Texte intégral
Monsieur l'Ambassadeur, Madame,
Madame et Messieurs les Parlementaires et, en particulier, Monsieur le Président du groupe d'Amitié France-Chine au Sénat ainsi que Madame la Sénatrice,
Messieurs les Conseillers,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis, Chers Compatriotes,
D'abord permettez-moi de vous dire que je suis très heureux de vous rencontrer ce soir dans cette résidence de France, pour vous dire combien le gouvernement est attentif au développement de votre présence et au renforcement de votre action en Chine, combien je suis heureux et fier de rencontrer en vous des hommes et des femmes qui incarnent le dynamisme et l'enthousiasme de la France qui gagne.
Certes, le terrain est fertile. Mon déplacement intervient au terme de plusieurs années riches en échanges franco-chinois de haut niveau, en particulier avec la quatrième visite d'Etat que le président de la République a effectuée en Chine en octobre dernier. Les "années croisées", dont chacun conserve, dans nos deux pays, des images fortes, ont porté en effet nos relations à un nouveau seuil : désormais il ne se passe plus un mois sans qu'un ministre français ne rencontre son homologue chinois, à Paris ou à Pékin. Je suis moi-même en contact très régulier, pratiquement toutes les semaines, avec mon homologue M. Li Zhaoxing, que j'ai eu le plaisir d'accueillir à Paris il y a un an, et qui nous a reçus avec beaucoup d'égards et surtout d'amitié, hier. Dans tous les secteurs, politique, économique, culturel, scientifique, les échanges sont devenus d'une qualité qui justifie le caractère stratégique du partenariat que nos chefs d'Etat ont scellé depuis bientôt dix ans.
La relation est d'ailleurs devenue si dense qu'elle s'épanouit aussi grâce aux rapports de plus en plus étroits entre collectivités territoriales, et pardonnez-moi, en tant que président de l'Agglomération du grand Toulouse, de le rappeler, ma ville est l'une des premières à avoir été jumelée avec une grande ville chinoise il y a plus de 20 ans. Les échanges de jeunes, décidés en décembre 2005 par les Premiers ministres, apportent une dimension humaine qui est sans précédent dans les relations de la Chine avec un pays occidental : à nos 400 jeunes compatriotes qui ont été reçus de manière inoubliable dans ce pays en 2006, vont succéder cette année, dés ce mois de mars, 400 jeunes Chinois qui vont à leur tour découvrir notre pays. C'est certainement l'avenir.
Ce partenariat franco-chinois ne doit rien au hasard ni aux circonstances : il est le fruit d'une volonté politique, partagée de longue date, qui repose sur un double pari réciproque.
- Le pari tout d'abord de la France.
Nous avons misé sur une Chine qui bouge dans tous les domaines. Pas seulement sur celui des indicateurs économiques, mais aussi sur la scène intérieure et sur les principaux théâtres de la diplomatie mondiale. Cette Chine en mouvement n'est pas le pays des incantations, c'est celui de l'action. On le constate tous les jours avec la mise en oeuvre de politiques volontaristes en matière d'environnement, d'expériences graduelles sur les grands problèmes sociétaux, de stratégies pour faire sortir toujours plus de chinois de la pauvreté. Et il faut bien le reconnaître, dans l'immense majorité des cas, les résultats sont au rendez-vous.
Ce qui se passe dans ce pays, la rapidité et l'ampleur des changements sont à peu près sans égal dans l'histoire de l'humanité. Quels sont, en effet, les points communs entre la Chine d'il y a vingt cinq ans ou même quinze ans et celle de 2007 ? Bien peu à la vérité. Quels seront les points communs entre cette Chine d'aujourd'hui et celle de 2020 ? Bien peu sans doute. Ce pays prend quotidiennement la mesure de l'ampleur des défis auxquels il est confronté, de ses responsabilités vis-à-vis des siens comme vis à vis de la communauté internationale. Certes la Chine agit des modes qui lui sont propres, mais n'est ce pas légitime de la part d'un peuple et d'une civilisation cinq fois millénaires ? J'entends parfois des gens me dire, mais au Conseil de Sécurité des Nations unies, la Chine s'est un peu isolée ou la Chine pense ceci ou la Chine cela, mais quand on est une civilisation vieille de 5 000 ans, qui a le droit de faire la leçon à la Chine ? Et vous le savez mieux que les autres, vous qui habitez ici. Notre message à son endroit est d'abord un message de confiance dans la poursuite de toutes ces évolutions, qu'elles se situent à l'intérieur de la société chinoise pour se rapprocher peu à peu des pratiques conformes aux normes internationales, en particulier s'agissant des droits de la personne, mais aussi vis-à-vis de la société internationale, en apportant au monde une contribution qui soit adéquate au regard des bénéfices qu'elle-même a retirés de la mondialisation.
