Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, sur les actions en faveur de l'égalité des droits entre les femmes et les hommes, notamment au Yémen, à Sanaa le 8 mars 2007.

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Circonstance : Déplacement au Yemen, du 6 au 8 mars-rencontre avec des étudiants yéménites, à Sanaa le 8 mars 2007

Texte intégral


Monsieur le Directeur du CEFAS,
Monsieur le Directeur du Département de français de l'Université de Sanaa,
Mesdames et Messieurs les Professeurs,
Mesdames et Messieurs les Chercheurs,
Mesdemoiselles et Messieurs,
Chères étudiantes, Chers Etudiants,
Chers Amis,
C'est avec beaucoup de plaisir que je suis aujourd'hui parmi vous. Et je voudrais vous remercier chaleureusement d'avoir répondu positivement à mon invitation un jour de congé.
Comme vous le savez, le 8 mars, les femmes se réunissent pour la journée mondiale qui leur est consacrée. Quels que soient leur continent, leur nationalité ou leur origine sociale, leur langue, leur culture, leur religion, elles revendiquent par cette célébration collective, et malgré leurs différences, leur droit à participer à tous les domaines de la vie sociale, y compris aux prises de décisions. Elles contribuent ainsi à la lutte menée depuis des siècles par des femmes ordinaires pour une place naturellement reconnue.
Vous savez également que le Yémen a accueilli, en décembre dernier, la cérémonie de présentation du Rapport du PNUD sur le développement humain dans le monde arabe, intitulé "Vers la liberté de la femme dans le monde arabe". Ce rapport du PNUD, établi par les meilleurs experts issus du monde arabe, montre sans fard que la condition des femmes dans les sociétés arabes reste un sujet de préoccupation, bien que la situation doive être nuancée selon les pays. Les discriminations qui frappent les femmes sont en effet des freins importants au développement économique et social. Accorder aux femmes la place qui leur revient est sans aucun doute le meilleur moyen de préparer un meilleur avenir pour les sociétés arabes.
Ma visite à Sanaa s'inscrit bien dans la perspective de ces deux événements importants. Je suis venue ici, en tant que membre du gouvernement français, pour rappeler l'attachement de notre pays à la promotion du droit des femmes, qui constitue un élément essentiel du développement économique et social.
Le développement, la promotion de l'égalité entre les hommes et les femmes est en effet indissociable de tous les efforts déployés par la France, au sein de la communauté internationale, en vue d'un développement solidaire et durable des pays du Sud : depuis les années 1970, notre pays a ainsi souscrit à l'ensemble des engagements internationaux dont l'objectif est de parvenir à l'égalité des droits entre les hommes et les femmes. Il s'agit tout autant d'une question de principe dictée par un souci de justice, que d'une contribution au progrès économique et social.
D'abord, parce que la lutte pour l'égalité hommes-femmes s'inscrit dans un cadre plus large de promotion des Droits de l'Homme à laquelle notre pays, fidèle à ses valeurs républicaines, attache la plus grande importance.
Mais aussi, parce que les inégalités entre les sexes sont pour beaucoup dans le maintien des inégalités de développement. Investir dans le renforcement des capacités des femmes, c'est donc s'engager pour améliorer durablement la situation économique, sociale et politique des pays en développement. C'est en cela que l'égalité entre les hommes et les femmes est bien une condition indispensable à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement.
Je suis également venue en tant que femme, pour vous rencontrer, pour tenter de comprendre vos problèmes, vos attentes, vos espoirs, et pour vous témoigner mon amitié et mon soutien. J'aurai l'occasion, pendant cette visite, de rencontrer certaines de vos aînées, ministres, responsables d'association, membres de la société civile.
Mais j'ai souhaité être aussi parmi vous, car vous représentez le Yémen de demain, et parce que je crois profondément que vous, jeunes étudiantes yéménites, incarnez les aspirations de l'ensemble des femmes de votre pays.
Vous appartenez en effet à cette partie de la population féminine du Yémen, encore trop restreinte, qui a la chance d'accéder aux études supérieures : si vous représentez aujourd'hui 30 % de la population estudiantine, on sait que 90 % des éleveurs au Yémen sont des femmes, et que parmi elles, 84 % sont analphabètes. Il existe donc un décalage important entre le rôle de la femme dans l'économie yéménite, et notamment dans le domaine de la sécurité alimentaire, et l'accès de celle-ci à l'éducation.
Or l'éducation est le premier pas, le plus important, vers l'émancipation des femmes. C'est par l'éducation que les femmes du Yémen pourront, progressivement, à leur rythme, jouer le rôle crucial qui est le leur dans le monde d'aujourd'hui.
J'ai pris connaissance, à la faveur des contacts officiels que j'ai eus depuis mon arrivée, des efforts législatifs importants déployés par le gouvernement yéménite pour mettre ses textes de droit en harmonie avec les principales conventions internationales qui traitent du droit de la femme et auxquelles le Yémen a adhéré.
Nous savons toutes cependant qu'en matière de droit de la femme, les progrès ne se concrétisent pas sans une réelle adhésion des femmes elles-mêmes et leur pleine implication dans la réalisation de ces progrès.
Je ne suis pas venue ici pour vous donner une leçon : je crois profondément qu'en matière d'égalité des droits entre hommes et femmes, chaque pays doit évoluer en fonction de ses propres spécificités. Ce que je souhaite en revanche, c'est vous apporter mon expérience et vous expliquer, si vous le souhaitez, comment on vit en France lorsqu'on est une femme.
Mais, surtout, je veux vous redire que votre voix mérite d'être entendue.
Pour être honnête avec vous, je dois vous avouer que je ne possède qu'une connaissance très théorique, et donc partielle, de la condition de la femme au Yémen. Je suis très curieuse de connaître votre vie, de savoir ce que c'est, réellement, que d'être une jeune étudiante à Sanaa.
Vos espoirs, vos attentes, les difficultés que vous rencontrez peut-être : voilà ce que je voudrais connaître.
C'est pour cette raison que je ne garderai pas la parole plus longtemps, et que je vous proposerai, si vous en êtes d'accord, d'ouvrir par vos questions une discussion amicale et confiante.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 mars 2007