Texte intégral
O. Mazerolle Sur la crise de fièvre aphteuse, faut-il reprendre la vaccination comme le demandent un certain nombre de personnes ?
- "Je crois que cette décision doit être prise au niveau communautaire puisque le coût estimé pour l'Union européenne est très élevée mais l'impact peut être très lourd en termes sanitaires et commerciaux. En effet, comme vous le savez, il est difficile de détecter de façon précise les animaux malades quand l'ensemble du cheptel est vacciné. Le choix a donc été fait depuis longtemps de mieux traiter le problème en éradiquant les foyers d'épidémie plutôt qu'en généralisant la vaccination. Si cette décision doit être remise en cause, elle doit l'être au niveau communautaire."
Vous avez été souvent critique de la Pac, de son caractère productiviste. Faut-il saisir les occasions de crises agricoles pour tout réformer ?
- "Je viens d'entendre votre journal économique. Le commentateur disait : "Il faut se poser la question : quelle agriculture voulons-nous ?." Je crois que le moment est venu d'apporter les réponses et non plus de se poser des questions. Cela fait des années qu'on se les pose, plus longtemps encore pour les Verts. Bien sûr, cela coûterait plus cher aux consommateurs d'acheter des produits de qualité mais il faut savoir que la part de l'alimentation dans le budget des ménages n'a pas cessé de baisser depuis l'après-guerre. Et le consommateur paye aussi, de façon indirecte certes, le coût des dégâts à réparer de l'agriculture productiviste. Les consommateurs paient l'eau polluée, les sols détruits, les conséquences pour la santé. Cela coûte très cher de réparer les dégâts de la crise de l'ESB, de la fièvre aphteuse, ou de la destruction des abeilles par le gaucho, ce produit qui sert à traiter les graines de tournesol. Je crois que le consommateur qui paye aujourd'hui très lourdement, par le biais de la Pac, le soutien aux productions intensives, doit réorienter ses aides tout simplement."
Il faut s'attaquer à tout cela avant 2006, c'est-à-dire avant la fin des Accords de Berlin ?
- "Il faut le faire dans les meilleurs délais, au niveau communautaire, pour permettre de ne pas aggraver la situation et pour aider les agriculteurs qui sont tout à fait conscients qu'ils doivent évoluer à adopter le plus vite possible les bons gestes, les bons comportements pour la santé et pour l'environnement. Je crois qu'ils vont s'y retrouver parce que, finalement, des décennies de Pac ont beaucoup contribué à disloquer les solidarités dans les campagnes, ont provoqué la disparition de centaines de milliers de paysans dans notre pays. Nous n'avons pas besoin d'agro-industriels mais nous avons besoin d'agriculteurs qui connaissent le territoire, qui font de la qualité et beaucoup d'entre eux y sont prêts aujourd'hui."
Quand monsieur Chirac dit : "Il ne faut pas faire cela maintenant" et quand monsieur Glavany dit "Allons-y progressivement" ?
- "Ce n'est jamais le moment ! J. Glavany a raison. Il faut commencer maintenant, il faut le faire avec sagesse, fermeté, mais aussi en prenant en compte les difficultés des paysans. Il serait paradoxal qu'on trouve toujours dans l'urgence des sommes considérables pour mettre des sparadraps, pour indemniser, pour faire preuve de solidarité - c'est bien normal en période de crise, il faut soutenir ceux qui sont en difficulté - mais la crise passée, qu'on ne trouve pas les moyens de réorienter en profondeur l'agriculture ... Franchement, les moyens existent ! Ils doivent être mieux répartis. Aujourd'hui, la plupart des aides continuent à aller vers ceux qui font de l'intensif et qui ne font guère preuve à cet instant de solidarité. Il y a des secteurs de l'agriculture qui ne vont pas mal et qui doivent évoluer."
Sur les municipales maintenant : pouvez-vous nous dire ce qui se passe à Paris ? Monsieur Contassot qui dirige la liste Verte, attaque B. Delanoë, qui dirige la liste socialiste, avec autant de vigueur que P. Séguin ?!
- "Il est difficile pour moi de commenter exclusivement Paris, car c'est à Dole que je suis candidate je vous le rappelle. Mais ..."
Cela vole bas avec les socialistes !
- "Les Verts font une campagne de premier tour, ils sauront tout à fait se rassembler pour le second. Je ne suis pas du tout inquiète là-dessus. Les petites phrases de campagne doivent être évaluées pour ce qu'elles sont. L'expression ..."
Quand on accuse un candidat socialiste d'être mis en examen, ce n'est pas rien !