Dans ces temps de crises à répétition, où notre avenir partagé est constamment menacé par le risque de prolifération des armes de destruction massive, la folie des intégrismes, et la barbarie du terrorisme, la stabilité et la prospérité de la Chine sont des atouts capitaux pour le nouvel ordre mondial auquel la France et l'Union européenne aspirent. Comment, d'ailleurs, ne pas se féliciter de la compréhension et du soutien de plus en plus affirmé que la Chine nous apporte au Conseil de sécurité des Nations unies pour le règlement des conflits ? Cela, c'est le pari de la France, le pari d'une Chine qui bouge, qui va nous aider aussi à bouger et qui est un facteur de stabilité internationale.
- Le pari de la Chine également.
La Chine a réellement investi dans sa relation avec la France en faisant le choix de placer dans notre pays l'espoir d'une relation confiante, "intime", exemplaire au regard des liens qu'elle entretient avec le reste du monde développé. Ce n'est pas un hasard si notre pays a été l'un des tous premiers avec lesquels elle ait décidé de nouer un partenariat stratégique global, mais ce n'est pas un hasard non plus, si c'est avec notre pays qu'elle a décidé de tester le concept des "années croisées". Ce n'est pas un hasard non plus, si la Chine considère la France comme un interlocuteur de premier plan en Europe, comme un partenaire privilégié pour le développement de son ordre juridique, prélude à la constitution d'un Etat de droit ou comme un partenaire privilégié pour expérimenter de nouvelles filières de formations de haut niveau.
Tout en reconnaissant ce bilan global, assez largement positif de la relation franco-chinoise, il faut cependant bien admettre qu'il y a encore de fortes marges de progression. Nous pouvons faire encore plus et mieux.
Je prendrais, tout d'abord, l'exemple du terrain politique où notre coopération est déjà exemplaire et de très haut niveau, et bien là aussi nous pouvons aller plus loin. Durant la récente visite d'Etat du président Chirac, nous avons ainsi acté notre volonté d'ouvrir notre dialogue stratégique à de nouveaux sujets sur lesquels la coopération de la Chine nous aiderait considérablement à progresser sur la scène internationale. Je citerai en particulier deux secteurs emblématiques :
- le financement du développement, où la Chine est devenue un nouveau et important bailleur de fonds en Asie comme en Afrique ;
- la lutte contre les pandémies, la Chine ayant su contrecarrer avec efficacité la menace du SRAS et se préparer dans une transparence que je salue contre celle de la grippe aviaire.
Mais c'est surtout sur le terrain économique que nous devons sans cesse travailler pour améliorer nos positions, à commencer par nos parts de marché, qui, à environ 1,5 %, demeurent bien insuffisantes et qui ne sont pas à la hauteur de la densité de notre relation politique. Certes, il faut nuancer ce chiffre et les statistiques douanières ne sauraient refléter à elles seules la réalité de notre présence sur cet immense marché. Elles ne tiennent pas compte, notamment, ni de la richesse créée ici même par les entreprises et qui est un gage puissant de leur prospérité globale à l'échelle mondiale et donc du maintien de beaucoup d'emplois en France, ni du rapide accroissement des flux croisés d'investissement.
