvez-vous répondre à ces inquiétudes ?
R - Lors de sa rencontre le 12 janvier dernier avec le Premier ministre japonais, le président de la République française a rappelé la position de la France sur cette question.
La politique étrangère de la France a pour objectif prioritaire, comme celle du Japon, la paix et la sécurité internationales. C'est donc d'abord au regard de cet objectif qu'est examinée la question de la levée de l'embargo sur les armes à destination de la Chine, en ayant bien entendu à l'esprit les préoccupations de nos partenaires et alliés.
La levée de l'embargo par les Européens ne signifie pas pour autant vente d'armes. Les Européens n'ont aucune intention de s'engager dans une politique d'exportation d'armements vis-à -vis de la Chine, qui, d'ailleurs, ne le demande pas.
Ce que veulent les Européens, c'est normaliser leurs relations avec la Chine. Quinze ans après l'adoption de cette mesure, le maintien d'un régime de sanctions ne correspond plus à la réalité de la Chine d'aujourd'hui, pays à qui a été confié par exemple l'organisation des JO à Pékin en 2008 et l'Exposition universelle à Shanghai en 2010. Le Japon, l'Australie, le Canada et bien d'autres, l'ont compris depuis longtemps.
Plus généralement, la conviction française est que le dialogue que l'Europe développe avec la Chine contribue au progrès de nos valeurs, au respect de la règle internationale et à la stabilité du monde. C'est la meilleure contribution que les Européens puissent apporter à la sécurité de l'Asie dont le contexte est très différent de celui qui existe en Europe. Les Européens et les Japonais se rejoignent pleinement sur la nécessité de favoriser l'engagement et la responsabilisation de la Chine sur la scène internationale. Je pense en particulier aux efforts de médiation déployés par la Chine en faveur d'un règlement de la crise nord-coréenne. Un climat de dialogue est bien la clé de la stabilité en Asie.
La levée de l'embargo ne signifie pas la fin des contrôles sur les exportations d'armement. Les pays européens et en particulier la France ont des régimes de contrôle rigoureux, notamment en ce qui concerne les technologies sensibles. Ces régimes sont en cours de renforcement. Parmi les principes qui guident notre politique d'exportation nationale, il y a la sécurité de nos forces et de celles de nos Alliés.
La France sera attentive aux préoccupations du gouvernement japonais avec lequel nous avons naturellement un dialogue très approfondi sur cette question, comme sur d'autres questions de sécurité.
Q - Suite aux récents essais nord-coréens, le Japon pourrait choisir de devenir à son tour une puissance nucléaire. Quelle est la position de la France sur ce sujet ?
R - La France partage la préoccupation du Japon et connaît sa détermination dans la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive. Il est inacceptable pour la sécurité du monde et pour la fiabilité de l'ordre juridique international que des pays rompent les engagements qu'ils ont pris. Face à des pays qui déstabilisent la sécurité régionale par leurs comportements proliférants, la communauté internationale doit faire preuve de la plus grande fermeté.
A contrario, il est normal que les pays qui respectent leurs obligations en matière de non-prolifération et qui apportent la preuve de la nature pacifique de leurs ambitions puissent bénéficier des technologies auxquelles les règles internationales leur donnent légitimement accès et puissent vivre en paix dans la sécurité. La France fait, en cette matière, totalement confiance à la sagesse des autorités japonaises.
S'agissant de la Corée du Nord, la France a toujours soutenu toutes les initiatives des cinq représentants de la communauté internationale dans le cadre des pourparlers sur le dossier nucléaire. Même si des avancées notables ont été accomplies depuis le 13 février dernier, l'objectif demeure la dénucléarisation complète, vérifiable - le déplacement de M. El Baradeï à Pyongyang les 13 et 14 mars prochain va dans ce sens - et irréversible de la Corée du Nord. La France, avec ses partenaires de l'Union européenne, a par ailleurs pris des mesures concrètes dans le cadre de la mise en oeuvre de la résolution 1718, adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies le 14 octobre 2006. L'Europe est prête à s'impliquer plus directement dans la recherche d'un règlement de la crise nord coréenne. A cette fin, une délégation, placée sous la présidence allemande du Conseil de l'Union européenne, s'est rendue à Pyongyang du 6 au 8 mars 2007.
