Texte intégral
Q- Souhaitez vous que J. Chirac soit convoqué par la justice après sa sortie de l'Elysée dans le cadre de l'affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris ? J
R- Je ne souhaite rien, je souhaite que simplement personne en France n'empêche la justice d'agir de manière indépendante, voilà. Pour les hommes politiques, moi je propose trois choses qui me paraissent essentielles pour assainir la vie publique. La première : pas d'amnistie, plus d'amnistie pour les hommes politiques, plus jamais d'amnistie. La deuxième : tout homme politique qui a été condamné doit être inéligible à vie, lorsqu'il s'agit de corruption. Et troisième chose : pas d'immunité parlementaire parce que c'est l'ancien temps et aujourd'hui, tous les citoyens doivent être logés à la même enseigne par rapport à la justice et l'idée d'avoir des citoyens protégés par une immunité parlementaire me paraît d'un autre temps.
Q- "La fierté d'être français", c'est votre slogan, est-ce avec de la fierté qu'on crée des emplois ?
R- Oui.
Q- Comment ?
R- Qu'est-ce que ça veut dire la fierté d'être français ? Cela veut dire la fierté par exemple d'avoir du travail en France, de pouvoir trouver du travail en France, de pouvoir faire vivre sa famille en France, de créer, d'entreprendre en France.
Q- Ce sont des voeux pieux ?
R- Non, alors cela veut dire deux choses, qui ne sont pas des voeux pieux. La première chose, ça veut dire protéger l'outil de travail et libérer le travail. Protéger l'outil de travail c'est-à-dire à l'extérieur protéger, à l'intérieur libérer. Protéger, ça veut dire qu'aujourd'hui...Regardez l'affaire Alcatel, regardez Duralex, regardez Airbus, regardez Alstom, nous sommes en train de perdre tous nos fleurons. Et moi le coeur de ma campagne, je vais l'axer là-dessus : le patriotisme, notamment le patriotisme économique puisque la France est en train de perdre son outil de travail. Non seulement nos agriculteurs, nos arboriculteurs, nos pêcheurs mais aussi les usines qui s'en vont maintenant et les centres d'appel et les centres de recherche. Donc protéger l'outil de travail, une protection européenne...
Q- Et comment vous parvenez à convaincre les 26 autres pays ?
R- On fait une Europe à géométrie variable avec ceux qui acceptent de se protéger, parce que les autres pays sont dans la même situation que nous. Quand vous vendez des chaussures en Inde, vous avez un droit de douanes de 68%, alors que un fabriquant indien qui vend des chaussures chez nous se heurte à un droit de douanes de 1,8 %. Cela n'est pas tenable. La deuxième chose, c'est libérer le travail. Non pas avec une réformette supplémentaire à la Sarkozy sur les heures supplémentaires, mais en abrogeant, en supprimant les 35 heures obligatoires pour augmenter le pouvoir d'achat.
Q- Et vous voulez libérer aussi l'âge de la retraite. Cela veut dire que les plus pauvres vont travailler jusqu'à leur mort ?
R- Non, cela veut dire simplement que d'abord si on veut avoir une sécurité sociale demain, pour nos enfants, il faut aller à 65 ans et chacun prendra sa retraite comme il l'entend. C'est-à-dire qu'on peut aller jusqu'à 65 ans pour avoir toute sa retraite, on peut partir avant et avoir une retraite plus faible. Mais, l'idée de garder la retraite à 60 ans comme si la France était seule dans le monde, c'est l'idée de ne pas pouvoir payer la retraite dans quelques années.
Q- Le ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale proposé par N. Sarkozy, c'est une bonne idée, vous l'approuvez ?
R- C'est du marketing.
Q- 55 % des Français l'approuvent d'après OpinionWay.
Bien sûr. N. Sarkozy est un imposteur talentueux, il fait oublier à travers l'idée de ce ministère ce qui s'est passé depuis 2002. C'est-à-dire que pour l'immigration, selon son conseiller technique, 350.000 étrangers sont entrés chaque année en France, c'est-à-dire que rien n'a changé. L'immigration choisie c'est une immigration supplémentaire et quand N. Sarkozy parle d'identité nationale, il a voté oui. Il propose un traité pour l'identité européenne qui viendrait se substituer à l'identité nationale et lorsqu'il propose l'identité nationale, est-ce qu'il pense à ce qu'il a déclaré sur le communautarisme, sur la discrimination positive, le droit de vote des étrangers, le financement public des mosquées ? C'est ça l'identité nationale ? Donc il y a deux Sarkozy.