Bien sûr nous pourrions mieux faire et d'ailleurs nous allons mieux faire. Chaque jour vous oeuvrez, chacun à votre niveau, à cet objectif. En tous cas ce n'est pas moi qui jetterai la pierre aux entreprises, au contraire ! Je voudrais saluer, à travers vous, la France qui se bat, la France qui gagne sur le terrain de la mondialisation. Les performances remarquables d'Airbus, de PSA, d'Alstom, d'Areva, de Carrefour, de Veolia et de bien d'autres, illustrent la capacité de notre pays à répondre au défi chinois tout en développant l'emploi dans notre pays. Géants mondiaux, PME, jeunes pousses, vous savez faire preuve de courage, de ténacité et d'imagination pour conquérir de nouveaux marchés, pour réussir vos implantations et nouer des partenariats. Je sais que certains d'entre vous viennent de créer une jeune chambre économique : quelle meilleure illustration de l'esprit d'équipe qui doit nous animer, de la volonté de travailler en réseau, de partager les expériences pour mettre le maximum de chances de notre côté ?
Cet esprit d'équipe existe également de la part des pouvoirs publics qui font tous leurs efforts pour vous accompagner et vous aider. C'est ainsi que nous continuons à renforcer le réseau consulaire pour faire face à la progression spectaculaire de votre communauté : je relève en effet que ce sont, chaque mois, une centaine de nos compatriotes, souvent jeunes, qui viennent s'établir dans la seule agglomération de Shanghai. L'ouverture à l'automne d'un nouveau consulat général à Shenyang, le lancement l'an prochain du chantier du nouveau campus diplomatique ici même à Pékin, le développement de notre réseau économique, tout cela témoigne de notre volonté d'être à vos côtés.
Nous renforçons également, pour vos enfants, le réseau scolaire français en Chine et à cet égard, je tiens à vous dire l'intérêt personnel que je porte au projet de relocalisation du lycée de Pékin, qui vous le savez, vient d'être reconnu par les autorités chinoises comme un établissement public. Il nous appartient, maintenant, et nous y travaillons, de trouver ensemble les bonnes solutions pour l'installer dans de nouveaux locaux et régler les questions découlant de ce statut nouveau. Je salue ici le proviseur et tous ceux qui travaillent dans le monde de l'enseignement, c'est tellement important pour nous. Comment peut-on penser que des Chinois viennent dans nos universités, ou à Sciences Po Paris ou à HEC ou à Polytechnique, s'ils ne comprennent pas et ne parlent pas le français ? Ces lycées français sont pour vos enfants, certes, mais aussi pour les élites chinoises qui, je l'espère, choisiront le français pour venir s'installer chez nous. Nous avons tous eu 20 ou 25 ans, on est tous allé à l'université et la fraternelle des universités, ça existe. Aujourd'hui, le monde va à UCLA, va à Berkeley, à Harvard, quel que soit le pays d'origine. Les élites se font là, les fraternelles se nouent là-bas, et quand les élites reviennent dans leur pays, évidemment les coups de téléphone se font plutôt avec les anciens de UCLA, de Berkeley ou de Harvard. Il faut que nous soyons capables, nous qui avons le réseau de lycées le plus important au monde avec les Etats-Unis, nous qui avons le réseau diplomatique au monde le plus développé avec celui des Américains, nous devons être aussi à ce rendez-vous.
Autre illustration du soutien que nous nous apportons mutuellement, les partenariats croissants que l'ambassade et vos entreprises nouent dans le cadre de la coopération scientifique franco-chinoise - vous savez que j'ai signé ce matin un accord sur la médecine traditionnelle chinoise, qui devrait ouvrir à nos laboratoires de recherche et à nos entreprises des perspectives importantes -, les programmes de bourses qui auront pour effet dans de nombreux cas de faciliter la formation de jeunes Chinois qui seront peut-être un jour vos collaborateurs, ou encore la coopération culturelle qui de plus en plus est mise en oeuvre grâce à des accords de mécénat qui bénéficient tout autant à l'image de vos entreprises qu'à celle de la France.
C'est donc bien une équipe de France qui avance avec succès en Chine. Je voulais vous dire mon admiration, ma reconnaissance et la gratitude du gouvernement.