- "Si c'est une réalité, il faut le prendre en compte, il faut que les électeurs le sachent. Cela dit, ce n'est pas l'essentiel de la campagne. Pour la première fois depuis longtemps, les grands dossiers concernant la qualité de vie des Parisiens ont été mis sur table, ouverts à l'occasion de ces municipales. Je crois qu'on le doit pour beaucoup aux Verts. Les questions d'environnement n'étaient jamais prises en compte à Paris, ni les questions de qualité de vie, ni les questions de déplacement, de logements. Aujourd'hui, on en parle. C'est une innovation que je salue."
Vous avez annoncé votre prochain retrait du Gouvernement pour l'été, et vous avez annoncé également que vous ne seriez pas candidate aux présidentielles l'année prochaine. Certains ont commenté ces nouvelles en disant : "'C'est la prise en compte d'une défaite annoncée aux municipales à Dole ."
- "Je l'ai annoncé avant les municipales pour montrer justement que cette décision n'avait rien à voir avec le résultat des municipales. Quel que soit le résultat des élections municipales à Dole, je prendrai de nouvelles responsabilités à la tête de mon Parti, qui en a bien besoin."
Ah bon ? Il ne va pas ?
- Il va bien mais il est petit, il doit grandir. Ce Parti a eu l'écrasante responsabilité de poser des questions que personne ne se posait, d'imposer la prise en compte dans le débat politique de sujets qui avaient été négligés pendant des années, évacués d'un revers de main. Et là encore, ce n'est pas parce qu'on commence à parler des questions de qualité de vie à l'occasion des municipales, dans certaines villes, qu'il faut masquer la réalité. On parle de lutter contre le changement climatique mais il reste incroyablement difficile de faire adopter des programmes à la hauteur des besoins et de la gravité, prouvée maintenant, du dérèglement climatique. On parle des essais nucléaires ..."
Vous trouvez que la France en fait assez ?
- "La France n'en fait pas assez ! La France a adopté un programme national sur le changement climatique mais sa mise en oeuvre s'avère très difficile compte tenu des réticences, des pesanteurs, des traditions. Les élus locaux ont truffé leurs discours de références au développement durable, mais les politiques concrètes restent très classiques. Même chose sur le nucléaire : tous les élus locaux s'inquiètent des questions de déchets et aucun d'entre eux ne veut - je le comprends bien - accueillir sur son territoire de site de stockage des déchets, mais tout le monde s'avère complètement incapable de remettre en cause le modèle dominant qui gaspille frénétiquement l'énergie."
Que dites-vous quand vous lisez par exemple dans Le Monde, une phrase de L. Jospin, qui dit, au sujet des Verts : "Il est difficile de parler de l'avenir d'un mouvement qui porte en lui une telle capacité d'autodestruction" ?
- "Ce n'est pas à moi qu'il a dit cela et je ne l'ai pas entendu le dire. Je ne crois pas qu'il ait dit cela en public, donc je n'en tiendrai pas compte. Par contre, je crois que les Verts interrogent et inquiètent beaucoup dans la classe politique car ils posent effectivement des questions auxquelles personne n'a réellement envie de répondre aujourd'hui. Notre travail est de forcer la classe politique non seulement à se poser cette question de l'avenir et du développement durable de notre pays, mais aussi à commencer à apporter des réponses. Sur certains sujets, la prise de conscience est en cours, sur d'autres, cela reste très difficile. Rappelez-vous la mobilisation générale contre le loup, contre l'ours, contre Natura 2000. Je crois que les Verts ont de beaux jours devant eux."
Il y a quelques jours, lors de la polémique qui le concernait, D. Cohn-Bendit a dit : "A l'époque, j'écrivais beaucoup de choses comme tout le monde parce qu'on voulait épater le bourgeois." Il en reste quelque chose chez les Verts de cette volonté de provoquer ?
- "Volonté de poser des questions qui dérangent et de les poser d'une façon qui peut, elle aussi, déranger. Mai 68 a été l'occasion de beaucoup de réinterrogations sur la société de consommation, sur la place des femmes dans la société, sur la façon dont on élevait les enfants. D. Cohn-Bendit a posé, à sa manière, qui est relativement directe et provocante, un certain nombre de sujets qui faisaient société à l'époque et qui étaient largement débattus. Je pense qu'on lui fait un mauvais procès en réveillant cela dans ces termes, 30 ans plus tard. En revanche, je constate que nos enfants ne sont plus élevés aujourd'hui comme nous l'avons été. Je m'en réjouis. Je crois qu'ils sont beaucoup plus épanouis, beaucoup plus ouverts, leur identité est respectée. Cela fait aussi partie du bilan de 68."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 7 mars 2001)
- "Je crois que cette décision doit être prise au niveau communautaire puisque le coût estimé pour l'Union européenne est très élevée mais l'impact peut être très lourd en termes sanitaires et commerciaux. En effet, comme vous le savez, il est difficile de détecter de façon précise les animaux malades quand l'ensemble du cheptel est vacciné. Le choix a donc été fait depuis longtemps de mieux traiter le problème en éradiquant les foyers d'épidémie plutôt qu'en généralisant la vaccination. Si cette décision doit être remise en cause, elle doit l'être au niveau communautaire."