S'agissant des Japonais enlevés, la France partage et soutient pleinement les préoccupations du Japon et lui a marqué son appui sur cette question. Je rappelle d'ailleurs que l'Assemblée générale des Nations unies a adopté par consensus une Convention sur les disparitions forcées, élaborée sous l'impulsion de la France, et qui a été ouverte, à Paris, à la signature des Etats membres des Nations unies, le 6 février dernier.
Q - Concernant la politique intérieure, et en vue de l'élection présidentielle, avez-vous des commentaires quant au déroulement de la campagne, comment la voyez-vous évoluer entre les candidatures de MM. Sarkozy, Bayrou, Le Pen et de Mme Royal ? Selon vous, quelles sont les chances pour que le président Jacques Chirac se décide à briguer un nouveau mandat ?
R - Le président de la République prendra sa décision lorsqu'il le jugera utile, ce n'est pas à moi d'anticiper son choix. J'ai apporté mon soutien à Nicolas Sarkozy le 14 janvier dernier. J'estime qu'il est le plus compétent, expérimenté, à même de mettre en oeuvre les idées politiques auxquelles je crois.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 mars 2007
R - Le Japon représente pour la France un partenaire politique et économique majeur en Asie. La transformation au début de l'année de l'agence japonaise de Défense en ministère de la Défense devrait permettre de renforcer les relations bilatérales.
La poursuite d'un dialogue stratégique dense sur les grandes questions mondiales et sur les coopérations technologiques, le soutien à l'ambition légitime du Japon d'obtenir un siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, la préparation du 150ème anniversaire des relations diplomatiques franco-japonaises en 2008 constituent quelques-uns des grands axes de notre coopération.
Le Japon est une grande démocratie avec laquelle la France partage bien des valeurs. Ce dialogue politique étroit nous permet d'aborder tous les sujets en toute franchise.
Le Japon occupe une place éminente sur la scène internationale, au service de la paix de la sécurité et du développement. Nous apprécions son soutien au multilatéralisme et son sens des responsabilités, en particulier dans le dossier nord-coréen, sa participation à des missions de paix comme en Afghanistan, le niveau élevé de son aide publique au développement.
Q - Quels sont les projets éventuels de vente d'armes (ou de coopération en matière de technologie militaire) à destination du Japon, jusqu'à présent équipé par son allié américain ?
R - Ce n'est pas le but premier de ma visite. La France est désireuse d'approfondir ses relations avec le Japon. De multiples structures de dialogue existent à tous les niveaux.
Notre coopération militaire s'articule autour d'actions de formation (ainsi, des officiers japonais suivent les enseignements du Collège Interarmées de Défense) et de coopération technico-opérationnelle, où nos deux marines jouent un rôle moteur, dans l'Océan indien. Ainsi, un ou deux bâtiments de la marine française font escale annuellement au Japon.
L'intérêt que le Japon porte au programme RECAMP de formation, d'entraînement, d'équipement de forces armées africaines pour le maintien de la paix sur leur continent, au développement des actions civilo-militaires, à la coopération technico-opérationelle et plus largement à l'expérience française en matière d'organisation interarmées ne pourra que contribuer au renforcement de notre relation.
Dans le domaine de l'armement, ainsi que vous le soulignez, la présence française demeure assez faible car le Japon produit 80 % de ses équipements ; le reste étant fourni par les Etats-Unis. Il semblerait toutefois que l'armée de l'air japonaise témoigne d'un intérêt réel pour l'hélicoptère NH 90.
Q - Le Japon et beaucoup d'autres nations asiatiques sont opposées à une modification de l'embargo des armes à destination de la Chine, malgré les arguments donnés par la France. Comment comprenez-vous cela et pouvez-vous répondre à ces inquiétudes ?
R - Lors de sa rencontre le 12 janvier dernier avec le Premier ministre japonais, le président de la République française a rappelé la position de la France sur cette question.
La politique étrangère de la France a pour objectif prioritaire, comme celle du Japon, la paix et la sécurité internationales. C'est donc d'abord au regard de cet objectif qu'est examinée la question de la levée de l'embargo sur les armes à destination de la Chine, en ayant bien entendu à l'esprit les préoccupations de nos partenaires et alliés.
La levée de l'embargo par les Européens ne signifie pas pour autant vente d'armes. Les Européens n'ont aucune intention de s'engager dans une politique d'exportation d'armements vis-à -vis de la Chine, qui, d'ailleurs, ne le demande pas.