Puisque j'évoque la force de l'image, je voudrais vous dire que l'image de la France, à mes yeux, est aussi celle de la générosité. C'est pourquoi, durant nos conversations hier et aujourd'hui, j'ai tenu à expliquer à nos amis chinois tout l'intérêt qu'il y aurait à ce qu'ils s'associent activement à UNITAID. Vous le savez, cette initiative vise, au travers d'une taxe modeste perçue sur les ventes de billets d'avion, à renforcer les financements disponibles pour lutter contre les grandes maladies émergentes, sida, paludisme ou tuberculose.
Le président Chirac a compris qu'au XXIème siècle, un des plus grands sujets sera le fossé entre les pays riches et les pays pauvres. Ce fossé-là, entre la richesse de plus en plus importante et la pauvreté toujours aussi grave va entraîner des mouvements terribles si nous n'y prenons pas garde.
Le président Chirac a compris comme le président Lula que ce ne sont pas les impôts des gens des pays riches qui règleront le problème, parce que nous sommes trop égoïstes. Cela ne peut être que les citoyens. Trouvons des financements nouveaux qui sont des symboles de la mondialisation, le billet d'avion en est un, cela peut être aussi Google ou Internet ou autre chose. Nous l'avons fait en France depuis le 1er juillet 2005, tout le monde était contre, toutes les compagnies aériennes étaient contre, maintenant tout le monde est pour, 95 % des Français sont fiers de ce qu'ils ont fait.
Nous étions deux avec le Brésil, trois avec le Chili, quatre avec la Norvège, cinq avec le Royaume-Uni, aujourd'hui nous sommes 34 pays et je souhaite que le 35ème pays à adhérer à UNITAID soit la Chine. J'y travaille beaucoup. Cela a deux intérêts, d'abord parce que la Chine est un pays du Sud et parce que les intérêts Sud-Sud sont très importants. Il ne faut pas que ce soit uniquement Nord-Sud et vous avez vu le dernier Sommet Chine-Afrique, vous avez bien compris que les Chinois sont très intéressés par l'Afrique pour mille raisons. Ils peuvent l'être aussi de manière désintéressée, en tout cas pour eux c'est très important et je le leur ai dit.
Merci beaucoup !Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 mars 2007
Madame et Messieurs les Parlementaires et, en particulier, Monsieur le Président du groupe d'Amitié France-Chine au Sénat ainsi que Madame la Sénatrice,
Messieurs les Conseillers,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis, Chers Compatriotes,
D'abord permettez-moi de vous dire que je suis très heureux de vous rencontrer ce soir dans cette résidence de France, pour vous dire combien le gouvernement est attentif au développement de votre présence et au renforcement de votre action en Chine, combien je suis heureux et fier de rencontrer en vous des hommes et des femmes qui incarnent le dynamisme et l'enthousiasme de la France qui gagne.
Certes, le terrain est fertile. Mon déplacement intervient au terme de plusieurs années riches en échanges franco-chinois de haut niveau, en particulier avec la quatrième visite d'Etat que le président de la République a effectuée en Chine en octobre dernier. Les "années croisées", dont chacun conserve, dans nos deux pays, des images fortes, ont porté en effet nos relations à un nouveau seuil : désormais il ne se passe plus un mois sans qu'un ministre français ne rencontre son homologue chinois, à Paris ou à Pékin. Je suis moi-même en contact très régulier, pratiquement toutes les semaines, avec mon homologue M. Li Zhaoxing, que j'ai eu le plaisir d'accueillir à Paris il y a un an, et qui nous a reçus avec beaucoup d'égards et surtout d'amitié, hier. Dans tous les secteurs, politique, économique, culturel, scientifique, les échanges sont devenus d'une qualité qui justifie le caractère stratégique du partenariat que nos chefs d'Etat ont scellé depuis bientôt dix ans.
La relation est d'ailleurs devenue si dense qu'elle s'épanouit aussi grâce aux rapports de plus en plus étroits entre collectivités territoriales, et pardonnez-moi, en tant que président de l'Agglomération du grand Toulouse, de le rappeler, ma ville est l'une des premières à avoir été jumelée avec une grande ville chinoise il y a plus de 20 ans. Les échanges de jeunes, décidés en décembre 2005 par les Premiers ministres, apportent une dimension humaine qui est sans précédent dans les relations de la Chine avec un pays occidental : à nos 400 jeunes compatriotes qui ont été reçus de manière inoubliable dans ce pays en 2006, vont succéder cette année, dés ce mois de mars, 400 jeunes Chinois qui vont à leur tour découvrir notre pays. C'est certainement l'avenir.