Q- Vous dénoncez qu'il [inaud] de la France, vous le rendez responsable, malgré ses efforts pour créer un clergé musulman, pour organiser les choses ?
R- Bien sûr il a créé le Conseil français du culte musulman, ce qui est une marque d'inculture parce qu'il y a dans l'islam la non séparation du temporel et du spirituel. Et donc il a pris le risque, en proposant par exemple que les mosquées soient financées par les contribuables, d'installer chez nous le communautarisme. Et quand il parle de discrimination positive, ça c'est la préférence étrangère. Comment peut-on prôner dans le même temps ou à quelques heures, l'identité nationale et la préférence étrangère ? Il y a quelque chose d'étrange. Sarkozy, ce qu'il y a de formidable avec lui, c'est qu'il est capable de dire deux choses à la fois, dans deux journées différentes, dans deux endroits différents. Et donc, vous savez ce que j'entends partout : "il nous donne le tournis !"
Q- C'est la fin de la quête des 500 signatures. Etes-vous comme J.-M. Le Pen favorable à une candidature de N. Dupont-Aignan ? Souhaitez-vous qu'il ait les 500 signatures ?
R- Moi je souhaite que tous les candidats puissent se présenter.
Q- Entre le P. de Villiers candidat en 1995 et le P. de Villiers candidat en 2007, est-ce qu'il n'y a pas une vraie dérive à droite vers les idées de J.-M. Le Pen ?
R- Non, il y a simplement une aggravation des problèmes. Quand on voit aujourd'hui le problème des délocalisations - vous vous rendez compte, on a perdu 70.000 emplois industriels en 2005 ! Quand on voit le problème de l'immigration, le problème de l'islamisation n'existait pas en 1995, quand on voit le problème de la dette, on en est loin aujourd'hui de la situation de la dette dont je parlais en 1995. Donc en réalité ce qui se passe, c'est que le bateau coule doucement avec les mêmes, ou leurs héritiers - donc l'UMP, le PS - et on regarde et finalement la classe politique se recycle. On voit le phénomène Bayrou par exemple, c'est le coeur du système qui devient maintenant l'anti-système, c'est-à-dire que le système se perpétue à l'intérieur de lui-même.
Q- Et si la situation est si grave est-ce que vous pourriez rejoindre une union nationale des forces démocratiques, celle que prône F. Bayrou, s'il était élu ?
R- Je crois que l'idée de concevoir en termes de personnes, comme vous me le proposez, est une idée ancienne, de l'ancien temps. Ce qui compte, ce sont les idées et donc moi, par exemple, je ne transigerai pas sur quelques idées clés : la question du traité européen ; moi je veux une Europe qui nous protège, pas une Europe qui nous détruit. S'il s'agit de nous fourguer, comme le proposent S. Royal, N. Sarkozy, F. Bayrou, la Constitution européenne dans une version corrigée mais reprise intégralement, moi je dis non.
Q- Et 56 % de députés élus à la proportionnelle comme le propose F. Bayrou ?
R- Oui mais ça c'est une question tout à fait secondaire, ce qui compte ce sont les grandes questions : du pouvoir d'achat, la question de la dette, la question de l'école, de l'autorité à l'école, la question de la famille, la question de la propriété. Moi je veux que tous les Français deviennent propriétaires de leur logement. La question du renouveau des repères civiques et moraux qui est sapée aujourd'hui par le socialisme et par le laxisme. Et puis la question de la promotion et du rayonnement de la civilisation française.
Q- Verdict clément à Périgueux pour l'infirmière et le médecin ayant participé une euthanasie active, c'est un progrès ou c'est du laxisme ?
R- Laxisme.
Q- Vous êtes contre l'euthanasie active ?
R- Oui, je vais vous dire, l'acharnement thérapeutique ce n'est pas bien, c'est inutile. Mais l'idée d'injecter dans le corps d'un homme ou d'un femme un poison pour provoquer sa mort, alors c'est troubler de manière extrêmement dangereuse le lien e confiance entre le patient et le médecin, parce qu'à l'avenir, quand un patient verra arriver un médecin avec une seringue, il se demandera si c'est pour le sauver ou pour le tuer. C'est extrêmement dangereux.
Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 16 mars 2007