Vous avez été souvent critique de la Pac, de son caractère productiviste. Faut-il saisir les occasions de crises agricoles pour tout réformer ?
- "Je viens d'entendre votre journal économique. Le commentateur disait : "Il faut se poser la question : quelle agriculture voulons-nous ?." Je crois que le moment est venu d'apporter les réponses et non plus de se poser des questions. Cela fait des années qu'on se les pose, plus longtemps encore pour les Verts. Bien sûr, cela coûterait plus cher aux consommateurs d'acheter des produits de qualité mais il faut savoir que la part de l'alimentation dans le budget des ménages n'a pas cessé de baisser depuis l'après-guerre. Et le consommateur paye aussi, de façon indirecte certes, le coût des dégâts à réparer de l'agriculture productiviste. Les consommateurs paient l'eau polluée, les sols détruits, les conséquences pour la santé. Cela coûte très cher de réparer les dégâts de la crise de l'ESB, de la fièvre aphteuse, ou de la destruction des abeilles par le gaucho, ce produit qui sert à traiter les graines de tournesol. Je crois que le consommateur qui paye aujourd'hui très lourdement, par le biais de la Pac, le soutien aux productions intensives, doit réorienter ses aides tout simplement."
Il faut s'attaquer à tout cela avant 2006, c'est-à-dire avant la fin des Accords de Berlin ?
- "Il faut le faire dans les meilleurs délais, au niveau communautaire, pour permettre de ne pas aggraver la situation et pour aider les agriculteurs qui sont tout à fait conscients qu'ils doivent évoluer à adopter le plus vite possible les bons gestes, les bons comportements pour la santé et pour l'environnement. Je crois qu'ils vont s'y retrouver parce que, finalement, des décennies de Pac ont beaucoup contribué à disloquer les solidarités dans les campagnes, ont provoqué la disparition de centaines de milliers de paysans dans notre pays. Nous n'avons pas besoin d'agro-industriels mais nous avons besoin d'agriculteurs qui connaissent le territoire, qui font de la qualité et beaucoup d'entre eux y sont prêts aujourd'hui."
Quand monsieur Chirac dit : "Il ne faut pas faire cela maintenant" et quand monsieur Glavany dit "Allons-y progressivement" ?
- "Ce n'est jamais le moment ! J. Glavany a raison. Il faut commencer maintenant, il faut le faire avec sagesse, fermeté, mais aussi en prenant en compte les difficultés des paysans. Il serait paradoxal qu'on trouve toujours dans l'urgence des sommes considérables pour mettre des sparadraps, pour indemniser, pour faire preuve de solidarité - c'est bien normal en période de crise, il faut soutenir ceux qui sont en difficulté - mais la crise passée, qu'on ne trouve pas les moyens de réorienter en profondeur l'agriculture ... Franchement, les moyens existent ! Ils doivent être mieux répartis. Aujourd'hui, la plupart des aides continuent à aller vers ceux qui font de l'intensif et qui ne font guère preuve à cet instant de solidarité. Il y a des secteurs de l'agriculture qui ne vont pas mal et qui doivent évoluer."
Sur les municipales maintenant : pouvez-vous nous dire ce qui se passe à Paris ? Monsieur Contassot qui dirige la liste Verte, attaque B. Delanoë, qui dirige la liste socialiste, avec autant de vigueur que P. Séguin ?!
- "Il est difficile pour moi de commenter exclusivement Paris, car c'est à Dole que je suis candidate je vous le rappelle. Mais ..."
Cela vole bas avec les socialistes !
- "Les Verts font une campagne de premier tour, ils sauront tout à fait se rassembler pour le second. Je ne suis pas du tout inquiète là-dessus. Les petites phrases de campagne doivent être évaluées pour ce qu'elles sont. L'expression ..."
Quand on accuse un candidat socialiste d'être mis en examen, ce n'est pas rien !