Ce partenariat franco-chinois ne doit rien au hasard ni aux circonstances : il est le fruit d'une volonté politique, partagée de longue date, qui repose sur un double pari réciproque.
- Le pari tout d'abord de la France.
Nous avons misé sur une Chine qui bouge dans tous les domaines. Pas seulement sur celui des indicateurs économiques, mais aussi sur la scène intérieure et sur les principaux théâtres de la diplomatie mondiale. Cette Chine en mouvement n'est pas le pays des incantations, c'est celui de l'action. On le constate tous les jours avec la mise en oeuvre de politiques volontaristes en matière d'environnement, d'expériences graduelles sur les grands problèmes sociétaux, de stratégies pour faire sortir toujours plus de chinois de la pauvreté. Et il faut bien le reconnaître, dans l'immense majorité des cas, les résultats sont au rendez-vous.
Ce qui se passe dans ce pays, la rapidité et l'ampleur des changements sont à peu près sans égal dans l'histoire de l'humanité. Quels sont, en effet, les points communs entre la Chine d'il y a vingt cinq ans ou même quinze ans et celle de 2007 ? Bien peu à la vérité. Quels seront les points communs entre cette Chine d'aujourd'hui et celle de 2020 ? Bien peu sans doute. Ce pays prend quotidiennement la mesure de l'ampleur des défis auxquels il est confronté, de ses responsabilités vis-à-vis des siens comme vis à vis de la communauté internationale. Certes la Chine agit des modes qui lui sont propres, mais n'est ce pas légitime de la part d'un peuple et d'une civilisation cinq fois millénaires ? J'entends parfois des gens me dire, mais au Conseil de Sécurité des Nations unies, la Chine s'est un peu isolée ou la Chine pense ceci ou la Chine cela, mais quand on est une civilisation vieille de 5 000 ans, qui a le droit de faire la leçon à la Chine ? Et vous le savez mieux que les autres, vous qui habitez ici. Notre message à son endroit est d'abord un message de confiance dans la poursuite de toutes ces évolutions, qu'elles se situent à l'intérieur de la société chinoise pour se rapprocher peu à peu des pratiques conformes aux normes internationales, en particulier s'agissant des droits de la personne, mais aussi vis-à-vis de la société internationale, en apportant au monde une contribution qui soit adéquate au regard des bénéfices qu'elle-même a retirés de la mondialisation.
Dans ces temps de crises à répétition, où notre avenir partagé est constamment menacé par le risque de prolifération des armes de destruction massive, la folie des intégrismes, et la barbarie du terrorisme, la stabilité et la prospérité de la Chine sont des atouts capitaux pour le nouvel ordre mondial auquel la France et l'Union européenne aspirent. Comment, d'ailleurs, ne pas se féliciter de la compréhension et du soutien de plus en plus affirmé que la Chine nous apporte au Conseil de sécurité des Nations unies pour le règlement des conflits ? Cela, c'est le pari de la France, le pari d'une Chine qui bouge, qui va nous aider aussi à bouger et qui est un facteur de stabilité internationale.
- Le pari de la Chine également.
La Chine a réellement investi dans sa relation avec la France en faisant le choix de placer dans notre pays l'espoir d'une relation confiante, "intime", exemplaire au regard des liens qu'elle entretient avec le reste du monde développé. Ce n'est pas un hasard si notre pays a été l'un des tous premiers avec lesquels elle ait décidé de nouer un partenariat stratégique global, mais ce n'est pas un hasard non plus, si c'est avec notre pays qu'elle a décidé de tester le concept des "années croisées". Ce n'est pas un hasard non plus, si la Chine considère la France comme un interlocuteur de premier plan en Europe, comme un partenaire privilégié pour le développement de son ordre juridique, prélude à la constitution d'un Etat de droit ou comme un partenaire privilégié pour expérimenter de nouvelles filières de formations de haut niveau.
