Déclaration de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, sur la Saison culturelle européenne en France en 2008 et le cinquantième anniversaire du Traité de Rome, à Paris le 20 mars 2007.

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Circonstance : Annonce d'une Saison culturelle européenne en France en 2008, à Paris le 20 mars 2007

Texte intégral

Monsieur le Ministre, Cher Philippe,
Monsieur le Ministre d'Etat, Cher Maurice Faure,
Messieurs les Présidents,
Chers Amis,
Merci, Cher Philippe, d'avoir pris l'initiative de rassembler ce soir de nombreux acteurs culturels qui ont en partage l'engagement européen, et la conviction qu'il existe une véritable culture européenne, qu'il convient de faire vivre. Au moment où nous engageons la préparation de la future présidence française de l'Union européenne, c'est aussi cela, le message de la France.
Certes cette identité culturelle européenne n'a pas attendu l'Union européenne pour émerger ; elle s'est manifestée tout au long des siècles, depuis les Universités du Moyen-Age et dans les oeuvres des grands penseurs européens. C'est en ce sens que l'unification progressive du continent européen, qui est en marche depuis 1989, est pour partie une Renaissance, celle de cette Europe rêvée de l'esprit, prenant le pas sur la division. Mais il est aujourd'hui de la responsabilité de l'Union européenne - et de ses membres - de préserver cette identité, de l'enrichir et de la réinventer pour le XXIème siècle. Quelle que soit la difficulté de cette tâche, nous avons l'opportunité de mener ce beau combat, en Europe mais aussi à travers le monde, grâce notamment à la convention de l'UNESCO sur la diversité culturelle, qui est entrée en vigueur il y a deux jours.
Dès lors, quoi de mieux qu'une saison culturelle consacrée à l'Europe ? C'est une belle initiative, une initiative innovante : s'il était déjà fréquent que les Etats membres agrémentent leur présidence d'événements culturels, jamais une saison culturelle n'avait été dédiée à l'Europe dans le cadre d'une présidence de l'Union. Cela signifie que nous nous engageons dans une démarche culturelle globale, avec une équipe, un projet et des moyens significatifs. Avec Philippe Douste-Blazy, j'espère que cette initiative fera école et que cette innovation deviendra bientôt une tradition.
Vous le savez, nous nous célébrerons dans 5 jours le 50ème anniversaire du Traité de Rome.
Il ne s'agit pas d'une simple commémoration. Cet anniversaire nous offre aussi l'occasion d'une réflexion. Une réflexion sur notre Histoire, sur ce que nous sommes et d'où nous venons. J'ai déjà eu l'occasion de le dire: on ne peut pas comprendre ce que l'on est, et surtout on ne peut pas bâtir pour l'avenir si on ne sait pas d'où l'on vient. Cela vaut pour chacun d'entre nous. Cela vaut aussi pour l'Europe.
C'est pourquoi la déclaration qui sera adoptée par les chefs d'Etat ou de gouvernement à Berlin dimanche prochain, 25 mars, rappellera tout ce que nous ont apporté 50 ans de construction européenne et marquera aussi quelle est l'ambition des Européens pour les années qui viennent.
Dans le même esprit, je me réjouis que le premier numéro de la nouvelle revue "Penser l'Europe" de CulturesFrance, dont nous saluons aujourd'hui la publication, soit consacré à l'identité et la mémoire européennes. Identité et mémoire, qui sont indissociables de l'acte de volonté politique qu'est depuis 50 ans la construction européenne.
Car il y a 50 ans - enfin ! - notre continent a su refuser la fatalité, et a su s'élever, par la force du courage et de la volonté, pour construire un espace de paix, de prospérité et de liberté. N'oublions pas d'ailleurs que ces biens précieux ne sont jamais acquis si on ne les défend pas.
C'est pourquoi nous avons voulu, à notre manière, rendre hommage à cette mémoire de l'Europe à l'occasion du 50ème anniversaire du Traité de Rome. Avec Philippe Douste-Blazy et Renaud Donnedieu de Vabres, j'ai ainsi mis en place à la fin de l'année 2006 un Comité d'honneur qui rassemble les témoins français des débuts de la construction européenne, aux côtés de ceux qui font l'Europe aujourd'hui.
Ce comité est présidé par Maurice Faure, dont je salue la présence parmi nous ce soir, qui fut l'un des deux signataires français du Traité de Rome. Je tiens à nouveau à le remercier de son action et de son témoignage. Autre témoin membre du Comité, Jean François-Poncet, qui fut à partir de 1956 secrétaire de la délégation française aux négociations de Val Duchesse. Enfin, Jean-François Deniau aussi était membre de ce Comité, en tant qu'ancien négociateur du traité. Il avait tenu à participer à la séance d'installation du Comité, quelques semaines avant son décès. Je tiens à nouveau à saluer sa mémoire.
Au-delà de ce Comité, nous avons souhaité que le plus grand nombre de Français puissent, à l'occasion de ce 50ème anniversaire, penser à ce que leur apporte réellement l'Europe. Nous avons pris plusieurs en ce sens. Vous les trouverez toutes sur le site Internet que nous avons créé, traitederome.fr, qui dévoile les coulisses de l'histoire de la construction européenne en mettant à la disposition des internautes des archives audiovisuelles et diplomatiques rares, les débats parlementaires de l'époque, des témoignages inédits, et qui présente aussi la cinquantaine d'opérations prévues en France : pièce spéciale de deux euros, timbre, événements en régions, etc.
Je mentionnerai aussi la réalisation d'une fiction que nous avons aidée, fiction qui retrace les origines de la construction européenne à travers les personnages de Jean Monnet, de Robert Schuman et de tous ceux qui ont dû surmonter les haines et les rancoeurs pour défendre le projet européen. Ce téléfilm intitulé "Nous nous sommes tant haïs" sera diffusé sur France 3 samedi soir.
Et parce que la figure de Jean Monnet est centrale dans cette mémoire de l'Europe que nous voulons faire vivre, et parce que vous êtes tous des femmes et des hommes de culture, je conclurai en vous signalant la réédition de ses Mémoires, à l'occasion de ce 50ème anniversaire, que j'ai proposée aux éditions Fayard dans le format poche. Elles étaient épuisées depuis une dizaine d'années ; un exemplaire vous sera remis à la fin de la soirée: je ne doute pas que chacun d'entre nous y trouvera une source nouvelle d'inspiration ! Je vous remercie et je vous souhaite une excellente soirée.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 mars 2007