Entretien de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, avec France Info le 23 mars 2007, sur le cinquantième anniversaire du Traité de Rome et l'avenir de la construction européenne.

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Média : France Info

Texte intégral

Q - Comment la France entend-elle marquer le 50ème anniversaire du Traité de Rome ?
R - Ce 50ème anniversaire du Traité de Rome est d'abord l'occasion de réfléchir à tout ce que nous a apporté la construction européenne depuis 50 ans, ce sont des biens essentiels comme la paix, la démocratie, la liberté - il ne faut pas l'oublier - et il faudra définir ce que l'on veut faire dans les années qui viennent et quelle est notre ambition.
Ce que nous allons faire c'est bien sûr, à Berlin, la réunion extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement, qui va adopter une déclaration politique allant à l'essentiel pour dire comment nous allons, avec une Europe qu'il faut meilleure et plus efficace, pouvoir relever les défis de l'avenir. En France, il y aura aussi des commémorations visibles par exemple des pièces de deux euros avec le dessin du Traité de Rome, des événements en région, la réédition des mémoires de Jean Monnet - ce grand visionnaire, ce Père fondateur de l'Europe - et un timbre commémoratif pour tous les philatélistes à partir d'aujourd'hui, vendredi 23 mars.
Q - Alors politiquement quel sera le message fort que la France pourra donner car l'Europe est un peu dans l'impasse pour cause de non au référendum français?
R - Il y a eu partout en Europe et en France des incompréhensions, des inquiétudes, des doutes sur la façon dont l'Union européenne répondait aux aspirations des peuples. Il faut s'en rendre compte. Nous le mesurons pleinement, et nous mesurons aussi pleinement notre responsabilité dans la recherche d'un nouveau souffle pour la construction européenne. Ce qu'il faut faire, après ces années difficiles, c'est réaliser qu'il n'y a pas de réponses nationales aux grands problèmes du monde d'aujourd'hui. Qu'il s'agisse de l'énergie, de la lutte contre le changement climatique, du problème du développement Nord-Sud, des migrations, de notre sécurité, les réponses ne peuvent être que collectives, dans davantage de coopération. Aucun Etat, aussi puissant soit-il, ne peut relever, seul, ces défis. Cela veut dire qu'il nous faut davantage d'Europe, une Europe qui marche mieux, c'est vrai, et certainement pas le repli sur soi. Nous le refusons et il faut être clair sur ce que l'on veut ; ayons la fierté et le courage de continuer à faire l'Europe !
Q - Comment rassure-t-on nos 26 partenaires ?
R - Nous sommes dans une aventure collective, qui s'est déroulée depuis 50 ans pour le plus grand bien de nos nations et de nos peuples. Il faut d'abord s'en rendre compte et il faut une volonté politique pour retrouver davantage d'esprit collectif. Ce qui s'est un peu perdu ces dernières années en Europe, c'est une ambition collective. Non pas une négociation pied à pied, où chacun regarde ses intérêts, mais le sens de l'intérêt général, qui dépasse les calculs de chaque pays, qui permet de dégager le bien commun et c'est cela la seule vision d'avenir possible.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 mars 2007