Tout en reconnaissant ce bilan global, assez largement positif de la relation franco-chinoise, il faut cependant bien admettre qu'il y a encore de fortes marges de progression. Nous pouvons faire encore plus et mieux.
Je prendrais, tout d'abord, l'exemple du terrain politique où notre coopération est déjà exemplaire et de très haut niveau, et bien là aussi nous pouvons aller plus loin. Durant la récente visite d'Etat du président Chirac, nous avons ainsi acté notre volonté d'ouvrir notre dialogue stratégique à de nouveaux sujets sur lesquels la coopération de la Chine nous aiderait considérablement à progresser sur la scène internationale. Je citerai en particulier deux secteurs emblématiques :
- le financement du développement, où la Chine est devenue un nouveau et important bailleur de fonds en Asie comme en Afrique ;
- la lutte contre les pandémies, la Chine ayant su contrecarrer avec efficacité la menace du SRAS et se préparer dans une transparence que je salue contre celle de la grippe aviaire.
Mais c'est surtout sur le terrain économique que nous devons sans cesse travailler pour améliorer nos positions, à commencer par nos parts de marché, qui, à environ 1,5 %, demeurent bien insuffisantes et qui ne sont pas à la hauteur de la densité de notre relation politique. Certes, il faut nuancer ce chiffre et les statistiques douanières ne sauraient refléter à elles seules la réalité de notre présence sur cet immense marché. Elles ne tiennent pas compte, notamment, ni de la richesse créée ici même par les entreprises et qui est un gage puissant de leur prospérité globale à l'échelle mondiale et donc du maintien de beaucoup d'emplois en France, ni du rapide accroissement des flux croisés d'investissement.
Bien sûr nous pourrions mieux faire et d'ailleurs nous allons mieux faire. Chaque jour vous oeuvrez, chacun à votre niveau, à cet objectif. En tous cas ce n'est pas moi qui jetterai la pierre aux entreprises, au contraire ! Je voudrais saluer, à travers vous, la France qui se bat, la France qui gagne sur le terrain de la mondialisation. Les performances remarquables d'Airbus, de PSA, d'Alstom, d'Areva, de Carrefour, de Veolia et de bien d'autres, illustrent la capacité de notre pays à répondre au défi chinois tout en développant l'emploi dans notre pays. Géants mondiaux, PME, jeunes pousses, vous savez faire preuve de courage, de ténacité et d'imagination pour conquérir de nouveaux marchés, pour réussir vos implantations et nouer des partenariats. Je sais que certains d'entre vous viennent de créer une jeune chambre économique : quelle meilleure illustration de l'esprit d'équipe qui doit nous animer, de la volonté de travailler en réseau, de partager les expériences pour mettre le maximum de chances de notre côté ?
Cet esprit d'équipe existe également de la part des pouvoirs publics qui font tous leurs efforts pour vous accompagner et vous aider. C'est ainsi que nous continuons à renforcer le réseau consulaire pour faire face à la progression spectaculaire de votre communauté : je relève en effet que ce sont, chaque mois, une centaine de nos compatriotes, souvent jeunes, qui viennent s'établir dans la seule agglomération de Shanghai. L'ouverture à l'automne d'un nouveau consulat général à Shenyang, le lancement l'an prochain du chantier du nouveau campus diplomatique ici même à Pékin, le développement de notre réseau économique, tout cela témoigne de notre volonté d'être à vos côtés.