Ce que veulent les Européens, c'est normaliser leurs relations avec la Chine. Quinze ans après l'adoption de cette mesure, le maintien d'un régime de sanctions ne correspond plus à la réalité de la Chine d'aujourd'hui, pays à qui a été confié par exemple l'organisation des JO à Pékin en 2008 et l'Exposition universelle à Shanghai en 2010. Le Japon, l'Australie, le Canada et bien d'autres, l'ont compris depuis longtemps.
Plus généralement, la conviction française est que le dialogue que l'Europe développe avec la Chine contribue au progrès de nos valeurs, au respect de la règle internationale et à la stabilité du monde. C'est la meilleure contribution que les Européens puissent apporter à la sécurité de l'Asie dont le contexte est très différent de celui qui existe en Europe. Les Européens et les Japonais se rejoignent pleinement sur la nécessité de favoriser l'engagement et la responsabilisation de la Chine sur la scène internationale. Je pense en particulier aux efforts de médiation déployés par la Chine en faveur d'un règlement de la crise nord-coréenne. Un climat de dialogue est bien la clé de la stabilité en Asie.
La levée de l'embargo ne signifie pas la fin des contrôles sur les exportations d'armement. Les pays européens et en particulier la France ont des régimes de contrôle rigoureux, notamment en ce qui concerne les technologies sensibles. Ces régimes sont en cours de renforcement. Parmi les principes qui guident notre politique d'exportation nationale, il y a la sécurité de nos forces et de celles de nos Alliés.
La France sera attentive aux préoccupations du gouvernement japonais avec lequel nous avons naturellement un dialogue très approfondi sur cette question, comme sur d'autres questions de sécurité.
Q - Suite aux récents essais nord-coréens, le Japon pourrait choisir de devenir à son tour une puissance nucléaire. Quelle est la position de la France sur ce sujet ?
R - La France partage la préoccupation du Japon et connaît sa détermination dans la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive. Il est inacceptable pour la sécurité du monde et pour la fiabilité de l'ordre juridique international que des pays rompent les engagements qu'ils ont pris. Face à des pays qui déstabilisent la sécurité régionale par leurs comportements proliférants, la communauté internationale doit faire preuve de la plus grande fermeté.
A contrario, il est normal que les pays qui respectent leurs obligations en matière de non-prolifération et qui apportent la preuve de la nature pacifique de leurs ambitions puissent bénéficier des technologies auxquelles les règles internationales leur donnent légitimement accès et puissent vivre en paix dans la sécurité. La France fait, en cette matière, totalement confiance à la sagesse des autorités japonaises.
S'agissant de la Corée du Nord, la France a toujours soutenu toutes les initiatives des cinq représentants de la communauté internationale dans le cadre des pourparlers sur le dossier nucléaire. Même si des avancées notables ont été accomplies depuis le 13 février dernier, l'objectif demeure la dénucléarisation complète, vérifiable - le déplacement de M. El Baradeï à Pyongyang les 13 et 14 mars prochain va dans ce sens - et irréversible de la Corée du Nord. La France, avec ses partenaires de l'Union européenne, a par ailleurs pris des mesures concrètes dans le cadre de la mise en oeuvre de la résolution 1718, adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies le 14 octobre 2006. L'Europe est prête à s'impliquer plus directement dans la recherche d'un règlement de la crise nord coréenne. A cette fin, une délégation, placée sous la présidence allemande du Conseil de l'Union européenne, s'est rendue à Pyongyang du 6 au 8 mars 2007.
S'agissant des Japonais enlevés, la France partage et soutient pleinement les préoccupations du Japon et lui a marqué son appui sur cette question. Je rappelle d'ailleurs que l'Assemblée générale des Nations unies a adopté par consensus une Convention sur les disparitions forcées, élaborée sous l'impulsion de la France, et qui a été ouverte, à Paris, à la signature des Etats membres des Nations unies, le 6 février dernier.
Q - Concernant la politique intérieure, et en vue de l'élection présidentielle, avez-vous des commentaires quant au déroulement de la campagne, comment la voyez-vous évoluer entre les candidatures de MM. Sarkozy, Bayrou, Le Pen et de Mme Royal ? Selon vous, quelles sont les chances pour que le président Jacques Chirac se décide à briguer un nouveau mandat ?
R - Le président de la République prendra sa décision lorsqu'il le jugera utile, ce n'est pas à moi d'anticiper son choix. J'ai apporté mon soutien à Nicolas Sarkozy le 14 janvier dernier. J'estime qu'il est le plus compétent, expérimenté, à même de mettre en oeuvre les idées politiques auxquelles je crois.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 mars 2007