- "Si c'est une réalité, il faut le prendre en compte, il faut que les électeurs le sachent. Cela dit, ce n'est pas l'essentiel de la campagne. Pour la première fois depuis longtemps, les grands dossiers concernant la qualité de vie des Parisiens ont été mis sur table, ouverts à l'occasion de ces municipales. Je crois qu'on le doit pour beaucoup aux Verts. Les questions d'environnement n'étaient jamais prises en compte à Paris, ni les questions de qualité de vie, ni les questions de déplacement, de logements. Aujourd'hui, on en parle. C'est une innovation que je salue."
Vous avez annoncé votre prochain retrait du Gouvernement pour l'été, et vous avez annoncé également que vous ne seriez pas candidate aux présidentielles l'année prochaine. Certains ont commenté ces nouvelles en disant : "'C'est la prise en compte d'une défaite annoncée aux municipales à Dole ."
- "Je l'ai annoncé avant les municipales pour montrer justement que cette décision n'avait rien à voir avec le résultat des municipales. Quel que soit le résultat des élections municipales à Dole, je prendrai de nouvelles responsabilités à la tête de mon Parti, qui en a bien besoin."
Ah bon ? Il ne va pas ?
- Il va bien mais il est petit, il doit grandir. Ce Parti a eu l'écrasante responsabilité de poser des questions que personne ne se posait, d'imposer la prise en compte dans le débat politique de sujets qui avaient été négligés pendant des années, évacués d'un revers de main. Et là encore, ce n'est pas parce qu'on commence à parler des questions de qualité de vie à l'occasion des municipales, dans certaines villes, qu'il faut masquer la réalité. On parle de lutter contre le changement climatique mais il reste incroyablement difficile de faire adopter des programmes à la hauteur des besoins et de la gravité, prouvée maintenant, du dérèglement climatique. On parle des essais nucléaires ..."
Vous trouvez que la France en fait assez ?
- "La France n'en fait pas assez ! La France a adopté un programme national sur le changement climatique mais sa mise en oeuvre s'avère très difficile compte tenu des réticences, des pesanteurs, des traditions. Les élus locaux ont truffé leurs discours de références au développement durable, mais les politiques concrètes restent très classiques. Même chose sur le nucléaire : tous les élus locaux s'inquiètent des questions de déchets et aucun d'entre eux ne veut - je le comprends bien - accueillir sur son territoire de site de stockage des déchets, mais tout le monde s'avère complètement incapable de remettre en cause le modèle dominant qui gaspille frénétiquement l'énergie."
Que dites-vous quand vous lisez par exemple dans Le Monde, une phrase de L. Jospin, qui dit, au sujet des Verts : "Il est difficile de parler de l'avenir d'un mouvement qui porte en lui une telle capacité d'autodestruction" ?
- "Ce n'est pas à moi qu'il a dit cela et je ne l'ai pas entendu le dire. Je ne crois pas qu'il ait dit cela en public, donc je n'en tiendrai pas compte. Par contre, je crois que les Verts interrogent et inquiètent beaucoup dans la classe politique car ils posent effectivement des questions auxquelles personne n'a réellement envie de répondre aujourd'hui. Notre travail est de forcer la classe politique non seulement à se poser cette question de l'avenir et du développement durable de notre pays, mais aussi à commencer à apporter des réponses. Sur certains sujets, la prise de conscience est en cours, sur d'autres, cela reste très difficile. Rappelez-vous la mobilisation générale contre le loup, contre l'ours, contre Natura 2000. Je crois que les Verts ont de beaux jours devant eux."
Il y a quelques jours, lors de la polémique qui le concernait, D. Cohn-Bendit a dit : "A l'époque, j'écrivais beaucoup de choses comme tout le monde parce qu'on voulait épater le bourgeois." Il en reste quelque chose chez les Verts de cette volonté de provoquer ?
- "Volonté de poser des questions qui dérangent et de les poser d'une façon qui peut, elle aussi, déranger. Mai 68 a été l'occasion de beaucoup de réinterrogations sur la société de consommation, sur la place des femmes dans la société, sur la façon dont on élevait les enfants. D. Cohn-Bendit a posé, à sa manière, qui est relativement directe et provocante, un certain nombre de sujets qui faisaient société à l'époque et qui étaient largement débattus. Je pense qu'on lui fait un mauvais procès en réveillant cela dans ces termes, 30 ans plus tard. En revanche, je constate que nos enfants ne sont plus élevés aujourd'hui comme nous l'avons été. Je m'en réjouis. Je crois qu'ils sont beaucoup plus épanouis, beaucoup plus ouverts, leur identité est respectée. Cela fait aussi partie du bilan de 68."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 7 mars 2001)