Nous renforçons également, pour vos enfants, le réseau scolaire français en Chine et à cet égard, je tiens à vous dire l'intérêt personnel que je porte au projet de relocalisation du lycée de Pékin, qui vous le savez, vient d'être reconnu par les autorités chinoises comme un établissement public. Il nous appartient, maintenant, et nous y travaillons, de trouver ensemble les bonnes solutions pour l'installer dans de nouveaux locaux et régler les questions découlant de ce statut nouveau. Je salue ici le proviseur et tous ceux qui travaillent dans le monde de l'enseignement, c'est tellement important pour nous. Comment peut-on penser que des Chinois viennent dans nos universités, ou à Sciences Po Paris ou à HEC ou à Polytechnique, s'ils ne comprennent pas et ne parlent pas le français ? Ces lycées français sont pour vos enfants, certes, mais aussi pour les élites chinoises qui, je l'espère, choisiront le français pour venir s'installer chez nous. Nous avons tous eu 20 ou 25 ans, on est tous allé à l'université et la fraternelle des universités, ça existe. Aujourd'hui, le monde va à UCLA, va à Berkeley, à Harvard, quel que soit le pays d'origine. Les élites se font là, les fraternelles se nouent là-bas, et quand les élites reviennent dans leur pays, évidemment les coups de téléphone se font plutôt avec les anciens de UCLA, de Berkeley ou de Harvard. Il faut que nous soyons capables, nous qui avons le réseau de lycées le plus important au monde avec les Etats-Unis, nous qui avons le réseau diplomatique au monde le plus développé avec celui des Américains, nous devons être aussi à ce rendez-vous.
Autre illustration du soutien que nous nous apportons mutuellement, les partenariats croissants que l'ambassade et vos entreprises nouent dans le cadre de la coopération scientifique franco-chinoise - vous savez que j'ai signé ce matin un accord sur la médecine traditionnelle chinoise, qui devrait ouvrir à nos laboratoires de recherche et à nos entreprises des perspectives importantes -, les programmes de bourses qui auront pour effet dans de nombreux cas de faciliter la formation de jeunes Chinois qui seront peut-être un jour vos collaborateurs, ou encore la coopération culturelle qui de plus en plus est mise en oeuvre grâce à des accords de mécénat qui bénéficient tout autant à l'image de vos entreprises qu'à celle de la France.
C'est donc bien une équipe de France qui avance avec succès en Chine. Je voulais vous dire mon admiration, ma reconnaissance et la gratitude du gouvernement.
Puisque j'évoque la force de l'image, je voudrais vous dire que l'image de la France, à mes yeux, est aussi celle de la générosité. C'est pourquoi, durant nos conversations hier et aujourd'hui, j'ai tenu à expliquer à nos amis chinois tout l'intérêt qu'il y aurait à ce qu'ils s'associent activement à UNITAID. Vous le savez, cette initiative vise, au travers d'une taxe modeste perçue sur les ventes de billets d'avion, à renforcer les financements disponibles pour lutter contre les grandes maladies émergentes, sida, paludisme ou tuberculose.
Le président Chirac a compris qu'au XXIème siècle, un des plus grands sujets sera le fossé entre les pays riches et les pays pauvres. Ce fossé-là, entre la richesse de plus en plus importante et la pauvreté toujours aussi grave va entraîner des mouvements terribles si nous n'y prenons pas garde.
Le président Chirac a compris comme le président Lula que ce ne sont pas les impôts des gens des pays riches qui règleront le problème, parce que nous sommes trop égoïstes. Cela ne peut être que les citoyens. Trouvons des financements nouveaux qui sont des symboles de la mondialisation, le billet d'avion en est un, cela peut être aussi Google ou Internet ou autre chose. Nous l'avons fait en France depuis le 1er juillet 2005, tout le monde était contre, toutes les compagnies aériennes étaient contre, maintenant tout le monde est pour, 95 % des Français sont fiers de ce qu'ils ont fait.
Nous étions deux avec le Brésil, trois avec le Chili, quatre avec la Norvège, cinq avec le Royaume-Uni, aujourd'hui nous sommes 34 pays et je souhaite que le 35ème pays à adhérer à UNITAID soit la Chine. J'y travaille beaucoup. Cela a deux intérêts, d'abord parce que la Chine est un pays du Sud et parce que les intérêts Sud-Sud sont très importants. Il ne faut pas que ce soit uniquement Nord-Sud et vous avez vu le dernier Sommet Chine-Afrique, vous avez bien compris que les Chinois sont très intéressés par l'Afrique pour mille raisons. Ils peuvent l'être aussi de manière désintéressée, en tout cas pour eux c'est très important et je le leur ai dit.
Merci beaucoup !Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 mars 2007